Chapitre 13 Sauvez le Nord
Je tends mes jambes devant moi et soupire.
- Je vais être toute ankylosée après, c'est génial ! je ricane.
- Tu n'aurais pas dû, me dit Jojen sans me regarder.
- Quoi ?
- Tu n'aurais pas dû poser ton couteau pour éviter qu'il me tue. Tu aurais dû t'enfuir.
- On était encerclés je te rappelle.
- Je sais. Mais tu es vraiment douée au tir à l'arc, si tu avais voulu, tu les aurais tous tués. Tu as juste voulu me sauver la vie.
Je ne réponds rien. Il a raison. En effet, m'entraînant depuis mon plus jeune âge et ayant vécu des années seule dans la forêt, j'aurais pu les tuer. Ça aurait été dur toute seule, mais j'aurais réussi. Mais je n'ai rien tenté.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? je demande.
- Pourquoi tu m'as sauvé ? demande-t-il en tournant sa tête vers moi.
Je ne réponds rien, regardant les sauvages danser autour du feu et manger. La jument que j'ai sauvée de repose avec son poulain, caressé par des femmes et des enfants en admiration devant lui.
- J'ai confiance en toi, je répond finalement. Je sais que tu ne me veux pas de mal. Je te considère un peu comme... Un ami.
- Juste un ami ?
- Euh... Oui. P-pourquoi ?
- Comme ça.
Nouveau blanc. Je me tortille légèrement, commençant à avoir des fourmis dans les jambes. C'est horrible comme sensation !
Petit à petit, les sauvageons vont dormir, laissant le silence prendre place dans le campement. Je commence alors à fermer les yeux, lorsqu'un ricanement se fait entendre. Je les rouvre aussitôt et regarde l'homme avancer vers moi en titubant. Encore un ivrogne...
Il s'arrête à mi-chemin, s'appuyant contre un arbre, puis il reprend sa route. Il arrive enfin devant nous et s'accroupit devant moi, me caressant le visage.
- Salut ma jolie... Je me sens seul ce soir, et il n'y a aucune putain dans les parages alors... La compagnie d'une jolie fille comme toi me ferait du bien.
Et il pouffe. Je recule le plus possible contre l'arbre, tandis qu'il s'avance. Il pose ses mains sur mon visage, m'empêchant de bouger et, sans que je m'y attende, il m'embrasse. Ce baiser est tout sauf magique. Il tente de forcer l'accès à ma bouche avec sa langue, mais je la lui mord, et il recule, se détachant de moi en hurlant de douleur.
Durant ce court répit, je tente de me dégager, en vain. La corde est trop serrée et ils m'ont pris mon couteau... L'homme revient bientôt à la charge, animé par un désir et une colère fous. Il m'embrasse à nouveau et promène ses mains sur mon corps tandis que je tente de me débattre et grimace.
Lorsqu'il commence à me déshabiller, je panique. Ses baisers se font plus ardents, et ses mains se hâtent, voulant aller plus vite.
- Jojen ! Aide-moi ! j'arrive à dire entre deux baisers.
Le pauvre essaie depuis tout à l'heure de se dégager, et à l'entente de ma demande, il force encore plus.
- Tes pouvoirs Jojen !
Malheureusement, je n'arrive pas à utiliser les miens, n'arrivant plus à réfléchir vu que l'homme est nu devant moi et bataille avec mon pantalon. Je commence à pleurer, ne croyant plus au miracle.
Quand soudain, une flamme apparaît dans la main de Jojen. Il sourit la corde tombe, nous libérant tous les deux. Je pousse alors l'homme, qui tombe sur les fesses, et me lève, me décalant. Je viens immédiatement me blottir dans les bras de Jojen, qui caresse ma tête, néanmoins surpris que je me sois jetée dans ses bras.
- Ça va. Je suis là maintenant, me chuchote-t-il.
Je le serre fort contre moi, enfouissant ma tête dans son manteau de fourrure, si doux. Son odeur me réconforte et m'apaise, ce qui me surprend.
- Attends, laisse-moi juste faire un truc, me dit-il.
Je me détache donc de lui, à regret, et le regarde s'avancer vers mon agresseur, toujours par terre. Arrivée à sa hauteur, il lui donne un violent coup de pied dans le ventre, et l'homme s'écroule. Je reste abasourdie. Jojen utiliser la violence ?
Il revient vers moi et me prend dans ses bras. Je ne bouge pas, choquée. C'est alors que du bruit se fait entendre et Jojen tourne la tête, me gardant tout de même contre lui. Je me décide à regarder dans la même direction que lui.
À quelques mètres de nous, la même femme dont j'ai aidé la jument tout à l'heure nous regarde, les yeux ronds comme des cailloux. Elle a laissé tomber le seau d'eau qu'elle apportait aux chevaux, ce qui a provoqué ce bruit fracassant.
Son regard passe de l'homme à nous deux, et elle finit par nous faire signe de la suivre. Jojen me consulte du regard et je hoche la tête. Nous la suivons donc, après qu'il ait déposé un rapide baiser, hésitant, sur mon front, ce qui m'a fait rougir. Moi, rougir ?!
La femme nous attend à côté des chevaux. Elle en harnache déjà deux, un grand bai brûlé, et une petit jument alezane avec une liste sur la tête.
Une fois cela fait, elle nous tend les rênes des deux chevaux, sous nos regards ébahis.
- Je ne sais pas comment vous avez fait pour sauver ma jument, ni comment vous vous êtes libérés, mais vous n'êtes pas normaux. Partez, un grand destin doit vous attendre !
Jojen et moi échangeons un regard suspicieux.
- Pourquoi vous nous aidez ? je demande à la femme.
- L'hiver vient. Le Nord aura besoin de toutes les personnes capables d'aider les plus faibles. Vous avez sauvé ma jument, et je suis certaine que vous pouvez sauver des vies humains. Partez, vite, avant que les autres n'arrivent ! nous presse-t-elle.
- Non ! dis-je fermement alors que Jojen monte sur la jument alezane.
Ils me lancent tous les deux des regards étonnés.
- Je ne partirais pas sans mon loup, je déclare.
- Oh oui c'est vrai ! Attendez, je reviens. Commencez à partir, je vous rejoins !
Et elle file en direction de l'arrière du campement. Je monte donc sur le grand cheval bai brûlé avec aisance, après l'avoir caressé à l'encolure.
- Tu as l'air douée avec les chevaux, me fait remarquer Jojen tandis que nous nous éloignons du campement.
- Je les côtoie depuis toute petite, c'est ma passion.
On s'arrête à l'écart, sous un arbre, dans l'ombre, regardant vers l'endroit où a disparue la femme.
- Tu crois qu'elle veut vraiment nous aider ? me demande Jojen.
- Je pense. Elle l'air sincère, en tout cas. Et en général, je ne me trompe pas sur les ambitions et les caractères des gens.
Il s'apprête à me répondre, mais une ombre, précédée d'une autre, plus grosse, se dessine. Mystic arrive en courant vers nous, suivie par la femme, qui vient me donner mon carquois, mes flèches et mon arc, ainsi que mes couteaux. Je la remercie, et elle pose une main sur la mienne. Je la regarde alors dans les yeux, et je remarque qu'ils sont bleus vifs.
- Sauvez le Nord, me dit-elle.
Sur ces mots, elle s'éloigne et part en courant, disparaissant dans la nuit, tandis que Jojen et moi partons au galop, nous éloignant de cet endroit maudit.
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