Plein de vitalité, Nicolas vit un début de matinée flamboyant au bureau. Il se trouve d'une efficacité oubliée depuis... depuis. Un coup de téléphone vient briser ses élans productivistes.

L'ingénieur se redresse, saisit sa veste et détale. Arrivé devant chez lui, il se prend la tête à deux mains. Un pompier vient à son encontre le rassurer :

« Bonjour monsieur Tross, désolé pour vous. On a tout de même pu éviter le pire, nous sommes arrivés à temps, seul votre salon a subi des dommages. Le reste de votre domicile est épargné, à part l'odeur de fumée et la mousse ignifuge. » Voyant Nicolas s'enfermer dans son mutisme l'officier continue : « Avec les gars on a rien pu sauver dans votre séjour sauf un tableau magnifique collé au mur. »

« Un couple s'embrassant ? » demande Nicolas atterré. « Pas vraiment on dirait une scène peinte à même la pierre, d'ailleurs le feu semble avoir pris autour. » Nicolas soupire profondément. « Vous aviez utilisé des produits inflammables monsieur ? » Nicolas nie, l'histoire l'épuise, il pense déjà à tout ce qui l'attend chez-lui : laver, acheter, déclaration, paperasses, livraisons, négociations, ça le fatigue, il ferme les yeux.

Le marin pompier pose sa main sur l'épaule du jeune homme. Des mines abattues, il en voit trop souvent, mais il perçoit comme un vide dans le regard de son interlocuteur. Intrigué, le soldat du feu soutient de son mieux l'infortuné : « Vous voulez un sucre ? » Un signe négatif de la tête en réponse. « Et sinon, vous êtes l'auteur des peintures sur vos murs ? » Las, il répond « Oui, peut-être ». Ailleurs, Nico ne se rappelle plus vraiment. Le combattant des flammes insiste : « On va vous donner un peu d'aide pour les premiers formulaires à remplir. La prochaine fois, attention aux produits que vous utilisez pour peindre chez vous. Vous me suivez ? » Dans un soupir aussi interminable qu'une agonie Nicolas lâche : « Ça ira, ça ira. » Une main ferme attrape son épaule et le monte dans le camion. « En tous cas même si le mur que vous avez décoré chez vous est joli, vous devriez peindre des toiles plutôt, vous pourriez exposer. »