La maison trop grande pour mes petites jambes. Les escaliers en bois de chêne, interminables. Le bureau de mon père dans lequel je n'ai pas le droit d'entrer.

Le jardin est aussi grand qu'un terrain de foot. Tout au fond il y a une petite balançoire en bois pourri, couverte de mousse verte.

La salle de bains du haut, qui me fait très peur. La baignoire grande comme une piscine et le parquet, grinçant même la nuit.

J'aime la cuisine chaleureuse. Elle n'est pas trop grande, juste bien.

Et ma chambre. Ma petite chambre sous les toits. La fenêtre ronde sans rideau. La commode blanche avec des dessins d'enfants. Des albums d'images entassés par terre et des CD aux pochettes de toutes les couleurs. Mon couvre lit bleu ciel.

Ma couleur préférée.

C'est dans cette maison que j'ai passé mes 12 premières années. Dans la solitude, entre le grand jardin et la petite chambre. Je n'étais pas très sociable à l'époque.

Mon père travaillait beaucoup. Dans un immeuble remplis de bureaux cloisonnés à tout les étages. C'est grâce à ça qu'on pouvait vivre confortablement dans cette maison, grande et froide.

Et puis à mes 3 ans, je suis allé pour la première fois à l'école. C'était un gros changement. Je passais de la nounou que je voyais tout les jours, à la petite école du quartier remplie de petits de mon âge.

Les plus grands de 5 ans me faisait un peu peur. La maîtresse aussi. Le monde extérieur était si différent de ce que j'avais imaginé. Tout était trop bruyant et trop grand.

Le premier jour je suis resté accroché à mon papa. Un peu normal pour un petit enfant. Mais je ne pleurais pas. Je pleurais très peu à l'époque.

Pendant 4 mois je suis resté dans le fond de la classe, dans le coin dînette, me cachant sous mes cheveux noirs corbeau. La maîtresse s'inquiétait. Mais j'étais juste associable. Mon père s'en inquiétait un peu aussi. Il voulait que j'ai des amis.

J'étais la seule chose, le seul souvenir de sa défunte femme. Il me chérissait. Il l'a voyait à travers moi.

Et puis un jour, un nouvel enfant est arrivé. Lui aussi, est resté dans le fond de la classe. Lui aussi était différent.

Et on est devenu amis. Des ami de 3 ans, dans la simplicité. Rien d'extraordinaire. Juste un partage de petits gâteaux et de petits trains.

Et d'un seul coup l'école m'a parue beaucoup mieux...