Chapitre Douze

Ce fut deux semaines plus tard que les choses recommencèrent à aller mal.

Jack avait conseillé à Newt de réserver de courtes vacances, comme par exemple un week-end ailleurs pour apprécier un peu de temps ensemble. Newt avait été enthousiaste dès que le thérapeute lui en avait parlé, et avait aussitôt cherché sur internet un endroit approprié pour y passer un week-end. Il avait trouvé un village à 40 kilomètres du leur c'était une place tranquille, mais avec un hôtel et un spa, donc Newt avait aussitôt pris une réservation. C'était parfait : ils pourraient se relaxer au spa, se balader dans les forêts environnantes, et faire bon usage de leur chambre d'hôtel.

Le blond rougit violemment en songeant à tout ce qu'ils pourraient faire dans cette chambre. Ça faisait un moment qu'ils n'avaient pas été intimes, et Newt ne pouvait attendre que Thomas ne le clame à nouveau. Il n'avait aucun problème à avouer qu'il était le receveur dans cette relation ils avaient tenté d'échanger les positions au début, et bien que Newt ait apprécié les quelques fois où il avait été dominant, il devait admettre que l'inverse était bien plus agréable. En plus, s'il voulait se sentir dominant, il pouvait toujours attacher Thomas au lit et le chevaucher.

Son rougissement s'intensifia en pensant à cette particulière position. Il déglutit, et frotta son ventre là où il avait l'impression de sentir des papillons battre des ailes il avait vraiment hâte qu'ils soient dans cet hôtel.

Il sursauta violement en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Il regarda rapidement la pendule et remarqua qu'il était plus de vingt heures. thomas était rentré.

Ce jour-là, il avait plu sans discontinuer donc quand il atteignit le hall d'entrée pour accueillir son petit ami, la première chose qu'il nota était que le brun ressemblait à un chat trempé avec ses cheveux et vêtements mouillés. Partout où il allait, il laissait des traces humides sur le sol le tout en poussant de bruyants jurons.

« Bon retour. » Newt sourit, lui tendant une serviette.

Thomas grogna et commença à sécher ses cheveux, montant à l'étage pour se changer avant d'attraper une pneumonie. Stupide temps, stupide pluie. Ils n'avaient vraiment pas besoin de ça.

Newt le suivit et s'appuya contre le cadre de la porte pour observer Thomas fouiller leur placard pour attraper un nouveau pantalon noir et une chemise.

« Donc, eh, je trainais sur internet aujourd'hui » commença nerveusement Newt il n'était pas certain de la réaction de Thomas, mais vu comment les choses se passaient, ce serait positif, non ? Il l'embrassait, lui faisait des câlins... Le blond se disait que ça prouvait le bon état des choses, que leur relation commençait à redevenir comme avant.

« Content pour toi », répondit distraitement Thomas en enfilant la chemise noire, grimaçant quand ses mèches mouillées se collèrent sur ses joues.

Décidant que simplement cracher le morceau était la meilleure chose à faire, Newt déclara « Je nous ai réservé un weekend dans un village près d'ici. Il a un spa et un hôtel, donc on pourra se reposer autant qu'on veut. » Il mordit sa lèvre inférieure quand il eut terminé.

Thomas fronça les sourcils en levant les yeux sur lui. « Quel week-end ? »

« Celui-ci » répondit le blond avec un joyeux sourire. « Je me suis dit qu'on pourrait partir tôt demain matin. J'ai dit au dirigeant de l'hôtel qu'on serait là vers dix heures. Ça devrait nous laisser bien assez de temps pour visiter le spa. »

« Non. »

Newt cligna des yeux et plissa le front, incertain d'avoir bien entendu. « Pardon ? »

« J'ai dit non », répéta son petit ami en se levant, s'étirant un peu avant de se pencher à nouveau et d'attraper une mallette sous le lit, ce qui amena Newt à se demander quand exactement est-ce qu'il avait pu l'y mettre. « Je ne suis pas disponible ce week-end. Je pars à Paris pour cinq jours. Je suis juste rentré pour me changer et attraper ma mallette. Mon avion part dans deux heures, donc je dois me dépêcher. »

« Quoi ? » balbutia Newt. Ça ne pouvait pas être vrai. Thomas devait venir avec lui dans ce village ils avaient besoin de ce week-end pour finir leur réconciliation. Ce n'était pas possible qu'il parte à l'autre bout du monde.

Thomas se tourna vers lui avec agacement. « Je t'ai dit il y a quelques jours que je partais, donc ne me regarde pas comme ça, Newt. »

« Mais - mais annule-le ! » s'écria le blond, s'avançant d'un pas. « Tu dois annuler ce voyage - tu dois venir avec moi ! »

« Ce que je dois faire est amener ce contrat à l'entreprise parisienne concernée. » déclara froidement Thomas en ouvrant le tiroir de sa table de chevet pour attraper son passeport. « C'est un contrat réellement important, et je ne peux pas le rater pour un stupide voyage. »

« Un stupide voyage » répéta Newt, abasourdi. Les émotions se bousculaient en lui, chacune tentant de dominer l'autre rage, confusion, haine, tristesse...

Un sentiment d'abandon. « Nous ne sommes pas partis en voyage depuis l'année dernière. Je te demande juste ce week-end ! Ne peux-tu pas envoyer quelqu'un d'autre ? » supplia t-il. Thomas devait venir avec lui, il avait besoin de ces deux jours. Tout allait si bien jusque-là...

« Non, je ne peux pas ! Arrête tes foutus geignements, Newt ! » rétorqua sèchement le brun, se retournant pour lui lancer un regard noir. « Je n'ai vraiment pas besoin de tes gamineries maintenant. J'y vais, et c'est tout. Repousse ce voyage à un moment ultérieur qui m'arrangera. » Il attrapa une veste et l'enfila.

« Un moment ultérieur ? Bordel, dis-moi, Thomas » explosa soudainement Newt, son visage rougissant de rage, « Quand est-ce que tu auras le putain de temps partir en vacances avec moi ? Il n'y en a jamais que pour ton travail ! Tu n'as jamais le temps pour moi, parce que ton travail passe toujours en premier ! Tout ce que je te demande est un putain de week-end ! Un seul putain de week-end en un an et c'est tout ! Tu ne peux même pas me donner ça ? Qu'est-ce que je suis pour toi ? »

« En ce moment, tu es un putain de chieur, avec toutes ces pleurnicheries » lui dit froidement Thomas.

Newt eut l'impression d'avoir été giflé. Bien sûr, Thomas avait déjà eu de mauvaises réactions, dieu, ils en étaient souvent venus aux poings, donc ça n'avait aucun sens qu'il soit surpris de ce commentaire. Il aurait dû s'attendre à quelque chose dans le genre, mais pour une quelconque raison ça faisait plus mal que les autres insultes. Il avait réellement compté sur ce week-end pour tout remettre en ordre, il avait anticipé avec joie de passer du temps avec Thomas, et à la place de l'obtenir, il se faisait mettre de côté pour un voyage d'affaires. Un simple voyage d'affaires était plus important pour Thomas que son petit ami.

« Tu sais quoi ? Va te faire foutre », siffla Newt. « Va en Enfer pour ce que j'en ai à foutre ! Dieu, ce que tu peux me faire chier ! »

« Le sentiment est mutuel, je t'assure. » fut la glaciale réponse de son petit ami, et ce fut tout ce qu'il put supporter il sortit en courant de la maison et prit sa voiture, ne pouvant rester une minute de plus dans le même maison que celui qui venait de le rejeter encore une fois.

Encore et encore et encore. Des larmes coulèrent le long de ses joues marquées de cicatrices, Newt tentant désespérément de retenir ses sanglots, et de se concentrer sur la route devant lui.

Il n'arrivait pas à croire qu'il passait après un voyage d'affaires. Mais à quoi s'était-il attendu ? Que Thomas irait joyeusement au spa avec lui ? Qu'il le choisirait lui plutôt que son travail ?

Newt renifla dédaigneusement et tourna à droite, ignorant la voiture le klaxonnant.

Il aurait vraiment dû être habitué à se faire rejeter. Après tout, l'année passée avait été un clair exemple de la préférence qu'avait Thomas pour son travail plutôt que pour son petit ami.

Combien de nuits était-il resté éveillé, attendant que Thomas rentre d'un énième rendez-vous d'affaires ?

Combien de repas avait-il mangés seul parce que Thomas avait du travail à terminer ?

Combien de regards de pitié avait-il reçu de ses amis chaque fois qu'il devait leur expliquer, une fois de plus, pourquoi Thomas ne pouvait pas les rejoindre lors de leurs sorties ?

Un violent sanglot déchira sa poitrine, et Newt couvrit sa bouche d'une main. Ses épaules étaient secouées par la force de ses pleurs. Pourquoi avait-il été naïf au point de penser que Thomas l'aimait assez pour lui donner ce week-end ?

Thomas l'avait-il jamais aimé ? Après tout, il n'avait jamais prononcé ces mots... Newt le lui avait souvent dit, mais il n'avait jamais reçu plus qu'un baiser ou un sourire en récompense de ses efforts. Autrefois, il avait pensé que le brun n'avait pas besoin de le dire, parce qu'il montrait ses sentiments par des actes, mais les années passant le blond avait commencé à ressentir un besoin désespéré d'entendre ces mots, ceux-là mêmes qui lui prouveraient finalement qu'il était spécial pour Thomas, qu'il avait de l'importance pour son petit ami.

Ils n'étaient jamais venus.

Et Newt se demandait à présent si Thomas avait jamais ressenti la même chose que ce que lui éprouvait pour l'homme aux cheveux sombres si Thomas lui avait juste cédé pour lui faire plaisir.

Newt ferma les yeux à cette pensée, son cœur se serrant douloureusement.

Une seconde plus tard, tout ce qu'il sentit fut un bruit assourdissant mêlé à une intense douleur. Une brûlante, étourdissante douleur.

La dernière pensée qui lui vint avant de perdre connaissance fut qu'il aurait, peut-être, dû essayer plus fort de rendre Thomas heureux.

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