Partie 1

Bonsoir tout le monde, à l'occasion d'halloween je vous propose un petit OS cauchemardesque pour vous donner des frissons ! M'y étant pris un peu tardivement, vous n'aurez ce soir que la première partie pour marquer le coup mais ne vous en faites pas la suite arrivera très vite ! Joyeux Halloween à tous !  (PS : La photo en média n'est pas de moi) Et bien sûr un gros merci à ma chère AudreyCabaret pour sa magnifique cover ! 

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Il faisait noir et sombre, si bien qu'il ne pouvait pas voir à plus d'un mètre devant lui malgré la pleine lune haute dans le ciel nocturne de l'immense forêt de Brocelinde. Il n'y était pas retourné depuis sa plus tendre enfance, plusieurs centaines d'années auparavant, et sa mémoire des lieux n'était plus aussi fidèle qu'à l'époque. Quel sentier suivre pour rejoindre la grande ville ? Alicante était-elle au nord, au sud ? Et, surtout, où se situait-il exactement dans cette fichue forêt ? Un corbeau croassa au loin, le faisait sursauter d'au moins deux mètres en poussant un cri de terreur. Soufflant pour reprendre ses esprits, il s'intima au calme et plissa ses yeux dorés de chat à la pupille fendue pour percer l'obscurité. Malheureusement, il n'y voyait pas plus clair et l'obscurité alentour semblait même s'épaissir au fil des minutes qui s'écoulaient. Grognant de frustration, Magnus se décida à avancer, droit devant, les bras tendus pour ne pas se cogner malencontreusement contre un arbre. Le sol sec et froid, couvert de feuilles mortes, semblait craquer sinistrement sous ses pas hésitants et craintifs. Il avait beau être le Grand Sorcier de Brooklyn, être le descendant d'un des plus puissant et terrifiant Prince de l'Enfer et avoir vécu un peu moins de neuf cent ans sur terre, Magnus avait peur du noir. En même temps, c'était bien dans l'obscurité qu'il y avait les pires démons qui se nourrissaient de nos peurs et de nos cauchemars. Certes, il aurait pu invoquer un feu, une lampe torche, une lanterne même ! Mais les boucliers de la forêt qui bordait la patrie natale des Chasseurs d'Ombre interferaient avec sa magie et il ne voulait pas risquer de provoquer un incendie dans leur précieuse forêt. Tâchant de garder son calme malgré son angoisse, l'Indonésien se força à avancer, toujours tout droit. D'une manière ou d'une autre, il finirait par arriver de l'autre côté, non ? Alors qu'il continuait à faire un pas devant l'autre, l'asiatique discerna une faible lumière au loin ? D'une douce lueur orangée, il se décida à la suivre. Peut-être un groupe de jeunes Nephilims avait-il décidé de camper ici pour la nuit et ce qu'il percevait n'était autre que leur feu de camp ? Pourtant, à mesure qu'il avançait, Magnus réalisa qu'il ne s'agissait pas d'un feu de camp, mais d'une myriade de citrouilles transformée en lanternes dont la bougie se consumait lentement. Des centaines de citrouilles taillées de visages effrayants, abritant chacune une bougie de cire noire qui lui fit froid dans le dos. Parmi cette invasion de cucurbitacés, l'asiatique remarqua, sur le sol, un pentagram démoniaque qui avait été peint avec de la peinture rouge...ou plutôt du sang...Et il se trouvait pile au milieu de celui-ci.

L'immortel lâcha un cri étranglé et s'intima au calme. Pourtant, avant qu'il ait pu esquisser le moindre geste pour quitter le pentagram et échapper aux graves conséquences de son geste, les citrouilles s'animèrent toutes en même temps. Les bougies s'éteignirent comme si un souffle avait balayé leur chandelle toutes en même temps et leurs yeux creusés se mirent à luire d'une lueur rouge sang tandis que leur bouche aux dents pointues se déformaient dans une grimace menaçante. Magnus trembla de tous ses membres, tétanisé par la peur qui glaçait son sang et faisait s'accélérer son cœur. Une épaisse fumée noire fraya son chemin jusqu'à lui et enveloppa ses poignets, ses chevilles et son cou, comme pour le maintenir prisonnier. Le Grand Sorcier de Brooklyn tenta de se débattre, la peur s'immisçant dans son âme et prenant part de son être comme un poison létal et foudroyant, mais ne parvint qu'à exprimer un sanglot terrorisé. Devant lui venait de se dresser une silhouette informe, composée de fumée, d'écailles, d'ichor et de sang, aux dents pointues, aiguisées, et aux yeux luisant comme deux tâches d'hémoglobine dans des orbes sans fond semblable à des abîmes. Magnus hurla d'effrois et la créature lui lacéra le corps de ses dents comme s'il s'agissait de longues griffes meurtrières. Tout à coup, le monde bascula autour de lui comme une toupie folle et l'immortel se redressa d'un bond dans son lit en suffoquant. Son souffle était vif, saccadé, ses pensées désordonnées. La sueur coulait de son front, ruisselantes, et ses poumons se comprimaient sous l'effet du stress alors que son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. L'indonésien cherchait, les yeux fous, le monstre de son cauchemar dans l'obscurité de sa chambre. Ce n'est que quand il réalisa, en partie soulagée, que la seule autre présence était celle de son époux à ses côtés, qu'il se laissa tomber contre les oreilles dans un soupir de soulagement absolu. Son cœur se calma lentement, reprenant un rythme normal, et il essuya de ses mains tremblantes les dernières larmes qui perlaient au coin de ses yeux fatigués. C'était la cinquième fois cette semaine qu'il enchaînait les cauchemars, et Magnus n'en pouvait plus. Il n'y avait pourtant rien qui aurait pu favoriser ses mauvais rêves, mais l'asiatique ne cessait d'en faire à chaque nuit. Cette fois, c'était la fois de trop. Sans faire de bruit, le sorcier aux épis bleutés dégagea délicatement la couverture en veillant à ne pas réveiller son amant et il s'extirpa du lit en silence pour se rendre dans son bureau, là où étaient stockés ses grimoires et ingrédients pour ses potions.

- Bon, alors potions de rêves...Ah voilà ! S'écria-t-il à voix passe en mettant la main sur un mince grimoire relié de cuir violet sombre. Potion de rêves, blocage de cauchemars, parfait !

L'immortel aux yeux félins posa l'ouvrage sur son bureau et s'affaira à réunir les ingrédients nécessaires à la préparation. La science des rêves était assez nébuleuse pour lui, mais heureusement son père lui avait appris les bases nécessaires à ce genre de potions et il ne doutait pas de pouvoir réussir à préparer celle-ci. Une fois les ingrédients mis à sa disposition, Magnus suivit les indications du grimoire à la lettre en faisant attention aux dosages prescrits et aux quantités données. Il ne mit qu'une petite dizaine de minutes à achever la préparation et il versa cette dernière, un mélange brillant aux reflets lilas argenté, dans un petit ballon à fond plat qu'il bouchonna pour la mélanger une dernière fois correctement en y insufflant un peu de sa magie pour en améliorer les effets. Lorsqu'il la jugea fin prête, Magnus déboucha la fiole et en avala le contenu d'une seule traite, comme le préconisait le grimoire. Un picotement le parcouru et l'Indonésien ne put réprimer un frisson alors qu'il reposait le petit ballon de verre. Il attendit une minute, puis deux. Ne voyant aucune différence, le descendant d'Asmodée décida tout bonnement de retourner se coucher en espérant que la potion fonctionnerait, tout simplement. Alors qu'il s'apprêtait à quitter son bureau, il aperçut la même fumée noire que son cauchemar ramper sur le sol comme un serpent venimeux prêt à attaquer. Son cœur manqua un battement et, sous ses yeux écarquillés d'effrois, la silhouette meurtrière et cauchemardesque se dressa de nouveau devant lui. Difforme, gigantesque, nébuleuse, elle regardait le sorcier de ses immenses yeux rougeoyant comme des charbons ardents et ses dents effilées et tranchantes bavaient de sang en le dévisageant avec appétit, prêt à le dévorer une nouvelle fois. L'immortel fit un pas en arrière mais se retrouva piégé, acculé à son bureau qui lui bloquait tout retrait nécessaire à sa survie. Cette fois, la créature s'adressa pourtant à lui, appelant son nom comme un grondement venu des abysses d'Edom.

- Magnus...Ne me reconnais-tu pas ? Ricanna la créature en se faufilant dangereusement jusqu'à lui.

- Takut..., souffla l'indonésien dans sa langue maternelle, qui signifiait littéralement "la peur". Démon Supérieur des cauchemars et des tourmentes...Alors c'était toi qui hantait mes nuits...pourquoi t'en prendre à moi ?!

- Oh, tu vas très vite découvrir pourquoi....

A ces mots, le Démon saisit Magnus de sa fumée pour le paralyser et disparu dans un panache noir de cendre, dévastant au passage le bureau du sorcier. Dans la chambre à coucher du couple, Alec gigota dans son sommeil avant d'ouvrir les yeux en grognant de frustration. Poussant un soupire fatigué, le noiraud avisa l'heure et gémit en constatant qu'il n'était que quatre heures vingt du matin. Malgré tout, il avait senti l'absence de son époux dans leur lit et se décida à aller le chercher pour le ramener avec lui dans la chaleur accueillante des draps. Se dépétrant difficilement des couvertures, Alec frissonna en posant ses pieds nus sur le carrelage gelé et empoigna son peignoir, offert par Magnus, avant de l'enfiler en quittant la chambre. L'appartement était faiblement éclairé par les lumières de sort, déposées ici et là un peu partout par les bons soins du Chasseur d'Ombre, et par la lune, pleine en cette nuit noire, dont les rayons traversaient la baie vitrée menant au balcon. Malgré les quelques lueurs, le noiraud ne distinguait pas grand chose dans l'obscurité, et il avait laissé sa stèle sur sa table de nuit : une rune de vision ne pourrait donc pas lui être appliquée dans l'immédiat. Frottant son visage de ses deux mains pour essayer de chasser les derniers vestiges de sommeil qui lui collaient à la peau, le Nephilim bailla longuement avant de secouer la tête. Ce n'était pas le moment de dormir debout. Inspirant et expirant profondément, le noiraud aux yeux cobalts se concentra sur ses autres sens, notamment son ouïe. Pas un bruit ne se faisait entendre, rien. Comme s'il était complètement seul. Pourtant, Magnus était forcément là, non ? Connaissant son mari par cœur, Alec savait que l'Indonésien allait toujours se réfugier dans son bureau pour un peu de solitude, afin de réfléchir sans risquer de réveiller son cher et tendre. Le noiraud se dirigea donc vers la pièce fétiche de son époux mais, au fur et à mesure qu'il s'en rapprochait, entendit une espèce de clapotis à chacun de ses pas. Fronçant les sourcils, il chercha l'interrupteur à l'aveugle et finit par appuyer dessus en le trouvant. Lorsque la lumière se fit, inondant la pièce de clarté, le plus jeune des époux Lightwood-Bane laissa échapper un cri de terreur. Le sol tout entier baignait dans une mare de sang épaisse et dense et ses pieds pâles en étaient recouverts. Il y avait au bas mot des litres et des litres de sang. Son cœur s'accélèra, sa respiration se bloqua dans ses poumons et il releva ses yeux larmoyant en tremblant.

Ce qu'il aperçut devant son regard cobalt lui fit cependant hurler de peur et il perdit l'équilibre, basculant en arrière et se retrouvant projeter dans la mare de sang qui imbiba son pyjama, ses cheveux, recouvrit sa peau blanche et le cloua au sol. La moindre surface visible de l'appartement, des murs au plafond, sans oublier le mobilier et les fenêtres, tout était couvert du nom "Magnus" écrit à la main en lettres de sang, ce même sang dont Alec n'arrivait plus à se dépêtrer. Le noiraud n'arrivait plus à respirer. Son sang battait à tout rompre dans ses oreilles, sa vision devenait rouge, et cette inscription. Magnus. Magnus. Magnus. Magnus. Partout, qu'importe où se posaient ses yeux, Magnus était là. Paniqué, fou d'angoisse, le Chasseur d'Ombre se releva tant bien que mal, manquant de glisser à plusieurs reprises à cause de l'océan d'hémoglobine qui l'entourait, et se précipita dans sa chambre. Pourtant, dans l'encadrement de la porte, il se figea. Allongé sur les couvertures, le corps sanguinolent, démembré, déchiqueté de Magnus. Des plaies ouvertes lui barraient les rares muscles encore visibles et sa nuque était tordue dans un angle humainement impossible. Cela n'empêcha pourtant pas la tête de l'asiatique de se tourner dans sa direction avec un craquement sinistre et une lenteur insoutenable pour les nerfs du Nephilim déjà mis à rude épreuve. Le visage du sorcier avait été à moitié arraché et des morceaux de chair pendaient ici et là. Ses yeux dorés de chat à la pupille fendue étaient noirs d'encre, enfin c'est ce qu'Alec cru jusqu'à réaliser qu'en réalité ses orbes étaient vides, bien qu'elles semblaient le dévisager avec démence. Son coeur s'emballa de plus belle alors que les lèvres décharnées du cadavre s'étiraient en un immense sourire tordue et gore, ses dents brisées, déchaussées, éfilées, sa bouche crachant des flots de sang noirâtre. N'en pouvant plus d'une telle angoisse, Alec sentit son cœur faire une embardée dans sa poitrine, et le monde autour de lui vacilla avant qu'il ne sombre dans l'obscurité la plus totale. Il se redressa alors en poussant un cri horrifié, ses mains cherchant frénétiquement sa lampe de chevet pour allumer la lumière. Lorsque l'ampoule s'activa, il lâcha un profond soupir de soulagement en voyant les ténèbres se dissiper. Ce n'était qu'un cauchemar, un simple cauchemar...pour l'instant...

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A suivre...

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