Chat-pitre 3

TW: violence

Je me suis toujours demandée pourquoi je devais subir cela. Ou pas. Je ne sais plus très bien. Je perds peut-être la tête, à être entouré d'émotions malsaines en permanence.

Je les vois presque au-dessus des têtes. Tristesse. Désespoir. Pitié. Colère, parfois. Mais la plus répandu reste la peur. Cette peur qui hante au moins tout le monde ici, à par les enfants trop jeunes. Mais même eux savent qu'ils ne sont entourés que de gens terrifiés.

Pourquoi ? Cette question résonne dans ma tête. Pourquoi cette peur ? Pourquoi envers nous 10, particulièrement ? Nous ne sommes pas des monstres.

Je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils nous veulent. Certains nous craignent, s'occupant de nous à contrecœur, obéissant aux ordres. D'autres nous font passer des sortes de tests dont je ne comprends pas le but premier, à par nous occuper. Ou nous rendre fous. Les deux marchent parfaitement.

D'ailleurs, un de nous 10 est parti en faire un ce matin. Ça s'est avéré fructueux puisque, la première fois depuis que je vis ici, j'ai ressenti une joie malsaine venir de la femme qui nous fait passer ces tests.

Mais quand il est revenu, il était presque en larmes. J'ai essayé de lui parler, de le faire parler. Il m'a expliqué que très vaguement ce qu'il avait subi. Lui aussi a une peluche CatNap. Les adultes ont mis un nouveau gaz, meilleur apparemment. Mais ça l'a fait disjoncter. Il était en train de crier, hurler à la mort. Il voyait des choses tellement horrifiantes et réalistes qu'il les croyait réelles.

Chose étrange cependant. Il l'a vu. Le CatNap de mon rêve. C'est lui qui l'a terrifié le plus. Alors qu'à moi il m'inspire confiance.

Se passe alors une chose extraordinaire et totalement inhabituelle pour moi. Je prends le garçon dans mes bras mais il se dégage et me regarde en disant:

"Ça va. Ça va aller."

Et il souriait. Le même sourire que le CatNap de mon rêve. Je me sentie aussitôt apaisée par ses paroles. Puis on s'allongea sur notre lit respectif et on s'endormit sans faire le moindre rêve. Ce qui eut le don d'agacer les scientifiques.

Car le lendemain, ils nous grondèrent car il fallait qu'on utilise CatNap chaque nuit. Mais c'était une véritable torture pour lui et moi.

Ils l'ont enlevés du lit, l'ont mis par terre, et l'un d'eux s'est penché vers lui. C'était la dame de la veille, celle qui lui a fait passé le test. Elle lui a murmuré quelque chose à l'oreille, qui la terrifié vu son expression, puis lui a mis une baffe et ils l'ont traîné à l'extérieur de la pièce. Il hurlait, pleurait, était horrifié. Mais quand nos regards se croisèrent, il se tut et me sourit, pour me rassurer, pour me dire que tout allais bien aller, alors que j'en croyais rien.

Je ne le revis plus jamais.

Un grand vide s'est installé en moi.

Je n'ai plus jamais revu de sourire. Sauf celui de CatNap, dans ce rêve, toujours le même, jours après jours, semaines après semaines, mois après moi.

Petit à petit, mes autres camarades disparurent aussi. Il ne restait que moi et une autre petite fille rousse à couettes. Qui, au final, se fit embarquer le lendemain.

Seule.

J'étais seule.

Seule avec CatNap.

Je n'ai même plus envie de faire semblant. Je ne veux plus rester enfermer, faire comme si j'étais une petite créature fragile, comme si j'étais aveugle et stupide et que je ne savais rien.

Alors, quand un jeune homme rentra dans la chambre vide pour me donner à manger, je le bouscula et sorti dans la maison.

Les couloirs défilaient à toute vitesse autour de moi. Le monde tourbillonait. Les adultes me virent passer, mais j'allais tellement vite et eux étaient tellement blasés et épuisés qu'aucun ne se lança à ma poursuite.

Je continuais ma course jusqu'à un hall immense, bondé d'enfants et d'adultes. Et de parents. Je bousculai quelques familles et me précipita dehors.

Un monde immense s'ouvrait à moi. Une gigantesque place s'étendait devant moi, avec une statue en son centre, qui représente les Smiling Critters. Quatre autres bâtiments se dressaient au loin : un chapiteau de cirque, une sorte de temple grec, une école et un magasin.

Na sachant où aller, je me précipita sans réfléchir vers une porte qui se trouvait près d'un téléphérique. La porte était entrouverte, je l'ouvrit et la ferma derrière moi.

Un long couloir. Métallique. J'avance prudemment, avec le sentiment de malaise qui m'indique que je ne devrais pas être là. Et là...

Une pièce immense. Avec une machine au milieu, constituée de trois gros tubes remplis de fumée rouge. La même fumée que le garçon m'avait décrit.

Il y avait trois hommes. Deux scientifiques et un autre, bien apprêté. Il avait l'air important.

Elliot Ludwig

Une petite voix dans ma tête me murmura ce nom que tous devait connaître ici. Le dirigeant de la Playtime Co.

Je ne pouvais plus bouger. Je les regardait, les yeux exorbités de terreur. S'il me trouvait là, il me frappera sûrement, comme ses subordonnés.

Quoique...

Ce n'est pas lui qui a dit qu'il a créé ce lieu pour faire sourire les enfants ? Car rien n'est plus précieux qu'un sourire ?

Dans ce cas pourquoi les adultes d'ici nous traitent de cette façon.

Soudain, il s'arrêta de parler. Il se tourna. Il dut me voir, mais je n'en sut rien car je fuis. La porte était verrouillée. Mais une clé par terre me sauva. J'ouvris la porte et fuit vers le bâtiment le plus proche : le chapiteau.
Une fois rentrée, je courru encore et encore jusqu'à tomber dans une piscine. Je me mis à paniquer mais je pus m'accrocher à un objet. C’était un canard. On aurait dit un véhicule. Je me dirigea vers le bord et sortit de l'eau, puis du chapiteau, qui était étrangement vide.

Alors je pris encore la fuite, les poumons brûlants et ma respiration courte. Je parvins à la mairie, où j'entra encore en trombe, sous les yeux surpris des quelques adultes qui s'y trouvaient. Je rentrai dans une petite pièce vite et m'enferma. Je baissai les rideaux pour que personne ne me voit.

Et je me mit à pleurer.

Je ne sais combien de temps se passa. Je pleurai en continue, assise, les genoux repliés contre moi.

Après un bout de temps, un bruit horrible retentit. Un son. On aurait dit une alarme. Puis un long bip. La télé de la pièce s'alluma alors :

Ce message s'adresse à tous les employés de Playtime Co.
À 11h01, heure de l'Est, une force hostile inconnue a été découverte au sein du complexe Playtime Co.
Le personnel doit commencer les protocoles d'évacuation d'urgence immédiatement.
Laissez tous vos effets personnels.
Ne provoquez pas les individus hostiles.
S'il n'y a aucune issue possible, cherchez un abri dans un endroit caché.
Utilisez des couvertures ou des oreillers pour couvrir votre corps et gardez le silence.
Ne regardez pas à travers les fenêtres.
N'ouvrez la porte à personne.
N'établissez aucun contact visuel avec...-

Le message s'interrompit. La télé s'éteint, puis se rallume sur un écran rouge. Et il y a écrit :

Ouvrez les portes à présent. L'Heure de Joie est arrivée.

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