La boutique de musique
Un soir j'ai retrouvé papa dans son bureau une bouteille à la main...
...et une dizaine d'autres étalées par terre.
Ce soir là, j'avais 12 ans et j'étais entré au collège de secteur pour la deuxième année consécutive. C'était un peu différent. Je devais prendre le bus tout les matins sur la place du village avec Aloïs. On passait le moins de temps possible en cours pour plus vite s'amuser dans notre village.
Une boutique avait ouvert, dans une petite ruelle, entre le fleuriste et la petite mamie qui étendait ses draps blancs à sa fenêtre....
-Néza ! Viens avec moi j'ai découvert une boutique de disques dans la petite ruelle de la vielle !
-Non, Aloïs pas maintenant, j'ai des devoirs et du piano à faire. Je passe bientôt un concours tu le sais bien.
-Oh, mais laisse ton piano deux secondes au moins ! Tu va pas perdre ta pratique si t'en fais pas pendant une journée !
-...
-Alors ? Tu te décide petit Mozart ?
-Bon, à quelle heure ? Et puis je suis pas petit !
-Oui, oui bien sûr. Dans une demie heure, à côté de la fontaine.
Je raccroche en soupirant. Aloïs est une boule d'énergie et il trouve tout le temps des nouvelles choses à découvrir ou des défis à la con à réaliser en ma compagnie.
J'enfile ma longue veste noire, attrape mon sac et dévale les escaliers. Je griffonne rapidement un mot pour mon père au cas où il rentre plus tôt que prévu du boulot. Ce qui ne risque pas d'arriver de si tôt mais on ne sais jamais.
Je cours prendre le bus, salue le conducteur et m'assois tout au fond près de la vitre. Je branche mes écouteurs et passe une main dans mes cheveux noirs, un peu trop longs. Je sais qu'ils ne resteront pas longtemps avec cette longueur, connaissant mon père il va vouloir que je les coupe assez rapidement. Sinon ça fait trop "négligé" ç est pas bien vu et patati et patata...
Le bus s'arrête et je descends. J'aperçois presque immédiatement la tête blonde et frisée de mon ami.
Oui, ça crève les yeux mais physiquement, on est très différent.
À peine le temps de lui dire bonjour qu'il me tire dans la fameuse boutique. On salue le vendeur. Aloïs me traîne vers les disques à écouter en libre service.
-Voila ! Tu choisi quoi ?
-Je sais pas, moi au hasard ?
-Ok dit moi une lettre.
-O.
-The Offspring !
Et c'est dans cette petite boutique que s'est agrandie mon amour de la musique. Le rock, en partie.
Mais ce soir là, tout à changé. Mon père venait de se faire licencier. Il fallait chercher un autre travail. Vendre peut être la maison et le piano.
Quelques mois ont passés et rien ne s'est arrangé, ça s'est même empiré. On a trouvé un acheteur pour la maison et un pour le piano.
-Allo, Néza ?
-Aloïs !
-Qu'est ce qui a ? Tu pleures ?
-On va devoir déménager !
-Merde ! Pleures pas on va trouver une solution !
-Idiot, je pleure pas, je ne pleure jamais...
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