Lui... c'était lui qui m'avait embrassée ! Moi qui voulais l'éviter, il me suivait jusque dans les soirées. Le souvenir de son baiser m'obsédait, et malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de repenser à la sensation de ses lèvres contre les miennes. Mon téléphone vibrait sans arrêt, mais je ne prenais pas la peine de le consulter, trop perdue dans mes pensées chaotiques.

J'avais du mal à me l'avouer, mais il se pourrait, à un pour-cent, que possiblement, son baiser ne m'ait pas déplu. Même si j'avais aimé la façon dont il m'avait embrassée, cela ne voulait pas dire pour autant que je l'aimais lui. C'est un délinquant, un coureur de jupons qui se croit tout permis. Très peu pour moi. Mais cette nuit-là, sous les étoiles, tout semblait différent. Le doux parfum des roses dans le jardin, le murmure du vent à travers les arbres... tout cela avait créé une ambiance envoûtante, presque magique.

Je suis assise en tailleur sur mon lit, les rideaux tirés pour laisser entrer la lumière douce de l'après-midi. Ma chambre, habituellement mon refuge, ne me procure aujourd'hui aucune paix. Les murs sont couverts de posters de mes groupes préférés, et mon bureau déborde de livres et de cahiers, témoins de mes efforts scolaires. Mais rien de tout cela n'arrive à me distraire. Mon esprit est ailleurs, perdu dans le labyrinthe de mes émotions contradictoires.

Soudain, mon téléphone se met à sonner. "Skye <3" s'affiche sur l'écran. C'était certainement elle qui m'avait envoyé tous ces messages. Je choisis donc de décrocher, tentant de reprendre contenance.

- Tu fais quoi ? dit-elle avec énervement. Ça fait 30 fois que je te texte, putain !

- Désolée, je réfléchissais, j'ai pas entendu les notifs, répondis-je, essayant de paraître détachée.

- Y'a quoi de si important pour que t'en arrives carrément à négliger ta BFF ?!

Vite, une excuse. Je n'ai pas envie de lui parler de la soirée, de ce baiser absurde volé sous les les guirlandes d'une stupide fête...

- Je faisais mon DM de maths. Tu voulais me dire quoi, toi ?

- Tu vois ce gars en Terminale B ? Bah, on se voit depuis un peu de temps déjà et il m'a avoué ses sentiments hier. Enfin, je crois, parce que c'était un peu confus.

- Sérieux ? Mais c'est génial pour toi, Skye ! Et toi, tu lui as répondu quoi du coup ? dis-je, tentant de me concentrer sur les bonnes nouvelles de mon amie.

Y'a pas que moi qui ai passé une bonne soirée, on dirait... Non ! Je veux dire qu'elle a passé une meilleure soirée que moi. Perso, j'ai détesté la fête...

- Bah, reprend-t-elle, il me plaît aussi beaucoup, mais je préfère prendre le temps de réfléchir à mes sentiments pour pas faire une erreur.

Même si je ne peux pas la voir puisque nous sommes au téléphone, je sais qu'à ce moment précis, elle exprime un grand sourire. Son bonheur est contagieux, mais une ombre plane sur mes pensées.

- Par contre, continuai-je, tu m'as pas dit le prénom de l'heureux élu. Je veux au moins savoir comment il s'appelle s'il devient ton copain.

- Il s'appelle Micke, dit-elle en lâchant un petit cri très aigu.

Micke... Je connais ce nom. Micke, comme le pote d'Alex ! Si elle et Micke se mettent à sortir ensemble, je verrai plus souvent Alex, non ? C'est... horrible. Même si... non, rien en fait, y'a aucun point positif.

Je me laisse tomber en arrière sur mon lit, les yeux fixés au plafond. Les pensées tourbillonnent dans ma tête comme un ouragan, m'arrachant à la tranquillité. Le visage d'Alex me revient sans cesse en mémoire : ses yeux pénétrants, son sourire en coin, la chaleur de son baiser. Pourquoi, malgré tout ce que je sais de lui, malgré toutes les raisons pour lesquelles je devrais le fuir, mon cœur bat-il plus fort à chaque fois que je pense à lui ?

Je ferme les yeux, espérant trouver un semblant de paix dans l'obscurité. Mais l'image d'Alex est là, gravée dans mes paupières fermées, et avec elle, le tourment de sentiments contradictoires que je ne parviens pas à démêler.

- Leana, tu es toujours là ? Demande la voix de Skye qui d'ailleurs me tire de ma rêverie.

- Oui, désolée, je réfléchissais encore.

- Franchement, tu es bizarre aujourd'hui. Je vois que ce que le DM de maths à de si compliqué pour toi qui est si intelligente. On dirait que tu caches plutôt quelque chose, dit-elle d'un ton plus doux, comme si elle avait perçu ma détresse.

- Non, tout va bien. Je suis juste un peu fatiguée, mentis-je.

- Bon, d'accord. Mais si jamais tu veux parler, tu sais que je suis là, hein ?

- Oui, merci Skye. À plus tard.

Je raccroche et jette mon téléphone sur le lit. Le silence de la pièce semble soudainement assourdissant. Je me lève et me dirige vers la fenêtre, l'air frais de l'après-midi m'apaisant légèrement. Dehors, le monde continue de tourner, indifférent à mes tourments intérieurs. Les oiseaux chantent, les voitures passent, et les gens vaquent à leurs occupations.

Je pose ma main sur la vitre froide et ferme les yeux, essayant de retrouver mon équilibre. Mais l'image d'Alex, la sensation de son baiser, tout cela revient avec une force troublante. Je ne peux pas nier ce que je ressens, même si je le voulais. Quelque chose en lui m'attire inexorablement, comme un papillon attiré par la lumière, même si je sais que je risque de me brûler les ailes.

Et puis je me reprends en main parce que ce que je pense est vraiment débile. Je ne l'aime pas un point c'est tout. De toute façon l'amour n'est qu'une cause inutile de souffrance.