32. So closer... but... so far away (c)
Ashford
Quand je raccroche, je laisse tomber mon portable par terre. Sa chute produit un bruit sourd, mais je n'y prête pas du tout attention. Non, sur le moment, je me demande pourquoi j'ai fait ça. Pourquoi je lui ai demandé de partager ma dernière nuit à la maison, à s'aimer librement. Surtout, qu'est-ce qui m'a fait franchir le pas ? Ce tout petit pas qui brise pour un moment, les décisions que j'ai prises et que Nathan a ensuite acceptées. Là-dessus, j'ai ma petite idée. Encore le discours de mon père sur la bonne attitude, la beauté et le statut de Cécilia, qui ferait donc un bon mariage. Lorsque j'ai entendu ces mots sortir de sa bouche, j'ai eu les jetons. Nous étions tous les deux à marcher côte à côte, au Jardin des Tuileries, ma mère avec Cécilia, quand mon père a sorti ces horreurs.
Un mariage. Rien que le mot me hérisse le poil.
Bon, il m'a dit que ça ne se ferait pas dans l'immédiat, mais prochainement. Donc, dans quelques années, pendant que je serais loin de ma ville natale, de ma petite sœur, de mes amis, de... Nathan. J'ai quand même l'espoir de pouvoir les inviter, parce que je sens que je vais vraiment avoir besoin d'eux dans ce moment important. Important dans la vie d'un homme.
Quant à la présence de Lily, je n'en doute pas, mais mes amis ce n'est pas la même histoire...
En pensant à tout ça, ma tête commence à me faire mal. J'échoue sur mon lit, en étoile de mer, les yeux figés sur les étoiles qui se dessinent sur mon plafond. Elles sont là depuis si longtemps. Je me souviens, j'étais si heureux ce jour-là, quand Pierre les a mises. Après, il a éteint la lumière et il a passé la nuit dans mon lit. Nos parents ne sont pas au courant de cet épisode et heureusement. Mon père déteste qu'on dort dans la chambre des uns et des autres. Il veut des enfants responsables comme il dit, et capables de se prendre en main. Il planifie tout pour chacun de nous. Je suis même sûr qu'il le fait encore avec Pierre, s'immiscer dans sa vie, dès qu'il le peut.
Moi, il continue de le faire en prenant la décision que Cécilia habitera avec moi. Elle avait l'air vraiment heureuse quand elle a appris la nouvelle, mais son sourire n'a pas atteint ses yeux qui d'habitude sont toujours joyeux. Depuis le séjour à Paris, on ne s'est pas revu, on se parle seulement par message. Je me rends compte que parfois sa présence me manque, mais ce n'est rien comparé au manque d'une tout autre personne. C'est complètement différent.
Nathan.
D'ailleurs, c'est aussi pour cette raison que je l'ai appelé. Il me manque beaucoup. Je ne l'explique pas, j'ai besoin de sa présence auprès de moi. Et je le pense réellement quand je lui dis que j'ai envie de l'aimer pendant ces quelques heures. Pendant cette nuit entière. Je veux ses lèvres, je veux sa peau. J'en rêve de plus en plus souvent et à chaque fois que je couche avec Cécilia, je le vois toujours apparaître puis disparaître. Ce fait, je n'arrive pas à mettre de mot là-dessus, mais je crois bien comprendre que je suis amoureux de lui. En fait, si ça se trouve je l'étais déjà la première fois que je l'ai vu, que je l'ai rencontré personnellement. Cela expliquerait beaucoup de choses, comme le fait que je le détestais au début.
Putain, je suis amoureux de Nathan Forman. Sauf que les choses ne se passent pas aussi facilement en amour. Et c'est ma faute si on en vient à vivre dans l'illusion. Cela me fait mal, pourtant, je sais depuis le début que je fais le bon choix, même si ça nous ramène à d'autres sentiments qui nous font souffrir aussi. Mais je préfère souffrir de son manque, plutôt que de souffrir en lui faisant du mal. Parce que si je choisis de nous donner une chance maintenant, nous allons nous briser. Les relations à distance, pour moi, ne fonctionnent pas et ma condition ne me permet pas de... l'aimer.
D'ailleurs, je me demande pourquoi je pense à tout ça. Peut-être parce que Nathan avait l'air perturbé pendant l'appel. Se sent-il obligé de venir ? Il a pensé directement à Cécilia. Il sait très bien que je ne suis pas amoureux d'elle, mais que je me sens bien à ses côtés. N'empêche, il a pensé à elle, à ce qu'elle ressentirait, au lieu de me révéler son envie à lui, de venir me rejoindre. J'avoue que lorsqu'il m'a parlé d'elle, j'ai tiqué. J'ai senti une légère pique au niveau de ma poitrine.
Et si tout compte fait, il ne ressentait pas les mêmes choses que moi, je ressens à son égard ? Rien que d'y penser, j'ai mal. Mais d'un côté, je dois me faire une raison. Peut-être qu'il n'a pas envie d'aller plus loin avec moi, juste pour cette fois ? Ou alors, il a peur ? Moi aussi, j'ai la trouille, mais j'en ai envie. J'en meurs d'envie depuis que je l'ai touché pour relever la flamme de défi qui brillait dans ses yeux, dans l'obscurité de ma chambre, cette fameuse de nuit. J'ai également envie de toucher son piercing qui lui donne tant de plaisir pendant le sexe.
Depuis quelques jours, je suis presque obsédé par la chose. Et puis, il y a ce dessin qu'il m'a offert pour mon anniversaire. Je l'ai accroché à mon plafond entre deux étoiles. Je le regarde tout le temps avant de m'endormir. Parfois même, je rêve de Nathan et moi, après.
J'aimerais tellement que les choses soient plus faciles.
Je me passe une main dans les cheveux, las. Soudain, mon portable vibre. C'est un message de Nathan pour me dire qu'il est devant ma porte. Je passe vite dans la salle de bain, pour me regarder une dernière fois. Il fait tellement chaud que j'ai troqué mes chemises fluides par des sans manches, ces jours-ci. Aujourd'hui, j'ai mis mon sans manche gris de Sex Pistols et mon short de sport. La maison est plongée dans une demi-obscurité tellement la chaleur se fait grande.
Une fois devant la porte d'entrée, j'avance ma main sur la poignée. Elle tremble. Aussitôt, je ferme les yeux, tâchant de garder mon calme. Je me concentre sur ma respiration avant d'ouvrir et tomber sur un Nathan au visage mal en point. Immédiatement, je pense à son père qui le frappe, et tout un tas de scénario se joue dans ma tête. Mais Nathan ne me laisse pas le temps d'y réfléchir plus, il traverse l'entrée aussi vite que possible et je me retrouve plaqué à la porte, ses lèvres sur les miennes. Un gémissement s'échappe du fond de ma gorge.
C'est bon. C'est tellement bon.
Je me laisse aller. Sa langue crochète la mienne, pour danser un tango endiablé. Ses mains, pendant ce temps, sont partout. Une seconde, elles tirent mes cheveux, l'autre seconde, elles effleurent mon visage dans une caresse infinie. Je gémis encore. Et encore plus lorsque son érection glisse sur la mienne, sensible, allumant un feu indécent. Heureusement que mes parents sont partis, parce que je ne donnerai pas cher de notre peau, s'ils nous retrouvaient dans cette position plus que torride et érotique.
Je chasse l'image du visage dégoûté de mes parents, tout comme ces derniers jours, le séjour à Paris, et reviens sur le moment présent. Nathan ne m'embrasse plus. Il me regarde, une lueur incendiaire dans les yeux. Elle grandit et vient me toucher en plein cœur. Nous restons quelques minutes dans ce silence lourd, nos regards happés.
— Alors tu vas m'aimer ? me questionne finalement, Nathan.
Ses yeux sont flamboyants, mais il y règne toujours cette pointe de tristesse. Elle m'est si familière, parce que j'y vois la même dans mes yeux, à chaque fois que je me regarde dans le miroir. Et cette sensation, cette émotion, elle lui est destinée. Et aussi à nous.
C'est ce que nous ressentons au plus profond de nous, de notre être, tous les deux. Mais je me demande quand elle disparaîtra pour y laisser place à un sentiment meilleur. Par exemple, comme la joie. C'est tellement plus plaisant et apaisant de la ressentir, plutôt que de supporter ce chagrin qui ravage nos cœurs.
Nous sommes bien les seuls à pouvoir remédier à cela, mais je crois bien que nous n'avons pas encore trouvé la clé pour couvrir cette obscurité par de lumières. Pour faire déguerpir toutes nos peurs qui nous emprisonnent et nous empoisonnent. Bon, parfois, il est bon de s'y complaire, parce que cela nous montre que nous avons encore beaucoup à perdre.
Je sais à cet instant que si j'explosais tous les remparts, j'aurais beaucoup à perdre. Je pourrais même le perdre aussi, sous l'impact.
Et ce n'est tout simplement pas le moment. Comme on dit, parfois, on se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment. Là, il s'agit de notre amour naissant. Il est là entre nous. En tout cas, le mien est là entre nous, au mauvais moment et au mauvais endroit. Dans cette maison, je ne me sens pas libre, pas moi-même. Également, en ce moment, je me sens à côté de ce que je pourrais avoir de plus beau. Seulement l'avenir fait peur lorsque rien n'est certain, c'est une chose normale. Et tout être humain choisit la facilité à la difficulté, c'est bien connu.
C'est le choix que nous faisons, maintenant.
— Tu... tu as changé d'avis ?
La voix de Nathan me fait revenir sur terre. J'observe son visage qui trahit sa nervosité et son inquiétude. Aussitôt, mon cœur me lance. Mes mains trouvent place sur ses joues brutes, et je l'embrasse de nouveau. Je ne sais faire que ça, l'embrasser. Ses lèvres, son cou, ses doigts, son lobe... et j'en passe. Je mords même sa peau fine, et j'aime son goût musqué.
— Parce que moi aussi, j'ai besoin de toi Ash.
J'attrape soudainement sa main dans la mienne. Il me suit en silence dans ma chambre. Là aussi, il fait sombre mais, on y voit quand même assez clair dans nos mouvements. Nous nous regardons une dernière fois, pour être sûr que nous sommes prêts à franchir le pas. Jamais je n'aurais cru coucher avec un garçon, que dis-je faire l'amour avec garçon, tout comme tomber amoureux d'un garçon également, mais Nathan est spécial. Ce n'est pas seulement un gars avec qui je vais passer le cap des chairs. Non. Je l'aime pour sa personne et non son sexe, même si c'est une part qui me fait peur et me fait beaucoup réfléchir. Seulement, je me suis vite rendu compte qu'il était le seul à me faire cet effet dans la gente masculine.
Donc, oui, il est spécial. Sans aucun doute.
Mon corps s'échauffe tout de suite, en voyant Nathan faire glisser son regard qui brille puissamment, sur tous les recoins de mon anatomie. Je sens presque ses doigts me caresser, m'effleurer. Bientôt, c'est le cas, il fond sur moi, se stoppant à quelques millimètres de moi. Un coup d'oeil. En silence, je lui fais savoir que je n'attends que son toucher. Il comprend immédiatement et vient caresser mes épaules nues, mes biceps, mes poignets, puis vient le tour de mes mains et mes doigts.
Ils entrelacent nos doigts. Je le vois fermer les yeux.
— Je te pardonne Ash.
Je relève les yeux, perdu. Pourquoi me pardonne-t-il ? Brutalement, mon cœur accélère la cadence, le stress vient me ronger.
— Pourquoi ? je murmure. Pourquoi tu... tu dis une telle chose ? Tu n'as rien à me pardonner, à moins que j'ai fait quelque chose de mal ?
Il baisse la tête. Ses doigts lâchent les miens, ils remontent mes bras et viennent s'attaquer à mes pectoraux puis à mes abdominaux. Mon sexe se réveille et un feu se déclenche dans mon bas-ventre. Sauf que je reste accroché à son visage fermé, pourtant mué d'un désir sans limites. Je le laisse glisser ses mains sous mon haut, me délecte de son toucher peau contre peau. Bientôt, son index et son pouce, je referme sur mon téton droit. Je tente de ne pas gémir mais, c'est un supplice et c'est impossible. Mon corps perd un peu de son contrôle, ma joue se pose sur son épaule solide, tandis qu'il continue son excursion de mon corps en me taquinant.
Pendant ce moment, ma tête reste lucide et hantée par les mots qu'il vient à peine de balancer, comme une bombe. Je déglutis. Je ne devrais pas autant réfléchir, mais je n'y peux rien.
— Nat, pourquoi... ?
Ses mains se figent, si bien que ses ongles s'enfoncent légèrement dans ma peau. Je ne sens rien, j'attends juste une réponse. Je veux profiter du moment, l'aimer pour la seule fois que je le peux, mais ses mots sont bien présents. Je n'arrive pas à les effacer, ni son expression.
S'il te plaît...
Je relève la tête et rencontre ses yeux qui ne sont plus que désir. Il retire une de ses mains de sous mon haut pour venir effleurer mes lèvres pleines. Mes poils se hérissent.
— Chut... n'y pense plus. Mes paroles n'avaient pas grande importance. Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça si soudainement. Ça m'a échappé. Je veux simplement qu'on profite du moment, et qu'on puisse se dire le meilleur au revoir pendant la nuit. Je veux vivre le moment, respirer nos odeurs se mélanger et garder un bon souvenir de notre... égarement. De ce que nous aurions pu avoir.
Je passe une main dans ses cheveux. J'essaie de dégager son visage, pour pouvoir le voir vraiment. Je sens bien que derrière ses mots se cachent autre chose, mais seulement il ne désire pas tout me dire. Peut-être est-ce de la pudeur ou de la timidité ? Je ne sais pas. Ma main se resserre sur ses cheveux, inconsciemment.
— Alors, ce n'est rien de plus qu'un simple égarement pour toi ?
Il m'embrasse durement. J'en perds presque mon souffle. Ses mains agrippent le bas de mon haut. Sens réfléchir, je lève les bras pour l'aider à m'en débarrasser. Mon sans manche tombe au sol, tandis qu'une de ses mains se pose entre nous, sur mon torse, là où mon cœur bat à tout rompre ; et l'autre prend place au bas de mon dos.
Il finit de m'embrasser en me mordant la lèvre. Son front est contre le mien. Son souffle me chatouille.
— Tu n'as rien compris. Tu ne comprends pas, Ash !
Il s'éloigne quelque peu de moi. J'essaie de le retenir, mais il se dégage de ma poigne. À cet instant, son rejet me brise le cœur. Mais le regard qu'il me lance, plein de détresse est encore plus destructeur. Le désir part aussi vite qu'il était apparu tout à l'heure. Je jette un coup d'oeil à mon haut échoué sur le sol, qui tente de me dire que les choses se passaient bien avant que je n'ouvre ma gueule.
Je ferme les yeux. J'ai besoin de lui, de ses caresses, de sa chaleur, de sa bouche, de... son tout.
— Tu as utilisé ce mot pour décrire ce que nous sommes sur le point de faire. Je...
Je bafouille.
— Pour désigner ce que nous étions sur le point de faire, en fait.
Je comprends vite, en entendant ses mots et en voyant qu'il recule de plus en plus, loin de moi. Mais comment tout a pu basculer aussi vite ? Je suis perdu, putain. Seulement, je ne pense qu'à une seule chose : Nathan. Il a beau être devant moi, j'ai la sensation qu'il se trouve à des millions de kilomètres d'ici.
Je m'avance doucement, j'ai peur qu'il s'en aille pour de bon.
— Ce n'est pas comme ça que je voulais te dire au revoir. Ce n'est pas non plus comme ça que je voulais te voir pour la dernière fois.
Sa voix tremble et se déchire.
J'arrive à voir que des larmes commencent à dévaler ses joues. Cette fois-ci, je fais de grands pas pour l'atteindre et le prendre dans mes bras. Et c'est là qu'il explose. Littéralement. Nathan réfugie son visage dans le creux de ma nuque, en pleurant avidement. Je me sens encore plus vide et triste. Mes bras se resserrent encore plus, instinctivement. Et j'attends.
J'attends désespérément.
— La journée se passait tellement bien pourtant, mais quand je suis rentré à la maison, tout est parti en vrille. J'ai tenu tête à mon père pour sauver ma mère de ses coups. Sauf qu'après tout ce qui est arrivé, elle ne se souvenait de rien et elle a préféré protéger son enflure de mari plutôt que son fils blessé.
Je savais qu'il était arrivé quelque chose de grave avec son père. Je le savais, mais j'ai préféré ne rien demander, ne rien dire à propos de tout ça, après son baiser. Je me suis perdu dans notre désir commun.
Je caresse doucement son dos. Puis, je l'avance vers le bout de mon lit. Nous nous asseyons, lui toujours dans mes bras. Ça me rassure de le sentir tout près de moi, même si nous nous trouvons dans un moment triste et de souffrance, plutôt que dans le plaisir. Mais je suis avant tout son plus proche ami, et il a besoin de moi.
Son ami.
— Je suis sorti de la maison en furie, dans l'idée de me trouver de la drogue à fumer, pour oublier. Tout simplement oublier. Mais tu m'as appelé juste avant que je ne m'avance vers l'un des dealers du quartier. Quand j'ai entendu que tu partais demain et que tu emménageais avec Cécilia, je me suis senti vide, seul. Comment est-ce possible que ça nous arrive à nous ? Pourquoi les choses sont-elles si difficiles ?
Il relève les yeux vers moi. Immédiatement, je m'y baigne dedans. Mon pouce vient essuyer une larme solitaire. Il a l'air vraiment mal en point, de l'intérieur comme de l'extérieur. Moi aussi, je le suis, mais seulement de l'intérieur. Des marques de griffes bien acérées viennent charcuter mon cœur, mes poumons... tout. Mais le silence règne sur mon visage. Quelque chose me dit que je vais devoir être fort pendant ce moment, parce qu'il est si important. Pour moi comme pour lui.
— Non, en fait la question est plutôt, pourquoi je n'arrive pas à supporter la situation ? Tout est clair depuis le début, depuis ce jour où nous avons stoppé toute ambiguïté. Sauf que mon cœur refuse de te lâcher.
— Le mien aussi, refuse.
Ses yeux s'écarquillent avant qu'il ne détourne le regard.
— Quoi ? Tu pensais...
Il lève la main entre nous. Je stoppe mes mots. Nathan se tourne vers moi, une fois de plus, en reniflant. Ses yeux sont boursouflés maintenant.
— Ne dis rien. C'est plus facile comme ça, d'accord ? Nous savons exactement ce que nous devons faire. Et ce que nous nous apprêtions à faire aurait rendu les choses encore plus difficiles. Je... je vais partir maintenant et te souhaiter un bon voyage et surtout une belle vie à Chicago.
Tandis qu'il se lève, j'attrape sa main pour le prendre encore une fois dans mes bras. Dans un sens, il a raison. Nous ne pouvons pas aller plus loin que ce que nous avons déjà expérimenté. Les choses seront plus dures après un tel acte. La souffrance de manque sera présente, mais le manque sera beaucoup plus facile à surmonter que si nous nous étions laissés aller au plaisir.
Mon cœur cesse de donner des coups virulents, comme s'il avait compris que les choses étaient belles et bien terminées et qu'il en valait mieux ainsi.
Au lieu de dire des paroles qui pourraient encore plus nous heurter et nous ancrer dans une réalité qui ne sera pas la nôtre, je lui murmure :
— On s'enverra des textos tous les jours, hein ?
Je le sens hocher la tête contre mon épaule. Puis, il se détache de mon étreinte. Ses larmes sont séchées, mais l'éternelle tristesse est là. Ses yeux sont plus ternes que d'habitude. J'esquisse un geste de la main vers sa joue, mais je me retiens à temps. Nathan me sourit timidement. Je le laisse sortir de ma chambre. Mais avant qu'il ne descende des escaliers, et ferme la porte d'entrée derrière lui, il s'arrête. Tranquillement, il se tourne vers moi. Son air est sincère lorsqu'il me dit :
— Je suis amoureux de toi Ash. Je m'en suis rendu compte trop tard et je ne veux pas que tu te culpabilises. Tout ira bien pour nous deux, chacun à notre endroit. Nos vies vont continuer et notre amitié aussi. Je vais... je vais oublier tout ça et toi aussi, pour te concentrer sur le futur. Et de loin, je serais fier de ton parcours, parce que tu vas devenir un grand homme. J'ai confiance en toi.
Le mot oublier, me touche, me blesse, me pique, et je réalise que c'est impossible de réellement oublier quelque chose d'aussi fort. Je m'apprête à protester, à lui faire savoir le fond de ma pensée quant à tout ce que nous avons vécu et tout ce qui nous reste à vivre en tant qu'ami, mais les prochains mots qu'il me souffle, sont les plus annihilant. Les plus mortels pour le cœur et l'âme d'une personne.
— Je te pardonne de m'avoir brisé le cœur.
Puis, il se sauve. Je l'entends claquer la porte. Aussitôt, je cours vers ma fenêtre qui donne vue sur la rue. Je le vois fuir, courir. Anéanti, je pose mon front contre le carreau et je chuchote pour lui comme pour moi-même :
— Moi aussi, je te pardonne d'avoir brisé le mien en retour, Nathan.
Je reste un moment dans cette position, lorsque j'entends mon portable vibrer. Au ralenti, je l'attrape et c'est ailleurs que je lis le texto de Cécilia. Elle me demande si j'ai commencé ma valise. D'ailleurs, elle ne tarde pas à m'envoyer une photo de la sienne, bien remplie. J'éteins tout de suite mon téléphone, tout en me glissant dans mon lit dont les draps auraient dû être froissés par nos ébats, notre amour. Parce que cette fois-ci, c'est clair dans mon esprit. Nathan est aussi amoureux de moi que je le suis de lui. Ça fait mal de savoir ça quelque part. C'est moi qui l'ai embarqué dans cette histoire, moi qui l'ai embrassé en premier. Et c'est aussi moi qui ai fini par donner un point final à tout ça.
Mes yeux se posent immédiatement sur le dessin de Nathan sur mon plafond. Mon menton tremble. Les frissons me parcourent et mon corps devient froid. C'est à mon tour de pleurer. Seul.
Je lâche tout. Mais la vérité me frappe en plein cœur. Comme me l'a si bien dit Iliana un jour, un amour peut attendre un temps pour pouvoir s'épanouir complètement, mais il finit par se mourir si on attend trop longtemps. Quelque chose me dit que nous avons dépassé ce stade avec Nathan et que même si nous n'avons pas vécu de relation à proprement dite, notre amour était là, gardé sous silence et qu'il est mort ce soir.
Le truc qui me fait le plus mal, c'est que je ne suis pas à blâmer, au contraire. Je suis détenteur. Et ça me détruit. Je n'ai plus envie de rien sur le moment.
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Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien !
Ça y est, je vous ai posté le tout dernier chapitre du tome 1 (il reste bien sûr l'épilogue qui va très vite arriver) ! Alors qu'est-ce que vous en avez pensé ? J'attends vos commentaires avec impatience !!
Je voulais tout particulièrement vous remercier, puisque j'ai constater que Night prenait en force au niveau de ses lecteurs et lectrices, alors merci beaucoup. C'est toujours un plaisir de voir et constater que les gens aiment notre travail et son heureux de le lire.
Bisous.
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