Chapitre 21 ➳ La fille Stark

- Reste derrière moi, j'ordonne.

   Jojen ne proteste pas. Même s'il brûle d'envie de me protéger et de passer devant, il sait que je sais mieux me battre que lui. Ce n'est pas que je m'attends à une bagarre, mais on ne sait jamais... Dans une auberge, où des tas d'hommes buvent tout leur soul, tout peut arriver. Et l'expérience m'a appris à toujours être prudente et rester sur mes gardes. Leçon que j'applique très à la lettre.

   Nous entrons dans l'auberge, Jojen derrière moi. À l'intérieur, c'est l'hystérie totale. Des rires fusent, des hommes tombent carrément de leur chaise tellement ils ont bu, et des femmes se trémoussement sur les genoux d'hommes qu'elles ne connaissent que depuis quelques minutes seulement. Je grimace de dégoût. J'ai horreur des lieux comme ça !

   Nous continuons quand même à avancer, esquivant les personnes soûlent qui nous passent devant, nous bloquant parfois la route, ayant perdu le nord.

   Je sens soudain une main se glisser dans la mienne et je reconnais immédiatement celle de Jojen sans même me retourner. Je souris et serre sa main dans la mienne, rassurée de sentir sa présence dans ce lieu qui me répugne.

  Nous fendons la foule jusqu'à une table, où nous nous asseyons face à face. Je soupire de soulagement. Même si nous sommes toujours dans l'auberge, nous sommes quand même un peu à l'écart.

   Un homme vient vers nous pour prendre notre commande. Nous tendons notre 4 gourdes et il va les remplir d'eau, sous mon regard avisé.
Je le surveille, au cas où il aurait la mauvaise idée de remplir les gourdes avec autre chose que de l'eau.

   Jojen regarde ailleurs, les sourcils froncés. Il semble inquiet et contrarié.

- Ça va ? je lui demande.

- Ces hommes nous regardent bizarrement, me répond-t-il en continuant à regarder les deux hommes en question. Surtout toi.

   Je n'ai pas le temps de répondre que l'homme qui nous a servis revient. J'ouvre une des gourde et vérifie qu'il s'agit bien d'eau avant de me lever. En passant devant notre serveur, je lui donne une pièce et il semble satisfait.

   Nous faisons le chemin inverse, mais Jojen me colle plus qu'à l'aller, comme s'il avait peur de quelque chose.

- J'ai un mauvais pressentiment, m'avoue-t-il en se penchant à mon oreille.

   J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais je suis subitement tirée sur le côté et quelque chose se plaque sur ma bouche. Je me débats, mais rien à faire, il a une bonne poigne.

- Allez avance tranquillement et on fera rien à ton copain, murmure une voix au creux de mon oreille.

   Je tourne la tête et vois que Jojen est en mauvaise posture. Deux hommes le tiennent fermement en ricanant. Je lui fais signe de ne pas se débattre et il obéit, quand même inquiet.

- C'est bien, me dit l'homme.

   Et il me fait avancer vers le fond de l'auberge. Peu d'hommes nous accordent leur attention, et ceux qui le font ont droit à des regards noirs de la part de mon agresseur et ils se retournent donc, comme s'ils n'avaient rien vu.

  Une porte se découpe au fond, et l'homme l'ouvre avant de me pousser à la franchir. Je me retrouve dehors, à mon plus grand étonnement. Pourquoi il ne nous a pas fait passer par l'ouverture principale ?

- Parce que ça aurait attiré l'attention de trop de gens, m'explique-t-il comme s'il lisait dans mes pensées. Et puis, on ne sait jamais si vous avez des amis dans la forêt qu'il y a en face.

   Je pense soudain à Tyrion. Si on était passé par là où nous sommes entrés, il nous aurait vus et aurait pu venir nous aider. Mais là...

   L'homme continue à me pousser en avant, et nous arrivons devant une grande tente. Nous entrons, et je suis surprise de voir des personnes que je connais bien à l'intérieur.

   Meera, Bran et Hodor redressent la tête à notre arrivée et écarquillent les yeux d'étonnement. Et bien, il semblerait que nous les ayons retrouvés, même si ce n'est pas dans les meilleures conditions qui soient.

   L'homme m'attache en silence à un piquet, assise, comme c'est le cas pour nos amis, et son camarade fait pareil pour Jojen, l'attachant à seulement quelques mètres de moi, en face. Je baisse la tête. S'il est attaché en ce moment, c'est de ma faute. Je n'aurais pas dû l'emmener avec moi dans cette auberge.

- Bon alors, commence l'homme. Il semblerait que vous vous connaissiez tous.

- Comment en êtes-vous sûr ? Nous n'étions même pas ensemble, le coupe Bran.

- Nous savons beaucoup plus de choses que tu ne le crois.

   Ses hommes affirment et il tourne la tête vers moi. Son regard perçant me fait frissonner et je déglutis.

- Par exemple, cette fille a été adoptée par le gnome mais ne porte pas le nom Lannister. Non, elle porte le nom Stark.

- C'est une fille Stark ? demande un de ses hommes.

   Leur chef approuve et ils se mettent à chuchoter et à ricaner. Je me tortille contre mon piquet. L'homme se baisse pour s'accroupir juste en face de moi, m'adressant un large sourire.

- Tu es pas mal pour une Stark, me dit-il avec une voix qui se veut sensuelle.

   Il prend mon menton entre ses doigts dégueulasses et je lui lance un regard noir.

- Je vous conseille de me lâcher, je le met en garde.

- Sinon quoi ? Tu vas...

   Il est coupé par Jojen, qui est secoué de spasmes. Un liquide blanc sort même de sa bouche, et j'écarquille les yeux de peur. Il est en train d'avoir une vision. Mais elle semble terrible, puisqu'il écume.

   Meera, qui est à côté de moi, tente de venir l'aider, mais les hommes la tiennent fermement à son piquet. Elle leur hurle de la laisser l'aider, mais ils s'en fichent. Ils se fichent même de ce qui arrive à Jojen, et je suis dépassée par la situation. Comment pourrais-je l'aider ?

   Je tourne la tête vers l'homme qui m'a emmené ici. Il est debout, regardant le spectacle qu'offre Jojen avec intérêt.

- Laissez-moi l'aider, je vous en prie. Je me laisserais ensuite faire sans discuter.

- Vraiment ? demande-t-il en arquant un sourcil. Comment être sûr que tu tiendras parole ?

- Je suis une femme d'honneur. Vous pouvez me faire confiance.

  Il hésite, me scrutant de ses prunelles noires. Puis il fait signe à ses hommes de me détacher, et je me précipite aussitôt auprès de Jojen. Il est toujours dans le même état et ça m'inquiète vraiment. Je passe un bras sous sa tête, et l'autre sur son ventre, où il a posé sa main. Je pose la mienne sur la sienne et la presse fortement.

- Oh Jojen, que t'arrive-t-il ? Calme toi, je le supplie en murmurant.

   D'un coup, sans que je m'y attende, quelque chose de puissant me frappe. Ou plutôt, frappe mon esprit. Et la vision arrive, plus atroce que je ne le pensais...

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