~ Fall For Me ~

# O2 #
...

Chacune des secondes de nos vies étaient bien trop précieuses pour être gâcher inutilement.

Lorsque l'on savez ce que l'on voulait, il fallait le faire lorsque l'on en avait l'occasion.

Sans aucune hésitation.

Vous vous souvenez de cette fin de partie plutôt frustrante ?

Parce que Yuta lui, il s'en souvenait.

C'était désastreux.

Est-ce qu'il venait vraiment de débuter une conversation avec un < ça va ? > ?

C'était hyper gênant.

À partir de quel moment est-ce qu'il avait commencé à être aussi peu naturel en présence de celui qui faisait pourtant ressortir le meilleur de lui-même ?

Il avait de réels sentiments pour Sicheng, appelez cela de l'affection, de l'amour, de l'attachement, de la dépendance ou encore de la curiosité, mais Yuta le ressentait jusqu'au fond de ses tripes...

...son corps appelait Dong Sicheng.

Sous les ordres de son cœur qui en avait un peu marre de passer au second plan dans cette histoire où il était censé être le personnage principal.

Non mais c'était vrai, à croire qu'on aimait avec son cerveau dans cette fanfiction.

Et puis, personnellement, il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi est-ce que Yuta et Sicheng étaient toujours face à face comme deux statues ?

Pourquoi est-ce qu'ils ne pouvaient pas simplement arrêter de parler, s'embrasser un bon coup et puis reparler en étant un peu moins frustré ?

Non mais sérieusement, c'était pas un peu beaucoup frustrant de devoir retenir tous ces sentiments ?

En tout cas, en tant que porteur de tous ces sentiments, le cœur de Yuta était à bout de force.

Prêt à s'effondrer dans l'immédiat.

Il n'en pouvait plus d'endurer toute cette comédie de bas étage.

Lui, il se souvenait d'un Yuta lourdeau et d'un Sicheng faussement dérangé.

Et ça, c'était la réalité.

Pas une réalité alternative où Yuta et Sicheng se demandait comment ils allaient mutuellement avant de tranquillement se séparer pour aller chacun de leur côté en cours.

Le Yuwin était chaotique, au même titre que le Taeten.

Ce ship ne pouvait pas perdre de son authenticité pour une simple affaire de < on sait pas donc on tentera pas, en plus on est vraiment pas doué pour être clair l'un avec l'autre > Chapitre un.

Chapitre deux < on se souvient parfaitement de tout, mais on va faire comme si de rien n'était parce que c'est pas comme si on était des adultes responsables, pas vrai ? >

Et il n'y aurait pas de chapitre trois parce que tous ces récits étaient ridicules, presque aussi ridicule que la deuxième saison de Love By Chance.

Pas mauvais du tout, juste ridiculement long pour rien du tout.

A aimait B.

B aimait A.

Et il n'y avait aucun C à l'horizon.

Pourquoi est-ce que AB n'existait toujours pas ?

Parce qu'ils étaient tout simplement trop idiots pour comprendre la valeur du temps qui leur était accordé.

Rappelez vous bien qu'au départ, tout être humain n'est rien et qu'il devient quelque chose une fois que on ne sait qui lui autorise à vivre en lui accordant une âme.

Une âme qui ne serait qu'un prêt, et non un don.

Le temps qui nous était donné à vivre, n'était qu'un emprunt qu'il fallait bien rendre un jour où l'autre...

...et on ne pouvait jamais vraiment savoir quand est-ce que que cette durée de vie limitée expirerait.

Quand est-ce que l'âme porteuse de notre vie nous quitterait pour pouvoir ne laisser qu'un corps périssable derrière elle ?

Personne ne pouvait le savoir.

Cependant, ce n'était pas parce que l'on ne pouvait pas connaître la date précise de sa dernière heure qu'on pouvait profiter de sa vie comme si elle était éternelle.

Vraiment, la vie n'avait pas le temps pour ce genre de jeu éternel.

Yuta avait comme l'impression que son cœur était en train d'essayer de lui envoyer un message.

C'était assez soudain comme révélation, mais c'était ce qu'il ressentait.

Vous connaissez pourtant la chanson, si les êtres humains avaient appris à écouter la voix de leur cœur qui chuchotait au creu de leurs oreilles sourdes...

...ça se saurait, n'est-ce pas ?

- Je crois que je me sens mal...répondit alors Yuta tout en se laissant doucement aller vers l'avant.

Le silence qui avait séparé la question de Sicheng et sa réponse avait été extrêmement long.

Entre les moments où il avait l'impression d'entendre son cœur parler, ou les moments où il se prenait un sermon par une divinité quelconque, le jeune homme aux cheveux blonds avaient l'impression de délirer.

Il voulait arrêter de fuir sans raison ?

Au lycée, il avait fait partie de la troupe de théâtre de l'école.

Il n'était pas très doué, mais ironiquement, son physique lui avait permis d'obtenir beaucoup plus que ce que le talent avait le pouvoir d'obtenir.

À vrai dire, il était vraiment mauvais.

Vraiment, vraiment mauvais...

...mais ce n'était pas si compliqué que ça de se laisser simplement tomber en arrière comme un désespéré, n'est-ce pas ?

Cela suffirait à inquiéter Sicheng un millième de seconde, lui laisserait le champ libre pour jouer sa comédie de beau gosse idiot, et lui prouverait ainsi que tout était toujours comme avant.

Que rien n'avait changé.

Lui qui emmerdait le plus jeune avec sa drague de gros lourdeau, et ce dernier qui continuait de le repousser avec ce faux air dégouté sur le visage.

Suivi de ce sourire.

Ce sourire à la fois moqueur et embarrassé après chacune de leur petite dispute.

C'était d'ailleurs pour cela qu'il avait succombé au charme de son cadet.

Lui qui avait toujours pensé sortir avec une personne plus âgée que lui, il se retrouvait aux pieds d'un uke aux airs de seme qui lui faisait bien comprendre qu'il portait le caleçon encore mieux que le string.

C'était une autre histoire ?

Non, c'était complètement la bonne histoire.

Yuta ressentait quelque chose de fort pour Sicheng, et cela ne changerait pas d'aussitôt.

Sicheng le laissait mariner sans pour autant le détester, et cela ne changerait pas d'aussitôt.

Rien n'avait changé.

Et cela même s'il s'était en quelque sorte confessé à la fin de l'année dernière.

Oui, confesser.

Comme les protagonistes de shojo à leur beau gosse écervelé.

Ça avait été ridicule.

Il avait longtemps hésité à se déclarer, parce qu'il avait toujours pensé que leur soi-disant relation avait toujours été claire.

Une sorte de clarté dans un flou total.

Pour le plus grand, leur relation avait toujours été ambiguë, et pas que dans son sens.

Il lui semblait évident que toute cette affaire allait déboucher un jour ou un autre sur un Contrat à Durée Indéterminé.

Entreprise des relations amoureuses.

Cinquième étage, département des relations longues durées.

Bureau des âmes sœurs.

Tout était si bien rangé dans son petit cerveau, et tout avait semblé si logique à ses yeux...

...il n'avait pas pensé une seule seconde qu'il aurait eu besoin de se confesser.

Encore moins qu'il se serait prit un pseudo stop.

Et pourtant, ça avait été le cas.

Il avait joué le rôle du protagoniste parfait, sincère et attachant, touchant le cœur de tous ses spectateurs à l'exception de l'élu de son cœur.

Peut-être qu'il était un peu trop pessimiste sur les bords, après tout, ce n'avait pas été un non définitif, mais certainement pas un oui enthousiaste non plus.

Il n'était pas vraiment pessimiste, c'était la réalité qui l'était.

Ça avait été si frustrant de vivre dans une réalité alternative prenant airs de comédie romantique pour ados pendant à peu près une année, avant de se rendre compte que les comédies romantiques n'existaient bien qu'à la télévision.

Peut-être qu'il n'avait peut-être même pas vécu cette soi-disant réalité alternative.

Qu'il avait été dans un tripe total et que Sicheng n'avait été qu'une invention complète de son cerveau.

Sicheng et tout le monde qui existait autour de lui n'était qu'une invention de son imagination ?

Pour quelles raisons ?

Où était-ce la réalité ?

- Yuta ! Ça va ?! s'exclama Sicheng d'un air un peu trop inquiet tout en commençant à agripper les épaules de Yuta pour éviter une chute imminante.

Le jeune homme aux cheveux châtains était vraiment inquiet.

Beaucoup plus qu'il n'aurait dû.

Ou plutôt, beaucoup plus qu'il aurait voulu l'être.

Tout avait changé.

Le plus grand n'était pas du genre à tout miser sur un coup de poker, sachant qu'il y avait toujours beaucoup trop à perdre dans ce genre de pari fou.

En l'occurrence ici, la normalité de leur relation.

La stagnation de leurs sentiments.

Sentiments purement amicaux si l'on en croyait leurs volontés...

...pourtant, nous n'allions pas nous voiler la face plus longtemps que cela, il était évident que ce genre d'amitié n'avait peut-être jamais été de l'amitié en premier lieu.

Yuta voulait prouver que leur amitié d'autrefois était bien la même qu'aujourd'hui.

Mais peut-être qu'en observant l'inquiétude de Sicheng et sa propre confiance aveugle en ce dernier, Yuta se rendait compte qu'il n'y avait plus aucune amitié platonique entre eux.

Qu'elle n'avait peut-être jamais existé.

Ils se rendaient compte, tous les deux, que les choses ne pourraient jamais être comme avant...

...parce qu'ils avaient enfin décidés de se réveiller.

Et d'assumer tout ce qui s'était dit.

Tout ce qui s'était fait.

Tout ce qu'ils avaient ressentis.

D'assumer le fait que oui, Yuta s'était déclaré, et que oui, il attendait une réponse de la part de Sicheng.

Par conséquent, le plus âgé ne pouvait pas se contenter de continuer à faire ses blagues de merde pour titiller son cadet...

...et ce dernier ne pouvait plus continuer à complètement agir avec cet air complètement détaché qui lui seyait pourtant si bien.

Alors que le jeune homme aux cheveux blonds se laissa tomber de tout son poids entre les bras, légèrement plus musclé que ce qu'il imaginait, du plus jeune, son regard croisa celui de son vis-à-vis.

Cet eye-contact de quelques secondes avait suffit aux deux étudiants pour comprendre la profondeur de leur débilité.

Et pourtant, devinez quoi ?

On était dans une fanfiction.

Donc bien évidemment qu'ils n'allaient pas prendre en considération ce sentiment persistant dû à un manque de clarté au sein de leur relation non-existante.

Qui avait besoin de clarté de toute manière ?

C'était une légende ?

Ce frisson qui avait parcouru chacun de leurs deux corps n'était qu'une illusion provoqué par leurs deux petits cœurs absolument pas attirés l'un par l'autre.

Comme si l'amour existait.

C'était sans aucun doute une invention des illuminati.

En tout cas, c'était la seule explication illogiquement logique qui s'offrait au grand Dong Sicheng.

Parce qu'il ne pouvait pas croire que tout avait changé.

Il allait simplement jouer la comédie un peu plus longtemps.

Parce qu'il en avait envie.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?! s'exclama d'une manière franchement exagéré Sicheng tout en secouant les épaules tombantes de son ami.

Sa véritable inquiétude s'était estompé pour laisser place à son inconditionnel sarcasme.

Au fond de lui, il savait très bien que Yuta ne pouvait pas être malade un jour de rentrée scolaire.

S'il l'avait été, il n'aurait même pas osé se lever de son petit lit douillet.

Et non, ce n'était pas parce qu'il raisonnait avec logique que cela signifiait qu'il montrait un quelconque intérêt envers cet énergumène qui venait d'ouvrir les yeux avec peur.

Il était vraiment dans la merde.

- J'ai la tête...qui tourne ? hésita un peu plus longuement Yuta en reconnaissant le ton faussement sympathique de son interlocuteur.

Il était un peu mort de trouille.

Un peu beaucoup.

Disons qu'il avait un peu trop l'habitude d'entendre ces exagérations moqueuses.

Ça se passait toujours de cette manière.

Un Nakamoto lourdeau.

Un Dong insensible.

Le Yuwin dans toute sa splendeur.

Qui se souciait de l'heure d'après lorsque l'heure actuelle était aussi savoureuse.

Il allait certainement mourir, mais de la meilleure des façons.

Entre les mains de celui qu'il aimait.

- Putain, mais me fait pas paniquer comme ça ! s'exclama d'ailleurs cette dite personne en frappant fortement le torse du mec qui était en train de le faire plonger vers le bas. La prochaine fois je te fous une de ses claques...t'es pas prêt. termina t-il avant de lâcher les deux épaules qu'il avait fermement tenu pendant cinq minutes de trop.

C'était ainsi que Yuta, malgré ses tentatives de se rattraper comme un beau gosse de films américains, termina par faire un plat contre le goudron froid.

Ça faisait mal.

Toujours moins mal que l'incertitude de la situation.

Dix fois moins mal que le sourire de Sicheng qui était en train de se foutre de sa gueule avec son fameux air de < cherches pas à gagner contre plus fort que toi >.

Mais ça faisait mal, et il avait envie d'enfoncer le clou.

Parce que Nakamoto Yuta.

- Si je supporte pas une de tes claques, comment je suis censé tenir une relation avec un fils de satan ? osa t-il tout de même rétorquer sa tête toujours accolé au sol, avant que Sicheng ne s'assoit à côté de lui de manière désinvolte.

Leur relation n'était peut-être pas claire, mais elle ne l'avait jamais été.

La clarté, c'était clairement pas leur truc.

Il n'y avait aucune explication pour le fait que le plus jeune avait des envies de meurtre à chaque fois qu'il apercevait son aîné...

...mais qu'une fois à ses côtés, il ne désirait rien d'autre que de le regarder sourire bêtement.

Il n'y avait aucune explication pour le fait que le plus âgé sentait son corps entier crier Dong Sicheng à chaque fois qu'il croisait son regard...

...mais qu'une fois proche de sa personne il n'ose à peine que toucher son aura des doigts.

Le sérieux c'était pas leur truc.

Les sentiments non plus.

Mais ils étaient là.

Et fallait bien faire quelque chose avec.

Sicheng refusait de traîner au sol devant l'école entière si Ten se tenait sur lui, mais il ne refuserait jamais de s'asseoir aux côtés de Yuta s'il l'avait foutu au sol.

- Moi, fils de satan ? C'est une blague, j'espère que c'est de quelqu'un d'autre dont tu parles. se contenta de demander un peu plus gentiment le jeune homme aux cheveux châtains en croisant ses jambes.

De son côté, Yuta avait vraiment la flemme de bouger.

Il ne comprenait vraiment rien, mais tout ce qu'il comprenait dans l'immédiat, c'était qu'il bénéficiait d'une conversation avec son coup de cœur.

C'était bien suffisant à comprendre pour décider de ne pas bouger.

De ne rien changer sous peine de briser cet instant presque magique.

Et cela même si sa joue droit commençait à prendre la forme des cailloux goudronnés.

- De qui voudrais-tu que je te parles ? soupira le plus âgé en trouvant suffisamment de force pour passer une main dans ses cheveux.

Cette action avait suffit pour décrocher un autre sourire à notre protagoniste principal.

- J'en sais rien, je crois que j'ai pas encore assez capter que tu crush violemment sur moi depuis un an. répondit sincèrement Sicheng toujours avec un sourire aux lèvres.

Cette discussion n'était pas à prendre au premier degré, mais ce serait mentir que de dire qu'il n'y avait aucune vérité dissimulé sous leurs rires.

La nostalgie à un jeune âge ça faisait cet effet.

- Je crois que j'ai pas assez capté ce que tu voulais de moi et-tenta de dire le jeune homme au sol avant de se faire interrompre par son vis-à-vis.

Vis-à-vis qui venait de poser son index près de sa bouche, pour lui demander expressément de se taire.

- Je crois que moi-même je capte que dalle, si je m'écoutais totalement, ce serait différent je pense. murmura le plus jeune en espérant que son aîné avait saisi la chose.

Certes il était complètement pommé niveau logique et écoute de soi-même, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne savait pas ce qu'il ressentait.

Il avait juste besoin d'un peu de temps.

Ils étaient jeunes, ils avaient ce temps.

Et Sicheng le prendrait.

Et Yuta comprenait.

- De toute manière, c'est pas comme si les choses pressaient, on est bloqués dans cette université pour pas mal de temps en vrai...souffla fortement Yuta en se rendant compte qu'il aurait dû choisir autre chose que médecine s'il avait décidé d'être un gros flemmard amoureux d'un bosseur.

Le seul avantage à ces longues années d'études était qu'il avait un prétexte suffisant pour continuer de provoquer ses rencontres avec son coup de cœur.

Imaginez si ce n'était pas pour le fait qu'ils étaient dans la même université, est-ce que vous pensiez réellement que Sicheng accepterait de se faire interrompre par un stalker en permanence ?

Le plus âgé n'en était pas vraiment sûr.

- C'est vrai que t'as le temps de pourrir ici si tu continues d'étudier aussi peu que l'année dernière...lui rappela Sicheng pour couvrir le sérieux de cette sous-conversation.

Le plus important, c'était qu'ils s'étaient compris.

Maintenant le plus important, c'était de rappeler à Yuta à quel point il était tellement meilleur que lui, parce que c'était la vérité.

- Excuse moi ? s'étouffa presque le troisième année en réalisant qu'il avait prit ses rêves pour une réalité.

Il n'y avait pas moyen que Monsieur Dong soit un petit peu sympa avec lui plus de cinq secondes.

Qui savez, si cela venait à arriver peut-être que cela annoncerait ses dernières heures.

Tout en fronçant ses sourcils, Yuta tenta de se relever pour mettre une raclée à son adversaire avant de se rappeler qu'il avait quand même beaucoup la flemme.

Face à cet essai raté, échec cuisant évidemment, le jeune homme aux cheveux châtains ne savait plus s'il devait rire ou pleurer.

Il était en présence d'un spécimen si rare qu'il comprenait presque pourquoi il avait fini par craquer à ses charmes inconnus.

C'était peut-être son manque de charme qui faisait son charme.

Il était vraiment attaché à Yuta.

Et cette simple pensée lui suffisait à sourire nostalgiquement, comme s'il parlait d'un amour passé tellement fort qu'il n'arrivait pas à l'oublier.

Comme si le garçon en face de lui n'existait pas réellement où qu'il était à des centaines de milliers de kilomètres.

- Sale méchant. cracha le plus vieux en rageant intérieurement du non fair-play de son interlocuteur.

Il avait pas le droit de continuer à sourire comme ça en sa présence.

En plus, seulement en sa présence.

Et puis après il lui soufflait le froid.

Puis le chaud.

Un oasis dans les profondeurs d'un lac gelé ?

- Sale flemmard. rétorqua le plus jeune en levant les yeux au ciel faussement désintéressé.

La routine.

Alors qu'ils étaient en train de se quereller à moitié gentiment dans ce coin de la cour, les deux gogoles qui leur servait de meilleurs amis s'arrêtèrent dans leur course folle pour les observer.

- Je t'ai eu ! cria presque Taeyong en attrapant le poignet de Ten qui s'était immobilisé.

Il avait entreprit de le tirer contre lui pour avoir sa récompense, oubliant qu'il avait décidé de sortir avec Chittaphon et pas avec Jaehyun.

Par conséquent, il s'était fait brutalement interrompre dans son geste, perdant presque la moitié de son corps par la même occasion.

Quoi ?

Encore Jaehyun ?

Oui.

Jaehyun était partout d'accord, en même temps, il était si parfait que le jeune homme aux cheveux roses en oubliait parfois pourquoi est-ce qu'il avait refusé d'être son ami.

Ou même d'avoir refusé d'être son petit-ami quelques années plus tard.

Rassurez vous, il ne se posait pas vraiment la question sérieusement, il était très heureux de la vie qu'il avait ; et même si parfois il lui arrivait de refaire sa vie avec des " et si ? ", il ne se voyait pas vivre autrement qu'actuellment.

Il était raide dingue de Ten, comme s'il était encore au collège face à son premier crush.

Il était reconnaissant d'avoir un ami aussi drôle et attachant que Yuta.

D'avoir tout ce qui avait découlé de chacune des décisions qu'il avait prit un jour.

Il aimait sa vie.

- Tais-toi ! rétorqua doucement Ten en posant peu délicatement sa main sur la bouche de son partenaire. Tu fais trop de bruit, je suis en mode détective là. conclua t-il en jetant un coup d'œil passionné à la scène toute mignonne qui se déroulait devant lui.

Taeyong retira sa main de devant sa bouche afin de pouvoir reprendre un peu d'air.

Tout en reprenant son souffle, le jeune homme sermonna à moitié son petit-ami avant de le regarder avec un air qui voulait dire < te fous pas moi >.

Devinez quoi ?

Ten se foutait de lui.

- Tu ne peux pas être supérieur à un homme aussi distingué que moi ? s'indigna le plus petit des deux en rigolant.

Un rire clairement moqueur.

C'était gentillet.

Taeyong avait l'habitude, mais ce n'était pas parce qu'il avait l'habitude qu'il acceptait ses tendances égocentriques.

Cet espèce de personne un peu trop attirante qui s'amusait de lui là.

- Y'a deux secondes t'étais encore en train de courir partout comme un gamin de trois ans ? s'indigna à son tour le plus âgé tout en attrapant la joue de son cadet.

C'était ridiculement mignon.

La scène trop mignonne que Ten était en train d'espionner cinq minutes auparavant était devenu une partie de ce qu'il vivait maintenant.

Est-ce que cette fanfiction était une succession clichée de scène mignonne ?

Certainement.

- C'est faux. nia le jeune homme aux cheveux noirs avec difficulté, sa joue étant toujours dans la main de son copain. J'étais en train de faire diversion. Le corrigea t-il avant de sentir sa joue se faire tirer dans tous les sens.

Il ressemblait vraiment à un gosse de trois ans là.

- Évidemment. lui répondit Taeyong d'un ton tout à fait peu convaincu.

- Bien évidemment qu'évidemment ! rétorqua Ten d'un ton plus que convaincu avant de jeter un regard faussement noir à son bien-aimé.

Il en profita pour détacher sa main de sa joue avant de lui voler un baiser bien mérité.

Alors que tout était en train de se dérouler dans le meilleur des mondes, Sicheng se fit interrompre par le son assourdissant de la sonnerie de l'école.

Peut-être la seule grande école utilisant encore activement une sonnerie pour discipliner ses étudiants.

Cela pouvait être une libération lorsque que la fin des cours, que le monde vous tendait ses bras.

Cela était un supplice lorsque vous étiez en train de vous rendre compte que les moments comme celui que vous viviez actuellement étaient beaucoup trop précieux pour être écourté.

Le jeune Dong était en train d'expérimenter ce qu'était cette deuxième option.

Voulant se persuader qu'il pouvait continuer de jouer toute cette mascarade, notre protagoniste avait presque oublié que d'aucune manière il n'avait envisagé de lâcher Nakamoto.

Certes, il voulait faire de son mieux pour éclaircir les choses avec l'idiot allongé sur le sol, et cela pouvait peut-être prendre un petit peu plus de temps que prévu...

...mais en aucun cas cela voulait dire qu'il avait prévu de se séparer de ce dernier.

Il prenait juste le temps qu'il lui fallait pour attraper la main qu'il n'avait déjà pas envie de lâcher.

Peut-être qu'aujourd'hui, que maintenant, à la seconde près à laquelle nous étions en train de lire cette histoire.

Peut-être qu'il avait envie de prendre la main de Yuta.

Peut-être que tout se chamboulait un peu trop vite dans son esprit et qu'il comprenait enfin qu'un simple regard vers le visage du jeune homme aux cheveux blonds lui suffisait à perdre un peu plus chaque partie de son propre cœur.

Il comprenait enfin à quel point il était stupide de vouloir faire durer le chemin vers son propre bonheur.

Oui, ce genre de révélation cliché existait réellement dans la vraie vie.

Vous n'en aviez jamais eu ?

Dommage, vous allez finir seul avec des chats pour guise de compagnon.

C'était pas plus mal en soit.

Tout cela pour dire que Sicheng allait laisser tomber les chats pour se choper son mec.

Enfin, c'était ce qu'il avait dans l'idée de faire avant de se faire tirer vers le haut par le miniscule être qu'était son meilleur ami.

- On dégage ! s'exclama Ten en continuant de tirer son vis-à-vis vers les bâtiments grisâtres.

Personne n'avait été consentant, même pas Sicheng, surtout pas Yuta.

Vraiment pas Yuta.

Lui qui avait entrevu une porte de sortie sur sa situation extrêmement gênante avec Sicheng, venait de se faire mettre encore plus au sol par un mec aussi peu impressionnant que Chittaphon.

Et il ne pouvait rien fire.

Parce que c'était le meilleur ami de son futur grand amour évidemment.

Parce que c'était le petit-ami de son meilleur ami pour la vie.

Évidemment.

- Je vais tuer ton mec un jour Tae'...souffla le jeune homme aux cheveux blonds contre le sol alors que son meilleur ami était en train de se rapprocher de lui.

Il lui donna d'ailleurs un léger coup de pied sur ses fesses.

- Personne ne touche à Ten espèce d'idiot, par contre lui, il peut te prendre quand il veut. se mit à rire l'aîné des deux avant de tendre sa main à celui qui embrassait toujours le sol.

- De toute manière tant que t'es là, Ten peut prendre tout ce qu'il veut. répondit difficilement Yuta avant d'accepter l'aide de son mal aimé ami.

Même si la situation avait le don de le perturber, il prenait cette dernière avec humour.

Ce qu'un certain protagoniste ne faisait pas vraiment au même moment.

Imaginez vous partir d'un rêve merveilleux coloré de milles et une couleurs pour atteindre de vieux bâtiments gris plus vieux que vos ancêtres.

De manière consciente.

Sicheng n'était pas vraiment d'accord.

Mais que pouvez t-il y faire ?

Il savait très bien que Ten détestait arriver en retard dès le premier jour de cours obligatoires.

Parce que cela voulait dire rater plus d'un tier du cours.

Et certainement rater son année si on en suivait les conséquences logiques.

C'était peut-être un peu extrême, mais s'il y avait bien une chose que T'en faisait passer légèrement avant Taeyong, c'était bien ses études.

Comme il l'avait toujours dit, comment est-ce qu'il pourrait s'assurer un avenir avec Taeyong s'il n'arrivait pas à s'assurer un avenir à lui tout seul.

Le bonheur de deux venait d'abord de deux bonheurs séparés, puis partagés.

Et tout pleins d'autres conneries qu'il aimait bien sortir à sortir à son ami célibataire.

Tout pleins de conneries peut-être plus véridique que ce qu'il voulait croire.

Pourtant, juste pour aujourd'hui, en cette belle journée, Sicheng aurait voulu faire passer Yuta avant son cours d'entrée en deuxième année.

Il fallait bien qu'à un moment l'amour passe avant la logique, n'est-ce pas ?

Sinon les choses seraient beaucoup trop simples.

D'ailleurs, oubliez tout ce que Sicheng venait de penser, parce que lui-même ne l'assumait pas.

Merci de votre compréhension.

- Dis Ten...commença sans grande conviction Sicheng alors qu'il continuait de se faire traîner à travers les couloirs de l'école.

- Oui ? lui répondit un peu pressé le susnommé en continuant d'éviter la masse de gens.

Il avait répondu d'une manière assez désinvolte parce qu'il n'avait aucune idée, il n'avait pas été préparé à ce qu'il allait entendre.

- Tu penses que c'est une bonne idée si je décide d'arrêter de faire mariner Yuta ? termina t-il par demander d'une traite tout en cherchant du regard la beauté des murs pour éviter le regard de son meilleur ami qui le fusillerait d'une seconde à l'autre.

Pourtant, à sa grande surprise, Ten ne s'arrêta pas une seule seconde et ne considéra pas vraiment la demande, cruciale, qu'il venait de lui faire.

C'était vraiment étrange.

Dans son esprit, le jeune homme aux cheveux châtains avait imaginé que son aîné s'arrêterai soudainement et le plaquer ai violemment contre un mur pour le soumettre à un interrogatoire plus que sérieux.

Un truc qui respirait le Ten en fait.

Est-ce qu'on avait échangé son meilleur ami contre un individu tout à fait normal et équilibré mentalement ?

Il avait longuement prié, mais il n'avait jamais pensé qu'un être supérieur exaucerait réellement ses prières.

Sans qu'il n'ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, ils se retrouvèrent en un temps, trois mouvements dans le couloir menant à leur amphithéâtre.

Au final, Sicheng n'avait même pas eu à faire de grandes déclarations dramatiques à son meilleur ami comme dans les vieux téléfilm Disney Channel.

Il n'avait pas eu à hausser les sourcils face à l'excitation démesuré de Ten qui l'aurait certainement fixé avec des étoiles dans les yeux.

Des étoiles dans les yeux et un air supérieur qui aurait dû crier < je te l'avais dit, non ? >.

Au final, c'était une bonne chose.

Une très bonne chose.

Il n'hésiterait finalement pas à combler l'espace qui le séparait de Yuta.

Il allait simplement continuer d'avancer de deux pas, reculer de six, puis ravancer de trois avant de s'immobiliser quelques temps avant de recommencer de nouveau.

C'était très bien comme ça.

Même si au fond, c'était un petit peu décevant...

...peut-être que notre protagoniste avait attendu de provoquer cette scène clichée pour pouvoir trouver son impulsion.

Ten.

Ten n'aurait jamais hésité une seule seconde à le pousser dans le vide.

Pour le meilleur comme pour le pire, il l'aurait balancer dans le vide sans parachute.

Car selon lui, la chute faisait toujours moins mal que le regret de n'avoir jamais chuté.

Et maintenant tout était réduit à néant parce que son véritable meilleur ami avait certainement été enlevé par des petits extraterrestres verts.

Est-ce que c'était assez dramatique pour avoir son impulsion ?

Non, pas vraiment.

Notre personnage principal se contenta alors de soupirer légèrement en comprenant qu'il faisait parti d'un scénario complètement raté.

Il était censé finir avec Yuta à la fin de cette histoire improbable, non ?

Alors pourquoi est-ce que tout se passait comme cela ?

Il maudissait réellement l'auteure de ce script sur vingt générations.

Est-ce que cette dernière avait finalement prévu de le faire finir avec leur professeur principal ?

C'était la seule explication logique pouvant justifier le fait qu'il se dirigeait vers un amphithéâtre plus que vers l'élu de son cœur.

Beurk numéro un.

Il devenait niais.

Et beurk numéro deux.

Son professeur était un vieux de soixante ans, autant qu'il aille en soirée dans des maisons de retraite à ce point là.

En parlant de soirées dans des maisons de retraite, son professeur principal était justement devant la salle, en train de parler avec quelques élèves.

C'était vraiment déprimant.

Et pourtant, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, Sicheng avait cru apercevoir un sourire se former sur les lèvres de Ten.

Il n'avait pas compris.

Il n'y avait pas de quoi sourire, ils allaient rentrer dans leur amphithéâtre d'une seconde à l'autre, n'est-ce pas ?

Alors que le jeune homme aux cheveux châtains continuait de se jeter des jurons mentalement, il se fit brutalement stopper par Ten qui s'arrêta net devant leur professeur.

Si c'était un stratagème pour qu'il sorte avec ce dernier, Sicheng quittait cette fanfiction.

Vraiment.

- Bonjour Monsieur, excusez moi de vous déranger, mais je crois que Madame Kim vous cherche urgemment pour discuter des dossiers horaires que vous n'auriez pas rendu en temps voulu apparemment. s'exclama le jeune homme aux cheveux noirs sous le regard étonné de son meilleur ami qu'il fit taire par une forte pression sur ses phalanges.

L'adulte tenta de garder un sourire amical avant de souffler un peu.

- Cela doit être un malentendu, commença t-il, est-ce qu'elle t'as dit que c'était réellement urgent ? demanda t-il gentiment, un air irrité pourtant peu dissimulé.

- Je crois avoir entendu qu'elle était vraiment très embêté de cette erreur, elle semblait vraiment à bout, comme sur le point de donner un coup de talon dans un mur. rétorqua immédiatement Ten avec un air effrayé.

Un air effrayé qui avait le don de convaincre n'importe qui honnêtement.

Ten avait fait du théâtre dans sa jeunesse, et à l'inverse de Yuta, il avait longtemps tenu des premiers rôles grâce à un talent existant.

Désolé pour le Nakamoto mais le Leechaiyapornkul gagnait cette manche.

- Un coup de talon...dans un mur ? répéta le professeur un peu sceptique, serait-ce si difficile à comprendre pour quelqu'un de comprendre qu'il voulait juste entamer ce premier jour dans la bonne humeur ?

Personne n'avait la réponse, et la seule réponse qu'il avait pour le moment c'était Ten.

Vraiment pas rassurant.

- Oui, je me suis dépêchée de vous rapporter la nouvelle car vous êtes un bon professeur, je ne voudrais pas qu'il vous arrive la même chose qu'au professeur Lee...lui expliqua le jeune homme en imitant une gestuelle particulière.

Celle du malaise.

C'était malaisant.

Il était doué.

- Le professeur Lee ? s'interrogea tout de même le professeur en se rappelant qu'il ne connaissait aucun professeur de ce nom.

- Celui qui était là à votre place l'année dernière, il a fait une seule erreur et Madame Kim l'a éjecté. Depuis, c'est comme s'il n'avait jamais existé...même vous, vous l'avez oublié...termina dramatiquement Ten en jetant un regard tout aussi dramatique à travers la fenêtre.

Le professeur tenta de suivre le regard de Ten avant d'afficher un air un peu plus paniqué.

Il n'y avait rien dans cette direction à part une fenêtre, et il fallait croire que les fenêtres s'étaient mises à effrayer les gens.

Ou le rien.

Le rien ça effrayant toujours.

Une présence constante à vos côtés qui pouvait vont englouti à tout moment.

C'était convaincant.

- Je m'en vais la voir de ce pas, merci de m'avoir prévenu jeune homme. le remercia sincèrement l'adulte sous le regard stupéfait de Sicheng qui n'arrivait pas à croire qu'un homme de deux fois leur âge avait gobé leur bobard.

Mais non enfin.

Ce n'était pas un bobard, n'est-ce pas ?

Ten avait très certainement croisé cette Madame Kim.

- De rien Monsieur, lui répondit le jeune étudiant très humblement alors que le professeur était déjà en train de s'en aller, vous la trouverez certainement en bâtiment K, elle a cours là bas en ce moment. s'exclama t-il un peu plus fortement pour avertir l'adulte qui le remercia une dernière fois avant de disparaître derrière un mur.

En remarquant cela, le regard du plus âgé des deux étudiants se mit à scintiller fortement sous l'incompréhension totale du plus jeune.

Il le reconnaissait.

Ça c'était Ten.

C'était inquiétant.

Et pour de bonnes raisons.

En un éclair Sicheng se retrouva de nouveau traîné à travers les couloirs, en direction de il ne savait pas trop où.

Au bout d'un moment, Ten sortit un trousseau de clés de sa poche et se dépêcha d'ouvrir une des portes du couloirs avec une de ces dernières.

Nous n'énoncerons jamais assez les nombreux avantages à faire parti de l'association des élèves de l'université.

Nous ne pourrons pas non plus vous dire comment est-ce que T'en s'était retrouvé à la tête de cette association centrale.

C'était incomprehensible.

Autant vous dire que sous ses airs d'organisation sérieuse faisant vivre le campus, c'était vraiment une fête géante.

Le jeune homme aux cheveux noirs venait de faire voter une journée thème Yarichin☆Bitch Club.

Et le directeur avait accepté.

Toute cette parenthèse pour arriver au fait qu'on venait littéralement de rater une scène où le président de l'organisation venait de tirer Sicheng à l'intérieur de la salle avant de le plaquer contre le mur.

D'un geste habilement cliché mais réalisable, le plus âgé des deux referma la porte avec son pied avant de fermer le verrou de l'intérieur.

Ça y est.

Maintenant, il n'y avait plus que lui, Sicheng et l'espace qui les séparait.

Ça allait être un jeu d'enfant.

- Je vais t'assomer de questions mon pauvre. se contenta de dire Ten en retenant son côté fangirl au maximum.

Plus à fond que lui dans la relation qu'entretenait à moitié Sicheng et Yuta, ça n'existait pas.

Il avait tout capté depuis le départ, et après s'être rendu compte que le japonais était un garçon très respectable.

Qu'il ne faisait pas qu'abaisser les barrières de son meilleur ami, mais qu'il les gravissait également.

Il sentait de plus en plus cette odeur sucrée envahir l'espace en leur présence...

...peut-être parce qu'il mettait énormément de parfum saveur sucrée...

...mais non, valait mieux se dire que c'était de l'amour pur et dur.

Et puis Yuta lui avait offert le chemisier le plus beau de sa garde robe, ça valait bien un bonus du meilleur ami, non ?

- Espèce de-commença à s'exclamer Sicheng en rigolant avant de se faire surprendre soudainement par un son.

À la fois bruyant et sourd.

À la fois lourd et léger.

À la fois apaisant et terrorisant.

* PAN *

Une onomatopée de piètre qualité abritant pourtant en son bruitage un son défiant toute limite entre le rêve et la réalité.

Entre le cauchemar et la merde qui nous servait de réalité.

Un merde que nous ne comprenions seulement lorsqu'elle nous atteignait directement.

Et le bruit d'une détonation au sein d'un établissement aussi bruyant, ça avait de quoi nous atteindre en plein cœur.

Sans pour autant nous tuer en un instant, il nous préparait à mourir dans les instants qui suivaient.

Prenant possession de chacune des parties de notre corps pour nous soumettre à la destinée inévitable qui était en train de s'écrire.

Le pire avait été planifié pour entrer dans chacun de nos pores et boucher chacune de nos articulations.

Le pire voulait faire de nous des pantins vivant.

Comme des animaux à l'abattoir...

...vivant pour être mieux dégusté.

Et le pire était là.

Dans l'immédiat.

La seule conclusion logique était qu'une arme avait été introduite au sein de l'établissement.

La logique existait-elle réellement dans ces moments là ?

Ou cela pouvait êtr-

* PAN *

Une deuxième détonation suivit la première.

Toujours aussi glaçante.

Aucun doute possible, ce tir était bien un tir provoqué et non accidentel.

La logique n'existait pas, mais paradoxalement, la réalité vous heurtait en pleine face.

- T'as entendu...? demanda Ten en chuchotant sans s'en rendre compte.

Ce genre de situation vous rendait la vie impossible, plaçant vos instincts primaires avant toute logique existante.

Comme si une balle était sur le point de transpercer chaque neurone de votre cerveau, votre voix baissait directement d'un ton.

Par peur.

Par besoin de survivre.

Par envie de vivre.

Et c'était en entendant la voix de Ten briser le silence qui flottait autour d'eux que Sicheng craqua et se laissa tomber au sol sans aucune considération pour les risques qu'ils encouraient certainement.

Les risques qu'ils encouraient.

Les risques qu'ils encouraient ?

Quels risques ?

Se faire entendre.

Se faire trouver.

Se faire frapper.

Insulter.

Tirer dessus.

Mourir.

Mourir.

Mourir.

Aujourd'hui était une belle journée.

Le soleil brillait dans le ciel bleu turquoise comme dans l'introduction d'un dessin animé japonais.

S'il avait été dans un film d'animation japonais, le titre se serait formé dans le ciel grâce aux beaux nuages blancs qui le surplombait lorsqu'il était parti de chez lui ce matin.

Un plan d'ensemble l'aurait certainement montré avec sa manière ridicule de courir avant que la caméra ne fasse un travelling vertical pour monter vers le ciel turquoise.

Le titre serait apparu.

Un titre vraiment mignon et tout mielleux parce que sa vie ressemblait à un vrai shojo.

Il aimait bien se foutre de la gueule de sa propre vie, niant à chaque fois le fait qu'il était le protagoniste d'un film pour ado très cliché, alors qu'il savait définitivement qu'il ne pouvait pas échapper à sa propre réalité.

Ensuite.

Ensuite.

Ensuite ?

- Sicheng ? Sicheng ?! murmura toujours Ten en chuchotant toujours, de plus en plus inquiet.

Le susnommé était à genoux sur le sol dégueulasse de la salle des délégués générales, en train de trembloter comme s'il était coincé dans une chambre froide.

C'était vraiment bouleversant à voir.

Le jeune homme aux cheveux noirs avait toujours connu son meilleur ami sous l'angle d'un jeune homme indépendant qui vivait au jour le jour sans attendre de se faire surprendre par le lendemain.

Il était courageux, gentil, sarcastique, vraiment très énervant et très indifférent parfois, mais c'était Sicheng...

...pourquoi est-ce qu'il commençait à parler de lui comme s'il allait mourir sous ses yeux ?

Sicheng était devant lui, il n'allait pas mourir.

Lui non plus, n'allait pas mourir.

Tout allait bien se passer.

Ils n'allaient plus pouvoir se cacher sous l'excuse qu'aujourd'hui était une bonne journée.

Ils allaient devoir se dire qu'aujourd'hui était une journée catastrophique, mais qu'ils allaient s'en sortir.

À partir maintenant, Ten se disait mentalement qu'ils allaient s'en sortir.

Et qu'il n'y avait pas d'autres options.

Peut-être qu'ils avaient un peu trop rapidement virés dans un thriller action des années 80', mais vous savez quoi ?

Dans la réalité, on ne planifiait pas vraiment d'être une victime au milieu d'une fusillade.

Parce que dans la réalité, nous étions humains.

Pas des acteurs.

Pas de deuxième chance.

S'ils mouraient aujourd'hui et maintenant.

Ce serait la fin de tout.

Et il n'y aurait même pas de générique de fin.

Personne ne les applaudirait.

Personne ne leur décernerait un prix pour leurs talents de comédiens.

Personne ne se souviendrait d'eux.

Pourquoi est-ce que c'était dans ce genre de moment que notre cerveau décidait de se perdre le plus facilement ?

Pourquoi est-ce que des personnes tout à fait consciente et libre de toute pression décidaient de faire des films thrillers où des centaines de personnes pouvaient perdre la vie d'un claquement doigt ?

Et pourquoi les gens étaient heureux de voir ça ?

Pourquoi est-ce qu'ils en redemandaient encore ?

Il n'y avait rien de drôle à tout cela.

Ten serra fortement ses poings avant de se rendre compte que ses larmes s'étaient mises à couler contre sa volonté le long de ses joues rosies.

Rosies par la peur, la tristesse, le regret, le désespoir.

Et puis sans savoir pourquoi, en un instant, tout se givra soudainement dans sa tête.

Comme si un blizzard géant venait d'atteindre le centre de toute sa table de contrôle...

...de transpercer chacun de ses neurones brûlant sous la panique afin de neutraliser le cœur de toute son angoisse.

Son cerveau était peut-être sans dessus dessous...

...ceux qui étaient censés le diriger dans ses émotions avaient quittés le navire...

...il ne savait pas quoi faire, mais il était sûr d'une chose.

D'une seule chose : il n'était pas seul.

Et il allait devoir mettre toute son anxiété de côté s'il voulait avoir une chance de retrouver la conscience de son meilleur ami.

Dès qu'il aura un Sicheng conscient à ses côtés, ils aviseront.

Ils allaient s'en sortir.

- On va s'en sortir...murmura le jeune homme avant de se faire surprendre par une autre détonation.

Même si ce son n'était plus inconnu à ses oreilles, il n'avait pas put retenir un sursaut.

Un sursaut beaucoup plus maîtrisé que le premier.

À qui mentait-il ?

Rien n'était contrôlé.

Il avait envie de se pisser dessus, de se mettre en position fœtale dans un coin et attendre que le tireur ne lui mette une balle en pleine tête afin d'abréger sa souffrance actuelle.

Il faisait face à un flot d'émotion qu'il n'arrivait pas à maîtriser.

Rien n'était maîtrisable.

Mais il faisait quand même de son mieux pour rester droit, rester accroupi au sol face à son meilleur ami pour le sortir de sa transe.

C'était un effort surhumain de ne serait-ce rester accroupi sans laisser ses genoux s'écrouler au sol.

Il en avait envie, mais il ne pouvait pas.

Il ne pouvait pas se permettre de tout lâcher maintenant.

Il était responsable de lui-même, et de Sicheng tant qu'il serait dans cet état second.

Il n'y avait pas que lui.

Il devait survivre pour lui, pour sa mère, pour son père, pour sa petite sœur, pour Taeyong, pour son avenir, et tout simplement parce qu'il n'avait pas envie de mourir aujourd'hui.

Faisant consciemment souffler un second souffle gelé sur le centre de son cerveau, Ten souffla doucement toute la peine qu'il portait sur ses épaules avant de passer une main dans ses cheveux.

Ils allaient s'en sortir.

Alors que le plus âgé des deux commençait doucement à retrouver un miraculeux sang froid, Sicheng était toujours en train de se demander à quoi ressemblerait sa vie en tant que personnage de dessin animé.

De toute manière, il fallait bien qu'il trouve un autre monde où se réincarner.

Il allait mourir.

Consciemment et partant de toute logique, il se rendait bien compte que son attitude, bien que justifié, n'était pas la solution.

Mais qui était-il pour écouter la voix silencieuse de sa conscience éteinte lorsque les frissons parcourant son corps était la seule chose qu'il arrivait à entendre.

C'était la seule chose qu'il arrivait à ressentir.

La peur.

L'angoisse.

L'anxiété.

Le déni.

Un déni profond.

Il allait mourir, mais seulement pour se réincarner dans une autre vie.

Ce n'était pas une grande perte, ce n'était pas comme si tout allait réellement se terminer maintenant.

Dans un autre monde.

Il arriverait peut-être à faire quelque chose de meilleur dans une autre réalité, s'il avait la possibilité de se détacher de toutes les décisions qu'il avait déjà pris.

Comme le fait d'avoir implicitement demander à Yuta d'attendre sa réponse.

De ne jamais avoir réellement dit à Ten qu'il lui était vraiment reconnaissant de son amitié.

Avoir oublié d'enlacer une dernière fois sa mère.

Avoir refusé maintes fois de reprendre contact avec son frère.

Avoir décidé d'ignorer ce garçon qui lui souriait le matin lorsqu'il montait dans le train.

Ne jamais avoir remercier Taeyong d'être aussi génial avec les deux personnes les plus importantes de sa vie.

Avoir cracher sur un demi-frère qu'il n'avait jamais voulu connaître.

Ne jamais avoir dit à Minhyung et Donghyuck qu'il était vraiment très fier d'eux et des personnes qu'ils étaient.

Ne jamais s'être autorisé à rêver plus loin que le bout de son nez, alors qu'il avait le monde entier devant le bout de ce dernier.

Se plaindre en permanence de choses sans intérêt alors qu'il avait à ses côtés tout ce qu'il désirait.

Peut-être qu'il comprenait enfin ce que sa mère avait voulu lui dire lorsqu'elle l'avait sermonné du fameux :

La vie est simple, c'est les personnes qui les rendent compliqués.

Lui y compris.

Il regrettait énormément de choses, tellement de choses qu'il en oubliait presque qu'il adorait sa vie.

Il adorait vivre.

Sourire et rigoler avec Ten.

Se faire charrier par Taeyong.

Se faire sauver par Donghyuck.

Faire la morale à Minhyung.

Discuter avec sa mère.

Penser à Yuta.

Aller en cours pour apprendre de nouvelles choses sur le métier qui le faisait tant rêver.

Commencer à économiser pour pourvoir déménager.

Prendre son indépendance.

Peut-être même s'acheter une voiture pour éviter de prendre le train.

Penser tout simplement à l'avenir tout en profitant du moment présent.

Le moment présent.

Qu'il était en train de passer à faire une rétrospective de sa vie.

Cerise sur le gâteau, aujourd'hui était le dernier jour de sa vie et il la passait à se remémorer à quel point il avait été idiot de ne pas réaliser la beauté de ce qu'il avait entre ses mains.

La vie tout simplement.

Pourquoi est-ce qu'il devait attendre une fois tous les trente-six du mois pour avoir une illumination lui rappelant qu'aujourd'hui pouvait être une belle journée alors que toutes ses journées avaient la possibilité d'être de bonnes journées.

De magnifiques journées qu'il avait décidé d'ignorer.

De repousser.

De speeder.

Il se souvenait de si peu de choses, et ça lui faisait peur.

Tout ne pouvait pas s'arrêter maintenant.

Il n'avait pas encore vécu.

Il n'avait pas encore pris le temps de se rendre compte qu'il vivait.

Il ne pouvait pas mourir.

Il ne voulait pas mourir.

Et puis Yuta.

Il voulait voir Yuta.

Si une quelconque divinité de la mort avait planifié d'éteindre sa bougie aujourd'hui, il s'autorisait à formuler un dernier souhait.

Celui d'être clair avec la seule personne qu'il aimait et qui ne savait pas qu'il l'aimait.

C'était ridicule.

Mais c'était vrai.

Il avait besoin de ça.

Maintenant.

C'était la seule chose qui lui donnait envie de vivre un peu plus longtemps.

De survivre un peu plus longtemps sur ses jambes tremblantes.

Survivre avec son mental décapité avec la première détonation.

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Hellow !

Je reviendrai demain pour corriger ce chapitre et vous mettre un petit mot mignon à la fin comme d'habitude, mais là j'avais juste e'vie de vous poster ça sans trop me poser de questions !

En espérant que vous avez appréciez !

Chapitre dédicacé à sky_mollyy et à Lu_tengy

Merci beaucoup d'avoir lu !

Tchaoooooooooooooooooo ~

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