Épilogue

Elle était partie... Elle m'avait abandonné... La vue de son corps inerte me tuait à petit feu. Elle qui était si contente il y avait à peine 20 minutes, comment pouvait-elle être morte... Elle avait fermé les yeux avant que l'ambulance n'arrive. Elle les avait fermés pour de bon. Ses derniers mots m'avaient déchiré le cœur, cœur qu'elle avait emporté avec elle...

(Ellipse) (1 an plus tard)

Aujourd'hui c'était son anniversaire, pas celui de naissance mais celui de sa mort. Cette année écoulée avait été un enfer, chaque jour un combat contre l'absence. J'avais appris à vivre sans elle, mais la douleur ne s'était jamais estompée. Elle demeurait en arrière-plan, une présence constante.

Je me suis dirigé vers le parc où nous nous promenions souvent. Ce parc était devenu pour moi un sanctuaire de souvenirs. Je pouvais presque entendre son rire cristallin résonner entre les arbres. Je me suis assis sur notre banc habituel, caressant du bout des doigts les initiales que nous avions gravées dans le bois.

Les jours après l'accident étaient flous dans ma mémoire, une brume de chagrin et de désespoir. J'avais quitté mon travail, incapable de me concentrer. Les amis et la famille avaient été un soutien, mais même leur présence aimante ne pouvait combler le vide qu'elle avait laissé.

Aujourd'hui, je me suis décidé à faire quelque chose en son honneur. J'ai apporté avec moi un carnet et un stylo, des outils simples pour tenter de capturer la beauté de ce que nous avions partagé. J'ai commencé à écrire, les mots coulant comme un ruisseau apaisant, chaque ligne une ode à elle, à nous.

En écrivant, des scènes de notre vie ensemble me revenaient en mémoire. Comme ce jour où nous nous étions embrassés à la soirée masquée, nos visages cachés derrière des masques, mais nos cœurs ouverts l'un à l'autre. Ou cette fois où je l'avais emmenée à la plage, juste avant sa mort, et nous avions marché main dans la main le long du rivage, les vagues caressant nos pieds.

Je me suis aussi souvenu de notre première rencontre au lycée. J'étais un dragueur invétéré, mais elle avait vu au-delà de cette façade. En quelques jours, elle avait réussi à me changer, à faire ressortir le meilleur de moi-même. Elle m'avait appris à aimer sincèrement, à être une meilleure personne.

Perdu dans mes pensées, j'ai senti une main douce se poser sur mon épaule. Je me suis retourné, mais il n'y avait personne. Un frisson m'a parcouru, mais c'était un frisson doux, presque réconfortant. Comme si elle était toujours là, veillant sur moi.

Je me suis levé et ai commencé à marcher le long du sentier, sentant les feuilles craquer sous mes pieds. Le ciel s'était assombri, annonçant une pluie imminente. J'ai levé les yeux et laissé les premières gouttes tomber sur mon visage. C'était comme si le ciel partageait ma tristesse, pleurant avec moi.

Un an. Un an à pleurer, à regretter, à se souvenir. Mais aussi un an à apprendre, à grandir, à accepter. J'ai compris qu'elle ne voudrait pas que je reste prisonnier de ma douleur. Elle aurait voulu que je vive, que je sois heureux.

En rentrant chez moi, j'ai pris la décision de reprendre ma vie en main. J'ai retrouvé un emploi, commencé à voir un thérapeute. J'ai même repris la guitare, un passe-temps que j'avais abandonné après sa mort. Peu à peu, la vie retrouvait ses couleurs, les ombres s'estompaient.

Je me suis rendu compte que le deuil n'était pas un chemin linéaire, mais un labyrinthe complexe. Chaque tournant apportait une nouvelle émotion, une nouvelle compréhension. Et au bout du compte, j'ai trouvé la paix. Non pas en oubliant, mais en acceptant. Acceptant que son souvenir vive en moi, me nourrisse et me guide.

Assis de nouveau sur notre banc, un an après, j'ai esquissé un sourire. J'avais appris à vivre sans elle, mais elle faisait toujours partie de moi. Elle m'avait appris à aimer, à vivre pleinement. Et maintenant, je pouvais enfin laisser aller la douleur, la transformer en quelque chose de beau, en un hommage à notre amour éternel.

Le soleil perçait à travers les nuages, illuminant le parc d'une douce lumière dorée. J'ai fermé les yeux et respiré profondément, sentant une sérénité nouvelle m'envahir. Elle n'était plus là physiquement, mais son esprit, son essence, vivait en moi. J'étais prêt à avancer, à vivre pour nous deux.

Je me suis levé, prêt à affronter le monde. Avec son souvenir comme guide, j'ai su que je pouvais surmonter n'importe quoi. Elle était partie, mais elle serait toujours avec moi, dans chaque rire, chaque larme, chaque moment de joie. Et c'était ça, le vrai sens du deuil : apprendre à vivre avec ce qui est perdu, en trouvant la force dans les souvenirs, en construisant un futur malgré la douleur.

Je me rappelle encore de cette semaine bénie où nous avions enfin accepté nos sentiments. Chaque instant passé avec elle pendant ces quelques jours était un trésor, un cadeau que la vie m'avait offert avant de me l'arracher brutalement. C'est à ces souvenirs que je me raccroche, ces moments de bonheur pur qui me rappellent la beauté de ce que nous avons partagé.

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N.D.A : Ayant moi même vécu un deuil compliqué j'ai appris que laisser partir quelqu'un ce n'était pas l'oublier mais accepter et apprendre à vivre avec. J'ai eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre car mettre les mots sur nos ressentiments n'est pas toujours facile. Et comme une grande personne à dit : 

« Tis better to have loved and lost than never to have loved at all » 

« Il vaut mieux avoir aimé et perdu que de n'avoir jamais aimé du tout »

Alfred Lord Tennyson du poème "In Memoriam A.H.H." écrit en 1850.

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