18. A Place (c)
Nathan
Je fronce les sourcils en voyant que le sourire de Ash fane d'un seul coup. Bien sûr, je me doute que c'est à cause de Matt. J'ai bien vu son petit manège. Il s'est ramené dans un lieu public avec toute l'équipe de football qui plus est, pour parler à Ashford. Pour lui dire les choses qu'il avait à lui dire, enfin. Bon, Iliana m'a empêché d'en savoir plus parce qu'elle n'a pas arrêté de parler et parler. Et je me dis heureusement, parce qu'à un moment donné, j'aurais peut-être eu envie de me lever pour m'exprimer moi aussi.
Il me tape tellement sur les nerfs, ce type. Au fond de moi — cette partie mesquine et égoïste — j'espère que lui et Ash ne s'entendront plus comme avant. En tout cas, plus comme cul et chemise.
— Tu m'écoutes Nat ?
Je détourne les yeux à contre cœur et sourit à Iliana, qui elle fronce les sourcils.
— Ouep.
— De quoi je parlais alors ?
Je grimace avant de me lever de ma chaise, en voyant Ash faire de même.
— Excuse-moi Iliana, on reprendra cette conversation plus tard, j'ai des choses à faire.
Elle fronce les sourcils avant de balbutier. Je lui dépose un baiser sur la joue avant de filer. Je l'entends soupirer avant de sortir de la cafétéria. Discrètement, j'emprunte le même chemin que Ashford. Il grimpe jusqu'au deuxième étage, puis ouvre une porte qui donne sur un autre escalier, qui m'était encore inconnu. Je le suis sans perdre de distance. Nous arrivons sur le toit du lycée.
Mon cœur se met à battre plus lourdement dans ma poitrine.
— Dis-moi que tu vas pas faire ça !
Ma voix est tellement forte qu'elle le fait sursauter. Ash se retourne vers moi comme une furie. J'arrive à voir la colère se refléter sur ses traits. Il me lance un rapide coup d'oeil avant de s'asseoir sur un terre-plein qui se situe au milieu du toit à peu près.
Doucement, je le rejoins. Je ne dis rien, je m'assois juste. La sensation du vent sur ma peau est agréable. Si agréable que j'oublie un instant, pourquoi je suis ici.
Est-ce que je m'inquiète réellement pour lui ? Oui. Après tout, c'est ce que font les amis. Ils s'inquiètent pour leurs amis, pour les personnes qui leurs sont proches.
J'esquisse un geste vers lui, laissant ma main se poser sur la sienne, mais il refuse mon touché. Tout ce que j'arrive à voir ce sont les tremblements de son dos et ceux qui prennent d'assaut sa jambe. Son talon tape lourdement sur le sol. Sans attendre, je me lève pour venir m'accroupir devant lui.
— Parle-moi Ash.
Il ne me regarde toujours pas. Son talon tape de plus en plus fortement. Et ça m'empêche vraiment de me concentrer. Je retente une approche, en reprenant sa main dans la mienne. Cette fois-ci, il laisse le contact de nos doigts l'imprégner. Je pose de suite nos mains sur sa cuisse gauche, pour qu'il arrête de taper. Malheureusement, il n'en fait rien.
— Tu es en train de faire une crise de nerfs là, Ash. Parle-moi pour que je puisse t'aider.
Toujours pas un mot. Je serre les dents et commence petit à petit à perdre patience. Je secoue la tête en levant les yeux au ciel. Qu'a pu lui dire Matt le connard, pour qu'il se mette dans cet état ? En tout cas, ça a l'air plutôt grave. Il est vraiment bien perturbé, tel que je le vois maintenant. J'aime pas ça...
— Pourquoi je t'ai embrassé...
Sa voix n'est qu'un simple chuchotement mais j'arrive à l'entendre. A ces mots, je reste silencieux et sans répartie.
— J'aurais vraiment pas dû... c'est ma faute.
Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se dit.
— De quoi est-ce que tu parles ? Pourquoi ça serait ta faute ?
Il est silencieux. Mais à travers ses traits concentrés, je devine vite qu'il est en train de réfléchir à quelque chose, et durement.
— On est deux quand on s'embrasse Ash, pas qu'un.
Immédiatement à l'entente de mes mots, il lève les yeux vers moi. Son regard est froid. Par précaution, je me recule. Ma main lâche la sienne et je me remets tout de suite debout. Lui aussi se met debout. Il adopte une attitude agressive, en resserrant ses poings. Comme s'il essayait de me provoquer. Mais pourquoi ?
— Tais-toi Nathan. J'aurais pas dû t'embrasser, et puis j'aurais pas dû faire ce que m'a dit le Coach, le premier jour où tu as mis les pieds sur le terrain.
Son ton est dur. Il enclenche chez moi, un mécanisme de défense. Automatiquement, je rentre dans son jeu, comme un idiot.
— Peut-être que tu aurais pas dû, ouais !
Il me fusille du regard, pendant que je souris sarcastiquement.
— Bah quoi, Ash ? C'est pas ce que tu veux entendre ? Que tu aurais pas dû m'embrasser toutes ces fois où tu as eu envie, que tu aurais pas dû m'aider pour ses sessions ! En fait, tu aurais pas dû faire ça ouais, parce qu'on serait pas devenus amis et que les choses seraient plus faciles pour toi, non ?
Il s'avance vers moi et contracte ses mâchoires. Je reste sur mes positions. Je n'ai pas peur de lui, je n'ai peur de personne merde.
— Je te conseille d'arrêter de parler Nathan.
Sa voix est calme, mais je sens bien qu'il s'agit du calme avant la tempête.
— Qu'est-ce qu'il a bien pu te raconter pour que tu te mettes dans des états pareils ? OK, c'était ton meilleur ami et je sais bien que ça fait mal de perdre un ami aussi cher, mais putain il s'est foutu d'ta gueule pendant des mois, tout en te passant un savon derrière le dos ! Réveille-toi Ash !
Ce sont les mots de trop. Ash m'empoigne par le col de mon manteau et me fait heurter la porte qui mène à la sortie. A l'instant où mon dos cogne contre le paroi, je ne peux pas m'empêcher de grogner, tellement ça fait mal. Mais, je me force à rester calme. Le choses pourraient vite dégénérer. Trop vite même.
— Putain Ash, lâche-moi !
J'ai la sensation que mes mots ont été un électrochoc. Il me regarde avec des yeux écarquillés, le souffle court, comme s'il se réveillait enfin d'une crise d'hystérie ou de démence. Ses mains s'enlèvent de mon col, puis il se recule au moins d'un bon mètre. J'en profite pour faire de l'ordre dans mes habits avant de l'interroger du regard.
Il baisse la tête sur ses mains, puis relève la tête vers moi. Son menton commence à trembler, comme s'il s'apprêtait à pleurer. Je reste coit, cloué où je suis. Je n'arrive pas à avancer vers lui.
— Je te demande pardon.
Je ferme les yeux pendant un instant.
— Il va l'apprendre Nat. Il va l'apprendre un jour et ça va faire mal.
Je réprime un ricanement. Il a peur que Matt l'apprenne. Moi aussi j'ai peur que les autres nous surprennent, mais franchement pour l'instant il ne s'agit que de baisers échangés, c'est pas comme si on faisait des trucs obscènes. Mais bon... il a raison.
— Tu proposes quoi ?
Je le vois réfléchir pendant un moment, le regard vague. Au fond de moi, tout au fond, une petite voix me dit de protester et de continuer ce que nous sommes en train de faire lui et moi. Que j'en ai besoin maintenant. C'est flippant, mais je crois qu'une partie de moi veut que ce truc entre nous continue, même si cela fait à peine deux jours qu'on a commencé à s'embrasser. J'aime notre relation comme ça.
— Pas de comportement étrange au lycée, ni de regard, ni de sous-entendus.
Je souris.
— On le faisait pas déjà ça ?
— Non, on a franchit la limite ce matin. Et c'est pas bon.
— C'est d'accord.
Sa mine s'assombrit.
— Je rigole pas. Matt se doute d'un truc et il ne faut surtout pas qu'il ait des preuves pour se réconforter dans son idée. Ils seraient capable de nous flinguer notre avenir, juste pour de simples baisers. Je l'ai vraiment froissé dans son égo.
Comme si j'allais être triste pour ce type.
— Quel pauvre chou, je ris.
Ash hausse les sourcils, l'air de me dire que ce que je viens de dire n'est pas drôle. Bon j'admets que c'était gamin, mais ce mec veut ma peau et je vais finir par vouloir la sienne aussi.
Estimant que notre conversation est terminée et que la tempête est arrêtée, j'ouvre la porte qui mène aux escaliers de secours.
— Après toi.
Il hésite pendant un moment, puis il finit par me passer devant. Je le suis jusqu'à la porte qui ouvre sur le lycée. Avant qu'il l'ouvre, je le stoppe, une main sur la manche de son manteau. Nos corps se retrouvent l'un contre l'autre. Son nez chatouille le mien. Je souris, et victorieux, j'arrive à lui arracher un sourire.
— Comment on fait alors ?
— Pour quoi ?
— Tu veux vraiment que je te fasse une démonstration, ici ?
Il lève les yeux au ciel.
— Je sais pas. Mon père ne veut personne à la maison et encore moins dans ma chambre. Il m'a spécifié que seule mon épouse aura ce privilège.
Je grimace. Son paternel a dû avoir vent de ma venue et il a dû lui faire la morale ensuite. Le moment n'a pas été agréable vu sa tête.
— Si mon paternel nous voit à la maison, il va me défoncer. D'accord, ça changera pas de d'habitude, mais je pense que je m'en prendrais encore plus dans la gueule. Donc...
Ashford fronce les sourcils, ne voyant pas ce que je veux dire.
— Il nous faut un endroit.
Il reste un moment sans rien dire, jusqu'à ce que son regard s'illumine.
— J'en ai un.
— Génial !
Ash regarde autour de lui, avant de se mordre la lèvre inférieure.
— Ce soir, attends-moi au coin de la rue, je passerais te prendre.
J'acquiesce la tête en silence pour lui faire comprendre que j'y serais. Il me présente sa main que je serre dans la mienne pour sceller notre accord.
Il s'apprête encore à ouvrir la porte mais je l'arrête une seconde fois. J'inspire un bon coup, avant de le regarder avec détermination.
— Fais pas gaffe à Matt, il en saura rien. Et puis d'abord, l'an prochain tu seras à Chicago, loin d'ici. Pas besoin de gamberger.
Ash prend une grande inspiration à son tour. Puis ses lèvres trouvent les miennes pour un léger baiser qui ne dure pas plus de deux secondes.
— Tu avais pas dit qu'on devait arrêter ça ? je plaisante.
— Si, à partir de maintenant gros bêta.
Je lui donne une tape sur la tête avant de sortir rapidement. Iliana m'attend à nos casiers. Elle m'interroge du regard.
— C'est une longue histoire.
Elle soupire, ses cahiers serrés sur sa poitrine. Aujourd'hui, elle porte des Docs Martens qui déchirent grave, parsemées de divers dessins qu'elle a elle-même réalisé.
— C'est à propos de Ash ?
— Ouep !
Une fois que j'ai pris tous mes cahiers, on commence à marcher dans les couloirs pour aller fumer une cigarette. Son visage reflète bien son inquiétude.
— Tu es amoureux de lui ?
Je me stoppe, les yeux écarquillés. Elle soupire.
— Alors il est amoureux de toi ?
Cette fois-ci, je me moque ouvertement d'elle. En voyant son regard qui tue posé sur moi, je lui dépose un léger baiser sur la joue pour me faire pardonner.
— Non, on n'est pas amoureux et on le sera pas.
— Qu'est-ce que tu en sais ?
Je secoue la tête, désespéré. Elle voit des sentiments partout, même lorsqu'il n'y en a pas.
— Parce que Liana. On ne fait que s'embrasser.
Maintenant, c'est elle qui se moque de moi. Sans rien dire, elle m'attrape la main et m'amène vers le coin fumeur. Nous faisons face à certains nombres de couples en train de se bécoter ouvertement devant nous. Elle me les montre du doigt discrètement. Enfin le plus discrètement possible.
— Et alors ?
— Tu sais que ces ados en chaleur devant nous sont en couple n'est-ce pas ?
— Ouais, je le sais mais...
Elle lève un doigt en l'air pour me faire taire.
— Ils s'embrassent tous sans exception, Nat.
— Je répète ma question : et alors ?
Elle grogne avant d'allumer sa cigarette. Je fais de même dans mon coin. En tirant ma première taff, je me sens plus serein.
— Le baiser, Nat. Embrasser quelqu'un c'est beaucoup plus que coucher avec quelqu'un tu sais ?
Je fronce les sourcils, perdu. Elle lève les yeux au ciel, synonyme qu'elle en a marre de moi. Je souris avant de tirer une autre taff.
— Tu peux coucher avec quelqu'un dont tu n'es pas amoureux si tu veux, ça fait rien, les gens font ça tout le temps.
— Ouais, ça je le sais bien. Mais le rapport s'il te plaît ?
— Ce que tu peux être bête !
Je souris encore plus à cette remarque.
— Par contre, tu ne peux pas embrasser sans être amoureux ou avoir un minimum de sentiment.
— Ah ouais ? Et pourquoi Madame l'experte ?
Son visage se fait sérieux. Mon cœur commence à tambouriner dans ma poitrine. Je déglutis et me redresse.
— Embrasser quelqu'un c'est comme toucher du bout des lèvres son âme et l'âme d'une personne est très précieuse. Embrasser quelqu'un c'est comme pénétrer son monde, et ça aussi c'est très précieux. Et enfin, embrasser quelqu'un c'est comme une connexion, une connexion intense par laquelle on peut échanger notre désir et nos sentiments. On embrasse clairement pas quelqu'un juste pour le fun, Nathan.
Je reste sans voix, une boule dans la gorge.
— Peut-être... peut-être que je suis un peu trop romantique, mais pour ce qui est de mon avis et il n'y a pas que moi je pense, embrasser quelqu'un n'est pas un geste anodin, il veut dire tellement de chose à la fois. C'est magnifique et à la fois...
Je perds la file de ce qu'elle dit, tellement je suis sur le cul. Je sais très bien que Iliana est très romantique et derrière son attitude rebelle et forte, se cache une fille avec un cœur fragile et débordant d'amour. Seulement, je refuse de croire que les baisers qu'on s'échange avec Ash sont de ces eaux-là. Je ne ressens rien pour lui, mis à part les sensations que me procurent nos lèvres lorsqu'elles se touchent et se mélangent : désir, joie, bien-être. Lui non plus, il ne ressent rien pour moi. C'est complètement hallucinant. Je ne crois pas à ce genre de choses. Il m'est arrivé d'embrasser des filles que je n'aimais pas. Tout ça n'a rien avoir avec de l'amour, fin de l'histoire.
*
* *
Comme prévu, j'attends Ash au coin de la rue. J'attends depuis au moins dix minutes, mais il n'arrive pas. Je commence à perdre patience, lorsque je vois sa Maserati de riche s'avancer à ma hauteur. Il abaisse la vitre devant moi et j'arrive à voir que Marcus se tient à côté de lui.
La déception.
C'est la première chose que je ressens en voyant les mecs dans sa voiture, mais j'arrive à la masquer par un sourire. Elle s'en va presque aussitôt pour être remplacer par la joie d'être entouré. Je grimpe à l'arrière avec Luke et Paul.
Ash roule jusqu'au coin où il m'avait dit. Lorsque nous nous arrêtons devant, Ash m'intercepte avant que je rejoigne les autres. Il me sourit faiblement.
— Désolé, les mecs avaient envie d'une soirée entre mecs.
— Je comprends Ash.
Je lui fais un clin d'oeil avant d'aller découvrir cet endroit inconnu qui aurait pu nous servir d'endroit secret à moi et Ash. Lorsque mes yeux se posent sur ce paysage magnifique, je reste figé sans oser rentrer dans cet univers naturel grandiose. Mon regard n'arrive pas choisir entre les arbres qui bordent le lieu, la rivière qui coule le long dans un paisible silence, et le pont en pierre qui la surmonte.
Je reviens sur terre quand je sens les doigts de Ash effleurer les miens. Immédiatement, mon regard croise le sien. J'arrive à apercevoir quelque chose briller dans ses yeux, mais je n'arrive pas interpréter ce qui se passe en lui.
— On a réagi exactement comme toi quand on a découvert ce lieu avec les gars.
Il me sourit chaleureusement. Moi aussi, je lui souris.
Ses doigts effleurent encore les miens. Dans un réflexe et je préfère croire que ça l'est, j'attrape sa main et nous nous mettons à courir vers la verdure qui borde la rivière pour rejoindre les gars, qui sont déjà en train de s'amuser à s'arroser.
— Alors Nathan, tu trouve ça comment ? me demande Luke.
Son sourire est si grand qu'il me fait penser à un petit garçon devant sa glace préférée. Je ris avant de relâcher la main de Ash. Heureusement, les gars sont bien trop occupés à se chamailler pour prêter attention à ce détail.
— C'est top ! Franchement les mecs, vous pensiez vraiment pouvoir me cacher un endroit pareil ?
Les gars se mettent à rigoler, en reprenant leur bagarre. Ash me fait un signe de la tête pour les rejoindre. C'est ce que nous faisons, et je crois bien que nous passons une bonne demi-heure à nous jeter dans l'eau. Et je me sens réellement bien.
Avant de repartir tous chez nous, nous nous posons sur la verdure. Moi, je m'allonge de tout mon long, les bras croisés sous la tête. Ash vient s'asseoir près de moi. Mon t-shirt me colle à la peau, moulant mes muscles. J'aperçois Ash y jeter un léger coup d'oeil. Pour le plaisir de le savoir embarrassé, je le fixe en souriant d'une façon allumeuse. Il rougit jusqu'à la racine de ses cheveux, avant de détourner le regard. Je rigole dans mon coin.
Les gars viennent nous rejoindre et s'assoient aussi. Nous commençons à parler de tout et de rien, puis vient le sujet de la session finale de vendredi et pour finir les gars se mettent à discuter de Matt et de son comportement. Je n'écoute que d'une oreille.
— Franchement, ce qu'il a osé te dire avant de partir de la cafet' c'est vraiment pas cool comme discours, tranche Paul.
Discrètement, je lance un regard à Ash qui n'a toujours pas parlé. Il arrache de l'herbe dans son coin, l'air de rien, mais je vois bien que ses mains tremblent. C'est pas bon. Suis-je le seul à le voir ? Bon sang.
— On aurait dit un vrai obsédé, putain.
— Secrètement, je pense que s'en est un. Mais obsédé de quoi ?
— En tout cas c'était que dalle, Matt ne fera rien ou alors on sera contraint de répondre nous aussi, lance Marcus, d'une voix sérieuse.
Lui n'avait pas parlé jusqu'à maintenant. Je l'observe jeter des petits coups d'oeil à Ash de temps en temps. Apparemment, je ne suis pas le seul à voir à quel point il est nerveux et vulnérable quand le sujet Matt est sur la table.
— Mais c'est quand même bizarre qu'il ait supposé que Ash et Nathan étaient plus que des amis, non ? Enfin, j'ai compris ce qu'il a dit de cette façon.
— Nous aussi, Luke.
Brutalement, les têtes se tournent vers nous. Elles ne restent pas longtemps sur moi, puisque Ash reste silencieux et obstiné.
— Les mecs, vous êtes simplement amis hein ? Pas de coup foireux du genre "j'aime les hommes comme je devrais aimer une femme" ? Non pas que je sois homophobe, je ne le suis pas. Seulement j'ai du mal avec le principe qu'un mec peut aimer...
— Luke tu t'enfonce, soupire Marcus.
Luke se tait sur le champ, légèrement honteux. Un sourire m'apparaît.
— Vous êtes simplement amis, hein Ash ?
Cette fois c'est Paul qui parle et sa voix est nettement plus forte que celle de Luke à l'instant, qui paraissait nerveux et gêné de poser ce genre de question à ces potes. Ce que je trouve normal.
Je jette un regard rempli de sous-entendus à Ash, je n'ai pas le choix. Il faut qu'il réponde pour dissiper les fausses affirmations sur nous. Il me rend mon regard, un soupçon de peur dans ses yeux. Il déglutit puis acquiesce doucement.
— Ouais, on est amis Nat et moi.
En détournant les yeux, j'arrive à voir que Marcus fronce les sourcils en nous regardant tour à tour. Il a dû intercepter notre regard. A cette idée, je reste à le regarder droit dans les yeux, sans jamais blêmir. Je lui offre même un sourire amical auquel il répond tout de suite, sans attendre. Au fond de moi, je prends une grande inspiration.
— Il commence à se faire tard, mes parents vont me tuer si je reste une minute de plus, plaisante Marcus.
Sur ces bonnes paroles, tout le monde se relève et prend le chemin de sa maison. Les gars nous disent qu'ils rentrent à pied, tandis que je grimpe dans la voiture de Ash. Pendant tout le trajet jusqu'à Ocean Hill, il se fait silencieux. Puis lorsqu'il s'arrête à une place vide, sans me laisser une seule chance de parler de ce qui vient de se passer avec les gars, il se jette sur moi, ses lèvres sur les miennes. Il mord ma lèvre et trouve un passage à l'intérieur de ma bouche avec sa langue. Ses mains viennent tirer mes cheveux et moi, j'agrippe sa veste.
Puis le danger me revient. Je le repousse doucement. Ash se rassoit à sa place, les mains serrées sur le volant.
— Je te promets que la prochaine fois on sera seuls, là-bas.
A son ton sans appel, je comprends qu'il veut que je sorte et que je reparte chez moi. Tout de suite. C'est pas plus mal parce que mon quartier craint vraiment. Si des gars nous avaient vu nous embrasser comme ça, je n'aurais pas donné cher de notre peau.
J'ouvre la portière.
— Nathan...
Sa voix n'est qu'un murmure. Un murmure qui se répercute dans mon cœur et dans ma tête. Les paroles de Iliana me reviennent en tête, au sujet d'embrasser quelqu'un et ce que cela représente vraiment. Je déglutis et me tourne vers Ash, qui lui ne me regarde toujours pas. Ses jointures sont blanches tellement il serre fort son volant.
— Nous sommes amis pas vrai ? C'est ce que nous sommes hein ?
J'inspire profondément, puis me mords la lèvre inférieure. A cet instant précis, je ne comprends pas pourquoi les paroles de Iliana qui résonnent dans ma tête et ce que vient de me dire Ash, me font si mal.
J'envoie valser ce picotement qui ne devrait même pas exister, loin, très loin.
— Ouais, c'est ce qu'on est Ash.
Je le vois souffler fortement, comme s'il retenait sa respiration depuis longtemps. Il paraît serein en entendant ma réponse. Mais pourquoi ses jointures sont-elles toujours aussi blanches ? Il s'attendait à quoi d'autre comme réponse pour qu'il soit si nerveux ? Je ne préfère pas y penser.
— À demain.
Je n'attends même pas qu'il me réponde, je claque la portière et poursuis ma route. Je n'ai qu'une envie là, tout de suite : m'allonger dans mon lit, fermer le yeux et ne penser plus à rien.
********************
Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien ! ;) Je voulais vous remercier d'être aussi nombreux à lire mon histoire. Voir ça, me fait tellement plaisir ! Du coup, j'espère aussi que vous avez aimé le chapitre ? Je suis impatiente d'avoir vos avis en commentaires.
Rendez-vous au prochain chapitre !
Plein de bisous.
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