Chapitre 25 ➳ Les aveux
Je marche à côté de Jojen en silence. Je regarde les arbres autour de moi. Leurs feuilles bougent doucement à cause du vent agréable qui s'est levé. Je ferme les yeux un instant, me sentant bien, dans ce milieu, avec une personne chère à mes yeux.
- Comment cela se fait-il que nous puissions communiquer par la pensée toi et moi ? je demande enfin, brisant le silence.
- C'est tes pouvoirs qui s'accentuent, me répond-t-il.
- Alors pourquoi tu parviens à me parler quand tu veux, et pas seulement quand je parle en premier ? j'insiste.
- Parce que... Je n'en sais rien.
Je n'y crois pas une seconde. Il ne veut plutôt pas me dire la véritable raison. Mais je n'insiste pas, ne voulant pas créer un conflit entre nous. Un nouveau silence s'installe alors.
- Bran et Jon ont l'air d'être très complices, dit-il.
- Oui. Jon m'a dit qu'ils s'entendaient très bien depuis toujours. Bran a été très affecté par le départ de Jon pour le Mur.
- Comme Jon a été très affecté par ton départ. Je ne sais même pas comment il a fait pour continuer à vivre loin de toi.
- Il n'a pas eu le choix, cette fois.
- Si tu pouvais revenir en arrière... Tu le ferais ?
- Pourquoi je ferais ça ? Ça ne changerait pas grand-chose..., je murmure en shootant dans une pierre. Et puis, qu'est-ce que je gagnerais de plus ? J'avertirais juste Jon de mon départ, pour ne pas être séparé de lui. Mais en y réfléchissant bien... Ça voudrait dire que je changerais mon destin, et donc que je ne te rencontrerais pas forcément.
- Tu es heureuse de m'avoir rencontré ? s'extasie le blond, les yeux brillants d'espoir.
- Bien sûr ! Tu es une des seules personnes en qui j'accorde toute ma confiance.
Jojen sourit, visiblement content de ma réponse. Puis il s'arrête. Je m'arrête aussi un peu plus loin et fronce les sourcils.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je lui demande.
- Je... J'ai quelque chose à te dire Luna.
Je m'avance un peu, avec les sourcils toujours froncés.
- Je t'écoute, je l'encourage avec une voix douce.
- Tu sais, la première fois que je t'ai vu, dans mes rêves, j'ai tout de suite vu que tu avais quelque chose d'unique. Et lorsque je t'ai rencontrée, ça s'est confirmé.
Je ne dis rien, l'encourageant du regard à continuer.
- Je te trouvais mystérieuse et indépendante. Certes, tu semblait n'avoir besoin de personne, mais en creusant un peu plus, j'ai su à quel point tu étais seule en réalité. Alors je me suis dis que je pourrais peut être te permettre de ne plus jamais être seule.
Il relève un peu la tête et me regarde, attendant une quelconque réponse de ma part. Mais je suis trop perdue pour faire quoi que ce soit. J'ai soudain très chaud. Jojen s'avance.
- Je me suis de plus en plus intéressé à toi. Et lorsque ce gars a failli te violer devant mes yeux, j'ai bien cru que j'allais devenir fou et le tuer. Alors avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'il ne m'arrive quelque chose, je voudrais te dire que...
Je le coupe en m'avançant et en plaquant mes lèvres sur les siennes. Mon cœur bat la chamade et je savoure ce baiser, que j'attendais, sans le savoir, depuis longtemps.
Nos lèvres se mouvent l'une contre l'autre, comme si elles étaient faites pour aller ensemble. Des milliers de papillons s'envolent dans mon ventre, sensation qui m'était jusqu'alors inconnue.
Je ne pensais jamais aimer, pas ici, dans le Nord. Ça me paraissait impossible. Tout le monde finissait par mourir assez tôt depuis quelques temps...
Je me détachais finalement de Jojen, essoufflée. Il me sourit, mais je ne le lui rendis pas, et il fronça les sourcils en signe d'incompréhension. Je secoue alors la tête de gauche à droite, en signe de négation.
- On ne peut pas Jojen, je lui dis en reculant.
- Quoi ? Mais... Pourquoi ? s'étonne-t-il.
- On est dans le Nord Jojen. Tout peut arriver. Et je ne veux pas trop m'attacher à toi. Toi non plus tu ne devrais pas. C'est trop dangereux...
- Alors tu vas me tourner le dos sous prétexte qu'on pourrait mourir du jour au lendemain ?
- Jojen, écoute moi...
- Non, toi écoutes moi, me coupe-t-il, le visage grave. Ça fait des années que tu risques ta vie, des années que tu te bats. Et jamais tu n'as failli. Même pas l'autre jour lors du duel contre la Montagne. On a parcouru beaucoup de chemin tous les deux... Et ce serait pour tourner le dos à un petit obstacle comme ça, sans importance, alors qu'on a affronté des montagnes, bien plus hautes ? Luna, tu n'es pas comme ça...
Je le fixe en silence et baisse la tête, vaincue. Il s'avance alors, mais au moment même où il m'embrasser, après avoir relevé mon menton, son regard sombre plongé dans le mien, je détourne la tête et retire sa main.
- Tu ne comprends pas... J'ai tout perdu Jojen, TOUT. Alors si je te perdais toi aussi... Je ne m'en remettrais pas. Parce que je me serais trop attachée à toi.
- Et si je meurs ? Ne regretteras-tu pas de ne pas m'avoir eu auprès de toi comme tu l'aurais voulu ? s'entête-t-il.
Je fronce les sourcils, essayant tant bien que mal de prendre un air inquisiteur. Il ne sait pas que je suis au courant pour sa mort. Alors je vais faire comme si je n'étais pas au courant, cela vaut mieux.
- T'avoir auprès de moi en tant qu'ami sera suffisant. Je pourrais garder un œil sur toi afin de te protéger, sans risquer que quelqu'un ne te blesse par ma faute. Je préfère ça Jojen.
Je peux lire l'immense déception présente sur son visage à cet instant. Je me retiens de craquer. C'est pour sa sécurité que je fais ça, je ne dois pas penser à moi en premier...
Je tourne donc les talons, m'apprêtant à rejoindre les autres, avec tout de même un pincement au cœur. Ça me fait mal de devoir lui tourner le dos comme ça, alors que j'ai de réels sentiments pour lui...
- Luna attends ! m'interpelle-t-il.
Je m'arrête et me retourne pour le regarder à nouveau. Il s'avance vivement jusqu'à moi, mais ralentis à seulement deux mètres de moi, hésitant. Finalement, il sépare les deux mètres qui nous séparent et plaque ses lèvres sur les miennes de manière passionnée. On dirait que c'est la dernière fois qu'il me voit, ou qu'il m'embrasse. Il a même pris mon visage en coupe entre ses mains, rendant le baiser plus agréable.
Nous nous détachons et il colle son front au mien. Je ne le repousse pas, n'en ayant pas la force.
- Je t'aime Luna. Au moins, j'aurais pu t'embrasser de moi-même, me chuchote-t-il.
Je souris tristement et il se retire, posant un baiser sur mon front tandis que je ferme les yeux. Et lorsque je les rouvre, il a disparu.
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