Chapitre 59

« Samuel. » Je lâche la gorge serrée, en m'arrêtant.

« Oui ? » Il se tourne vers moi après avoir appuyé sur le bouton de l'ascenseur.

« Je viens de recevoir le mail, pour la bourse. »

Son expression change en une fraction de seconde et il s'approche de moi.

« Sans surprise, je n'ai pas été prise. » Je poursuis finalement en sentant mon cœur se serrer.

« Montre-moi. » Il saisit doucement mon téléphone avant de regarder l'écran.

« Je le savais de toute manière, c'est juste que ça me fait un peu mal de le voir écrit, noir sur blanc. »

Il fait défiler le mail en glissant son doigt sur l'écran avant de me le rendre en lâchant un soupire déçu.

« Mon amour. » Il dit doucement avant de me serrer dans les bras. « Je sais que ça comptait énormément pour toi. »

« Oui. » Je bouge doucement la tête contre son torse.

« Dis-toi que tu as donné le meilleur de toi-même, que tu ne pouvais pas faire plus. »

« Je sais... »

« Et je vais être honnête avec toi, j'aurai adoré que tu partes poursuivre tes études là-bas parce que c'était ce que tu voulais, mais je suis sincèrement content que tu restes aussi. » Je relève la tête et il passe sa main contre ma joue. « Avec moi. » Il finit.

Ces quelques mots atténuent légèrement ma déception.

« Tu m'aurais énormément manqué. » Il poursuit.

« Toi aussi. » Je réponds.

Je ne sais pas si c'est le fait que nous soyons plus à l'aise ensemble ou si c'est parce que nous savons que toutes nos craintes sont derrière nous, mais je sens que notre relation a changé.

Elle est beaucoup plus naturelle et évidente.

J'ai l'impression que l'amour que je lui porte s'est complètement décuplé et en y réfléchissant, ça me briserait le cœur de le laisser pour poursuivre mes études de l'autre côté de l'Atlantique.

« Et rien ne t'empêche de retenter l'année prochaine. »

« Je ne sais pas si j'en aurai la force. » J'esquisse un petit sourire. « Je ne correspondrai toujours pas à leur critère de sélection. »

« Tu ne perds rien du tout à réessayer. »

« Je ne sais pas, je verrai bien. » J'hausse les épaules. « J'ai juste envie de me vider un peu la tête et de ne plus penser à ça. » J'avance vers l'ascenseur lorsque les portes s'ouvrent. « Maintenant que j'ai eu ma réponse, je peux vraiment passer à autre chose et aller de l'avant. »

Il entremêle doucement ses doigts aux miens et dépose ses lèvres contre ma joue.

« Pour moi tu as été la meilleure. » Il sourit. « Je ne t'ai pas accompagné pendant tout le processus d'inscription, j'ai plutôt été présent sur la fin mais j'ai bien vu que tu donnais ton maximum et pour moi, c'est le plus important. » Il se place en face de moi. « Je ne sais pas si ça compte pour toi, mais je suis très fier de toi. Tu es largement capable d'y arriver, tu n'as juste pas vraiment eu de chance mais ce n'est pas grave parce que je suis certain que d'autres opportunités encore plus belles se présenteront. »

Je le regarde, ne sachant pas quoi répondre tellement je suis touchée par ce qu'il vient de me dire. Je savais qu'il trouverait les mots justes pour me permettre de relativiser la chose.

« Merci. » Je souris doucement.

Les portes s'ouvrent ensuite à l'étage où est servi le petit-déjeuner et Samuel me laisse passer devant lui.

« À mon avis, avec tout ce qu'il y a, tu vas réussir à trouver ton bonheur pour oublier ta mauvaise nouvelle. » Il me fait un clin d'œil.

« Ça peut aider oui. » Je sens ma gourmandise faire surface.

Une femme s'approche de nous pour nous demander notre numéro de chambre avant de nous installer à une table près de la fenêtre.

« La vue est tellement belle. » Je suis toujours sous le charme.

« Je suis d'accord. » Il me sourit. « Mais pour l'instant, je vais plutôt aller me chercher à manger. »

« Oh oui, bien sûr. » Je m'installe. « Je reste là. »

« Tu sais que tu as juste à poser tes affaires pour montrer que la table est prise. » Il semble amusé.

« Tu penses ? »

« Oui et puis, on ne va pas passer quatre heures à choisir ce qu'on souhaite manger. »

« Tu as raison. » J'hoche la tête en posant mon sac. « J'arrive. »

Samuel part le premier et se dirige immédiatement vers la partie plutôt salée du buffet, tandis que je fonce vers les viennoiseries et autres aliments sucrés.

Je finis par choisir un ou deux fruits histoire de me donner bonne conscience et je retourne poser mon assiette pour repartir me chercher à boire.

Je prends une boisson chaude et un jus de fruit.

C'est au moment où je m'assois que je réalise que j'ai peut-être eu les yeux un peu plus gros que le ventre, surtout que j'ai déjà mangé en attendant Samuel à la gare.

« Tu avais faim. » Samuel rit en s'installant en face de moi.

« C'est exactement la remarque que j'étais en train de me faire. » Je prends une bouchée de mon pancake. « Mais c'est tellement délicieux. » Je ferme un court instant les yeux. « Et toi ? Qu'est-ce que tu as pris ? » J'examine son assiette.

« Pour l'instant des œufs avec un peu de pomme de terre mais j'irai me resservir après. »

« J'avais oublié que tu préférais le salé le matin. »

« C'est juste qu'il est presque dix heures et que ce n'est pas deux pancakes qui vont me remplir l'estomac. »

« Tu as tort parce qu'ils sont vraiment bons. »

« Je vais en prendre ne t'inquiète pas, mais après. »

Nous continuons de manger et nous finissons par partager nos assiettes pour pouvoir goûter à tout.

« Alors ? Ça t'a remonté le moral ? » Il demande une fois que nos assiettes sont vides.

« Ça m'a fait penser à autre chose. » Je dis après m'être essuyée bouche avec ma serviette.

« La journée ne fait que commencer. Tu verras, ce soir tu n'y penseras même plus. »

« J'en doute. » Je lâche un rire nerveux. « Ça me contrarie quand même. »

« Je sais Mél, je peux comprendre que tu sois déçue. »

« C'est juste que, j'ai passé énormément de temps à me préparer, je me suis même mis tout le monde à dos tellement j'étais stressée, pour quoi au final ? Rien. »

« Ne dis pas ça... » Il pose sa main sur la mienne mais ça ne me réconforte pas. « Et puis, arrête de parler de cette histoire, c'est terminé maintenant. Tu es la seule qui rumine encore avec ça. »

« Parce que ça ne s'est toujours pas arrangé avec les filles. »

« Pourtant je t'ai souvent vu avec Chloé cette semaine. »

« Oui donc tu as remarqué que je n'étais qu'avec Chloé. » Ma gorge se serre.

« Je suis sûre que Sophia et Joséphine ont oublié, c'est juste que tu n'as pas eu de temps à leur accorder cette semaine. » Il soupire.

« Non Samuel, elles m'en veulent encore et je le sais. »

« Sophia n'a pas été tendre non plus avec toi Mél. »

« Oui mais je l'ai bien cherché, j'ai été exécrable. »

« Stop, je t'arrête là. » Il se lève et je le regarde. « Il est hors de question que je te laisse gâcher ce week-end parce que tu penses trop. Oublie un peu ce qu'il se passe à Paris et concentre-toi plutôt sur ce qu'il se passe maintenant. » Il saisit la carte permettant d'ouvrir la chambre. « Tu auras tout le temps de penser à ça quand on rentrera. » Il dit plus doucement.

« Tu as raison. » J'hoche la tête. « Je suis désolée, c'est juste que je suis un peu contrariée mais ça va passer. » Je force un sourire.

« Et je le comprends parfaitement mais Mél, s'il te plait, ne laisse pas ça occuper ton esprit, pas maintenant. »

« Je vais essayer. » Je finis par me lever. « Je ne te promets rien par contre. »

« On va vite partir visiter la ville, ça devrait te faire du bien. » Il me saisit la main.

« Oui, ça va aussi me faire prendre l'air un petit peu et me dégourdir les jambes. »

« Exactement. »

« Et finalement, tu n'as pas tort, ça peut être sympa de tout visiter à pied. »

« Tu n'auras même pas le temps de penser à ce qui te tracasse tellement tu auras mal aux pieds. » Il finit par sourire.

« Oh ne me dis pas ça. » Je grimace.

Il m'embrasse sur la joue avant de reprendre le chemin vers notre chambre.

Nous finissons de nous préparer et en quelques minutes nous sommes prêts à partir.

« Tu n'as rien oublié ? » Il demande en se dirigeant vers la porte.

« Normalement non. J'ai le plus important. »

« Super parce qu'on n'aura probablement pas le temps de repasser ici. »

« Comment ça ? »

« Enfin je veux dire dans la journée. »

« Ah. » J'ai un soupire de soulagement. « J'ai eu peur. J'ai cru qu'on allait directement chez tes grands-parents. »

« Non. » Il rit. « Il faut au moins qu'on prenne une douche. »

« Oui parce qu'il est hors de question qu'ils me voient comme ça. »

« Honnêtement Mél, ils s'en foutent. »

« Oui mais même, c'est la première fois que je les rencontre, je me dois d'être présentable. »

« Mais tu es très bien. »

« Tu dis ça maintenant. Tu verras ce soir, après avoir marché vingt kilomètres, je n'aurai plus la même tête. »

Il hoche la tête en souriant et après un dernier regard pour vérifier que nous n'avons rien oublié, nous quittons la chambre puis l'hôtel.

« Alors on va où ? » Je demande impatiente de découvrir la ville.

« Buckingham Palace. »

« Ah oui déjà ? »

« La relève de garde est à onze heures trente, c'est assez sympa à voir. »

« Ah oui, j'en ai entendu parler. »

« Mais il faut qu'on se dépêche parce que sinon on risque de la louper. »

« Je te suis, je ne sais pas du tout où nous sommes. »

« On va, cette fois-ci, prendre le métro parce qu'on met une heure à pied. »

« Ah quand même. » Je fais mine de ne pas trop réagir mais je ressentirai presque un haut le cœur.

« Oui quand même. » Il me regarde amusé avant de commencer à marcher.

« En tout cas, on a de la chance, il a l'air de faire plutôt beau. » Je regarde le ciel.

« Surtout à cette période là où il est censé pleuvoir nuit et jour en continu. »

« Ça te manque ? »

« De quoi ? » Il se tourne vers moi avant que nous descendions dans la bouche de métro du London Bridge.

« Londres. »

« Je n'y ai jamais vraiment vécu. » Il hausse les épaules.

« Mais tu y es allé souvent non ? »

« Quand j'étais petit c'était une fois par mois. Ma mère était très fusionnelle avec ses parents et elle refusait que je grandisse loin d'eux. Puis le temps a passé et avec l'école et les activités extrascolaires c'est devenu un peu plus compliqué. »

« Et ta sœur ? »

Il ne répond pas tout de suite et j'ai légèrement peur de l'agacer avec mes questions mais j'aimerai vraiment en apprendre plus.

Il ne parle jamais de son enfance, jamais de ses parents ni de sa sœur et ça me ferait tellement plaisir qu'il se confie à moi comme je me confie à lui.

« Ma sœur c'est différent. » Il se racle la gorge avant d'acheter deux tickets et de m'en donner un. « Nous avons pas mal d'années d'écarts, j'étais déjà grand quand elle est née et c'était compliqué pour ma mère de faire les allers-retours comme avant. »

« Ton père vous accompagnait ? »

« De temps en temps. » Il hausse les épaules. « Il avait beaucoup de travail. »

« Oh. » Je le sens se crisper. « Je vois. »

Nous descendons un peu plus bas pour arriver sur le quai et je suis aveuglement Samuel. Je ne sais même pas quelle ligne nous prenons ni quelle direction.

« Tu connais tout par cœur. »

« J'ai pratiquement passé toutes mes vacances d'été ici. » Il sourit.

« Je ne savais pas. »

« J'avais tous mes amis d'enfance qui habitaient à Londres, alors forcément, il était hors de question que je laisse passer l'occasion de passer deux mois entiers avec eux. »

« Mais tu as vécu ici ? » Je demande au moment où le train arrive.

« En fait, mes parents se sont rencontrés dans cette ville. Mon père était seulement de passage et c'est le soir avant qu'il ne parte qu'ils se sont vus pour la première fois. Apparemment, le courant est de suite passée et ils ont passé la soirée ensemble, mon père a carrément retardé son train pour passer quelques heures de plus avec mère. »

« Ils ont eu le coup de foudre ? » Mes yeux s'agrandissent un peu plus quand il me parle enfin de cette histoire.

« On peut dire ça oui. » Il sourit. « Personne ne croyait vraiment en leur relation et ils sont restés presque deux ans à distance. Il y a eu des hauts et des bas mais ils ont fini par y arriver. » Il s'installe sur un siège dès que deux personnes se lèvent et je viens à ses côtés. « Mon père a accepté de la rejoindre à Londres, il a trouvé un travail et tout allait pour le mieux. Paris lui manquait parce qu'il avait tous ses amis, sa famille mais il n'a jamais regretté de tout quitter pour ma mère, surtout qu'il n'était pas si loin que ça de sa ville d'origine. »

« Et tu es né ici ? »

« Oui, j'ai même été scolarisé ici mais je n'en ai pratiquement aucun souvenir, j'étais tout petit. J'ai dû aller jusqu'à la grande section. » Il réfléchit quelques secondes. « Forcément, je parlais mieux anglais que français même si mon père me parlait uniquement en français, la langue anglo-saxonne était vraiment dominante dans ma vie de tous les jours. » Il jette un regard sur l'écran au-dessus de nous pour voir le nombre de station qu'il nous reste. « Je passais mes week-end chez mes grands-parents et donc avec les enfants du quartier. »

« Les amis dont tu me parlais tout à l'heure. »

« Exactement. » Il sourit. « Mais ensuite mon père a eu une offre d'emploi qu'il n'a pas pu refuser, à Paris. Apparemment il y a eu des discussions assez houleuses entre mes parents et finalement ma mère a pris la décision de le suivre. Elle s'est dit qu'il n'avait pas hésité une seule seconde à la suivre à Londres et que maintenant c'était à son tour de faire des sacrifices donc nous sommes partis et ça a littéralement brisé le cœur de mes grands-parents qui n'ont jamais vraiment compris la décision de mes parents. J'ai d'ailleurs mis du temps à m'en rendre compte mais depuis ce jour-là, ils ont toujours eu une espèce de rancœur envers mon père. »

Il finit par se lever à l'approche de notre station.

« Donc nous avons commencé une nouvelle vie à Paris mais j'ai continué de garder les liens que j'avais avec les personnes vivant à Londres. »

« Je n'étais pas du tout au courant de cette histoire. »

« C'est normal, je ne t'en ai jamais parlé. » Il me regarde avant de descendre du train « Et selon les dires de ma mère, j'aurai très mal vécu mon arrivée en France. J'avais du mal avec la langue, à me faire des amis, j'étais très renfermé sur moi-même alors c'est pour ça qu'elle a entreprit de me faire revenir à Londres le plus souvent qu'elle le pouvait. Je passais donc mes vacances là-bas, je suis allé dans des colonies de vacances anglophones, je voyais souvent les amis que je m'étais fait ici, je fêtais mes anniversaires chez mes grands-parents avec tous mes proches. Enfin, c'est comme-ci j'avais vécu dans deux endroits à la fois et ça m'a beaucoup aidé à m'ouvrir aux autres, en France. » Il finit par me prendre la main une fois que nous sommes à l'extérieur, à quelques mètres du palais royal. « Parce que je savais que je retournerai, quoiqu'il arrive à Londres. »

« Et ton père dans tout ça ? »

« Il venait au début, mais il a arrêté quand il a vu que mes grands-parents avaient changé d'attitudes avec lui et je ne le blâme pas. Ils n'ont pas été tendres avec lui, il se prenait énormément de reproches alors il a préféré arrêter. Et je crois, qu'au fond de lui, ça a lui toujours fait un peu de mal de voir que mon seul souhait était de retourner au Royaume-Uni. Je pense qu'il a toujours culpabilisé de nous avoir fait vivre en France. »

« C'est possible, surtout si tu me dis que tu as eu du mal à t'intégrer. »

« Oui, je pense que ça n'a pas été facile pour lui, même s'il avait retrouvé son quotidien et ses proches, il savait que ma mère et moi n'étions pas si heureux que ça. Mais ma mère ne lui en a jamais voulu, elle a toujours fait énormément d'efforts et c'est pour ça qu'il on fait un deuxième enfant. C'était un peu tardif mais je crois sincèrement que c'est ce qui a permis à ma mère de se sentir enfin chez elle, à Paris. »

« Et donc ta petite sœur n'a aucune attache ici ? »

« Non aucune, à part mes grands-parents mais c'est tout. Elle ne connait pas vraiment la ville surtout depuis que ma mère est partie. Mon père continu de venir pour qu'elle puisse voir notre famille mais pas aussi fréquemment que moi. » Je sens qu'il se tend, que son ton a changé quand il me parle. 

« Je comprends, mais tu sais... » J'essaye d'en savoir un peu plus et d'insister pour qu'il continu à me parler. 

« Regarde. » Il me coupe soudainement et mon expression change. Je comprends alors que son petit moment de confidences est terminé, que je n'en saurai pas plus pour aujourd'hui.

« Quoi ? » J'essaye de me ressaisir mais je n'arrive pas à regarder dans sa direction.

« On est pile à l'heure, ça va commencer. » Il s'avance sans me lâcher la main mais je ne suis plus aussi enthousiaste que tout à l'heure.

« J'adorai venir ici quand j'étais petit. »

« C'est vrai ? »

« Je suppliai mes grands-parents pour qu'on fasse le déplacement tous les jours. »

« C'est vrai que c'est impressionnant. » Je finis par regarder le spectacle qui se déroule sous nos yeux, entourée des autres touristes.

Les gardes marchent sur un rythme régulier, tous en même temps et je dois avouer que c'est agréable à regarder.

C'est comme s'ils faisaient une chorégraphie où aucun n'a le droit à l'erreur.

« Alors, tu as trouvé ça comment ? » Il se tourne vers moi une fois la relève terminée.

« C'était super. »

« C'est vrai, tu as aimé ? »

« Oui vraiment. »

« Tu as une expression un peu bizarre. »

« Ah bon ? »

« Ne me prends pas pour un idiot. »

« C'est juste qu'on était en plein milieu d'une conversation et tu as coupé court en une fraction de seconde. »

« Parce que je n'avais plus envie d'en parler. » Il soupire mais cette fois-ci d'agacement.

« Pourtant ça m'intéresse. »

Il me jette un rapide regard avant de commencer à marcher.

« Samuel. » Je le rattrape. « Je ne comprends pas pourquoi tu es renfermé quand tu parles de ça. »

« Parce que, ce n'est pas un sujet dont je parle tous les jours. »

« Personne ne parle de ses histoires de famille tous les jours. »

« Mél s'il te plait. » Il se tourne vers moi. « Tu sais déjà tout maintenant, qu'est-ce que tu veux que je te disse de plus ? »

« Je ne sais pas, me parler de la relation que tu entretiens avec ton père actuellement. »

« Alors ça, il en hors de question Mélissa. » Il dit sur un ton sec. « Je ne suis pas ici pour qu'on parle de mon père ou de sa copine. »

« Je sais mais c'est juste que ça me donne l'impression que tu ne me fais pas confiance. »

« On a déjà eu cette conversation, on ne va pas l'avoir une deuxième fois. » Il continu de marcher et j'essaye de le rattraper comme je peux.

« Tu peux marcher moins vite s'il te plait. »

Il ne répond rien mais ralenti le pas pour mon plus grand bonheur.

« Mais est-ce que tu comptes m'en parler un jour ? »

« Mais évidemment Mélissa. » Il finit par se mettre face à moi. « Juste pas maintenant. » Il parle un peu plus doucement. « Ce sont des choses qui me contrarient et dont je n'ai pas envie de parler. Parler de ma mère ou de mes parents, ce n'est absolument pas facile pour moi et j'espère que tu pourras le comprendre. »

« Mais je le comprends. »

« Alors tant mieux. On a parlé un peu avant de venir, ce qui est déjà énorme pour moi, mais ne compte pas sur moi pour que j'en parle pendant deux jours parce que je ne le ferai pas. Tu finiras par tout savoir parce que nous sommes ensembles et parce que justement, je te fais confiance mais pas ce week-end. »

Je soupire légèrement en comprenant qu'il ne m'en dira pas plus.

« D'accord. » Je finis par répondre. « Je comprends et je respecte ce que tu me dis, j'arrête de t'embêter avec ça. »

« Merci. » Il semble soulagé. « Maintenant, on peut continuer de se balader sans se prendre la tête ? »

« Oui. »

« Et si tu pouvais sourire et montrer un peu de joie de vivre, ça serait encore mieux. »

« Désolée, c'est juste le temps que je me reprenne. » Je finis lâcher un petit sourire. « Je suis déjà touchée par ce que tu as pu me dire tout à l'heure, j'arrête maintenant de t'en parler. »

« Ça me ferait plaisir. »

« On peut repartir maintenant. » Je dis doucement avant de poser rapidement mes lèvres sur les siennes.

« Super, parce qu'on a une longue journée. »

Je me rapproche un peu plus de lui et je pose ma main sur son bras.

« Où tu m'emmènes alors ? » Je demande pour détendre l'atmosphère.

« On est dans le quartier le plus touristique, on va aller voir le Big Ben, Piccadilly Circus et si tu veux dans l'après-midi on peut aller se promener dans Hyde Park. »

« C'est parfait. »

Nous nous dirigeons alors vers la grande horloge et je sens Samuel se détendre petit à petit ce qui me permet de retrouver rapidement ma bonne humeur.

Nous arrivons à notre premier arrêt et j'en profite pour prendre quelques photos avant de demander à des passants de nous prendre tous les deux malgré les réticences de Samuel.

« Je n'en prendrai pas à chaque arrêt. » Je souris en récupérant mon téléphone.

« Non mais ça ne me dérange pas. »

« Tu joues tellement mal la comédie. » Je lâche un rire en faisant défiler les photos. « Elles sont superbes en tout cas. » Je lui montre.

« Ouais, pas mal. » Il hausse les épaules et je finis par ranger mon téléphone.

« Tu ne sembles pas convaincu. »

« C'est juste que je ne suis pas très photo mais prends-en autant que tu veux. »

« Ne t'inquiète pas pour ça. » Je souris doucement, légèrement déçue que Samuel ne soit pas aussi enthousiaste que moi. « On peut repartir si tu veux. »

« Attends. » Il lâche un soupire en saisissant mon téléphone pour se mettre dos au Big Ben.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Je demande.

« Viens. » Il finit par sourire. « Viens à côté de moi. »

J'avance alors pour me mettre à ses côtés et il enroule son bras autour de mes épaules avant de m'embrasser sur la joue et de prendre une photo de nous deux.

« Je n'étais pas prête. » Je ris.

« On peut en refaire une si tu veux. »

« Oui s'il te plait. »

Il regarde cette fois-ci l'écran et prends plusieurs photos d'affiler.

« Elles seront mieux celles-ci. » Il me rend mon téléphone.

« Merci. » Je souris. « C'est vrai qu'elles sont plus jolies. » Je les fais de nouveau défiler.

« Tant mieux alors. » Il m'embrasse rapidement. « Maintenant, on peut repartir. »

Il enroule une nouvelle fois son bras autour de mes épaules et nous continuons notre visite même si le ciel commence à s'assombrir.

Nous découvrons les différents endroits que Samuel voulait que je vois aujourd'hui mais nous décidons de prendre une pause pour aller manger quelque chose parce qu'il commence à sentir que j'ai moins d'énergie qu'au début.

Il nous emmène dans un restaurant très mignon où il avait apparemment l'habitude d'aller. Il me propose de commander ses plats préférés et j'accepte sans hésiter.

« Ça a l'air super » Je souris une fois que les plats sont sur la table.

« C'est assez typique, j'espère que tu vas aimer. »

« Il n'y a pas de raison. »

Comme à notre habitude, nous partageons ce qui compose nos assiettes et je commence ma dégustation.

« C'est délicieux. » Je dis après avoir pris ma première bouchée d'un des plats.

« C'est vrai, tu aimes ? » Il sourit.

« J'adore. Tu as bien fait de nous emmener ici. »

« Je me doutais que ça allait te plaire. »

Nous poursuivons notre dégustation et une fois le ventre plein Samuel me dit qu'il aimerait que je goûte les cupcakes d'une boutique à quelques mètres du restaurant.

« Je n'en peux plus Samuel. Je ne peux plus rien avaler. »

« Mais si. » Il rit. « Tu es la fille la plus gourmande que je connaisse. »

« Oui mais j'ai des limites quand même. »

« Ceux-là sont vraiment bons. »

« Bon, très bien. » Je me lève avec difficultés après avoir discrètement reboutonnée mon pantalon.

Nous payons et nous nous dirigeons vers la fameuse boutique de cupcakes.

« C'est très mignon. » Je dis quand nous arrivons dans la petite ruelle.

« C'est ici. » Il s'arrête devant la boutique à la façade blanche et rose. « Attends-moi là. » Il dit avant d'entrer.

Je le vois alors parler à la conseillère et choisir différentes sortes de gâteaux.

« Il va m'achever. » Je parle seule.

Il revient quelques minutes après avec une jolie boite rectangulaire.

« Choisis. » Il sourit en l'ouvrant et je sens mes yeux s'agrandir.

« Tu es fou. » Je m'exclame. « Il y a mangé pour dix personnes là. »

« Je ne savais pas lequel tu aimerais le plus. »

« Samuel, c'est beaucoup trop gentil. » Je le regarde. « Il ne fallait pas. » Je suis incapable de faire un choix entre tous ces petits gâteaux. « La boite ne va t'embêter pour le reste de la journée ? »

« Non elle m'a donné un petit sac. »

« Ah oui, effectivement. »

« Alors, tu prends lequel ? »

« Hum... » Je réfléchis quelques secondes. « Celui-là. » Je saisis le gâteau au chocolat avec sa crème aux Oreo.

« Et moi celui-ci. » Il saisit le plus classique avant de mettre la boite dans le sac.

« Ils sont très très bons. » Je dis en m'essuyant le bout des lèvres.

« Alors tu vois que tu avais encore un peu de place. »

« Tu as bien fait d'en prendre autant. » Je souris en m'imaginant déjà en manger un autre.

« Je sais. » Il me fait un petit clin d'œil et nous continuons de marcher dans les petites rues avant que la nuit ne commence à tomber.

Ce n'est que vers six heures du soir que nous rentrons à l'hôtel et la première chose que je fais c'est d'enlever mes chaussures qui me font un mal de chien.

« Je suis épuisée. » Je m'enfonce dans le lit. « Je dormirai bien cinq minutes. »

« Je te réveillerai » Il s'installe à mes côtés avant de doucement passer sa main dans mes cheveux.

« Ça ne te dérange pas ? »

« Pas du tout. »

« Mais si je dors je risque de ne pas être en forme après. » Je me redresse. « Tu ne penses pas ? »

« C'est toi qui vois Mél. »

« Non mais ce n'est pas raisonnable, je vais être mal réveillée, je me connais. »

« On a rendez-vous dans une heure et demie, tu as le temps. »

« Non mais je vais me préparer, ça va me redonner un peu d'énergie. »

« Comme tu veux. » Il hoche la tête et je me lève pour aller dans le petit dressing.

« Je te préviens. » Je me tourne vers lui. « Tu vas devoir me conseiller pour chaque tenue. »

« Mél, bébé, tu seras parfaite, pas besoin de te prendre la tête. »

« Je sais mais comme je te l'ai déjà dit, j'aimerai quand même me sentir jolie. »

Il place un oreiller derrière sa tête et s'installe un peu confortablement.

« Alors, je fais des essayages et tu me dis ce que tu en penses. »

« Ça marche, si ça te fait plaisir. »

« Oui ça me fait plaisir. » Je réponds avant de changer de tenue.

Samuel me fait ses différents commentaires et je fais des allers-retours entre le lit où se trouvent maintenant la totalité de mes affaires et le miroir de la chambre.

Ce n'est qu'après une bonne demi-heure que je me sens enfin à l'aise.

« Je crois que c'est la bonne. »

« Il y a intérêt parce que si tu continues on va finir par être en retard. » Il se lève.

« Non mais je sens bien là. » Je me tourne vers lui.

« Tu es très belle, cette robe te va très bien. »

« Merci. » Je souris en m'approchant de lui.

« Tout t'allait très bien de toute manière, tu n'avais pas besoin de vider la penderie sur le lit. » Il me regarde amusé.

« Je sais mais c'est la première fois que je rencontre ta famille. » Je réponds doucement.

« Non mais je comprends. » Il essaye de me rassurer. « C'est juste que je ne me suis pas mis cette pression-là avant de rencontrer ton père par exemple et on parle bien de ton père là. »

« Ce n'est pas pareil. »

« Oui c'est pire. » Il lâche un rire. « Il ne m'apprécie pas et je le sais. »

« Ce n'est pas qu'il ne t'apprécie pas Samuel, c'est juste que c'est quelqu'un de très rancunier et d'un peu protecteur. »

« Pour éviter toute polémique on va dire que je suis d'accord avec toi. » Je sais qu'il force un sourire.

« Effectivement, ce n'est pas le moment d'en parler ni l'endroit. » Je me racle la gorge.

« Je vais me préparer. » Il m'embrasse rapidement sur la joue sans en rajouter plus et s'éclipse dans la salle de bain.

Je m'installe alors dans le petit fauteuil près de la baie vitrée et je décide enfin de répondre à mes messages.

Je rassure immédiatement mes parents en leur disant que je suis bien arrivée et que tout se passe très bien et c'est vrai que mon père ne manque pas de lancer une pique à Samuel.

Je me mords légèrement la lèvre sans répondre et je jette un coup d'œil vers la salle de bain.

« Tu as raison, il n'est pas facile. » Je lâche.

« De quoi ? » Samuel sort sa tête.

« Par rapport à mon père. »

« Ah. » Il hausse les épaules. « Je n'y pensais même plus. »

« Non mais je te promets que ça s'arrangera, je ferai en sorte que ça aille mieux. »

« Non mais Mél. » Il soupire. « Ça va mieux, il est déjà un peu plus agréable qu'au début mais je ne pense pas qu'il m'appréciera réellement un jour et au fond je peux le comprendre. »

« Ah bon ? » Je fronce les sourcils.

« C'est vrai que je n'ai pas été correcte avec toi en premier lieu, j'ai été stupide et je t'ai beaucoup blessé. Je suis simplement chanceux et reconnaissant que tu aies réussi à passer au-dessus et je peux comprendre que ton père ait une dent contre moi par rapport à ça. »

« Oui mais c'est du passé maintenant, je n'y pense même plus. »

« Et ça me rassure et c'est super mais tu es sa fille Mél et rien que pour ça il ne m'appréciera jamais comme on l'espère mais on ne va pas en faire un drame, c'est la vie. » Il hausse les épaules. « Le plus important c'est qu'on soit ensemble et que tout se passe bien entre nous. » Il finit par sourire légèrement.

« Tu as probablement raison. »

« Et puis arrête de penser à ça. » Il enfile un nouveau t-shirt. « Je n'ai pas envie que ça te contrarie. »

« Je vais essayer oui. » Je reporte mon attention sur mon écran de téléphone et j'ignore le message de mon père.

Je jette ensuite un coup d'œil à ce que m'a envoyé Chloé sur notre groupe et je lui donne volontiers de mes nouvelles.

Les filles répondent avec bienveillance et je souris en espérant que tout redevienne comme avant entre nous.

« Tu es prête ? » Samuel s'avance vers moi.

« Je me maquille et c'est bon. »

« Je vais commander un taxi alors. »

« Pour quelle heure ? »

« Dans quinze minutes ça te va ? »

« Oui bien sûr. »

« Super. »

Il m'embrasse rapidement et enfile ses chaussures et sa veste avant de quitter la chambre pour descendre à la réception.

Je file alors dans la salle de bain et je me maquille en légèreté pour éviter que je prenne trop de temps à me démaquiller en rentrant.

C'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle je ne mets pas de mascara, ce machin met toujours une éternité à s'en aller.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir afin d'ajuster ma robe et une fois prête je rejoins Samuel à l'accueil.

« Je suis là. » Je dis en arrivant derrière lui.

« Super. » Il sourit en me voyant. « Le taxi nous attend. »

« Il a fait vite. » Je dis pendant que nous sortons à l'extérieur. « Et il fait très froid. » J'ajoute avant de rentrer dans la voiture et de me frotter les mains.

Samuel donne l'adresse au chauffeur puis se tourne vers moi.

« C'est à vingt minutes de voiture. »

« Ce n'est pas loin. »

« Tu verras, c'est un petit quartier très sympa. »

Je souris et la voiture démarre pour se diriger chez les grands-parents de Samuel. 

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Hey ! 

J'espère que vous allez bien :) 

J'ai décidé de plus parler de Samuel dans ce chapitre parce que c'est vrai que je n'ai pas beaucoup abordé son enfance :)

Normalement, il reste 4 chapitres avant la fin si je ne change pas complètement mes idées (ce qui est arrivé pas mal de fois dans cette fiction haha) 

Merci beaucoup pour tous vos gentils commentaires :) 

Je vous embrasse ! 

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