29. Happy Birthday ! (c)
Nathan
Nous sommes le 30 juin et c'est un jour spécial, d'abord parce qu'il fait exceptionnellement chaud et qu'ensuite — et surtout d'ailleurs — parce que c'est l'anniversaire de Ash. Il ne manquait plus que lui à fêter ses dix-huit ans. Maintenant, nous sommes tous grands et libérés du lycée. Bon, je dois bien avoué que ça me manque. Énormément, en fait. Eh ouais, on ne se voit pas aussi souvent qu'on se voyait avant et puis le football me donne la nostalgie. Parfois, on se fait des matchs avec les gars. On escalade illégalement les grilles du terrain et avec le ballon de Marcus, on commence à se faire des passes puis à jouer réellement. Les frissons sont toujours là et nous avons un public pour nous encourager : Iliana, Violet et Cécilia. Ça fait tellement de bien ces moments là.
Je secoue la tête et souris en me voyant dans le miroir. J'ai légèrement plaqué mes cheveux, sans en faire trop bien-sûr. Aussi, j'ai enfilé une chemise flottante aux motifs paradisiaques dans des tons sombres, sur un short blanc. Je me trouve bien comme ça. Je ne mets presque jamais de chemise. J'espère secrètement que lorsque Ash me verra, il ne trouvera pas de mot à dire parce que tout ce qu'il pensera c'est que je suis beau, même sexy.
Je grimace face à mes pensées. Il faut que j'arrête de me fourvoyer. Même s'il m'a dit ne pas être amoureux de Cécilia, ça ne l'empêche pas de l'embrasser passionnément et de coucher avec elle, assez souvent. En plus, il va rester avec elle, et je le souhaite. En partie.
Dans un sens, j'ai hâte qu'ils partent tous les deux à Chicago pour qu'ils fassent leur vie ensemble, loin de mes yeux et de mon cœur. Pourtant, je désire qu'il reste, qu'il me choisisse.
C'est fou ce que mes pensées sont incohérentes et contradictoires depuis quelques mois. Depuis qu'il nous a présenté Cécilia, en fait. Je me sens sur le point d'exploser à tout moment, mais je me retiens. Je ne désire pas le blesser et la blesser aussi. J'étais d'accord sur la décision qu'il a pris. Seulement ces mots qu'il m'a presque crié ce jour-là avant de m'embrasser pour la dernière fois, me hantent.
Ils me hantent en même temps que ceux qui m'envahissent l'esprit à chaque seconde que je vois Ash ou que je pense à lui.
Je l'aime.
Je l'aime, et je le sais maintenant. On a beau eu à arrêter nos baisers et nos rendez-vous nocturnes, mes sentiments ne sont pas morts. Ils se sont renforcés. Mais, il m'arrive parfois de sentir mon amour se transformer en colère et en quelque chose de moche. Je me déteste quand j'en viens à détester Ash pour ce qu'il fait.
— Nathan ! j'entends ma mère au loin.
— J'arrive !
Je me regarde une dernière fois dans le miroir, sans oublier de me traiter d'abrutis et de remettre en place une de mes mèches de cheveux, avant de dévaler les escaliers. Je jette un coup d'oeil dans le salon, pour voir que mon père dort sur le canapé, une bière à la main. Ouf ! J'ai eu chaud.
— Oh... mon chéri, tu es si beau, chuchote ma mère.
Je me retourne vers elle pour voir un sourire éblouissant étirer ses lèvres. Dans ses yeux, quelques larmes perlent. Aussitôt, je la prends dans mes bras et la serre aussi fort que je peux. Puis, je dépose un léger baiser sur sa joue.
— Merci, maman.
Elle lisse ma chemise avec l'aide de ses mains.
— Todd t'attend dans sa voiture. C'est si gentil de sa part de s'être proposé pour t'emmener à cet anniversaire.
Je souris, en me souvenant que je n'ai pas eu mon mot à dire. Quand je lui ai parlé de la fête d'anniversaire et que j'allais sûrement enfourcher mon vélo pour m'y rendre, tout de suite, il m'a dit qu'il m'y emmènerait parce qu'il ne voulait pas que je choppe une insolation.
— Qui est ce garçon qui fête son anniversaire ?
La voix de ma mère pleine de curiosité et son air joyeux, me laisse suggérer qu'elle connaît déjà la réponse. Même si nous ne semblons pas si proches que ça avec ma mère en apparence, nous le sommes. Bon, Je ne lui raconte pas tout, mais elle a souvent entendu le prénom des gars. Bien-sûr, un en particulier, plus que les autres. Et puis, Ash est venu plusieurs fois disputer des matchs de hand et de football français, ici, à Ocean Hill.
— C'est Ashford.
Ça fait bizarre de dire son prénom en entier, tout de suite, mais je ne m'y attarde pas plus que ça. Le sourire de ma mère qui s'agrandit, retient d'autant plus mon attention.
— Il doit être spécial ce garçon, mon chéri.
Tout ce que je retrouve à redire est :
— Oui, il l'est.
Elle ne me répond rien. Non, elle me pousse vers la porte d'entrée tout en me disant de m'amuser. Sans attendre, je rejoins Todd dans sa voiture. Soudain, mon cœur se met à battre furieusement dans ma poitrine et mes mains à devenir moites. J'ai le trac. Et si tout se passait mal ? Oui, ça paraît fou comme réflexion, mais j'y pense depuis cette nuit, où au lieu de dormir, je n'ai fait que dessiner. D'ailleurs en pensant à ça, je tapote ma poche arrière. Soulagé que le dessin soit toujours ici, je me raisonne en me disant que tout ira bien.
En m'installant dans la voiture de mon futur maître d'apprentissage — parce que oui, il a accepté — je me contente de sourire.
— Alors tu es prêt champion ? En tout cas, tu t'es bien fringué. Toi qui disais que tu deviendrais jamais ami avec lui, tu avais bien tort en fin de compte, il se moque.
Ouais, c'est sûr, j'avais bien tort, et j'avais surtout mon avis sur Ash. Pas un très bon avis, d'ailleurs. Mais on dit toujours qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
— Il faut croire que je ressemble plus à Paco que je ne veux bien le croire, je plaisante.
Todd me donne une tape sur l'épaule, avant de démarrer. J'allume la radio pour réduire au maximum mon stress. La musique m'aide à m'apaiser. Depuis quelques mois, j'écoute beaucoup la musique, je m'inspire beaucoup d'elle pour mes dessins, et je l'écoute également pour m'endormir. Justement, il se trouve qu'un tube de Coldplay passe à cet instant précis. J'adore cette chanson, elle calme aussitôt mes nerfs. Tranquillement, je m'enfonce dans mon siège et observe le paysage défiler devant mes yeux.
Le trajet ne dure pas longtemps et j'avoue que lorsque je me tiens devant la porte de la maison des Saint, je n'en mène pas large. Sans plus attendre, je sonne. Je le fais parce que je sais bien que les parents de Ash sont partis en voyage pendant une semaine et que la voie est donc libre. Comment des parents peuvent rater l'anniversaire de leur fils ? Bon, mon père n'est pas mieux, mais ma mère a toujours été présente pour ce jour spécial, comme elle le surnomme. Elle l'appelle comme ça, parce qu'il neigeait quand je suis né apparemment et donc par ce phénomène météorologique, ma naissance a été magique. Elle était la plus heureuse des mamans quand elle m'a entendu pleurer dans les bras des sages-femmes, les flocons tombant dehors.
La porte ne tarde pas à s'ouvrir, et je suis surpris de voir Lily. J'affiche mon plus beau sourire, parce que je suis content de la revoir. Cela fait si longtemps. Elle me sourit à son tour, avant de me sauter dessus. Je la réceptionne à temps, la hissant dans mes bras.
— Nathan ! Je suis contente ! Non, en fait, je suis trop contente !
Je ris, pendant qu'elle me fait un bisous sur la joue.
— Moi aussi, je suis trop content de te voir coquine ! Tu me laisses entrer ?
C'est à son tour de rire.
— C'est ouvert.
— Très bien madame, dois-je vous porter à l'intérieur ?
Elle acquiesce en silence, en posant sa joue contre mon épaule. J'avance doucement dans l'entrée, puis referme derrière moi. L'escalier familier qui me fait face me rappelle des souvenirs, mais je les chasse brutalement. Je ne suis pas venu pour me rappeler de ce qui a pu se passer dans cette maison, quand j'y étais avec Ash et Lily.
— Tu me guides, Lily ?
Elle relève la tête aussi sec, avant de faire ce que je lui ai demandé. Nous arrivons dans un grand séjour que je n'ai jamais pris le temps de détailler. Tout à l'air immense, le canapé, l'écran plat incurvé accroché sur le mur, la table de salon, la commode... tout ! Je ne m'attarde pas trop et suis à la lettre les directions que me donne Lily grâce à sa petite main. Je passe une grande baie vitrée qui donne sur une belle terrasse, où il y a une longue table à manger. Puis, j'arrive vers un escalier qui mène à un jardin assez cosy. J'entends déjà les cris de joie de mes amis. Suis-je le dernier ?
— On attendait plus que toi, me chuchote Lily.
— Il fallait bien que je me fasse attendre, je suis le meilleur.
— Oh oui, c'est sûr.
Je lui donne un léger baiser sur la joue, avant de la reposer à terre. Arrivé à la dernière marche, je respire l'air frais et profite de la sensation du soleil sur ma peau. C'est tellement plaisant. J'arrive à voir du coin de l'œil que Lily fait maintenant de la balançoire au fond du jardin. C'est agréable. Je me permets de fermer les yeux, un moment.
Soudainement, je reçois de l'eau sur mes jambes. Je fronce les sourcils tout en détournant le regard. C'est là que je vois la grande piscine. Elle est extra. Il y a même un jacuzzi au fond à droite. Mes yeux dérivent sur mes amis qui s'éclatent à s'éclabousser et à se noyer. Sans m'en rendre compte, je cherche assidument le roi de la fête. Je le trouve facilement, sa langue dans la bouche de Cécilia et son corps collé au sien. Je déglutis, le cœur battant à tout rompre. Je ravale mon sentiment de colère et colle un joli sourire, qui j'espère restera toute la journée, sur mon visage.
— Bonjour à vous aussi les potes ! je balance assez fort.
Paul est le premier à se retourner vers moi, une expression joyeuse sur le visage.
— Hé ! Regardez qui voilà ! Nathan est enfin là !
Il sort de la piscine pour venir me faire un câlin. Je tente de le repousser mais trop tard, il me serre fort.
— Salut mon pote !
Cette fois-ci, j'arrive à le pousser gentiment. Il fait mine de rien, en se rapprochant de la piscine pour sauter à nouveau dedans. Tout le monde tourne enfin la tête vers moi, même Ash et Cécilia qui semblaient très occupé. Je ne leurs jette même pas un regard, au lieu de ça, je m'attarde sur Iliana qui me sourit grandement et me demande de les rejoindre.
— Ouais, rejoins-nous Nat ! On t'attend depuis bien trop longtemps ! s'exclame Marcus.
— Ah oui ? Vous m'attendez ?
Je lève un sourcil.
— Vous êtes déjà dans la piscine sans moi, c'est pas cool ça.
— Elle est trop bonne.
Je crois bien que c'est Luke qui a dit ça, mais bon, je ne peux pas vraiment en être sûr parce que maintenant il embrasse passionnément Violet. Mon regard tombe sur le couple d'à côté qui est donc Ash et Cécilia. Elle m'envoie un sourire timide auquel je réponds sans problème. Ash, lui, se contente de me regarder, le visage neutre. Je grogne tout bas. S'il n'est pas content que je sois venu, il n'a qu'à le dire.
Soudain, je le vois froncer les sourcils, comme s'il avait lu dans mes pensées. Je l'observe chuchoter quelque chose à l'oreille de Cécilia, qui acquiesce en silence. Ash vient nager jusqu'à mon bord. Il sort de l'eau gracieusement. Des gouttes coulent sur son torse ferme et ça me donne immédiatement envie de les lécher, de le sentir frémir sous mon contact.
Putain.
Ash s'approche de moi et me fais signe de le suivre. Nous remontons les escaliers pour aller jusque dans sa chambre. Il reste silencieux, je ne sais pas exactement ce qu'il cherche à faire. Quelques minutes plus tard, il se met à fouiller dans son placard. Immédiatement, je comprends ce qu'il est en train de chercher.
— J'aurais pu me baigner en caleçon, tu sais.
Je ris doucement, attendant qu'il fasse de même, pour que la tension que je sens monter s'apaise. En fait, j'ai eu raison de m'inquiéter, je pense bien. Je soupire.
— Tiens enfile un de mes maillots, tu seras plus à l'aise.
Il me le tend du bout des doigts. Je l'attrape en évitant de l'effleurer. Ash me fixe, me clouant sur place. Quoi ? Il a envie que je me change ici, devant lui, dans l'intimité de sa chambre. Ce n'est pas briser ce que nous avons promis d'être à présent ? Des amis l'un pour l'autre et pas plus. Ce n'est pas trop intime ?
Ash me regarde toujours et quelque part ça me déstabilise. Beaucoup. Sauf que je décide de dépasser ça. Je ôte ma chemise sans un mot, en défaisant lentement un à un les boutons. Je sens le regard de Ash suivre chacun de mes mouvements. Qu'est-ce qu'il fait au juste ? Sa copine est en bas et elle attend probablement qu'il revienne.
Je pose délicatement ma chemise sur son lit, sans un regard pour lui. Puis, je m'attaque à mon short. Je défais le nœud et baisse le vêtement jusqu'à ce qu'il prenne place sur le sol. La sensation du tissu sur ma peau sensible — ou serait-ce le regard de Ash que je sens encore sur moi — me donne la chair de poule.
Ash déglutit avec difficulté. Je l'entends facilement. Je choisis de faire comme si je n'avais rien entendu. Si je relève les yeux maintenant, je crois que je vais vriller.
Je suis en caleçon. Devant Ash. Il ne bouge pas d'un poil, me défiant de l'enlever pour enfiler son maillot, tout ça sous son regard attentif. Je prends une grande inspiration. Je ne devrais sûrement pas le faire. Ce petit jeu m'a excité et mon sexe commence à se dresser fièrement, pointant vers mon nombril.
Putain.
— On a pas tout notre temps Nat.
Sa voix n'est qu'un murmure. Je n'ai aucune idée de ce qui lui prend et de ce qui me prend aussi, mais je le fais. Je laisse glisser mon caleçon, tout en réprimant un gémissement. À toute vitesse, je ramasse le maillot que j'ai jeté au sol, il y a quelques secondes, pour le mettre.
C'est à ce moment que je relève les yeux. Le regard de Ash est ailleurs. Il est posé sur le mur de sa chambre, à droite de lui. Je pince l'arrête de mon nez entre mon index et mon pouce, tout en fermant les yeux.
— Si tu n'es pas content que je sois ici, ou que tu ne veux pas de ma présence, dis-le Ash, je...
Je m'arrête de parler en le voyant esquisser un pas, puis deux, vers moi. Nos corps se frôlent bientôt, nos respirations sont accordées, et j'ai presque la sensation que nos battements de cœur résonnent à l'unisson.
Ash lève sa main, prêt à me toucher, prêt à imprimer sa peau sur mon torse, sauf qu'il ne le fait pas. Son front se pose sur le mien, dans un souffle. Sa main est toujours là, à quelques millimètres de ma peau. En suspend.
Je ferme les yeux pour profiter du moment.
— Ne dis pas ça.
Tout disparaît. Son corps près du mien, son front contre le mien et son souffle chaud sur ma peau. Il ne me regarde pas. Je dérive aussi le regard. C'est trop dur.
— Je suis si heureux que tu sois là. Ce jour n'aurait pas été le même sans toi, tu le sais bien. Tu es...
Les mots se perdent dans sa gorge. Ses traits sont tirés par la douleur pendant un instant, puis ils redeviennent neutres et simples. Il affiche la même expression que tout à l'heure, lorsque nos yeux se sont croisés.
Ça recommence.
— Tu es mon meilleur ami. Je peux le dire maintenant et c'est important que tu sois là, Nathan.
Mon prénom est prononcé avec précaution, comme s'il en avait peur. Le goût amer et la colère reviennent me hanter, mais je les empêche encore une fois, de me consumer.
Non, je lui souris. Il a l'air d'y croire parce qu'il me sourit aussi.
— C'est un jour important pour moi aussi, Ash. Mais souris la prochaine fois que tu me vois !
Ses muscles se détendent. Il rit enfin. Comme s'il avait été débarrassé d'un poids lourd.
Voilà pourquoi, parfois, j'ai hâte qu'il parte à Chicago pour ses études. Je me déteste de vouloir son départ, mais même si les choses se passent plutôt bien entre nous et que notre amitié est toujours belle et significative de notre lien fort, quelque chose de gênant persiste. On a eu quelques moments d'égarements pendant ces longs mois, mais c'est normal. Et puis, ça s'est calmé vers la fin de l'année. Ce que Ash vient de faire, le comportement qu'il a eu envers moi, déclenche de nouveau ces moments qu'il faut oublier, une fois qu'ils sont passés. C'est troublant et gênant, ouais. Encore plus maintenant que je pense à Cécilia dans la piscine, qui l'attend.
Putain.
Je me retourne vers la porte de sa chambre pour sortir d'ici le plus vite possible. Ash fait quelques pas en silence, en s'arrêtant tout près de moi, derrière mon dos. Sa chaleur envahit presque mon corps. J'avance d'un pas, par réflexe.
— Pardonne-moi, je...
Je me retourne une dernière fois vers lui, un sourire de façade sur le visage.
— J'ai oublié quelque chose d'essentiel, je suis vraiment débile.
Ash oublie ses excuses, dieu heureusement et fronce les sourcils.
— Joyeux anniversaire mec !
Puis, je file sans bruit. Je dévale les deux escaliers qui me retiennent loin de la piscine, de mes amis et de la sûreté. Sans réfléchir une minute de plus, je plonge dans l'eau. En apnée sous la surface, pendant quelques secondes, je me sens mieux. Bien mieux.
Je me sens libre.
****************
Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien !!!
Je m'excuse pour cet énorme retard... et j'espère sincèrement que cette suite vous plaira !!
N'hésitez pas laisser des petits commentaires !
Bisous !!
À bientôt pour la suite !
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