Sort n°1 : Firey


        Lundi matin.

        Non-loin du centre ville, juste entre deux immeubles, les bandes jaunes et noires accrochés autour d’une scène crime noircissaient déjà le début de semaine des enquêteurs présents. Malgré l’apaisante fraîcheur du printemps, une odeur de peau brûlée venait gâcher le parfum des fleurs de cerisier.

        Le médecin légiste, comme si de rien n’était, prenait des clichés du corps calciné. Si l’on pouvait toujours appeler cela un corps. Tout était noir. Il ne restait plus grand-chose de la peau du cadavre. Les ossements étaient recouverts de cendres noires.

        La jeune inspectrice Yū Takeyama, surnommée Mount Lady, commençait à craindre la nature humaine. Issue d’une famille ordinaire, la jeune femme avait embrassé la police par défi. Une façon pour elle de s’affirmer et démontrer sa valeur. Munie de son carnet et son stylo, elle notait machinalement les remarques du médecin légiste.

        C’était le troisième cas de meurtre par combustion en un mois. Toujours le même mode opératoire. Conclusion : un tueur en série. Yu Takeyama remonta quelques mèches de ses cheveux blonds d’un geste sensuel et décrocha son téléphone.

— Kain, vous avez réussi à réunir tout le monde ?
— Oui. Enfin, presque… Tsukauchi est injoignable.
— Ce n’est pas grave. Je termine ce que j’ai à faire ici et je vous rejoins dans cinq minutes. On commencera le briefing dès que j’ai tous les clichés.

        Elle raccrocha, mal à l’aise. Ses collègues avaient tous entre trente et quarante ans, comparé à ça, elle n’était encore qu’une débutante sortie de l’école il n’y a pas si longtemps. Et pourtant, ça n’a pas empêché l’inspecteur Tsukauchi de la prendre sous son aile pour résoudre cette affaire.

        Le vieux médecin se rapprocha de la jeune femme.

— J’ai détecté des traces de magie sur le cadavre. Je n’ai pas encore toutes les pièces, mais je peux vous dire que la victime était un être humain ordinaire.

— Exactement comme les deux dernières victimes.

— Il va falloir résoudre cette affaire en vitesse, sinon ce sera l’émeute. Déjà que le semblant de paix entre les mages et les humains est très fragile. Si jamais cette affaire venait à s’ébruiter.

        Le tueur, malgré que l’on sache que c’est un sorcier ou un mage, ne laissait pas d’autres indices derrière lui. Les victimes, à part d’êtres des humains ordinaires, n’avaient rien d’autre en commun. Jusqu’à maintenant : deux hommes et une femme ont été carbonisés à quelques mètres de leur lieu de travail. Aucun témoin. Les membres de la famille des victimes ne savaient jamais pourquoi on aurait pris leur proche pour cible.

        Mount Lady était certaine d’une chose, le tueur devait être à la recherche de quelque chose, ou de quelqu’un. Ces trois premiers meurtres étaient sans doute pour récupérer des informations. Si son hypothèse tenait la route, en fouillant dans les dossiers des victimes, ils finiraient par trouver un autre point en commun.

        Mais si son raisonnement s’avérait être juste, cette tuerie était loin de se terminer.



***




        Lycée UA, à la pause de midi.
       
        Todoroki Shoto, comme à son habitude, passait sa pause à étudier à la bibliothèque. Il n’aimait pas se mêler aux autres. Préférant le calme et le silence. Il prendrait son déjeuner un peu plus tard, lorsque tout le monde aurait terminé les leur.

        Bien que sa dernière année ne faisait que commencer, il avait une certaine liberté pour l’organisation de son emploi du temps à l’école et au travail. Gérer ses affaires de famille et ses études lui demandait beaucoup de temps. De ses responsabilités et ses résultats exemplaires, les enseignants le laissaient libre d’assister aux cours qui l’intéressait.

        Si en apparence, il avait l’air d’être profondément concentré dans sa lecture, sa concentration était en fait centrée dans ses écouteurs. A l’aide de la magie, il parvint à capter la fréquence de la police à travers son téléphone.

        Encore un cadavre calciné retrouvé. Cela fait trois victimes maintenant. Un meurtre par semaine.

        En entendant des bruits de pas arriver, il dissipa sa magie et retira ses écouteurs. Il releva son attention vers la petite touffe verte qui venait d’arriver. Un grand sourire aux lèvres et des bras chargés de livres, le jeune garçon aux cheveux verts bouclés se tenait devant lui comme attendant une autorisation avant de pouvoir s’installer devant le jeune prodige.

        Shoto lui fit signe de s’asseoir et le jeune homme s’installa juste en face. Ils portaient tous les deux le même uniforme gris de l’école, à une différence près. La couleur des barrettes sur leurs épaules. Elles étaient différentes selon leur ancienneté dans l’établissement. Les troisième année, comme Shoto, avaient des barrettes rouges. Le garçon en face de lui avait des barrettes bleues : il était en première année.

— Que veux-tu me demander aujourd’hui ? Commença Shoto.

— As-tu déjà effectué un sort de métamorphose ?

        Shoto jeta un regard sur le grimoire que son interlocuteur avait ouvert parmi tous ses livres.

— La magie de métamorphose est très compliquée. Peu de magiciens ou de sorciers peuvent le faire.

— Même pas toi, Todoroki-senpai ?

— Non. Tu apprendras les bases quand tu seras en deuxième année. Inutile de te presser.

        Le petit bouclé fit la moue pour seule réponse. Loin d’avoir été convaincu, le plus jeune continua à feuilleter son grimoire en silence. Shoto le regardait sans dire un mot. Midoriya Izuku. Le mage, issu d’une famille ordinaire, qui a obtenu des résultats incroyables lors de l’examen d’entrée à UA. Izuku avait, comme lui, l’habitude de passer plus de temps à la bibliothèque qu’en cours. Cela fait maintenant trois semaines depuis la rentrée, et ils avaient pris l’habitude de se retrouver à la bibliothèque durant la pause de midi.

        Izuku adorait la magie. Ses connaissances dépassaient de loin celles de ses camarades de classe, de ce fait, il préférait discuter avec ses aînés. Surtout Shoto, l’étudiant prodige. Durant plus d’une heure par jour, ils ne faisaient que discuter des cours de magie.

— Todoroki-senpai… dit Izuku timidement. J’ai appris que tu étais capable d'utiliser la magie élémentaire.

        Tous les magiciens n’en étaient pas capables. Seul des sorciers ou des mages de sang pure pouvaient maîtriser la magie élémentaire.

— Et ? Demanda Shoto. Où veux-tu en venir ?

— Est-ce que ça te dérangerais de me montrer…

        Candide.

        Shoto aimait bien l’innocence et l’honnêteté d’Izuku. Contrairement à lui, Izuku devait avoir grandi dans un environnement de paix avec beaucoup d’amour. Il respirait la joie de vivre, et ses yeux pétillants semblaient couver les flammes d’une grande passion pour la magie.

        Les flammes.

        Shoto fit apparaître des flammes dans sa main gauche. Ce qui fit briller encore plus les yeux de son cadet.

        Comme d’habitude, ils passèrent encore le reste de leur pause déjeuner à discuter de magie et des cours. Le seul moment dans la journée où Shoto pouvait penser à autre chose qu’à son enquête.

        Peu de sorciers pouvaient pratiquer la magie élémentaire. Et encore, cette magie ne se limitait qu’à un ou deux éléments. La personne qu’il recherchait était comme lui un utilisateur de la magie du feu. Son père, Todoroki Enji, était le plus puissant utilisateur de la magie incandescente du Japon. Cela ne l’avait pas empêché de périr sous les flammes d’un autre sorcier.

        Qui pouvait-être ce meurtrier ?

— Maintenant que j’y pense, observa Izuku. Il y a des rumeurs qui circulent sur un tueur en série qui utiliserait la magie de feu pour incinérer des humains ordinaires.

— La police fait tout en œuvre pour que cette affaire ne s’ébruite pas. Comment es-tu au courant ? S’étonna Shoto.

— Les deux premières victimes sont toutes les deux de mon quartier. La troisième victime a été retrouvée ce weekend dernier près du parc. Il paraît qu’il ne restait plus que les os.

        Près du parc… La troisième victime que Shoto venait d’apprendre, via les réseaux de la police, avait été découverte dans une ruelle en plein centre-ville aujourd'hui. Y aurait-il donc eu deux meurtres en une semaine ? Et comment se faisait-il qu’Izuku ait toujours été présent lors de la découverte des trois corps ?

— Ôte-moi d’un doute, Izuku. Es-tu en train d’enquêter sur cette affaire de meurtre en série ?

— Non, pourquoi ?

— Tu m’as l’air bien renseigné. Trop même.

        Izuku se mit à rire.

— J’ai trop parlé. En fait, mon père est le commissaire en charge de l’enquête. Même s’il ne veut rien me dire, ce sont ses collègues qui finissent par tout me raconter lorsque je me rends dans son bureau.

        Ce que le monde peut être petit parfois, se disait Shoto. Cette information allait grandement l’aider à avancer dans son enquête personnelle.

— Midoriya. J’aurai une proposition à te faire.

🌟Hoshi_steph & Koizakura🌸

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