Elle était partie si vite. Je ne sais pas pourquoi, sur le coup ça m'avais légèrement deçu, cela dit pas assez pour pourrir ma fin de journée. Les cours étaient finis depuis environ une heure, et moi j'attendais dans le parc, après m'être embrouillé avec mon pote pour une broutille, rien de grave. Les cris joyeux des enfants jouant sur l'aire de jeux et le gazouillis des oiseaux dans les arbres apportaient une ambiance paisible, contrastant avec mes pensées agitées et désordonnées.

Ce soir, j'avais rendez-vous avec la bande. Je ne savais pas ce qui était prévu, mais toute distraction était la bienvenue. Moi, qui enchaînais les conquêtes, jamais au grand jamais je n'avais autant pensé à l'une d'elles. Je détestais ce sentiment et je n'en avais parlé à personne. Dans une semaine, je l'aurais déjà oubliée, alors pas de quoi m'en faire. Pourtant, chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais son visage, ses yeux pétillants d'intelligence et ce sourire en coin qui m'avait laissé sans voix.

En regardant autour de moi, je vis que les gens commençaient à déserter le parc, signe de la fin de l'après-midi. Les arbres perdaient leurs feuilles, créant une mosaïque de couleurs automnales sur le sol. Les cris des enfants jouant au loin s'estompaient peu à peu, remplacés par le bruissement des feuilles sous le vent. Je commençais à m'ennuyer. Je jetai un coup d'œil à ma montre, déjà 18h00. Alors je me mis en route pour rejoindre la bande. Pas question d'être en retard. Après dix minutes de footing à travers les rues de la ville, j'aperçus Micke. Mais, franchement, je m'en foutais. Je n'arrêtais pas de penser à elle.

- Salut bro, lança Micke en me voyant.

- Yo, quoi de prévu pour ce soir ? dis-je, un sourire en coin. 

- Soirée jeux chez Will, et demain, toute la bande va à une fête en ville

Une teuf en ville ? Parfait pour me changer les idées. Et j'en avais bien besoin. Les bagarres, c'est cool, mais ça fait une semaine que je fais que ça tous les soirs. Nos activités se résumaient à des guerres de gangs, aller en ville, se battre, et d'autres choses qu'un gars de mon âge n'est pas censé faire. Pendant qu'on marchait, Micke me parlait d'une fille qu'il avait rencontrée, apparemment il l'aimait beaucoup, mais je ne l'écoutais plus.

La nuit commençait à tomber, et les réverbères s'allumaient, projetant des lueurs orangées sur les trottoirs. Les rues se vidaient, et une légère brume commençait à se lever, ajoutant une touche de mystère à l'atmosphère. Quand on arriva chez Will, Micke arrêta enfin de parler. Nous passâmes la soirée à fumer, boire, jouer et manger. L'odeur du tabac et de l'alcool emplissait la pièce, les rires et les cris de victoire se mélangeaient aux sons de la musique de fond. 

Tout le gang était réuni, nous étions 15 au total. Les canapés étaient envahis par des corps avachis, des bouteilles vides jonchaient la table basse, et une épaisse fumée flottait dans l'air. Will, trônait au centre de la pièce, orchestrant les jeux avec une autorité naturelle. Les éclats de rire fusaient, les blagues potaches et les défis stupides s'enchaînaient. Et moi, je réussis enfin à me sortir cette fille de la tête, au moins pour quelques heures.