A la demande d'Izuku, Katsuki ne raconta à personne les aveux de Shoto. Même s'il ne le montrait pas, le blond éprouvait de la compassion pour le bicolore. Vue de l'extérieur, il avait l'air d'être hautain et insensible, mais maintenant qu'il y pensait c'était lui aussi un être humain. Un être humain comme lui, qui avait grandit dans une famille haïe et incomprise. Il était loin d'avoir eu une vie simple. Mais il s'efforçait de paraître fort par fierté.

        Les trois garçons purent regagner l'internat et reprendre les cours. Peu à peu, l'école respirait à nouveau la joie de vivre.

        Tout était presque redevenu comme avant.

        Sauf pour trois personnes.

— Mon père ne me parle plus de l'affaire sur Dabi.
— Après ce qu'il nous est arrivé, c'est normal.

        Shoto et Izuku inspectaient la chambre de Himiko Toga. Avec les talents du bicolore, l'infiltration était un jeu d'enfant. Plusieurs questions se bousculaient dans la tête d'Izuku. Surtout depuis qu'il avait appris que son aîné maîtrisait aussi la magie noire. Mais Izuku se retenait. Shoto n'aimerait sûrement pas en parler.

— Quelle chambre écœurante. Souffla Shoto. C'est désordonné et sale. On a du mal à croire qu'il s'agissait de la chambre d'une adolescente.
— Elle était loin d'être une adolescente normale.

        Himiko avait réussi à remonter jusqu'à la famille Todoroki pour le meurtre de Akaguro Chizome. Comment avait-elle été mise au courant ? Le corps de l'ange de la mort n'avait même pas été retrouvé. La population ignorait même qu'il n'était plus de ce monde. Mais cette fille était au courant.

— Je ne sais pas par où commencer. Soupira Izuku. La police a déjà tout emporté je pense.
— Ils n'ont pas tout pris. Sinon cet endroit ne serait pas aussi désordonné. Il doit rester encore quelque chose. La preuve, il reste encore des traces des cercles magiques qu'elle utilisait pour la magie noire.
— Todoroki-senpai, est-ce que tu as pratiqué la magie noire depuis cet incident il y a huit ans ?

        Shoto se tourna vers lui.

— Non. Je n'avais plus envie de commettre des erreurs. J'essaie juste de les réparer en ce moment.

        Il aperçut soudainement, derrière Izuku, une trace sur le mur. Masqué derrière une étagère. Izuku utilisa un sort de mouvement pour déplacer l'étagère sans faire d'effort. Un cercle magique avait été dessiné, mais il n'a été utilisé qu'une seule fois, il y a déjà un moment. Shoto scruta le cercle, cherchant à découvrir de quoi pouvait-il en retourner.

— C'est un cercle d'invocation... Se rappela Izuku. Je l'ai déjà vu dans le grimoire de magie noire qui est dans ma chambre. Je me souviens de ces symboles.
— Elle maîtrisait même des sorts d'invocations ? Tu te rappelles de la nature de ces signes ? Qu'a-t-elle invoqué ?

        L'un des nombreux talent d'Izuku était sa mémoire photographique.

— Des esprits. C'est un cercle qu'utilisaient les shamans pour communiquer avec les esprits. C'est une magie très ancienne.
— Ce serait donc de cette façon dont elle s'était prise pour obtenir les informations. N'empêche, elle était incroyablement puissante pour une simple sorcière. Même en utilisant la magie noire, maîtriser autant de sorts variés reste difficile. Qu'était-elle donc ?

        Ils finirent leur petite enquête et retournèrent à la bibliothèque. Ils avaient repris leurs vieilles habitudes.

— Todoroki-senpai. Que vas-tu faire pour Dabi ? Il faut qu'on mette la main sur lui avant que la police ne le retrouve. Sinon, ils risqueraient de faire le lien avec toi.
— C'est ce que je cherche à faire depuis le début. Même s'il faut reconnaître que je souhaitais de tout mon cœur que ce ne soit pas lui. Je me dis que tous ces meurtres, c'est en partie de ma faute. En fait, tout est de ma faute.

        Izuku ne savait quoi dire. C'était la vérité après tout.

— Si tu le retrouves, que vas-tu lui faire ? Est-ce que tu vas le tuer ?
— Au départ, c'est ce que pensais faire. Par réparer mes erreurs, je comptais mettre un terme à son existence et me donner la mort par la suite. Ainsi s'achèverait l'histoire des Todoroki.
— Mais-
— Je te rassure, je n'ai aucune intention de mourir.

        Shoto lui lança un tendre et doux regard.

— Au fond, je n'ai pas changé tant que ça depuis ces incidents. Je pense que je serai capable de commettre les mêmes erreurs s'il devait t'arriver quoi que ce soit.
— C'est glauque.
— Izuku, je crois que je ne te l'ai jamais dis, mais je t'aime. Tu es la personne qui compte le plus pour moi en ce moment. Comme tu me connais assez bien maintenant, tu dois savoir que je peux péter les plombs et m'emporter très facilement pour protéger les personnes que j'aime. Si tu ne veux pas que je devienne un monstre, fait bien attention à ce qu'il ne t'arrive rien.

        Izuku soupira. Sa déclaration était loin d'être romantique. On aurait même dit une menace. Mais il avait appris à le connaître depuis le temps. Shoto était juste trop possessif et surprotecteur. Il n'aimait pas la solitude. Ce qui lui faisait le plus peur c'était de perdre les personnes qu'il aimait. Shoto était plus âgé que lui, mais Izuku trouvait que son âge physique ne correspondait pas à son âge mental. Il avait encore un côté très immature.

— Alors, qu'as-tu l'intention de faire lorsque tu auras retrouvé ton frère ? Tu veux l'arrêter sans le livrer à la police. Mais comment comptes-tu t'y prendre ?
— Il existe un moyen.

***

        Un samedi, Izuku était sortit de l'internat sans en parler à qui que ce soit. Il se rendit en ville. Il savait exactement où il allait. Quelle ruelle emprunter. Quels escaliers franchir. Après quelques heures de marche, il parvint au lieu indiqué : un cimetière.

        Il n'y avait personne. Ce qui le surprit un peu.

        Izuku vint se recueillir devant la tombe familiale des Todoroki. Il ne les avait jamais rencontrés. Mais il aurait bien voulu les connaître. il commença à parler, comme si les morts pouvaient l'entendre. Izuku raconta sa rencontre avec Shoto. Les bons moments qu'ils avaient passés ensemble. Et les problèmes qu'ils avaient affrontés ensemble.

— Les morts ne peuvent pas t'entendre.

        Izuku sursauta et se retourna vers l'arrivant.

— Todoroki Touya... C'est toi que je cherchais.
— Tu es venu sans Shoto ? N'étais-tu pas censé l'aider à me retrouver ?
— Je ne veux qu'une chose : que Shoto parvienne à aller de l'avant.

        Touya se mit à rire.

— En fait, tu arrives bien à l'appeler par son prénom quand il n'est pas avec toi.
— Il a une chance de recommencer une nouvelle vie. D'avoir une vie normale. Mais la seule chose qui l'en empêche...
— C'est mon existence. Tu es venu pour m'ôter la vie ?

        Izuku sortit de son sac le grimoire de magie noire qu'il avait gardé sur lui.

— C'est le tiens pas vrai ? Toi aussi tu pratiques la magie noire. C'est pour ça que tu peux entrer et sortir d'UA comme bon te semble ?
— Comment as-tu deviné ?
— Tu veillais sans cesse sur Shoto depuis tout ce temps, pas vrai ? Tu es au courant de tout ce qu'il fait. C'est comme ça que tu as su pour lui et moi. C'est la raison pour laquelle tu m'as sauvé lorsque Himiko m'avait enlevé. Ça m'a pris du temps, mais maintenant je sais pourquoi tu m'as laissé ton grimoire.

        Touya s'approcha d'Izuku et lui ébouriffa ses cheveux.

— Merci d'être entré dans sa vie. Merci de lui avoir redonné goût à la vie. Merci de l'avoir accepté tel qu'il est. J'espère que tu resteras toujours à ses côtés.
— Je resterai à ses côtés. Je ne le lui ai pas encore dis, mais je l'aime.

        Touya recula enfin et fit face à Izuku.

— Merci pour tout, Izuku Midoriya. Et pardonne-moi de t'obliger à faire ça.

🌸 Koizakura 🌸