On s'est arrêtés sur "Que veut Yoongi de Tae ?".  Et bien réponse.... mais pas dans cette partie ! XD *fuis*

WARNING : "Un peu"d'abus/violences physiques

Double post avec une pensée spéciale pour @YOONK1LL En espérant qu'il n'y ait pas de déception !

"Il est des rêves dans lesquels, en chemin vers une princesse, on reste embourbé dans des mares fangeuses, dans des ruelles pleines d'ordures puantes.
C'est de cette façon répugnante qu'il me fut réservé d'apprendre à trouver le chemin de la solitude et à dresser, entre moi et mon enfance, une porte d'Eden, close à jamais, gardée par des sentinelles éblouissantes, inexorables."

Herman HESSE, Demian

Ten rit en sautant dans une flaque et Jung Kook sourit, ne songeant même pas à lui rappeler de faire attention à ne pas aggraver son état.

Le roux avait voulu sortir et, malade ou pas, son frère savait qu'il valait mieux ne pas l'empêcher de se dépenser un peu, lorsque son énergie débordait ainsi.

De plus, il savait que c'était aussi la preuve que l'absence de Yoongi commençait à lui peser et qu'il fallait donc, tout faire, pour lui changer les idées.

Lui-même était de plus en plus angoissé par le silence de leur aîné.

Il savait que lorsque leur frère ne donnait pas de nouvelle, c'est qu'il était dans une situation dangereuse, et même si c'était presque toujours le cas, là, le silence semblait se faire plus long.

Plus lourd.

Cette fois ci, c'était différent.

Il le lisait clairement sur le visage, dans le regard ou les expressions de Namjoon.

Ce dernier était assis sur un banc, filmant Ten qui courait dans le parc, chassant des pigeons, riant aux éclats lorsqu'ils s'envolaient tous autour de lui.

Le roux était emmitouflé dans deux pantalons de sport superposés, plusieurs pulls, dont un énorme col roulé rouge et une doudoune blanche, la capuche à fausse fourrure remontée sur son bonnet noir, assorti à ses gants.

Il était hors de question d'aggraver son petit coup de froid !

Il n'y a plus de saisons.

Jung Kook ne savait pas ce que cette phrase voulait dire à l'époque, mais depuis les impulsions, c'était une vérité.

Un fait.

L'été, l'hiver, ça n'avait plus aucun sens.

Il pouvait neiger tout en faisant chaud, les feuilles pouvaient jaunir pendant que d'autres bourgeonnaient et on pouvait passer de « l'automne » au « printemps » en quelques heures voire moins.

Il n'y avait plus de saison, c'était une réalité.

Comme les couleurs des choses ou de l'environnement, qui n'étaient plus les mêmes que dans les romans et films de l'époque.

Ou encore, les rayons du soleil, qui passaient difficilement à travers la brume et n'offraient au monde que l'obscurité ou divers degrés de lumières tamisées et d'éclairages étranges.

Le ciel est bleu, les nuages blancs et l'herbe verte, c'était quelque chose de difficile à imaginer pour la génération « post impulsion ».

Pour eux, rien n'avait de couleur définie et tout changeait en permanence, la brume apportant en plus, des reflets différents selon les tons qu'elle arborait.

C'était comme vivre dans l'œuvre d'un artiste indécis.

Un artiste à l'univers sombre et torturé.

Le monde était différent et apparemment, les êtres humains aussi.

Jung Kook ne comprenait pas en quoi, il était si différent de ses ancêtres, mais on ne cessait de répéter dans les livres d'histoire et même de science, que l'impulsion avait marqué une évolution de plus pour la race humaine.

Lui ne voyait vraiment pas ce qui avait changé.

Guerres, haine, souffrance, destruction, pouvoir, trahison, abandon.

C'était toujours les mêmes ingrédients pour le même résultat.

Des millions d'être humains et aucune humanité.

Dire qu'à une époque, ils avaient été des milliards !

Pourquoi évoluer ne voulait pas dire s'améliorer ? Pourquoi changer se résumait, si souvent, à simplement échanger un vice contre un autre ?

Soudain, son attention fut attirée par son frère et il s'interposa juste à temps, pour l'empêcher d'être touché par une balle de baseball.

Ten était protégé par le corps du brun, le dos de ce dernier ayant servi de bouclier.

Le projectile était arrivé très vite et un énorme bleu témoignerait bientôt de la violence de l'impact.

Ten sursauta, un verre explosant contre le mur après avoir frôlé sa tête.

Yoongi fut près de lui la seconde d'après, tourné vers son père alors qu'il le tirait derrière son dos.

Leur géniteur rit, le son résonnant lugubrement dans la pièce.

Il était ivre, comme tous les jours maintenant, assis dans son canapé usé, son horrible peignoir sale et trop petit ouvert sur son torse et son sous vêtement troué.

- Quoi ?! Grogna-t-il. J'ai besoin d'une cible !

Yoongi ne dit rien, s'apprêtant simplement à s'éloigner avec son cadet.

- Ne bouge pas ! Cria leur père. Si vous bougez avant que j'ai fini de m'amuser, vous allez me forcer à me lever !

- Hey !

Un homme d'une trentaine d'années, aux longs cheveux blond, arriva en courant, son regard énervé fixé sur sa balle, qui pataugeait dans une énorme flaque boueuse.

Au lieu de s'excuser, ce type osait s'emporter !

Namjoon grimaça face à son attitude.

- Ça va ?

Jung Kook n'avait pas prêté attention au nouvel arrivant, concentré sur son frère.

Celui-ci tremblait contre lui, ne bougeant pas d'un pouce, toujours le dos collé à son torse, recroquevillé et la tête penchée vers le bas.

Ten avait l'impression que ça durait depuis des heures, même si ça ne faisait probablement que quelques minutes.

Son visage était enfoui contre le torse de Yoongi qui le serrait fort, se servant de son corps pour le protéger de toutes les choses que leur père jetait vers eux.

Parfois, les objets s'écrasaient à leurs pieds, certains se brisant, mais la plupart du temps, ils finissaient contre son aîné.

Le plus jeune pleurait, Yoongi lui répétant en boucle que tout allait bien, caressant sa nuque d'une main, alors que l'autre le maintenait fermement pour l'empêcher de bouger.

Ten sentait le corps de son aîné tressaillir et trembler à chaque impact, alors qu'il s'assurait de, surtout, être le seul touché.

Le brun faisait toujours ça.

Il était son rempart, sa forteresse indestructible, qui le protégeait du reste du monde.

En particulier de leur père.

Yoongi était son armure, son pilier et le seul repère immuable de son existence.

Le seul phare dans cet océan obscure, qui semblait, en permanence, chercher à l'emporter, à le perdre à jamais.

Son monde était noir et ça rendait sa lumière d'autant plus lumineuse et brillante.

Plus les choses devenaient sombres et plus son frère rayonnait avec force.

Leur bourreau poussa un grondement presque animal, sa colère palpable. Le corps de Yoongi fut secoué, lorsqu'un projectile cogna l'arrière de son crâne.

Ten sentit que, cette fois ci, ça avait été vraiment douloureux.

Le bruit de l'objet retombant au sol, laissait deviner qu'il était lourd et la façon dont les mains de son frère s'étaient crispées autour de son corps, laissait peu de doute quant à la douleur provoquée par l'impacte.

Sans compter le gémissement qu'il n'avait pu retenir.

Leur père rit, jetant un bibelot qui explosa à leurs pieds.

Sentant quelque chose couler sur son front, Ten finit par relever les yeux, pour voir le visage de son frère.

Yoongi était encore plus pâle que d'habitude. Une traînée pourpre échappait à sa tempe, colorant sa paupière, le forçant à fermer un œil.

Son expression trahissait sa douleur et lorsque le plus jeune passa un doigt sur son front, il vit avec effroi que c'était bien le sang de son aîné qu'il avait senti.

Ça coulait de plus en plus, souillant la peau claire et fatiguée du brun, qui semblait à deux doigts de s'écrouler, comme si un poids énorme et invisible lui broyait les épaules et le dos.

Leur géniteur grogna à nouveau.

Yoongi comprit qu'il était à court de « munitions », heureux que les choses se passent comme il l'avait prévu, ou du moins, espéré.

- Quand je vais te lâcher, tu vas courir jusqu'à la chambre, sans te retourner et t'y enfermer. Souffla-t-il doucement, caressant la nuque du plus jeune.

Celui-ci écarquilla les yeux, prêt à protester, mais il l'en empêcha.

Remontant doucement ses mains jusqu'à son visage qu'il prit en coupe pour croiser son regard, il lui sourit doucement.

- Tu cours !

Leur père se leva, trébuchant presque sur le tapis et Ten obéit, courant le plus vite possible pour rejoindre l'étage, ignorant les cris et insultes de l'adulte, qui lui ordonnait de revenir.

Les yeux embués par les larmes, il glissa sur les premières marches, son front tapant contre le bois abîmé.

Se relevant péniblement, il ne put s'empêcher de tourner la tête, juste à temps pour voir son géniteur attraper Yoongi par les cheveux, pour le cogner contre l'armoire du salon.

Le brun ressemblait à une poupée de chiffon entre les mains de leur bourreau, dénué d'émotion, de volonté ou même de vie.

- Recule ! Grogna Jung Kook au blond.

Il ne s'était pas tourné vers lui, toujours concentré sur Ten, dont il venait à peine de récupérer l'attention.

Le roux le regardait l'air un peu perdu, ses yeux brillant des larmes qui n'allaient pas tarder à couler.

Namjoon s'était levé, mais n'avait pas bougé de près de son banc.

Bien que prêt à intervenir en cas de besoin et même si son regard ne quittait pas les deux frères et l'inconnu, il attendait, préférant laisser le plus jeune gérer la situation.

Il savait d'expérience que ça ne servait à rien de créer trop d'agitation inutile et que le brun était parfaitement apte à s'occuper de ce genre de problème.

Jung Kook sourit au roux dont il essuya les joues, s'assurant qu'il était bien de retour parmi eux, en le regardant droit dans les yeux tout le long.

Une main pressa fermement son épaule et il tira le bonnet de Ten jusqu'à son nez, pour lui obstruer la vue un instant, nouant leurs doigts juste après, pour le rassurer.

- Dégage !

Ce n'était presque qu'un murmure, mais il y avait assez de force pour que le blond sente les poils sur sa nuque se dresser.

Le regard jeté par l'adolescent lui glaça le sang et il sentit sa main perdre de son assurance, alors qu'il desserrait son emprise sur l'épaule du brun.

- Je ne le répéterai pas... Souffla ce dernier, sa voix encore plus froide et menaçante.

Le blond le lâcha soudain, poussé par son instinct de survie, qui lui répétait de s'éloigner le plus vite et loin possible.

Ça ne servait à rien de se lancer dans des combats perdus d'avance, surtout ceux qui seraient clairement douloureux pour lui.

L'adolescent donnait l'impression de pouvoir lui arracher les yeux sans le moindre remord et plus il plongeait dans son regard sombre, puis le blond était persuadé que ce n'était pas juste une « impression »

Alors il obéit, reculant de plusieurs pas, sentant honteusement ses jambes chanceler sous la peur.

Lorsqu'il le jugea assez loin, Jung Kook reporta son attention sur son frère, ne considérant apparemment pas, que le blond puisse être un réel danger.

Celui-ci bien que vexé, ne songea pas à essayer de lui prouver le contraire, préférant fuir pour de bon, cette lueur de folie qui brillait dans les yeux de l'adolescent.

Namjoon se détendit un peu en le voyant rejoindre rapidement ses amis, ramassant au passage sa balle sale et mouillée pour l'enfiler dans sa poche.

- Je veux rentrer... Souffla Ten lorsque son frère remonta son bonnet, lui permettant à nouveau de voir correctement.

Il avait l'air abattu, son sourire envolé avec les pigeons, lorsque la balle avait cogné contre le dos du brun.

- Ok... Répondit celui-ci en attrapant sa main gantée. Rentrons...