Chapitre Neuf

« Je veux vous parler en premier, Newt », déclara le thérapeute en se levant, indiquant au blond de le suivre dans une pièce adjacente à son bureau, réservée à ce genre de rendez-vous.

Newt hocha la tête et l'accompagna, ses yeux inspectant la pièce avec curiosité. Elle était meublée plutôt simplement : deux chaises encadraient une table, une immense baie vitrée permettant d'éclairer l'espace.

« Asseyez-vous, s'il vous plaît. » Jack lui sourit, prenant le siège le plus proche de la fenêtre.

Newt s'affala sur le siège et croisa les bras sur sa poitrine, fronçant les sourcils. « Donc, de quoi est-ce que vous voulez parler ? »

« Eh bien, pour commencer, si vous me disiez comment s'est passé votre devoir ? » interrogea le thérapeute en ouvrant son carnet à une page vierge.

Le blond mordit sa lèvre. « C'était... okay. »

Jack haussa un sourcil « 'Okay' ? Vous pouvez développer ? »

« Donc... On est resté ensemble pendant deux heures, puisque c'était le seul moment où le bâtard était libre, et on a discuté. Le bâtard n'aime pas beaucoup socialiser, donc il n'a pas dit grand-chose mais au moins il n'a embêté personne. »

« Et qu'est-ce que vous pensez de ses amis ? »

Newt cligna des yeux. « Je n'ai aucun problème avec ses amis. Son frère est cool, un peu bizarre, mais cool, et Minho est comme un frère pour moi. Zart est un de mes amis Billy et Georges sont sympas aussi. » Il haussa les épaules.

« Hm. » Jack nota quelque chose. « Maintenant dites-moi, qui a fait le premier pas ? »

« Eh, qu'est-ce que vous voulez dire ? »

« Je veux dire, qui a demandé à l'autre de sortir avec lui ? »

« Oh, c'est moi qui l'ai demandé à Thomas. » Newt sourit, « Nous étions amis depuis nos quatre ans, et l'année de nos 18 ans, j'ai finalement proposé. »

« A-t-il aussitôt accepté ? »

Newt s'esclaffa. « Bien sûr que non. J'ai dû le poursuivre pendant des mois avant qu'il ne finisse par accepter, et il a fallu un an avant qu'il ne commence à nous considérer comme un couple. Il n'est pas très doué avec les sentiments. »

« Oui, j'avais remarqué », marmonna Jack. « Comment vos amis ont-ils réagi quand vous vous êtes mis ensemble ? »

Newt hésita, remuant nerveusement sur sa chaise. « Eh bien... Ils ne l'aiment pas vraiment. Je veux dire, ils ne le détestent pas, mais Thomas n'est en général pas exactement des plus plaisants, et mes amis et lui sont comme chien et chat. Ils m'ont dit d'être prudent, mais ils me soutiennent. » Il ne jugea pas utile de mentionner que Gally voulait qu'il prenne quelqu'un d'autre.

« C'est sans doute personnel, mais qu'est-ce qui vous attire chez Thomas ? Vous avez-vous-même dit qu'il n'était pas vraiment plaisant. »

La pièce tomba un instant dans le silence. Jack ne fit rien pour le briser, sachant qu'il devait laisser du temps à son client pour réfléchir à sa réponse.

« Ce qui m'attire ? Je ne sais pas vraiment. » Le blond haussa les épaules. « Je l'ai toujours apprécié, dès le début, même s'il agit toujours comme s'il avait un balai dans le cul mais je sais qu'il peut être agréable, quand il veut. Ce n'est pas tout le temps un enfoiré. C'est juste l'impression qu'il donne, parce que son père leur a appris, à lui et à son frère, à ne montrer aucune émotion - qui pourrait devenir une faiblesse. » Son regard dépassa le thérapeute pour se fixer sur la fenêtre « Il a toujours voulu impressionner son père, donc il a appris à placer un masque sur son visage. Je ne peux pas vraiment expliquer ce qui m'a attiré chez lui. Il faut vraiment bien le connaître pour comprendre pourquoi je l'aime. » Il sourit avec douceur. « Je suis l'un des rares à qui il a montré qui il était réellement je suppose que c'est l'une des raisons pour lesquelles je l'aime. Je sais qui il est, et j'aime cette personne. »

Jack hocha pensivement la tête. Ça avait du sens. Il ne comprenait pas tout à fait l'affection de Newt, parce que d'après ce qu'il avant vu jusque-là ils étaient de parfaits opposés , mais n'y avait-il pas un proverbe qui disait que les opposés s'attirent ? Peut-être que c'était le cas pour eux.

Il hésita un peu avant de poser sa question suivante. « A votre avis, pourquoi les choses ont-elles commencé à se dégrader entre vous ? »

Newt se raidit, et durant un long moment aucun d'eux ne parla.

« Je ne sais pas. » Newt semblait abattu. « Peut-être parce que j'ai commencé à travailler ? Ou peut-être parce qu'il a pris la relève de son frère à la compagnie ? Je ne sais vraiment pas. Ça a juste commencé à se casser lentement la figure et je n'y ai jamais fait attention avant d'entendre mes collègues parler de leur vie sexuelle, et réaliser que nous n'avions rien fait depuis plus d'un an. » Il leva tristement les yeux sur l'homme aux cheveux argent. « Pensez-vous que nous ayons encore une chance ensemble ? »

Jack prit une profonde inspiration. « Je ne peux pas vous dire cela, Newt. Nous devons attendre, et voir les résultats de nos sessions avant de parler du futur. Mais ne perdez pas espoir. J'ai déjà eu de pires cas. »

Newt rit à voix basse. « Ça me rassure grandement », plaisanta-t-il.

Jack sourit largement. « Bien, c'est tout pour aujourd'hui. Pouvez-vous m'envoyer votre petit ami ? »

Newt hocha la tête et disparut hors de la pièce. Une minute plus tard, son siège était occupé par un Tommy à l'air renfrogné, qui finirait sans doute par brûler quelque chose avec ses yeux s'il continuait comme ça.

« Alors, qu'avez-vous pensé de votre dernier devoir ? » demanda Jack avec un sourire lumineux, tournant une nouvelle page.

« C'était inutile, stupide, et a seulement confirmé ce que je savais déjà » répondit sèchement Thomas, son regard toujours aussi noir.

« Vraiment ? Ils n'ont donc pas pu vous faire changer d'avis ? » demanda le thérapeute avec un 'hm'.

« Non. »

« Hm, j'avais espéré qu'en leur parlant vous changeriez d'avis sur eux, » soupira Jack. « Très bien dites-moi, qu'est-ce qui vous attire chez votre fiancé Newt ? »

Thomas le fixa impassiblement.

« Allons, vous deviez bien avoir une raison pour accepter de sortir avec lui, non ? » avança Jack.

« Son obstination, je suppose » répondit Thomas avec agacement.

« Son 'obstination' ? » répéta Jack avec surprise.

« Je ne sais pas pourquoi, d'accord ?! » s'énerva Thomas. « Il continuait de me demander de sortir avec lui, j'ai dit oui, nous nous sommes mis en couple fin de l'histoire. »

« Est-ce que vous l'aimez ? »

« Oui... » le ton était hésitant, ce que Jack s'empressa de noter.

N'est pas certain de ses sentiments pour son partenaire.

« Une autre question, alors. Comment sont vos rapports sexuels avec lui ? »

« Qu'est-ce que c'est que cette question ? » siffla Thomas, outragé. « C'est privé ! »

Jack soupira et s'appuya contre le dossier de sa chaise, massant son front. « Ce que je veux vraiment savoir est si ce que vous ressentez pour Newt est vraiment de l'amour. Quand je lui ai demandé ce qui l'attirait chez vous, il a pu me répondre sans difficulté. Vous, au contraire, semblez avoir simplement dit la première chose qui vous passait par la tête. »

Thomas grinça des dents, mais ne daigna pas offrir une réponse au thérapeute.

« Dites-moi quelque chose comment votre famille a-t-elle régi quand vous avez fait votre coming-out ? »

« Mon père n'en est pas ravi », répondit Thomas d'une voix neutre. « Il comptait sur moi pour continuer la lignée Edison, mais le plan a foiré quand je me suis mis avec l'autre idiot. Il l'a accepté, mais est tout de même déçu. Ma mère s'en fiche tant que je suis heureux. »

« Hm, hm » acquiesça Jack. « Où pensez-vous que ça a commencé à se dégrader entre vous deux ? »

« Il n'y a rien qui ne va pas entre nous », grogna Thomas en se raidissant. Il ressemblait à un lion prêt à bondir. Ses yeux sombres luisaient de colère, et Jack était honnêtement surpris que l'homme ne l'ait pas encore attaqué. « Je ne vois pas pourquoi cet idiot a ressenti le besoin de vous contacter, mais nous n'avons aucun problème. Tout va bien. »

« Vraiment ? » questionna Jack, regardant son client solennellement. « Quand vous êtes-vous fait un câlin pour la dernière fois ? Ou embrassés ? »

Thomas cligna des yeux.

« Si vous deux allez bien, vous devriez être capable de vous souvenir de votre dernier baiser, pas vrai ? »

« Hier matin quand j'ai quitté la maison » répondit rapidement Thomas, triomphalement, comme qu'il avait réussi à battre Jack

« Ce que je voulais dire était la dernière fois où vous l'avez embrassé sur la bouche. »

La pièce tomba dans le silence, et Thomas tourna son regard vers le mur, refusant de répondre.

« C'est bien ce que je pensais. » murmura Jack. Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre en argent. « Bon, notre temps est écoulé. »

« Dieu merci », marmonna sombrement Thomas.

Jack l'ignora et continua « Je vous donne un autre devoir. Puisque vous semblez être un accro du travail, je veux que vous vous arrangiez pour réserver du temps à votre amant, tous les jours. Etreignez-le, embrassez-le, parlez-lui, sortez en rendez-vous... Je me fiche de ce que vous faites, tant que c'est quelque chose qui améliorera votre relation émotionnelle. »

Le regard assassin était de retour, mais Jack l'ignora. Il était temps que Thomas prouve qu'il voulait sauver son couple.

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