11. J'ai affreusement mal au cœur

※⁕※

Sous ma forme animale je m'assis en face de Stiles, levant ma patte puis la posant sur son genou pour attirer son attention. Evidemment sous forme de loup, je ne pouvais pas lui parler, pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Parce que je m'étais précipité comme un âne sans réfléchir !

Je grognai pour moi-même et pour qu'il me regarde mais il ne semblait pas m'avoir vu, son regard était fixé maladroitement sur une tache de ketchup sur son t-shirt. Je lui mis un petit coup de museau dans le genou pour le faire réagir lorsqu'il tourna enfin son regard vers moi.

- Oh 'tit minou ! T'es mignon toi, balbutia-t-il en me caressant la tête entre les deux oreilles comme si j'étais un chaton innocent.

Heureusement que je n'étais pas un loup sauvage, il aurait très bien pu finir en casse-croûte mais ce fait devait lui passer dix mille mètres au-dessus de la tête à cet instant vu le regard plus que vague qu'il me lançait.

J'avais l'impression qu'il était complètement bourré. Il fallait que je l'éloigne de cette fichue plante et tout en attrapant son pull entre mes crocs, je le vis s'y accrocher de toute ses forces en ouvrant de grands yeux ronds.

- Eh ! C'est à moi ça, n'y touche pas vilain 'tit minou !

Il n'avait jamais dû lire le Petit chaperon rouge parce que s'il regardait mes crocs avec curiosité, il ne semblait pas en avoir peur. Je grognai à nouveau pour le réveiller mais ça n'avait aucun effet. Il fallait que je me rende à l'évidence, sans la parole je n'avais aucune chance de le faire revenir à lui. Il fallait que je reprenne forme humaine et aussi ma nudité.

Je me changeai devant ses pupilles dilatés par les effets de la plante et m'agenouillai devant lui.

Il sursauta soudain, réalisant ce qu'il venait de se passer.

- Oh... Qu'est-ce que tu as fait du 'tit minou ? Tu ne l'as pas mangé j'espère ?

- Stiles, c'est moi, Derek. Tu m'entends ?

Ses yeux me faisaient vraiment peur, ils étaient incapables de se poser sur quoique ce soit plus d'une seconde, comme si Stiles ne les contrôlait plus.

- Je t'entends mais il est où le 'tit minou mignon ?

Je posai une main sur son genou et l'autre sur sa joue pour qu'il me regarde, si du moins c'était possible.

- Je ne l'ai pas mangé... Stiles écoute-moi, il faut qu'on parte d'ici. Je dois te ramener chez toi, ok ?

- Non, je veux rester là, j'ai une mission. J'attends quelqu'un.

Je soupirai, ma patience commençant gentiment à manquer. Je pris son pull, jetai les fleurs maudites au loin et tentai de lui remettre son vêtement parce qu'il commençait à trembler de froid. Il avait passé la tête dedans mais je galérai à mettre ses bras dans les manches.

- Qui a éteint cette putain de lumière ? C'est encore toi le gnome ?

Je stoppai mon geste et lui demandai de quel gnome il voulait bien parler.

- Le gnome de hier soir, il m'a tenu compagnie, on a même joué aux échecs ensemble ensuite ça a commencé à devenir flippant, râla Stiles qui s'énervait d'être coincé dans son pull.

Je sentis une odeur de panique et de peur émaner de tout son être, il paniquait vraiment et moi je me demandais qu'est-ce qui avait pu mal tourner hier soir.

Que s'était-il passé ?

Stiles s'agita plus encore en continuant de maudire ce fameux gnome.

- Sale gnome de merde, tu vas pas recommencer à m'attacher, je te jure que je t'égorge avec mes dents si je te retrouve ! Cria-t-il soudain en gesticulant dans tous les sens.

Pourquoi ce sale gnome l'avait-il attaché bon sang ?

- Stiles calme-toi, il n'y a aucun gnome ici, je te le jure. C'est moi Derek !

Je le pris dans mes bras pour qu'il se calme, sortant sa tête de la capuche dans laquelle elle était coincée. Je remarquai alors les traces ensanglantées d'un lien sur ses poignets, je serrai les dents en pensant à ce gnome de malheur. Je vérifiai ses chevilles et compris pourquoi il avait enlevé ses Converse montantes, ses chevilles étaient blessées elles aussi et devaient lui faire mal.

Je lui caressai les cheveux en murmurant son nom jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits et finalement au bout de quelques minutes, il s'éloigna de moi pour me regarder.

Enfin ses yeux m'observèrent avec plus d'attention qu'auparavant.

- Derek ? C'est bien toi ?

Je soupirai longuement, rassuré par ses paroles. J'avais enfin retrouvé son attention.

- Oui, je suis là, c'est fini.

Mais il n'en était rien, je me trompai. Stiles n'était pas encore revenu à la raison. Il me bouscula vivement et contourna la souche du Néméton, lorsque je compris où il allait. Derrière la souche, il y avait cette maudite plante qui avait encore grandit et dont les fleurs libéraient leur pollen hallucinogène, Stiles était complètement drogué.

Il s'agenouilla devant la plante et entreprit de la sortir de son pot, je m'approchai de lui et tout en attirant son attention sur moi, je vis, caché derrière un fourré et qui nous observait, une sorte de petit elfe des bois.

Je devais prendre une décision, j'avais deux choix ; soit attraper le gnome, car c'était certainement lui, ou empêcher Stiles de planter cette herbe maudite.

Je repris forme animale et arrachai la plante des mains de Stiles pour retomber sur le gnome en lui fracassant la tête par terre. Il bougeait encore et parlait surtout.

- Vas-y Stiles, replante le Néméton !

Stiles semblait horrifié, il regardait ses mains desquelles j'avais arraché la plante et tout en reniflant, fit constater au gnome qu'il ne restait plus rien.

- Il n'y a que cette fleur, regarde ! Pleura-t-il en lui montrant une petite boule blanche toute flétrie dans sa main.

Ma patte sur la gorge du gnome, je tentai de l'empêcher de parler mais cette saleté y parvint quand même et intima Stiles de planter cet ultime reste de plante dans un trou.

Je tranchai la gorge de cet être maléfique une bonne fois pour toute et me retournai pour constater avec horreur que Stiles avait réussit à planter le dernier vestige du végétal.

Une fumée noire sorti alors de terre, envahissant les alentours en moins de temps qu'il ne faut pour dire 'tit minou.

Je sautai sur mes quatre pattes lorsque la plante jailli d'un coup du sol en attrapant les poignets et les chevilles de Stiles pour le plaquer à terre. Ça n'allait pas recommencer !

Je bondi sur Stiles en mordant de toutes mes forces dans les tiges noires de la plante, faisant un bouclier de mon corps pour le protéger.

Ses yeux ambrés dans le bleu de ceux de mon loup, il m'avoua en reniflant :

- C'est comme ça que je vais finir, c'était mon destin Derek. Je suis le gardien des arbres, comme ma mère il y a des années. C'est pour elle que je le fais, pour honorer sa mémoire.

Il ferma les yeux, acceptant son sort sans même se battre mais je n'avais pas l'intention de le laisser faire sans bouger.

Je mordais les liens de Stiles avec toute ma rage et tout mon désespoir mais il semblait que rien ne pouvait les empêcher d'attirer Stiles sous terre. Je le voyais s'enfoncer centimètre par centimètre aussi calmement que s'il s'endormait dans son lit.

Au fond de moi l'ambiance était tout autre, mon cerveau tentait de résonner le plus vite possible. Je n'en étais pas à mon premier sauvetage avec Stiles et espérais que ce serait le dernier. A chaque fois j'avais trouvé comment le sortir de là, il n'y avait pas de raison que je n'y arrive pas cette fois-ci. Je devais me battre, pour nous.

Je devais aussi  lui parler et pour ça, il fallait que je retrouve forme humaine, ce que je fis sans attendre. Je me retrouvai les mains accrochées à son pull rouge, mes jambes de chaque côté de son corps qui ne cessait de disparaitre sous terre.

Je trouvai son regard et lui implorai de tout mon cœur :

- Ne fais pas ça Stiles, tu peux honorer la mémoire de ta mère de mille et une façons mais pas comme ça. Je t'en supplie reste avec moi Stiles.

- Je crois que c'est trop tard Derek, je ne sens déjà plus mes mains, ni mes pieds d'ailleurs et j'ai affreusement... mal au cœur.

Lorsque je posai mon regard sur ses mains toujours liées par la plante, je constatai qu'elles étaient bleues. Mon cœur se serra, tout comme le sien était entortillé par une tige noire dans sa cage thoracique ouverte. Je ne pouvais pas perdre Stiles comme ça, je ne pouvais pas le perdre tout court.

J'avais besoin de lui dans ma vie, il était celui qui me rendait le sourire lorsque j'étais triste, celui qui chassait mes mauvaises pensées rien qu'avec son rire. J'avais envie de partager encore un million d'années avec lui mais il ne me restait à peine une minute, deux tout au plus.

Je ne voyais plus que son visage dépasser de la terre, tout espoir m'ayant quitté, je lui avouai en pleurant toutes les larmes de mon corps :

- Stiles, je t'aime... je suis désolé...

Je fermai les yeux sur son regard ambré, mon cœur battant à tout rompre puis je senti soudain ses lèvres contre les miennes, chaudes et douces comme si un souvenir d'un autre temps m'envahissait puis je rouvris les yeux.

Je constatai, plus soulagé que jamais, que Stiles avait retrouvé son sourire et que ses mains et ses pieds n'étaient plus attachés à la plante mais à mon corps. Sa cage thoracique était refermée, comme s'il ne s'était rien passé. Il n'y avait plus aucune trace du cette maudite plante sur son corps.

Il me sourit puis murmura contre mes lèvres :

- Je t'aime encore plus.

Je me mis à rire nerveusement puis à pleurer, mes nerfs lâchant complètement.

- J'ai eu tellement peur pour toi, j'ai cru que j'allais faire un arrêt cardiaque.

- Pourtant je sens bien battre ton cœur contre mon torse, sourit-il en posant sa main au-dessus de mon palpitant entre nos deux corps.

Je l'embrassai à nouveau puis l'aidai à se relever en le serrant dans mes bras pour être bien certain qu'il ne soit pas un mirage, cette journée avait été assez bizarre comme ça, il fallait que je sois sûr.

- Merci Derek. Tu m'as sauvé la vie, encore une fois.

- Je te jure que si je dois le faire encore, je ferais certainement une véritable crise cardiaque. Et si on rentrait chez toi ?

Stiles acquiesça puis récupéra ses chaussures sur le chemin du retour, riant du fait que je me baladais à poils au milieu de la forêt.

- C'était pour te retrouver plus rapidement et ça à été efficace.

- Tu es le meilleur. Qu'est-ce que je ferais sans toi ?

- Je ne sais pas mais je sais ce que tu peux faire avec moi par contre !

Il leva un sourcil interrogateur mais je ne lui répondis pas tout de suite, je voulais le voir en sécurité chez lui et plus au milieu de cette maudite forêt.

Nous retrouvâmes ma voiture et mes vêtements puis la maison des Stilinskis qui était vide car le shérif travaillait toute la journée. Stiles m'emmena dans sa chambre et parti prendre une douche car il était recouvert de terre de la tête aux pieds.

En l'attendant, je découvris son bureau et le fameux jeu d'échec dont il m'avait parlé tout à l'heure puis quand je tournai la tête vers son lit, je remarquai les attaches au quatre coins, recouvertes de son sang. Un lien dans ma main, je humai la corde qui sentait cette odeur horrible de pourriture que dégageai la plante.

Stiles me surprit en débarquant derrière moi.

- J'imagine qu'on ne jouera pas tout de suite à s'attacher sur le lit, dit-il avec un petit sourire en coin qui se transforma en un sourire plus triste que la tristesse elle-même.

Je vins le prendre dans mes bras et lui murmurai que jamais je ne l'attacherai à quoi que ce soit, même pas pour s'amuser.

- Maintenant dis-moi qui t'as fait ça.

Il s'assit sur la chaise de son bureau en évitant de regarder en direction de son lit.

- Tu te répètes Derek. Tu me l'as déjà demandé avec la sorcière.

Je lui caressai la joue de mon pouce.

- Je sais mais je ne supporte pas qu'on te fasse du mal alors dis-moi sur qui je dois me venger.

Son visage se crispa puis il m'expliqua :

- Tu l'as déjà fait. Le gnome dans la forêt, c'était lui. Enfin, au départ il m'est apparu sous les traits de ma mère. Tu avais raison Derek, elle n'est jamais venue me voir en rêve, c'était lui.

- Je suis désolé Stiles.

- C'est moi qui suis désolé, je ne t'ai pas écouté et j'en ai fait qu'à ma tête.

- Raconte-moi ce qui s'est passé.

Stiles renifla, se leva en faisant craquer sa nuque et arracha un à un tous les liens couverts de sang qui étaient encore attachés à son lit et leur mis le feu dans la corbeille à papier de son bureau.

Il s'assit ensuite sur son lit et m'invita à le rejoindre.

Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, j'avais peur de ce qu'il allait m'avouer.

※⁕※

Hey !

Voilà  le 11ème chapitre...

Bientôt les révélations de Stiles sur ce qui s'est passé.

Des bisous (* ̄3 ̄)╭❤

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