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   Le rire de Minho devait sûrement s'entendre dans tout le bar. Il riait comme un fou depuis plusieurs minutes et je devais bien avouer que je riais presque autant. Gally souriait doucement, pas encore très heureux mais déjà sur la bonne voie.

   Nous étions dans le bar où Newt chantait. Cela faisait une semaine que nous l'avions fait. Nous ne leur avions rien dit, mais cela ne nous empêchait pas de nous voir tous ensemble. Mes amis l'appréciaient et le blond les aimait bien.

   Quand Newt eut fini de chanter, tout le monde l'applaudissait, moi le plus fort. Il était venu nous rejoindre quelques instants plus tard et on partageait un repas tous les quatre. Il était à côté de moi, nos jambes l'une contre l'autre, sans pour autant dire quelque chose.

« En tout cas c'est cool de nous offrir le repas, Newt, disait Minho en finissant son dessert.

-T'es con, pouffa Gally en sortant son portefeuille. »

   Tout le monde paya sa part avant de sortir du bar. Là, nous devions nous séparer. Minho et Gally d'un côté, Newt et moi de l'autre.

« Les métros nous sépare. »

   Quelques signes de mains et certaines promesses de retour nous permirent de nous saluer et je me retrouvais seul avec Newt.

« Je veux t'emmener quelque part.

-Tu veux toujours m'emmener quelque part.

-Mais cette fois je sais où. »

   Je l'avais suivi jusqu'à la grande roue. Elle se dressait devant nous, fière, et ses couleurs la rendait resplendissante. Elle tournait, s'arrêtait, et reprenait sa route. C'était haut, mais c'était l'idée de Newt.

« Tu me suis ? »

   Pour y répondre, j'avais avancé d'un pas. Nous nous étions retrouvés rapidement tous les deux dans une cabine et la machine s'était mise à tourner. Nous montions de plus en plus et Newt m'a embrassé. Une fois tout en haut, j'ai regardé autour de nous. Paris était immense, et de là il semblait presque silencieux. Newt a entremêlé ses doigts aux miens et je me suis senti bien.

*

   Je faisais en sorte de ne pas faire de bruit dans ma démarche. Tout autour de moi était silencieux malgré le jour. Je me trouvais, le lendemain de cette soirée avec Newt, seul dans la bibliothèque qu'il m'avait montrée, la nuit où il m'avait lu un poème de Verlaine. J'avais envie de retrouver ce recueil. Je crois que j'avais envie de le connaître un peu mieux.

   J'ai trouvé le recueil et j'en ai lu les poèmes. Mes cours étant terminés pour la journée, je pouvais me permettre d'y rester autant de temps que je le désirais. A un moment, j'ai trouvé un beau poème, alors je l'ai recopié sur une feuille vierge que j'avais dans mon sac, et j'ai refermé le livre en le rangeant correctement. J'étais rentré chez moi après ça.

   J'avais ouvert la porte d'entrée d'un geste automatique et je l'avais refermé tout aussi machinalement, l'esprit encore plein de poésie. Puis j'ai relevé la tête et j'ai vu Gally et Sonya sur le canapé en posture peu catholique. Ils m'ont vu et j'ai directement mis mes mains devant le visage, déterminé à ne pas voir un bout de peau supplémentaire.

« Je n'ai rien vu ! Je n'ai rien vu, je n'ai rien vu... »

   Je m'étais dirigé comme ça jusqu'à ma chambre et j'avais fermé la porte avec soulagement. Leurs rires s'entendaient mais j'en ai fait abstraction. Je me suis approché de la fenêtre et j'ai regardé la nuit tomber. Je me demandais s'il reviendrait cette nuit.

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