Chapitre 63
2 mois et demi après le départ de Mélissa
Point de vue de Mélissa :
Je tourne les pages de mon énorme livre sans comprendre un seul mot. Je me mords doucement la lèvre et je place mes mains sur mon visage pour éviter de paniquer.
Je ne pensais pas, en arrivant ici, avoir autant de travail à faire. En toute sincérité, je pensais que j'allais me la couler douce mais ce n'est pas du tout ce qui est en train de se passer.
Les deux premiers mois sont passés à une vitesse folle et j'ai l'impression de ne pas avoir vraiment profité.
Les seuls jours un peu heureux que j'ai eu, ont eu lieu au début du semestre, lorsque je faisais la connaissance des autres étudiants internationaux.
J'ai été impressionnée par le nombre d'étudiants Français présents sur ce campus, j'avais l'impression de ne finalement pas avoir quitté mon pays d'origine.
Dans chaque couloir que je traversais ou bien dans chaque lieu commun de la résidence, j'entendais toujours quelqu'un qui parlait ma langue.
Mes amis, ma famille et Samuel ne m'ont d'ailleurs pas cru quand je leur ai dit que je ne parlais que français.
J'ai donc beaucoup sympathisé avec Pauline, Juliette et Gabriel avec qui je forme un petit groupe solide. Puis, nous avons rencontré Alma, une allemande absolument adorable et un italien, Mateo.
Ça a rendu le groupe un peu plus international, nous permettant de constamment parler anglais et ainsi faire des progrès.
Bien sûr, nous restons avec d'autres étudiants mais disons que ces cinq personnes sont mes repères et je dois avouer que je suis vraiment à l'aise avec eux.
J'entends ensuite frapper à ma porte de chambre et je me lève pour aller ouvrir.
« Mélissa, tu travailles encore ? » Me demande Stella, une de mes colocataires américaines.
« Oui mais je pense que je vais arrêter, je commence à être fatiguée. »
« Alors ça tombe bien parce qu'on va bientôt manger si tu veux. »
« Oh oui avec plaisir. J'arrive. » Je pars éteindre ma petite lumière de bureau.
« Tu as les yeux rouges. » Elle s'exclame une fois que nous sommes dans la cuisine.
« Oui, je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit pour finir mon devoir. »
« Tu vas bien Mélissa ? » Me demande Jasper, assise autour de la table haute au centre de la pièce.
« J'ai vraiment envie d'avoir un peu de vacances, je ne vais rien te cacher. » Je lâche un rire en sortant une casserole afin d'y faire réchauffer le plat de la veille.
« On est toute dans le même état d'esprit. » Elle soupire.
« Et vous, comment se passe votre dernière année ? »
Nous sommes quatre filles dans cette colocation et je dois dire que nous nous entendons plutôt bien.
Nous prenons souvent nos repas ensemble et organisons des petites soirées films pour nous détendre.
Je suis la seule étudiante internationale de l'appartement mais elles m'ont rapidement intégrée avec gentillesse.
Elles sont toutes les trois en dernière année et seront diplômées à la fin du semestre, elles sont donc très concentrées sur les devoirs à rendre également.
« C'est un peu dur mais bon on s'y attendait. » Jasper lance un regard à Stella qui acquiesce.
« J'imagine. » Je fais des ronds avec ma cuillère en bois pour remuer mon plat.
« Et toi Mélissa ? Tu t'en sors ? » Elle poursuit.
« Ça pourrait ailler mieux. » J'esquisse un sourire en me tournant vers elle. « Je ne comprends pas tout et le rythme est assez soutenu. Mais bon, je m'amuse quand même bien avec mes amis le week-end. »
« Tu verras, ça finira par être plus calme dans quelques semaines, c'est juste parce que c'est le début. » Stella ajoute.
« Hum, ça va faire deux mois quand même. »
« Et avec ton copain, vous tenez le coup ? »
« Écoute, on ne s'en sort pas trop mal. » Je verse mon plat dans une assiette pour me mettre face à elles et commencer à manger. « Il y a eu une courte période où on s'est un peu disputés, je vous en avais déjà parlé d'ailleurs, à cause de la distance, du décalage horaire et aussi un peu de jalousie mais maintenant ça va beaucoup mieux. »
« Il n'était pas supposé venir ? » Jasper me demande.
J'avale une première bouchée pour éviter de répondre tout de suite à cette question sensible.
« Si. » Je réponds difficilement. « Cette semaine d'ailleurs. »
« Il a eu un empêchement ? »
« Apparemment. » Je soupire sans les regarder. « Il m'a dit qu'il avait énormément de travail avec son mémoire et qu'il ne pouvait pas se permettre de faire tout le voyage. »
« Oh. » Elles lâchent. « Tu ne nous as rien dit. »
« J'en avais rapidement parlé à Mary. » Je réponds. « D'ailleurs, elle n'est pas là aujourd'hui ? »
« Elle a dormi chez son copain je crois, en tout cas je suis allée frapper à sa porte mais elle n'a pas répondu. » Stella répond.
« Ah, je vois. » Je ne peux pas m'empêcher de ressentir cette pointe de jalousie.
Son copain est sur le campus et elle peut le savoir absolument quand elle veut tandis que le mien vient d'annuler sa venue à la dernière minute.
J'essaye de ne pas lui en vouloir mais ce n'est pas facile parce que je comptais énormément sur sa visite.
Il m'avait promis qu'il viendrait me voir autant qu'il le pouvait et ça fait maintenant deux mois que je suis sur place et je n'ai aucune visibilité.
Alma, mon amie allemande a également un copain et comprend ma situation. C'est à elle que j'en parle le plus et nous tombons souvent d'accord.
Nous ne pensions pas que ça serait aussi dur d'être loin d'eux et nous nous disputons beaucoup plus souvent avec eux sur des sujets complètement stupides.
Avec Samuel, il y a eu une période où j'ai réellement pensé qu'on allait faire une pause. J'avais du mal à supporter de le voir faire la fête, entouré d'autres filles sur les réseaux sociaux parce que je ne pouvais pas clairement savoir ce qu'il se passait.
Chloé et les filles ont essayé de me rassurer, me disant qu'il ne se passait rien mais j'ai eu du mal à passer au-dessus.
J'avais la sensation que je ne lui manquais pas, que toutes les craintes qu'il avait pu avoir avant mon départ n'étaient finalement pas fondées étant donné que c'est moi qui étais plus en insécurité que lui.
Il m'a fait une ou deux crises de jalousie mais rien de bien méchant alors que moi, je ne me suis presque pas reconnue.
Je devenais insupportable et sous l'effet de la colère il me répondait des choses qu'il ne pensait pas forcément.
Nous avons alors arrêté de nous parler pendant deux longues semaines pour pouvoir respirer et j'ai finis par faire le premier pas et à lui demander pardon.
Depuis, je suis plus sereine parce qu'il a su me rassurer comme il le fallait et surtout je savais qu'il était sur le point de venir.
Maintenant, ce n'est plus le cas.
Il ne viendra pas et je me retrouve encore à attendre. J'aurai préféré qu'il soit sincère avec moi et qu'il me dise que les six prochains mois seront difficiles pour lui de voyager.
« Il t'a dit quand est-ce qu'il revenait ? » Jasper me sort de mes pensées.
« Non. » Je réponds brièvement. « Et je ne lui ai pas demandé. » Je continue de manger.
Stella pose doucement sa main sur la mienne et me sourit.
« Ça va finir par aller mieux, tu verras. »
J'adore Stella, vraiment mais là, j'aurai préféré qu'elle se taise.
Je n'ai pas du tout envie d'entendre ces phrases bateaux qu'on dit seulement parce qu'on ne sait pas quoi répondre.
« Ouais. » Je force un sourire avant de finir rapidement mon assiette.
« Si tu veux, on va faire un peu shopping en fin d'après-midi pour se vider l'esprit, tu veux venir avec nous ? » Jasper me sourit avant de croquer dans son sandwich typiquement américain.
« C'est gentil mais j'ai déjà un truc de prévu avec mes amis. » Je souris plus sincèrement.
« Oh, pas de problème, tiens-nous au courant si tu changes d'avis. »
« Merci. » Je place mes couverts et assiette dans le lave-vaisselle et je décide de prendre mon dessert dans ma chambre avant de me préparer pour sortir.
Vers seize heures, je reçois un message de Gabriel me disant qu'il m'attend en bas.
Je saisis alors mon sac et je regarde l'écran pour voir si Samuel ne m'a pas répondu mais toujours rien.
Je n'y prête pas attention et je quitte ma chambre tout en prenant le soin de bien prendre mes clés.
« Ca va ma petite Mél ? » Il me sourit avant de passer son bras autour de mes épaules.
« Et toi mon Gabriel ? » Je retrouve mon sourire.
« Très bien. J'ai hâte d'aller voir ce magnifique couché du soleil qui nous attend. »
« Moi aussi. » Je commence enfin à oublier tous mes tracas.
« Les autres nous attendent devant l'entrée. »
« Ils auraient pu nous dire qu'ils étaient prêts. »
« C'est exactement ce que je leur ai dit. » il s'exclame en s'amusant.
Je ris et nous sortons de la résidence pour retrouver nos amis.
Je les salue tous en les prenant dans mes bras et nous finissons par monter dans la voiture de Mateo, qu'il a loué pour le semestre.
C'est une sorte de 4X4 blanc assez haut mais surtout très joli.
C'est un véritable plaisir de se faire conduire par lui et de monter dans sa voiture.
« Alors, j'ai entendu que vous étiez sorties hier. » Je lance à Mateo, Pauline et Juliette avec un petit regard.
Mateo me sourit dans son rétroviseur et je me tourne vers les filles.
« On ne savait pas quoi faire hier, on discutait de nos vies sentimentales désastreuses et puis David nous a envoyé un message pour nous dire qu'il organisait une soirée dans son appartement alors nous y sommes allés. » Pauline rougit.
« Et tu as réussi à enfin avoir ton moment avec lui ? » Je la fixe.
« Elle a tellement bu qu'il s'est foutu de sa gueule. » Se moque Juliette.
« Moi je le trouve bizarre ce type. » Ajoute Alma. « Il t'embrasse au tout début du semestre et te fait littéralement du rentre dedans pour ensuite te faire poireauter. »
« Ouais je sais mais je ne peux pas m'en empêcher, il m'attire vraiment. »
Mateo et Gabriel se lancent un regard à l'avant et je sens qu'ils se moquent de Pauline.
« Tu ferais mieux de rester discret toi. » Pauline lance à Mateo.
« Qu'est-ce que j'ai fait ? » Il joue l'innocent.
« Tu avais bien les boules quand tu as vu Leila embrasser un bel inconnu. »
Mateo perd son sourire mais essaye de garder la face.
Je réalise qu'il s'est passé plus de choses en une soirée que depuis tout le début du semestre.
« Quoi ? » S'étonne Gabriel. « C'est quoi cette histoire ? »
Mateo a eu le coup de foudre pour une espagnole, Leila, qui malheureusement pour lui, ne recherche rien de sérieux pour ce semestre, comme la majorité des étudiants internationaux d'ailleurs et c'est aussi le cas de David, le garçon qu'adore Pauline.
« Rien, elle m'a énervé. » Il hausse les épaules. « Elle ne doit pas être faite pour moi. »
« Tu dis ça mais on sait très bien que dès que tu la reverras, tu auras des cœurs dans les yeux. » Soupire Juliette.
« Oui peut-être mais pour l'instant je suis énervé contre elle. » Il essaye de se défendre comme il peut.
« Moi je pense qu'il faudrait que tu tentes réellement ta chance. » J'ajoute. « Tu n'as absolument rien à perdre. Tu lui montres que tu l'aimes bien mais tu ne lui as jamais dit officiellement, peut-être qu'elle changera d'avis. » J'hausse les épaules.
Il grimace avant de répondre.
« Ouais, non, je ne pense pas faire ça. »
« Mais pourquoi ? » Je m'avance en plaçant ma main sur son siège.
« Parce que ça ne me fait peur, je n'ai pas envie qu'elle me dise en pleine face que je ne lui plais pas. »
« Mais tu n'en sais rien. » Ajoute Pauline. « Moi je pense qu'au contraire, elle t'aime bien. »
« En embrassant un autre type sous mes yeux ? Ouais effectivement, c'est une magnifique preuve d'amour. » Il ironise et aucun de nous ne souhaite répondre.
« Va voir d'autres filles aussi alors. Profite de ton semestre sans prise de tête. Regarde, Mél, elle s'est prise la tête pendant un mois à cause de son copain alors que toi, tu as la chance de faire ce que tu veux. » Gabriel lui lance et je le foudroie du regard dans son dos.
« Sa situation et la mienne ne sont pas comparables. » Je dis en serrant la mâchoire.
« Ouais mais franchement, ta situation n'était pas enviable. »
« Je n'étais pas moi-même. » Je réponds. « J'ai eu un moment de panique. »
Il lance une nouvelle fois un regard à Mateo et cette fois-ci je m'enfonce dans mon siège sans répondre.
« Je peux la comprendre. » Alma hausse les épaules.
« Normal. » Juliette lâche un rire. « Tu es exactement dans la même galère. »
« Nous sommes tout simplement amoureuses et nos copains nous manquent. Ils sont loin de nous alors c'est normal qu'on se monte un peu la tête. Et puis Mélissa m'a montré les vidéos qui ont été posté sur les réseaux sociaux et franchement, j'aurai réagi de la même manière. »
« Oui ça c'est vrai. » Ajoute Pauline et je me sens plus rassurée.
« Merci. » Je réponds.
« Il vient quand alors ? » Mateo me demande.
« Sujet sensible. » Je réponds rapidement. « Concentre-toi sur ta route plutôt. »
Il lâche un rire et nous continuons notre chemin vers la baie de Boston, où nous pourrons admirer ce magnifique couché de soleil.
Mateo se gare sur un bout de route un peu sablonneux et nous sortons tous de la voiture.
Pauline, Juliette et Gabriel se placent devant la rambarde tandis que Mateo m'aide à monter sur le toit de sa voiture avant de me rejoindre avec Alma.
« Quoi ? Mais c'est quoi cette arnaque ? » S'offusque Gabriel. « Moi aussi je veux monter. »
« Non. » Répond Mateo. « Toutes les places ont été prises, je n'ai pas envie d'abimer ma voiture. »
Je souris alors victorieusement avant de sortir mon téléphone pour commencer à filmer pour l'envoyer aux filles.
C'est devenu une habitude mais depuis mon départ, nous nous envoyons tous les jours des photos et vidéos de notre quotidien sur notre petit groupe.
Ça nous permet de rester proche l'une de l'autre.
Je m'installe ensuite un peu plus confortablement et nous admirons le soleil qui descend pour venir toucher la barre horizontale de l'océan.
Plus un bruit ne se fait entendre et aucun de nous ne souhaite dire un mot.
Nous sommes simplement hypnotisés par ce spectacle que nous offre la nature. J'essaye de l'immortaliser à plusieurs reprises mais ça ne rend pas aussi beau que la réalité.
J'aurai aimé de tout cœur que Samuel soit à mes côtés pour admirer cette vue mais malheureusement, ça doit se passer autrement.
« C'était superbe. » Gabriel est le premier à parler.
« Vraiment. » Je réponds. « Merci de nous avoir emmener ici Mateo. » Je me tourne vers lui une fois que le soleil n'est plus visible.
« C'était avec plaisir. » Il descend du toit de sa voiture et tend ses bras pour m'aider à descendre.
« Moi, ça m'a donné faim. » Juliette pose sa main sur son ventre.
« Il est à peine dix-huit heures. » Pauline roule des yeux.
« Il n'y a pas d'heure pour manger. » Elle répond.
« Moi c'est le devoir qui m'appelle, j'ai encore tellement de chose à rendre. » Je soupire.
« C'est pareil pour moi. » Alma ajoute.
« Si vous voulez, je vous ramène pendant que vous restez ici vous trouver un truc à manger. » Mateo propose.
« Ça marche. On fait comme ça. » Gabriel répond.
Nous remontons alors tous dans la voiture et Mateo dépose nos trois français au centre de la ville avant de nous ramener à la résidence.
« Merci encore. » Je regarde Mateo. « On devrait faire ça plus souvent. »
« Ouais je suis d'accord. » Il sourit. « Si vous voulez, on se fait un petit truc ce soir ? »
« Avec plaisir. » Alma sautille. « On peut se faire soirée pizza ? »
« Ils vont déjà manger, je crois. » Mateo répond.
« Et bien nous on mange pizza et eux choisissent le film. » Je propose.
« Aller, ça marche, on fait ça. » Il tend sa main que je tape. « On travaille avec efficacité et puis on se retrouve dans deux heures chez moi ? »
« Super ! » Je souris.
« Je commande les pizzas alors. Vous voulez quelle saveur ? »
« Quatre fromages. » Je réponds sans hésiter.
« Peppéroni pour moi. » Mateo lance.
« C'est noté. » Alma se dirige vers son immeuble.
« Merci ! » Je souris avant de me diriger vers le mien et de monter dans mon appartement.
Je sors mes clés de mon sac et quand j'ouvre j'ai un mouvement de surprise quand je vois mes trois colocataires assises autour de la table de la cuisine.
« Tu es rentrée ? » Je lance à Mary.
« Oui depuis longtemps. »
« Ah, super. Tu as passé une bonne journée ? »
« Oui et toi ? »
« Ouais, on a vu une super beau couché de soleil, c'était comme dans les films et pourtant nous ne sommes pas en Californie. » Je ris. « Et vous ? Vous êtes déjà rentrées de votre virée shopping ? »
« On n'a rien trouvé de beau. » Stella grimace.
« Oh dommage. » Je réponds. « Mais bon, les soldes arrivent et cette fois-ci je viendrai avec vous. »
« Avec plaisir. »
Je m'installe ensuite avec elles et nous continuons de discuter de notre journée.
« Oh purée, Mél, j'ai complètement oublié de te rendre ton pull la dernière fois, tu peux le prendre dans ma chambre si tu veux. » Mary me regarde soudainement.
« Quel pull ? »
« Tu sais, celui que tu m'as prêté pour le match de basket. »
« Je ne t'ai jamais prêté de pull. »
« Ah si, je m'en souviens comme si c'était hier. »
« Ah bon ? » Je fronce les sourcils.
« Qu'importe, tu peux aller le récupérer dans ma chambre. »
« Non mais ne t'inquiète pas, tu me le donneras plus tard, ce n'est pas urgent. »
« Non mais vas-y. » Elle insiste et c'est à mon tour de la fixer.
« Vas-y Mélissa. » Me lance doucement Stella. « Je suis certaine que tu y tiens à ce pull. »
Je regarde alors Stella et je finis par me lever doucement essayant de comprendre ce qu'il se passe.
« Je ne sais même pas de quel pull vous parlez. » Je réponds en m'avançant dans le petit couloir.
« Tu vas vite le reconnaître. » Me dit Jasper.
J'ouvre alors la porte de la chambre de Mary et au moment où je vais pour me diriger vers son petit placard, je sens une présence autour de moi.
« Mél. » J'entends derrière moi et j'ai la sensation que mon cœur s'arrête dans la seconde.
Je pourrais reconnaitre cette voix parmi mille.
Je ne me retourne pas tout de suite pour essayer d'analyser ce son et je sens ma respiration s'accélérer.
Je finis alors par tourner les talons au bout de longues secondes et sans y croire, j'aperçois Samuel se tenir devant moi.
Je suis dans l'incapacité la plus totale de prononcer le moindre mot, c'est comme si rien n'était réel.
« Je suis venu finalement. » Il sourit. « Je n'avais jamais annulé mon avion, en réalité. » Il avoue. « Je l'ai seulement un peu décalé. Je sais j'aurai dû t'en parler mais je voulais marquer le coup. »
Je ne réponds toujours rien et je ne cesse de le regarder.
« Tout va bien ? » Il finit par demander en effaçant son expression amusée.
« Qu'est... » Je commence et il retrouve son sourire, voyant que l'effet de surprise a été réussi.
Il s'approche ensuite de moi et il ouvre doucement ses bras pour me serrer contre lui et à ce moment-là que je réalise que tout ceci n'est pas un rêve.
Je ne réagis pas tout de suite mais je finis par entourer mes bras autour de lui et à poser sa tête contre son torse.
Il me regarde ensuite et passe doucement sa main sur mon visage.
« C'est bien toi ? » Je demande.
« Oui. » Il rigole. « Je suis bien là. »
« Tu sais que je peux pleurer là ? »
« Oui mais non, on va éviter. »
Je le regarde de nouveau puis j'enroule mes bras autour de son cou avant de poser ma tête sur son épaule en me mettant sur la pointe des pieds.
« Je ne m'y attendais pas du tout. » Je dis doucement.
« C'était le but. »
« Tu sais que j'ai été extrêmement triste quand tu m'as dit que tu ne venais pas. » Je me place face à lui.
« Je sais et je m'en suis voulu. »
Je passe doucement ma main contre son visage qui m'a tant manqué.
« Maintenant j'aimerai que tu m'embrasses. » Il poursuit.
Je souris et j'approche doucement son visage du mien pour venir l'embrasser.
Il place sa main dans mon dos et je dois avouer que sentir ses lèvres contre les miennes me fait un bien fou. Je place ensuite mes mains dans ses cheveux pour l'attirer un peu plus vers moi et je le laisse continuer à prendre possession de mes lèvres qui ne demandaient que ça.
J'avais presque oublié la sensation que c'était et j'avais surtout peur de ne plus jamais la retrouver.
Il passe doucement une main sous mon top sans quitter mes lèvres mais je la saisis.
« Nous ne sommes pas dans ma chambre et mes colocs sont certainement en train de se demander ce qu'il se passe. »
« Elles sont au courant. »
« Quoi ? »
« Enfin Mél, tu ne penses tout de même pas que j'ai atterris ici par pure magie ? » Il rit. « Il a d'abord fallu que je rentre dans la résidence puis que je trouve ton bâtiment et enfin ton étage et ton appartement. Je les avais contactés avant de venir. »
« Mais comment tu les as trouvés ? »
« Tu crois que je ne t'écoute pas quand tu parles ou quoi ? » Il sourit. « Quand tu passes des heures entières à me raconter toutes les histoires de cette résidence en me citant une centaine de prénoms, je suis concentré pour tout comprendre. »
« Quoi ? » Je lâche un rire. « Tu écoutes vraiment ? »
« Évidemment. » Je le sens surpris.
« Je pensais que tu t'en fichais, que ça ne t'importait pas. » Je lâche avec sincérité. « Que tu pensais à autre chose. »
« Quoi ? » Il reprend son sérieux. « Mél. » Il fronce les sourcils.
« Alors ? » Nous sommes interrompus par mes trois colocataires. « Comment se passe vos retrouvailles ? » Mary s'exclame.
« Vraiment les filles c'est super, merci beaucoup. » Je me redresse.
« C'est lui qui a tout prévu. » Jasper regarde Samuel. « Et merci de nous avoir caché à quel point il était mignon. » Elle rit.
Je sens que je rougis et Samuel me lance un regard.
« Pourquoi vous ne m'aviez rien dit ? »
« Tu es bête ou quoi ? Une surprise Mélissa, c'est une surprise. Nous n'allions pas tout gâcher. » Stella répond.
« Et franchement, ça n'a pas été facile surtout quand on t'a vu sortir avec ta tête déconfite après qu'il t'ait annoncé qu'il ne venait pas. » Mary ajoute.
« C'est vrai que je n'étais pas bien. » J'avoue en me tournant vers Samuel.
« En tout cas, nous sommes ravies que vous vous soyez enfin retrouvés. » Jasper frappe dans ses mains. « Vous êtes vraiment mignons. »
« Merci. » Je m'avance pour les prendre dans mes bras.
« Et effectivement Mél, tu ne m'avais pas prêté de pull. » Rigole Mary.
« Je suis rassurée parce que j'ai sincèrement pensé que j'étais folle. » Je réponds.
« Alors qu'est-ce que vous avez prévu ? » Demande Jasper.
« Je devais aller dîner avec mes amis mais je crois que les plans ont changé. » Je réponds.
« Effectivement, d'ailleurs ça serait génial que tu te changes parce qu'on va bientôt y aller. »
« Où ça ? »
« Je nous ai réservé une petite table dans un restaurant. » Il sourit.
Je me redirige vers lui en souriant.
« Merci mon amour. »
Il m'embrasse alors rapidement sous le regard amusé des trois filles.
« Vous avez pu faire connaissance ? »
« Oui, en t'attendant. » Jasper répond.
« Je n'en reviens toujours pas. » Je ris.
« Aller, va te changer. » Me presse Samuel.
« D'accord, d'accord. » Je file dans ma chambre et c'est au moment où je me retrouve seule que j'explose de joie.
Je sautille dans tous les sens et je fonce vers mon armoire pour trouver une plus jolie tenue.
Je me place ensuite devant mon miroir et je me maquille sans quitter le sourire qu'il y a sur mon visage.
« Je peux entrer ? » J'entends derrière la porte.
« Bien sûr. »
Samuel entre alors dans la chambre et observe chaque recoin.
« Ça paraissait plus grand en vidéo. » Il pose enfin son regard sur moi.
« Je suis d'accord mais bon, je suis bien ici. »
« Ça se voit. » Il s'approche. « Tu es très belle en tout cas. »
« Merci, toi aussi. »
« Je sors de huit heures d'avion et six heures de décalage horaire mais merci. » Il rit.
Il s'approche ensuite et vient se placer derrière moi pendant que je me maquille les yeux et caresse doucement mon cou avant de descendre ses doigts vers mes épaules.
J'essaye de ne pas être déstabilisée même si je sens mon cœur s'emballer rien qu'à son touché.
Ne pas l'avoir vu pendant deux mois me donne l'impression d'être beaucoup plus sensible.
Il déplace ensuite mes cheveux sur le côté et il me regarde rapidement dans le miroir avant de déposer doucement ses lèvres contre ma peau.
J'ai la sensation de revivre, de combler ce vide qui ne cessait d'augmenter jour après jour.
Je le regarde faire à travers le miroir, ce qui déculpe totalement mes émotions.
Une de ses mains relève légèrement mon top blanc pour venir délicatement caresser ma peau.
Je lâche alors un léger soupire sans pour autant fermer les yeux, fascinée par ses mouvements.
Il descend ensuite lentement au niveau de la taille de mon pantalon cigarette et vient le déboutonner.
« Tu m'as tellement manqué. » Il chuchote doucement près de mon oreille me faisant presque tomber en arrière. « Je n'arrive pas à croire que tu es là. » Il sourit doucement. « Près de moi. »
Les mots restent bloqués dans ma gorge et il sourit en voyant l'effet qu'il me fait simplement en me touchant du bout des doigts.
Je le sens ensuite descendre la fermeture de mon pantalon et le baisser légèrement avant de reposer ses lèvres contre mon cou.
Mon cœur bat alors à une vitesse folle et je lâche un gémissant au moment où sa main entre en contact avec mon point sensible.
« Ça aussi ça t'avait manqué non ? » Il poursuit en me regardant.
« Beaucoup. » Je réussis à dire.
Il me caresse alors doucement pendant que son bras entoure ma taille.
Je finis par me retourner pour être face à lui et son expression un peu malicieuse m'envoute totalement.
Sans rien dire de plus, je l'embrasse avec un peu plus de passion que tout à l'heure.
« Tu as fermé la porte ? » Je demande en reprenant mon souffle.
« Oui ne t'inquiète pas. » Il repose ses lèvres sur les miennes.
« À clés ? » Je redemande.
« À clés. » Il confirme et en une fraction de seconde il m'emmène pour me déposer sur le lit.
« Je suis tellement contente que tu sois là. » Je poursuis pendant qu'il me déshabille.
« Moi aussi Mél, ça commençait à devenir long. »
« Oui. » Je dis dans un souffle avant de l'embrasser une nouvelle fois.
Il m'embrasse ensuite un peu partout avant que nous nous retrouvions complètement. J'essaye tant bien que mal de rester silencieuse pour éviter les questionnements de mes colocataires mais avec le plaisir que me donne Samuel, c'est assez compliqué.
« Je me demande sérieusement comment j'ai fait pour tenir aussi longtemps. » Il lâche dans un souffle. « Sans te voir. »
« Moi aussi, je n'ai cessé de penser à toi. »
Sentir sa peau contre la mienne, pouvoir le toucher comme bon me semble, l'embrasser, sentir son souffle contre ma peau, ce sont tellement de choses que je me suis imaginée et que j'ai rêvé.
C'est en étant ici que j'ai réalisé que j'avais tendance à prendre pour acquis ce qui m'entourait et Samuel en fait partie.
Je place ensuite ma main devant ma bouche au moment où je sens mes jambes trembler et mon corps perdre le contrôle.
Samuel place sa tête dans le creux de mon cou et après avoir lâché un profond gémissement, il ralentit ses mouvements.
Nos regards se croisent et nous restons quelques secondes à nous regarder, comme pour prolonger un peu ce moment.
Il déplace doucement une mèche de mes cheveux et avance son visage pour déposer un baiser sur mes lèvres.
Il s'allonge ensuite à mes côtés et je me tourne vers lui.
« C'était super. » Je souris.
« J'aurai préféré attendre un peu mais je n'ai pas pu résister. »
« Si tu n'avais pas fait le premier pas je l'aurais fait. » Je lâche un rire avant de me redresser en prenant soin de placer le haut de la couverture sur ma poitrine.
Je tourne la tête vers lui et il passe doucement sa main contre mon dos, me donnant la chair de poule. Il finit par descendre sa main sur mon poignet et touche délicatement la fine chaine qu'il m'a offerte avant mon départ.
« Il te va très bien. »
« Il ne m'a surtout jamais quitté. » Je souris.
« Vraiment ? »
« Oui, même quand j'étais énervée contre toi. » J'ironise.
« Ah oui, carrément. » Il fait mine d'être surpris.
« Plus sérieusement, il est vraiment magnifique, c'est l'un des plus beaux cadeaux qu'on ne m'ait jamais fait. »
Il se redresse à son tour et vient déposer ses lèvres contre mon épaule.
« C'est parce que je suis très fier de toi. »
Je souris et je pose mon regard sur la petite chaine.
« Tu as réservé pour quelle heure ? » Je demande doucement en la faisant tourner autour de mon poignet.
« Vingt heure. » Il répond.
« Je vais me préparer une nouvelle fois, il y a pas mal de circulation ici et ça serait dommage qu'on arrive en retard. »
« Ça marche. » Il hoche la tête et je récupère mais affaires au sol.
Je change simplement de sous-vêtement mais sinon, je m'habille exactement de la même façon. Je suis simplement obligée de refaire une retouche maquillage.
Je saisis ensuite mon téléphone pendant que Samuel se prépare pour prévenir mes amis que je ne pourrai pas venir ce soir après leur avoir raconté l'incroyable surprise que je viens de vivre. Ils comprennent rapidement et me proposent de passer en fin de soirée pour que je puisse leur présenter mon fameux copain.
Je réponds positivement et je sors de la petite salle de bain.
« D'ailleurs, tu as des affaires ? »
« Oui, elles sont à l'hôtel. »
« À l'hôtel ? » Je plisse les yeux. « Tu ne dors pas ici ? » J'essaye de ne pas montrer ma déception.
« Non. » Il hausse les épaules. « Et toi non plus d'ailleurs. »
« Pardon ? »
« J'ai pensé que ça serait mieux si on retrouvait tous les deux, même si ta résidence semble vraiment sympa et que ta chambre est plutôt confortable, je me suis dit que tu préférerais sortir un peu de cette bulle. »
« Oh. » Je ne cache pas ma surprise.
« Ça ne te fait pas plaisir ? »
« Si si c'est juste... » Je prends quelques secondes pour réfléchir. « J'ai énormément de travail en ce moment et je ne peux pas me permettre de louper des cours jusqu'à ce que tu t'en ailles. » Je m'installe sur le bout de mon lit.
« Tu es sérieuse ? » Il me fixe et son expression change.
« Non ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. » Je me redresse rapidement pour me mettre en face de lui, réalisant que je dis tout simplement n'importe quoi. « Je me débrouillerai ce n'est pas un souci. Tu n'es pas là tous les jours, ici, avec moi, alors il faut que j'en profite. »
« Non mais Mél, je ne vais te demander de sécher les cours pour moi mais seulement de libérer un peu plus de temps. Je pars dans une semaine tout pile et ça risque de me décevoir si on ne se voit pas. »
« Tu as raison et tu as bien fait de prendre un hôtel, je vais trouver des solutions. » Je dépose un baiser sur sa joue avant de saisir mon sac.
« Ça me rassure. »
Je lui jette un petit regard, ravie d'éviter une scène de querelle alors qu'il vient d'arriver.
C'est moi qui suis bête. Samuel fait le déplacement et la seule chose que je trouve à faire c'est m'inquiéter pour des cours que je validerai sans difficultés étant donné que je ne suis pas une étudiante régulière du campus.
Et puis, je dois avouer que les professeurs sont très compréhensifs, je leur dirai que de la famille est venue et que je n'ai pas consacré tout mon temps à faire leurs devoirs et ça passera comme une lettre à la poste.
Nous sortons ensuite de la chambre où nous retrouvons mes colocataires assises sur les canapés.
« Alors ? Vous êtes prêts ? » Me lance Jasper.
« Oui, j'ai hâte de découvrir ce qu'il me réserve. »
« Tu es très jolie en tout cas, les talons te vont très bien. » Mary ajoute.
« Merci. » Je souris. « Et merci encore d'avoir participé à sa venue, ça me touche beaucoup. »
« Oh tu sais, on n'a pas fait grand-chose à part lui donner l'adresse et lui ouvrir. » Mary lâche un rire.
« C'est déjà ça. » Je souris. « On va vous laisser. Bonne soirée. » Je fais un signe de main.
« Bonne soirée et profitez bien. »
« Merci. » Répond Samuel et nous quittons la résidence pour monter dans le taxi que Samuel avait commandé.
« On reviendra ici ce soir. » Je lance.
« Ah bon ? Et pourquoi ? »
« J'aimerai que tu rencontres mes amis d'ici. Ils font une petite soirée et ça me ferait vraiment qu'on y fasse un tour. »
« Oh, oui, bien sûr, avec plaisir. »
Je souris et je lui saisis doucement la main que je ne lâche pas du trajet.
Nous arrivons ensuite au restaurant et un serveur nous accompagne jusqu'à notre table.
« C'est très chic. » Je dis une fois que je suis confortablement installée.
« C'est vrai ? Ça te plait ? »
« Oui beaucoup. » Je regarde autour de moi en écoutant la musique douce en fond.
Le serveur revient avec les cartes et nous les dépose ouvertes, sous nos yeux.
« On fait comme d'habitude ? » Il me lance un regard.
« Évidemment. » Je fais un clin d'œil.
Nous commençons alors nos choix et nous hésitons entre plusieurs plats qui nous font envie.
Lorsque le serveur revient, Samuel annonce notre commande et demande à ce que les plats soient posés au milieu, accompagnés de deux assiettes pour qu'on puisse tout partager.
« Je n'arrive toujours pas à croire, que tu es là, en face de moi. » Je souris.
« Moi non plus. » Il lâche un rire.
« Si tu savais dans quel état j'ai été quand tu m'as annoncé que tu ne venais pas... » Je lâche dans un souffle en sentant mon cœur se soulever rien qu'en y repensant.
« Je sais... » Il pose doucement sa main sur la mienne. « Et je suis vraiment désolée, je suis conscient que je n'ai pas été parfait ces dernières semaines. »
« Ce n'est pas grave, le principal c'est que tu sois là. » Je place ma serviette sur les genoux.
« Non mais sérieusement Mél. » Il insiste et je relève la tête.
« Je n'ai pas été très sympathique non plus. » Je me racle la gorge. « Je t'en ai fait voir des vertes et des pas mures. » Je repose ma main sur la table.
« C'est vrai aussi. » Il admet. « Mais maintenant on sait comment faire, les prochains mois seront plus simples. » Il esquisse un sourire pendant que le serveur ramène les entrées.
« J'espère oui. » Je me sers la moitié du premier plat dans mon assiette puis la moitié du deuxième. « C'est juste que... » Je commence avant de m'arrêter et Samuel reporte son attention sur moi. « Non laisse tomber. »
« Quoi ? Parle-moi Mél. » Il dit doucement.
« Je n'ai pas envie de gâcher ce bon moment. »
« Tu ne le gâcheras pas, je pense justement qu'on a eu un problème de communication et c'est ça qui nous a éloigné. »
Je ne réponds pas tout de suite et je prends une première bouchée que je trouve absolument délicieuse.
Samuel a réellement un don pour choisir les restaurants.
« Tu vois, ce qui m'a vraiment fait du mal ce n'est pas vraiment d'avoir été loin de toi, c'est d'avoir vu des choses sans connaître le contexte. » Je sens qu'il est attentif à ce que je dis. « J'étais loin, je ne connaissais pas encore tout le monde, je me sentais seule et dès que j'ouvrai les applications je te voyais entouré de filles, qui ne devaient pas être méchantes, mais qui étaient quand même trop proches de toi et tu avais surtout l'air de t'amuser. » Je sens ma gorge se serrer. « Et c'est ça qui m'a fait mal. C'est la succession de photos, vidéos où je n'avais pas l'impression de te reconnaitre, ni l'impression que tu pensais à moi, comme si tu m'avais oublié. »
« Mél... »
« Non mais je sais que je me suis fait des films, c'est simplement le contexte, ou le fait qu'il n'y ait justement pas de contexte, qui m'a fait péter un câble, disons-le clairement. » Je bois une gorgée de vin. « Je ne me suis pas contrôlée et encore moins raisonnée. »
« Je sais et je comprends ce que tu as pu ressentir, je n'ai pas été très intelligent non plus. » Je ne réponds rien, soulagée par ses propos. « C'est vrai que de mon côté, je n'avais absolument pas la possibilité de voir où tu étais, ni avec qui, même si tu es libre de faire absolument ce que tu veux, ça m'aurait aussi beaucoup agacé de voir des types se coller à toi. »
« Ça n'est pas arrivé, rassure-toi. » Je lâche un petit sourire.
« Je l'aurai appris d'une manière ou d'une autre de tout façon mais ce que je veux dire, c'est qu'on a mal communiqué et surtout on était à fleur de peau. »
« Je pense oui. »
« Parce que je te jure Mél que je ne t'ai pas oublié une seule seconde, tu étais constamment là sans être là. Les vidéos que tu as vus n'étaient pas agréables et je le comprends parfaitement. Il ne sait rien passé avec ces filles là et il n'était d'ailleurs pas question qu'il se passe quelque chose. J'avais simplement un peu bu et j'essayais d'oublier le fait que tu n'étais plus là. » Il lâche un soupire. « Tu le sais que jamais je ne pourrais te faire une chose pareille, non ? » Il me reprend la main en me regardant.
« Oui je le sais mais t'avoir loin de moi m'a un peu déboussolée. »
« J'imagine oui, j'ai eu le même effet. »
Je souris doucement, contente qu'on se parle enfin, l'un en face de l'autre et non pas derrière un écran.
« Mais maintenant ça va mieux. » J'espère le rassurer. « J'ai pris un bon rythme et je sais que les prochains mois seront meilleurs que les premiers. » Je finis mon assiette.
« Je suis d'accord. » Il me regarde quelques secondes avant de finir lui aussi son assiette. « À ce propos Mél. »
« Oui. »
« Tu penses sincèrement que je ne t'écoute pas ? »
« Comment ça ? » J'hoche la tête.
« Par rapport à ce que tu as dit tout à l'heure, avant que tes colocs n'arrivent. »
« Oh, oui ça ce n'est rien. » Je fais un mouvement de main.
« Pourtant tu n'avais pas l'air de rire. »
Le serveur prend nos assiettes vides et je bois une nouvelle gorgée de vin.
« Oui je l'ai pensé mais ça a à voir avec ce que je viens de te dire. » J'avoue. « C'était un tout. Je sentais que tu étais distant, que tu faisais autre chose quand je te parlais, que ça ne t'intéressait pas voire t'ennuyait d'écouter mes histoires et que tu avais mieux à faire. »
« Tu sais que c'est faux rassure-moi ? »
« Évidemment Samuel, c'était simplement pendant la période où ça n'allait pas entre nous. »
« Parce que justement j'écoutais tout et crois-moi qu'après mon cerveau était épuisé. »
Je lâche un rire en le regardant.
« C'est vrai que je parlais beaucoup et qu'il y avait énormément d'éléments à prendre en compte. » Je réponds amusée.
« Je te le confirme. » Il sourit. « Et même si c'est vrai que tu m'agaçais à ce moment-là, ça me faisait plaisir de t'écouter, sinon je n'aurai pas répondu. »
« Hum... C'est vrai. » Je place ma tête contre ma main.
Le serveur revient ensuite avec les plats et nous décidons d'arrêter de parler de nos vieilles querelles stupides.
Nous dégustons ces délicieux mets tout en profitant de l'un de l'autre.
J'ai la sensation que nous ne nous sommes jamais quittés, que rien n'a changé et c'est ça qui me fait du bien.
C'est lorsque le serveur amène les desserts que je vois Samuel fouiller dans la poche de sa veste.
« Tu as perdu quelque chose ? » Je demande.
« Non, justement. » Il sort un papier plié en trois et sans l'ouvrir, il le fait glisser sur la nappe.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« La chose que je veux t'annoncer depuis trois semaines. »
« Quoi ? » Je plisse les yeux et je pose ma cuillère pour saisir la feuille de papier. « Pourquoi ne pas me l'avoir dit au téléphone ? »
« Parce que, ça n'aurait pas été pareil. » Je le sens soudainement légèrement anxieux.
Je le regarde alors, avant de déplier la feuille.
Mon cœur s'accélère quand je découvre le blason et logo de l'une des plus grandes universités du monde, située à Boston.
« Samuel. » Je redresse la tête sans pour autant avoir lu la suite.
« Tu n'as même pas lu. » Il semble se détendre.
Je reporte alors mon attention sur la feuille qui tremble légèrement à cause de main et plus j'avance dans ma lecture et moins je réalise ce qui est en train de se passer.
« J'ai été accepté mon amour. » Il ajoute et je sens toutes mes émotions me submerger.
« Oh mon Dieu. » Je sens mes nerfs lâcher.
Je relis plusieurs fois la lettre annonçant que Samuel fera partie de la promotion de septembre afin d'effectuer son master pour une durée d'un an.
Ce qui signifie que nous serons ensemble jusqu'à la fin de mon double diplôme et ça m'a remplie tout simplement de joie.
Il me prend ensuite la main et l'amène à ses lèvres pour y déposer quelques baisers.
« Je suis désolée, je ne devrais pas verser de larmes mais je ne peux pas m'en empêcher. » Je lâche enfin. « Je suis tellement contente. » Je le regarde.
« Tu ne peux pas savoir comme j'ai été soulagé quand j'ai reçu cette lettre. »
« Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu postulais ? »
« Parce que je ne voulais nous faire de faux espoirs. »
« Ne me dis pas que tu as postulé ici uniquement pour être avec moi ? » Je reprends conscience.
« Non Mél. » Il lâche un rire. « Depuis que j'ai refusé la bourse, j'ai toujours su que je voudrai poursuivre mes études dans un pays anglo-saxon, tu as seulement été un élément déclencheur. J'ai postulé à d'autres universités, à Londres ou dans le pays et même si Boston était mon premier choix j'avais peu d'espoir. » Il pose ma main sur sa joue. « Et puis c'est l'une des meilleures universités du monde, je ne pouvais pas refuser, les places sont uniques. »
« Je suis tellement contente et fière de toi. » J'ai envie de lui sauter dans les bras et l'embrasser mais je me retiens pour ne pas faire toute une scène dans ce restaurant.
« Et puis comme ça, en septembre, tu ne retourneras pas ici toute seule. » Il ajoute et un immense soulagement me parcours le corps.
Je suis supposée rentrée dans quatre mois en France pour passer les vacances d'été et revoir tout le monde et pourtant j'appréhendais déjà mon départ fin août pour poursuivre mon double-diplôme ici.
Maintenant, je n'ai plus aucune inquiétude à avoir et même si mes amies et ma famille vont, une fois de plus me manquer, j'aurai Samuel à mes côtés.
« Je n'arrive pas y croire. » Je souris sans lâcher le papier. « Tu as été accepté. » Je suis sur mon petit nuage.
« J'ai toujours du mal à y croire aussi. » Il rit. « C'est pour ça que je suis persuadé que les prochains mois seront plus faciles à vivre parce qu'on sait qu'ils seront les derniers. »
Je continue de sourire malgré les larmes de joie qui coulent sur mon visage et je réalise à quel point j'ai eu de la chance d'avoir croisé le chemin de Samuel. Il est arrivé au bon moment et a totalement bouleversé ma vie, dans le bon sens du terme.
Ça n'a pas toujours été facile, je dois l'admettre et cette distance en est la preuve mais nous finissons et finiront toujours par nous retrouver, j'en suis persuadée.
Je ne pourrai jamais assez le remercier pour tout ce qu'il me fait vivre. Il a su me montrer que je méritais d'être aimée, d'être écoutée et que les quelques déceptions que j'avais pu avoir sur le plan sentimental ne méritaient pas de prendre autant de place.
Savoir que nous serons bientôt réunis pour de bon dans quelques mois me rend encore plus heureuse.
C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre à nous et j'ai hâte de découvrir ce que nous allons continuer à traverser.
Je ne sais pas combien de temps notre idylle durera, ni comment elle évoluera mais je ferai en sorte que notre couple aille au bout de son histoire parce qu'il le mérite.
« Tout va bien ? » Il me demande.
« Oui. » J'hoche doucement la tête. « Je pensais juste à tout ce que nous avions traversé pour en arriver là et à quel point je suis amoureuse de toi alors que je ne pensais pas que ça allait m'arriver un jour. »
« Crois-moi Mél, moi non plus je ne pensais pas que j'allais aimer une personne comme je t'aime. »
Je décide alors de me lever, sans prêter attention au regard des autres, et je pose doucement mes lèvres contre les siennes avant de me rassoir sous son regard brillant et de déguster notre dessert préféré, un incroyable tiramisu.
Fin.
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Et voilà, les derniers mots de cette fiction qui m'ont fait versé quelques larmes, je dois bien l'avouer.
J'ai tout simplement adoré écrire cette fiction et d'autant plus pour des personnes aussi adorables que vous êtes. Je ne veux pas me répéter par rapport au dernier chapitre mais ces neuf mois d'écriture ont été génial et ont permis de rythmer un peu ma vie dans ce climat un peu anxiogène que nous avons traversé et que nous traversons toujours.
Je me suis beaucoup attachée à ces personnages et même si j'aurai aimé développé d'autres points de vue et d'autres caractères, je n'ai pas pu le faire à cause du temps que j'accordais à l'écriture.
Je ne sais pas si je réécrirai sur Wattpad mais ce qui est sur c'est que ça ne sera pas pour tout de suite :).
Je vous remercie une dernière fois pour tout votre soutien durant toute cette période, cela représente beaucoup pour moi et vous étiez de super lecteurs !
J'espère en tout cas que la fin vous aura plut et comme promis je l'ai publié à la seconde où je l'ai terminé :)
Malgré tout j'ai quelques petites idées pour une possible suite mais je ne sais pas si j'aurai autant de temps à consacré que j'en ai eu l'année passée. Alors nous verrons bien :)
Je vous embrasse fort et je vous souhaite une très belle continuation et beaucoup de réussite dans tout ce que vous entreprendrez !
À bientôt j'espère :)
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