2. Roxane
/!\ Chapitre déconseillé aux personnes qui ne supportent pas l'évocation du vomi et/ou de l'alcool /!\
.Point de vue de Roxane.
J'ai la gorge sèche et la tête qui tourne à cause des vapeurs d'alcool. Je cherche éperdument la salle de bain depuis cinq bonnes minutes mais il m'est impossible de la trouver.
Punaise, j'ai passé des heures entre les murs de cette maison, je me suis rendue un nombre incalculable de fois dans la salle de bain, pourquoi je ne la trouve pas ?
Je m'adosse à une porte et me laisse glisser jusqu'à me retrouver assise sur le sol. Le goût intense de la vodka me remonte dans la gorge et je tousse.
Frustrée de ne pas avoir atteint mon objectif je me mets à pleurer.
- Rah foutue salle de bain !
J'entends quelqu'un ricaner à côté de moi.
- Tu cherches la salle de bain je suppose ?
Je ne lève même pas les yeux pour voir qui m'interroge et je réponds:
- ouais elle est où ?
- Derrière toi
Je me retourne le visage collé à la porte et je lève les yeux vers le haut de celle-ci. Une pancarte de fortune en carton y est accrochée et les mots «salle de bain» sont écrits dessus.
Ok. Je suis stupide.
L'air de rien, je me lève -non sans difficultés- et je remets ma jupe en place avant de sourire à mon interlocuteur et d'ouvrir la porte de cette fameuse salle de bain. Je m'apprête à m'enfermer à l'intérieur mais la personne rentre avec moi.
- Rox t'es bourrée ?
Je reconnais sa voix. Robin mon demi-frère.
- T'es perspicace ma parole.
- Merci pour ce ton accueillant.
- De rien ça m'fait toujours plaisir.
Il lâche un énorme soupir et me prend par les épaules.
- Écoute, je vais faire en sorte que tu sois retirée du jeu d'accord, me dit-il. Les gars comprendront c'est hors des règles.
Je secoue les épaules pour qu'il me lâche et je me penche sur le robinet. J'allume l'eau qui se met à couler dans ma bouche. Il me regarde faire et ça me met légèrement mal à l'aise comme à chaque fois que nous nous retrouvons seuls dans une pièce. Après avoir bu je relève la tête et essuie mes lèvres du revers de la manche.
- J'ai envie de participer à votre jeu.
Il me dévisage de la tête aux pieds. Je suis certainement la première fille qu'il entend dire ça. Je continue:
- Je sais que tu ne voudras pas coucher avec moi et que tu es déçu d'avoir un potentiel bracelet en moins mais s'est comme ça.
Il ne dit toujours rien et je sens la poudre me monter au nez.
- Je fais ce que je veux de toute façon !
Je le bouscule en voulant sortir de la pièce mais il m'attrape le poignet et me stoppe dans ma lancée.
- Personne ne te touchera... Je refuse que ça arrive
Pourquoi d'un coup d'un seul il joue au frère protecteur ?
Je secoue le bras pour qu'il me lâche et son bracelet en or rose trincaille contre le mien.
- On verra ça Robin
J'ai à peine fini ma phrase que je suis prise de violentes nausées. Je poste ma main devant ma bouche pensant bloquer le liquide mais rien n'y fait et je vomis sur les chaussures de Robin.
Je le sens pester et bouger les pieds en regardant ses chaussures.
Je suis une vraie gourde.
Robin m'attrape par le bras et me tire vers les toilettes. Je m'agenouille devant celles-ci et penche la tête au-dessus. Il prend mes cheveux et les maintient pour qu'ils ne me gênent pas. Puis je m'assois sur le côté, la tête posée sur la cuvette et je regarde dans le vide. Mon demi-frère s'assoit de l'autre côté et me regarde. Il doit tellement avoir honte et pitié que je me retrouve dans un état pareil.
Nous restons là, sans rien dire pendant plusieurs minutes ou peut-être secondes. Je n'ai plus la notion du temps et ma tête me tourne trop pour que j'ai la force d'y réfléchir.
La voix roque de Robin brise le silence:
- Tu veux prouver quoi en te mettant minable de la sorte ?
Voilà qu'il recommence, il ne pouvait tout simplement pas apprécier le silence.
- Je veux juste m'amuser, j'ai fait quelque chose de mal ? rétorquais-je.
- Oui
- Sérieusement ?! dis-je énervée.
- Tu dérailles Roxane !
- C'est ton foutu jeu qui me fait dérailler !
Le répit et la paix firent de courte durée et nous voilà repartit dans une engueulade.
Notre relation avait toujours été tumultueuse depuis quatre ans, rythmée par mes sautes d'humeur et ses injures à répétition. Depuis quelque temps ça s'était calmé et Robin m'emmenait souvent à mes entraînements de cheerleaders et nous avions alors l'occasion de discuter durant le trajet et échanger de rares sourires qui se dissipaient dès que je posais un pied hors de la voiture.
La main musclée de Robin se posant sur ma cuisse nue me fait sortir de mes rêveries. Il me sourit.
Mais c'est quoi son problème ?
- Je t'ai dit que j'allais arranger ça.
Je hoche la tête timidement en faisant la moue. Il se lève, passe les paumes sur sa chemise pour la défroisser puis me tend la main. Je l'attrape et il m'attire à lui en me relevant. Nos deux corps se touchent et je frémis légèrement.
C'est moi qui ai un problème !
Après avoir fait quelques pas en arrière, je remets ma jupe en place et passe une main dans mes cheveux. Robin relance la discussion:
- Viens-je te ramène à la maison.
- Tu veux pas rester encore un peu ? lui demandais-je n'ayant nullement l'envie de rentrer.
- Nan, on rentre.
Son ton autoritaire ne donnait pas le droit de répliquer alors sans broncher et sans faire d'histoire, je me retourne et sort de la salle de bain puis traverse la salon rempli de jeune -pour la plupart ivre- escortée par mon demi-frère.
L'air de cette nuit de fin d'été est frais et annonce l'automne qui arrive dans quelques jours. Je frissonne en déposant ma veste en jeans sur mes épaules. J'avance jusqu'à la berline de Robin et monte à l'avant comme toujours. Il ne tarde pas à arriver à son tour et s'assoit sur le siège en cuir côté conducteur.
Il met le contact et sort de sa place de parking en évitant trois adolescents allongés au beau milieu de la route.
La musique s'estompe au fur et à mesure que nous quittons le quartier où réside Augustus là où se trouvait cette maudite "fête".
Sur le chemin du retour, nous n'échangeons aucun mot ni regards et je passe l'entièreté du trajet le nez collé à la vitre de la voiture observant les villas défiler sous mes yeux.
Arrivé devant la maison du père de Robin je descends en vitesse de la voiture lui adressant un bref merci. Je rentre vite à l'intérieur et me libère de mes sandales qui me font horriblement souffrir depuis le début de la soirée.
Je m'apprête à monter les premières marches de l'escalier quand il ouvre enfin la porte d'entrée. Dans un reflex je fais volte-face et remarque qu'il me regarde en souriant. Je lui rends son sourire avant de monter en trottinant.
Arrivée en haut, il me semble entendre en doux "bonne nuit" mais je ne me retourne pas pour vérifier d'où il provient et je vais directement dans ma chambre.
Je m'affale sur le lit et à peine ai-je fermé les yeux que je m'endors, ignorant totalement que ces deux mots prononcés une minute plus tôt, signent le début de mon pire cauchemar.
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