Chapitre 57

Je vais pour aller dans ma chambre mais je remarque que la petite lumière de la terrasse est allumée.

Je me penche un peu plus pour vérifier que je ne rêve pas et je décide de m'y avancer.

Je me place devant la baie vitrée et j'aperçois Théo accoudé sur la rambarde.

Sans réfléchir, j'ouvre la porte et mon frère se retourne immédiatement.

« Théo ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? » Je demande en refermant la porte coulissante derrière moi.

« Et bien, je suis là. »

« Oui mais pourquoi sur la terrasse avec le temps qu'il fait. »

« J'avais envie. »

« Ah. Bon. Mais il fait froid. »

« Rentre si tu veux, personne ne t'a obligé à venir me voir. »

« Je suis simplement surprise, tu es pourtant de nature frileuse. »

« Oui et bien pas ce soir. » Je sens que je l'agace.

Je m'avance quand même pour arriver à sa hauteur et je me place à ses côtés.

« Qu'est-ce que tu veux Mélissa ? » Il soupire.

« Rien, juste te voir. »

« Pourquoi faire ? »

« Tu es énervé contre moi ? » Je demande naturellement.

« Non. » Il hausse les épaules.

« Pourquoi j'ai l'impression que si ? »

« Parce que peut-être que tu réfléchis trop. »

Je déteste quand il est de cette humeur-là : distant, qui ne dit pas ce qu'il ne va pas et qui fait très bien comprendre que nous sommes de trop.

« Peut-être oui. » J'hausse les épaules. « Tu as passé une bonne soirée d'ailleurs ? »

Il tourne doucement la tête vers moi mais je l'ignore en regardant en face de moi.

« Tu te fous de ma gueule j'espère Mélissa ? »

« C'est une simple question. » Je me tourne à mon tour vers lui.

« Non j'ai passé une soirée de merde, la faute à qui à ton avis ? »

« Ah, donc tu es énervé contre moi, je ne suis pas folle. »

« Mélissa, tu as un sérieux problème. Tu as gâché la soirée de tout le monde et en plus de ça, tu viens me voir pour littéralement te foutre de moi. »

« Ça va encore être de ma faute, c'est toujours tout le temps de ma faute de toute façon. »

« Arrête de te placer en victime, tu es ridicule. » Il soupire.

« Je ne me place pas en victime, je dis juste que tu n'étais pas obligé de m'observer toute la soirée. »

« Je ne t'ai pas observé, loin de là, j'ai seulement passé une bonne partie de ma soirée à essayer de rassurer mon meilleur ami parce que ma petite sœur, qui est aussi sa copine, ne sait pas réfléchir. » Il parle un peu plus fort.

« Ce ne sont pas tes affaires Théo, essaye de faire la différence entre ton amitié avec Samuel et la relation que j'ai avec lui. » Je reste calme.

« Mais ça n'a rien à voir. Tu ne peux pas savoir à quel point tu t'es ridiculisée hier. » Il lâche un rire et je me décompose.

« Je n'étais pas bien. » Je dis plus doucement.

« Samuel non plus n'était pas bien. »

« Je sais... » Je finis par jouer avec mes doigts.

« Vincent en plus putain. » Il semble halluciner. « Tu n'as pas choisi n'importe qui. »

« On s'en fiche Théo, le principal c'est qu'il ne se soit rien passé. »

« Tu ne l'as pas embrassé ? » Il se tourne subitement vers moi.

« Non, jamais je n'aurai pu faire ça. Et puis, je n'en avais pas envie, Vincent ne m'attire plus. »

« Ah, ce n'est pas vraiment ce que tu as montré hier. »

« Bon Théo, tu vas me parler de ça pendant encore combien de temps ? »

« C'est toi qui es venue me voir. » Il répond sèchement. « Tu savais très bien que j'allais te faire des reproches. »

« Oui mais je te dis que je n'ai rien fait et puis qu'est-ce que ça peut te faire finalement ? C'est mon histoire avec Samuel. »

« Ouais mais c'est aussi mon meilleur ami Mélissa et tu le sais depuis le début et il va falloir t'y faire. Tu as choisi de tomber amoureuse de mon ami, tu devras t'habituer à ce que je sois présent dans votre relation. »

Je soupire profondément pour essayer de contenir mon agacement.

« J'aurais réagi exactement de la même manière si ça avait été une autre fille à ta place. Ce que tu as fait n'a pas été respectueux. » Il ajoute.

« Je ne l'ai pas embrassé. » Je répète. « Et Samuel a accepté de passer l'éponge. »

« Tant mieux pour toi. Ça m'aurait étonné qu'il ne le fasse pas d'ailleurs. » Il se racle la gorge.

« Pourquoi tu dis ça ? »

« Parce que Mél, il est complètement mordu. Je ne sais pas ce que tu lui as fait mais il n'est clairement pas pareil que quand il était avec Philippines. »

Je ne réponds rien, attendant qu'il poursuive sa phrase. 

« Il aimait Philippines, c'était son premier amour, mais ça n'a rien à voir avec ce qu'il se passe avec toi. Je ne serai pas l'expliquer. »

Je ne sais pas quoi répondre.

D'un côté ça me gêne que ce soit mon frère qui me dise ça mais de l'autre, ça me fait tellement plaisir.

« Alors il n'aurait pas pu te quitter et même s'il l'avait fait, ça n'aurait pas duré longtemps avant qu'il ne retourne te voir. »

« Justement, il a dit qu'il me quittait. »

« Et actuellement vous êtes séparé ? »

« Non. »

« Alors voilà. » Il soupire.

« Théo... » Je soupire. « Je sais que je n'ai pas été juste hier soir mais sans vouloir me trouver une excuse, je n'avais pas passé une bonne journée. » Je baisse légèrement le regard. « Je n'ai pas mangé de la journée et les deux trois verres que j'ai bu ont suffi à me mettre à terre. »

« Tout le monde passe des mauvaises journées Mél, et pourtant on ne réagit pas tous de manière immature comme toi. »

Je suis tout simplement exaspérée par son comportement.

« Oui enfin, il y a des jours un tout petit plus compliqués que d'autres, tu ne penses pas ? »

Il ne répond rien.

« Comme apprendre qu'on n'a pas été prise à une bourse qu'on prépare depuis des mois. » Ma gorge se serre.

« Quoi ? De quoi tu parles ? »

« Je n'ai pas été prise Théo, voilà, alors ce n'est peut-être pas grand-chose pour toi mais ça l'est pour moi. »

« Comment tu peux le savoir ? »

« Ils me l'ont dit et non on ne reçoit pas forcément les résultats par mail. » J'anticipe son prochain propos.

« Ils t'ont dit quoi exactement ? »

« Que je ne correspondais pas aux attentes de la bourse et que les chances que je sois prise étaient infimes. »

« Donc tout n'est pas perdu ? »

« Tu rigoles ou quoi ? Si je suis prise c'est que des places ont été rajouté ou que des sélectionnés décident de ne plus partir, ce qui n'arrivera jamais. Ce n'est jamais arrivé depuis le début de la bourse. »

« Tout peut arriver Mél, ta relation avec Samuel en est la preuve. »

« Oui mais là j'ai peu d'espoir voire pas du tout. » J'esquisse un triste sourire.

« Bon, je dois avouer que je n'aurai pensé que ta journée se serait passée comme ça. » Il semble plus détendu. 

« Et oui... Enfin bon, le principal c'est que ce soit arrangé avec Samuel. »

« C'est vrai. »

« D'ailleurs, nous partons ce week-end, à Londres. »

« À Londres ? Mais pourquoi ? »

« Pour qu'on puisse être que tous les deux. C'était son idée au départ et je l'ai reprise. »

« Ah c'est super ça. Mais tu sais qu'il y a ses grands-parents qui vivent là-bas. »

« Alors au départ, je ne le savais pas et puis il me l'a dit quand je suis allée chez lui. »

« Tu vas les rencontrer ? »

« Oui, normalement. »

« Tu verras, ils sont adorables. »

« Tu les as déjà vu ? »

« Oui deux fois, et franchement ils sont vraiment super sympas. Ils sont très proches de Samuel et sœur surtout depuis que leur maman est partie. »

« Oui, j'imagine... »

« Mais ne stresses pas surtout, parce qu'ils mettent vraiment les gens à l'aise. »

« Je vais essayer. »

« D'ailleurs, une petite question, tu es allée chez Samuel ? »

« Oui, je l'ai dit il y a peine trois minutes. »

« Mais tu as attendu combien de temps ? Parce qu'il est parti tard de chez Benjamin. »

« Je l'ai attendu jusqu'à ce qu'il arrive. Je suis arrivée chez lui vers deux-trois heures je crois. »

« Ah oui, tu étais déterminée. »

« Je t'avoue que j'ai faillis abandonner, je ne tenais plus debout mais il a fini par arriver. »

« Il ne voulait pas rentrer au départ. »

« Ah bon ? »

« Il se doutait que tu serais là, il ne voulait pas te voir. »

« Ça ne m'étonne pas, il me l'a fait comprendre d'ailleurs. »

« Je te jure Mélissa que pour le coup, il était fou de rage. Il a vraiment eu une seconde où il a failli tout envoyer balader. »

« Comment ça ? »

« Il voulait sortir, aller en boite et aller voir ailleurs. »

Mon cœur se serre alors en une fraction de seconde.

« Il ne l'a pas fait bien sûr, il n'était pas lucide et ça n'a pas duré longtemps. Il s'est vite ressaisi mais il s'est vraiment demandé ce qu'il foutait avec une fille comme toi. »

Je ne réponds rien, tout simplement parce que ce sentiment de culpabilité refait surface.

« Puis, quand nous sommes arrivés dans un bar, on a bu deux trois verres mais il n'arrivait pas à se détendre alors on est allés chez Benjamin. »

Je suis satisfaite que Théo me raconte ce qu'il s'est réellement passé une fois que Samuel est parti de la soirée, même si ce n'est pas vraiment des bonnes nouvelles mais je comprends.

J'aurai certainement fait la même chose, je lui en aurais aussi voulu alors je ne peux pas blâmer Samuel d'avoir eu quelques secondes de doutes.

« Et puis il est rentré chez lui et a mis un long moment avant d'accepter de me parler. » J'ajoute.

« Tu as déjà de la chance qu'il ait accepté que tu rentres dans son appartement. »

« J'ai un peu insisté. » J'esquisse un sourire mais Théo garde son sérieux, il n'arrive visiblement pas à avaler la pilule. 

« Mélissa. » Il parle plus doucement. « Sérieusement, promets-moi d'arrêter de réagir sans réfléchir s'il te plait. »

Je cligne plusieurs fois des yeux en le regardant.

« Je réfléchis souvent avant d'agir. » Je sens que mon égo prend un léger coup.

« Non pas du tout, sinon je ne te dirai pas ça. Ce n'est pas la première fois que tu nous fais ce genre d'histoire et ça devient agaçant. »

Je baisse doucement le regard et je joue avec ma bague autour de mon doigt.

« Tu as vraiment de la chance que Samuel soit attaché à toi parce que j'en connais plus d'un qui aurait jeté l'éponge. »

Je soupire longuement en entendant ses paroles.

« Écoute Théo, j'aimerai aussi qu'on arrête de me dire ça. J'ai mon caractère et je suis comme je suis. Ça n'a pas l'air de déranger plus que ça Samuel sinon je doute que je serai encore avec lui aujourd'hui. » Je le fixe. « Je pourrai dire exactement la même chose pour toi et Lou. » Je finis calmement.

« Non ce n'est pas pareil. »

« Bon, je crois que notre discussion est à sens unique. Tu es remonté contre moi, pas de problème mais ce n'est pas à toi que je dois présenter mes excuses alors ça serait sympa que tu te détendes un peu et que tu me laisses gérer avec Samuel, notre relation. » Je tapote légèrement sur la rambarde. « Et je te laisse parce que je suis frigorifiée. » Je lâche avant de m'éloigner de mon frère qui risque de tomber malade dans les prochains jours à force de rester dehors.

Je rentre à l'intérieur sans laisser Théo ajouter quelque chose et je me dirige vers ma chambre pour travailler un petit peu sur mes différents projets d'école qui ont pris de retard étant donné qu'avec la bourse, je ne les ai pas du tout travaillés.

Mes parents finissent par nous demander de descendre dans la salle à manger pour pouvoir déguster un de mes plats préférés.

Je retrouve peu à peu ma bonne humeur et je dois dire que Louis y est pour beaucoup.

Il est particulièrement amusant ce soir, ce qui m'aide à ignorer Théo qui semble toujours avoir une dent contre moi.

Je finis par annoncer à mon petit frère qu'il risque de me voir dans les parages encore un long moment étant donné que je ne pars plus faire mon double-diplôme de l'autre côté de l'Atlantique.

Il semble vraiment déçu pour moi mais comme d'autres, il me dit que j'aurai l'occasion de recommencer à postuler sauf que ce que je ne dis pas, c'est que je n'en aurai tout simplement pas la force.

J'ai tellement investi de mon temps dans cette préparation que je ne me vois pas tout recommencer pour peut-être, avoir exactement la même déception.

Et puis, le résultat sera le même, je ne vais pas devenir championne de tennis ou de course en un an, ni me dévoiler une passion qui va me permettre de sortir mon épingle du jeu.

Alors j'essaye de relativiser en me disant que je vais pouvoir rester avec Samuel, avec ma famille et mes amies.

Bon, je crois qu'elles sont encore un peu énervées contre moi mais je sais que ça va finir par s'arranger parce que c'est comme ça que nous avons toujours fonctionné.

Nous finissons de manger et nous nous installons tous, en famille, devant notre télévision pour regarder la nouvelle comédie qui vient de sortir.

Même Théo, nous rejoint, ce qui est devenu très rare.

Mon père fait réchauffer un bol de pop-corn et nous passons la soirée à rire face aux répliques des différents acteurs.

Une fois le film terminé, nous rangeons un peu le salon et la cuisine et nous nous dirigeons vers nos chambres après nous être souhaités de passer une bonne nuit.

Je me change en pyjama et fait ma routine soin du soir avant de me glisser sous la couette.

Même si je sens mes paupières lourdes, je ne dors pas tout de suite, je suis beaucoup trop occupée à échanger des messages avec Samuel que je lutte pour ne pas dormir.

Mais je perds rapidement ce combat et le sommeil prend le dessus sans que je puisse faire quoique ce soit.

Les jours s'enchainent et défilent et je me retrouve absolument débordée par la quantité de travail que j'ai à rattraper.

Je n'ai, d'ailleurs, pratiquement pas vu Samuel en dehors des cours. Nous nous sommes croisés rapidement entre deux couloirs mais je n'ai sincèrement pas eu le temps de passer des moments avec lui ni avec qui que ce soit d'autres.

Mes réunions d'équipes se sont multipliées lors de mes pauses déjeuner ou après les cours, m'empêchant de prendre un peu de temps de libre.

J'ai également dû prendre de l'avance pour ne pas me retrouver encore plus submergée à mon retour de Londres. J'avais vraiment envie de pouvoir partir l'esprit tranquille sans penser aux différents documents que je dois rendre à mes professeurs.

Cette semaine a littéralement été une véritable course.

Les seuls moments que j'ai pu passer avec les filles étaient lorsque nous étions en cours, nous n'avons ainsi pas pu vraiment discuter de la soirée du week-end.

Seule Chloé a été relativement sympa avec moi. Joséphine et Sophia semblent plus détendues mais campent quand même sur leurs positions.

J'aurai aimé avoir cinq minutes pour que nous puissions sérieusement parler mais je n'ai vraiment pas pu les prendre.

J'ai déjà perdu ma bourse, je n'ai pas, en plus, envie de ne pas valider mon semestre.

« Louis. » Je rentre soudainement dans la chambre de mon petit frère.

Il tourne la tête vers moi et soupire, sachant très bien ce que je fais là.

« Oui Mélissa ? »

« J'ai vraiment besoin de toi. » Je m'approche de son bureau et je jette littéralement le livre que j'ai entre les mains sur le mobilier.

« Non mais ça ne va pas ? » Il s'exclame. « Tu ne vois pas que je travaille ? Tu aurais pu casser quelque chose. »

« Oui mais je n'ai rien cassé. » Je force un sourire rapide. « Et j'ai pris soin d'éviter ton ordinateur. »

Il pousse avec sa main le livre mais je replace en face de lui.

« Oui mais enfin quand même, je suis sûre que tu as froissé mes feuilles qui sont en dessous. »

« Non regarde. » Je soulève le livre. « Elles vont très bien. »

Il me foudroie du regard et je saisis un tabouret décoratif pour m'installer dessus, à ses côtés.

« J'ai besoin de toi. » Je lâche une fois que je suis bien assise.

« J'avais compris oui. »

« C'est urgent. »

« Mélissa, urgent ou pas, qu'importe ce que tu vas me demander, ça ne sera pas gratuit. »

« Quoi ? » Je grimace.

« Tu crois sérieusement, que j'ai le temps de te rendre un service ? J'ai du travail à faire aussi je te rappelle. »

« Oui mais Louis, tu es premier de classe, tu as même sauté un niveau et tu as un sens de logique parfait. Tu réussiras à terminer tout ce que tu as faire en un temps record. Alors que Théo et moi, nous n'avons pas été conçu de cette manière donc je suis désolée mais tu dois subir cette injustice. »

« Ça m'est égal. Ça ne sera pas gratuit. »

Je me mords légèrement la lèvre en prenant une profonde respiration.

Je n'ai pas le choix de toute manière.

« Qu'est-ce que tu veux ? » Je ferme les yeux en me maudissant de poser cette question.

Lorsque j'ouvre les yeux quelques secondes après, je vois le sourire que je déteste sur les lèvres de Louis.

« La dernière console qui vient de sortir. »

Je le fixe et je manque de m'étouffer.

« Pardon ? » J'ai dû mal à parler. « Tu as dit quoi ? » Je m'exclame.

« Tu as très bien entendu. »

« Non mais Louis, ça coûte la peau des fesses ce machin. Je n'ai même pas les moyens de te l'offrir. »

Il hausse les épaules et reporte son attention sur ses devoirs pendant que mes yeux restent grands ouverts.

« Tant pis. » Il lâche seulement.

« Louis. » Je m'approche un peu plus. « Tu n'es pas sérieux et je le sais. »

« Si je suis très sérieux. »

« Putain mais s'il te plait, fais un effort. Je pars demain à la première heure avec mon copain, tu peux bien me rendre un service pour que j'ai l'esprit tranquille pendant deux jours. » Je m'agace face à ce manque de sensibilité.

Il pose son stylo et je tourne vers moi.

« C'est mon premier copain. » Je dis plus doucement en clignant des yeux plusieurs fois. « Tu es le premier à dire que je suis un cas désespéré et regarde, quelqu'un s'intéresse enfin à moi et toi, ça t'est égal. »

Il grimace et approche le livre en claquant la langue contre son palet.

« Bon. » Il fait mine de réfléchir. « Tu m'achètes le jeu que je veux, tu plaides ma cause pour que nos parents me laissent organiser une soirée à la maison et on est quitte. » Il me tend la main.

J'hausse les épaules trouvant cette proposition beaucoup plus abordable que la première.

« Marché conclu. » Je sers sa main.

« De quoi as-tu besoin alors ? »

« J'ai un devoir à faire en comptabilité et franchement je n'y comprends rien. »

« Pourquoi tu ne demandes pas à ton copain ? »

« Parce que Samuel n'est pas meilleur que moi dans cette matière, tout simplement. Tu es ma seule opportunité. »

« Montre-moi. »

Je lui tends alors la feuille où figure l'énoncé et il approche sa lampe de bureau pour y voir plus clair.

C'est de la comédie, bien sûr, mais je le laisse faire.

Il place ensuite ses lunettes sur son nez, alors qu'elles ne sont utiles que pour regarder un écran, et il fait mine d'examiner ma feuille.

« Ok. » Il me la rend. « C'est faisable. » Il hausse les épaules.

Mon regard s'illumine et je le prends automatiquement dans mes bras.

« C'est génial. » Je souris. « Tu ne peux pas savoir comment tu me sauves la vie. » Je me lève. « Je dois le rendre lundi, tu as donc deux jours et demi. » Je frappe dans mes mains.

« Attends, Mélissa. Tu comptes aller où comme ça ? »

« Faire ma valise. » Je m'arrête.

« Non mais je crois que tu n'as pas bien saisi le deal qu'on vient de faire. »

« Ah si, je dois t'acheter le nouveau jeu et demander à nos parents de te laisser organiser une soirée. »

« Maman est dans son bureau, tu sais ce qu'il te reste à faire. »

« Quoi ? »

« Pour le jeu, je ne dis rien, je peux comprendre que tu n'aies pas le temps d'aller l'acheter maintenant, par contre, aller plaider ma cause, ça tu peux largement le faire. »

Je plisse les yeux tout en m'approchant doucement de lui.

« Je n'ai pas le temps Louis. Je ne sais même pas si je vais pouvoir dormir et toi tu me demandes d'aller voir notre mère maintenant ? »

« Très bien, alors je n'ai pas le temps non plus. »

« Tu es vraiment... »

« Oui ? » Il me fixe. « Je suis ? »

Je sens que je bouillonne mais je ne peux pas gâcher cette seule chance.

Je lui dépose alors la feuille sous ses yeux et je sers les poings.

« Je reviens dans cinq minutes, j'ai une petite discussion à avoir avec maman. » Je force un sourire.

« La soirée est pour la semaine prochaine, précise le bien. » Il me lance pendant que je me dirige vers la porte.

J'avance ensuite vers le bureau tout en insultant intérieurement mon frère.

Je toque à la porte et je rentre.

« Maman ? » Je commence.

« Je n'ai pas le temps chérie, je suis débordée. » Elle ne me regarde même pas et jongle entre toutes les feuilles qui trainent sur le bureau.

« Ça ne prendra pas beaucoup de temps. »

« Non mais plus tard Mél, s'il te plait. »

« C'est urgent. »

« Mélissa, j'ai une audience très importante lundi pour un très gros client alors sois gentille, je t'en prie et attends un peu. » Elle me lance plus durement. « Putain mais où j'ai mis ce foutu document ? » Elle peste contre elle-même.

« Ça ? » Je lui tends une feuille qui traine sur le sol.

Elle le regarde quelques secondes et me le prend des mains.

« Merci. »

« Tu as cinq minutes maintenant ? » Je m'installe sur la chaise en face d'elle.

« À peine mais je t'écoute. » Elle continue de gigoter dans sa chaise tout en retournant tout ce qui lui tombe sous la main. Je me demande d'ailleurs comment elle fait pour travailler avec autant de bordel autour d'elle.

« Non tu ne m'écoutes pas là maman. » Je reste calme mais toujours sur les nerfs suite à la demande de Louis.

« Mélissa, ne fais pas l'enfant gâtée. »

« Je ne fais pas l'enfant gâtée, j'ai simplement quelque chose à te demander. »

« Oui et bien demande. » Elle s'agace.

« Est-ce que Louis peut organiser une soirée la semaine prochaine ? » Je soupire sachant très bien qu'elle va accepter.

Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi il ne lui demande pas directement.

« Non. » Elle lâche sévèrement et je me redresse.

« Quoi ? » Je tombe des nues. « Mais pourquoi ? »

« On a déjà discuté à plusieurs reprises avec lui et c'est non. C'est pourtant un garçon intelligent, il devrait comprendre quand on lui parle, il n'a pas besoin d'envoyer sa sœur. »

« Attends, quoi ? » Je n'en reviens toujours pas.

« Écoute Mélissa, on ne va pas en discuter pendant quatre ans d'accord ? Non c'est non, je peux te le dire dans d'autres langues si tu veux. »

« Je peux seulement savoir pourquoi ? »

« Parce que la dernière fois qu'une soirée a eu lieu, Louis y a participé alors qu'il est mineur. Ton père et moi sommes loin d'être stupides et nous savons qu'il a consommé de l'alcool. De plus, nous ne connaissons pas ses amis et nous ne savons pas de quoi ils sont capables donc c'est non. »

« Mais vous êtes là non ? »

« Justement Mélissa, si tu suivais un tout petit ce qu'il se passe dans cette famille tu saurais que non, nous ne sommes pas là, nous dinons avec un de mes clients et sa femme. »

« Désolée de travailler pour réussir mes études. »

« Le sujet n'est pas là. Maintenant tu as eu ta réponse, tu peux y aller et me laisser travailler. »

« Tu ne comprends pas, je crois. » Je m'approche du bureau. « Ma relation avec Samuel est en jeu. »

« De quoi tu me parles ? » Elle semble agacée par mon comportement.

« Mon week-end à Londres en dépend. »

« Mélissa, tu es insupportable quand tu joues à la dramatique. » Elle souffle. « Et puis, vous avez vécu une trahison et un baiser avec ton ancien amoureux alors bon, je crois que vous pouvez au-dessus de tout là, non ? »

« Je ne l'ai pas embrassé ! » Je m'exclame. « Et puis ce n'était pas mon amoureux. »

« C'était ton crush ? » Elle utilise ses doigts pour faire des guillemets, et roule des yeux avant de continuer à fouiller dans ses tonnes de feuilles coincées entre des pages du Code du Travail.

« Non plus. » Je soupire. « Et puis ce n'est pas le sujet. »

« Alors c'est quoi ? » Elle pose ses coudes sur le bureau. « Hein Mélissa ? Qu'est-ce qui est si important pour toi pour que tu viennes défendre la cause de ton frère ? »

Je détourne le regard agacée et je soupire.

« J'ai un devoir de comptabilité à rendre pour lundi mais je n'aurai jamais le temps de le faire ce week-end et je n'ai pas non plus eu le temps de le faire avant. J'ai donc demandé à Louis de le faire et il accepté de me rendre service sous certaines conditions dont celle-ci. »

« Il faut toujours qu'il marchande tout c'est incroyable. » Elle hoche la tête. « Et toi ? » Elle reporte son attention sur moi. « Tu n'écoutes pas assez en cours pour être dans l'incapacité de le faire ? »

« Non mais il est vraiment dur. » Je me défends.

« Bon et bien désolée Mél mais je ne peux pas dire oui juste pour sauver ton devoir. Je n'ai pas envie que ton frère de seize ans ou que ses amis boivent à s'en rendre malade, voire pire. »

« Et si Théo et moi on est les surveille ? » Je lance et ma mère semble réfléchir une seconde.

« Il est d'accord ? »

« Oui, je lui ai demandé. » Je mens.

« Vraiment Mélissa ? »

« Oui, je t'assure. »

« Tu sais, j'ai l'habitude d'en voir, des menteurs dans mon métier. »

« Je sais mais je ne mens pas. »

« Bon. » Elle tourne une page de son livre. « J'en discute avec ton père. »

« Oh mais c'est génial. » Je soupire de soulagement.

« Mélissa, promets-moi que vous allez vraiment être présents. »

« Je te le promets. »

« Et vérifier qu'il n'y ait pas une goutte d'alcool qui traine dans cette maison. »

« Évidemment, tu me connais en plus. »

« Tu peux être surprenante. » Elle me lance un regard et je ne comprends pas où elle veut en venir.

« Hum... D'accord. »

« Aller, va dire à ton frère qu'il peut commencer ton devoir. »

« Purée, merci maman. »

« Je ne sais pas si tu vas vraiment me remercier. Crois-moi, faire la police pour la soirée de son frère, c'est loin d'être drôle. »

« Non mais tout va bien se passer. » Je souris. « Bon courage maman. » Je lui fais un clin d'œil et je mets un peu d'ordre avant de partir.

« Ne touche à rien. » Elle me lance et place mes mains près de ma poitrine en forçant un sourire avant de quitter la pièce.

Je me dirige ensuite vers la chambre de Théo et j'ouvre sans toquer.

« Putain mais Mél mais tu es malade. » Il s'exclame.

« Quoi ? » Je ris.

« Tu ne peux pas toquer ? »

« Pourquoi ? Tu as peur que je te surprennes en flagrant délits ? » Je m'amuse.

« Pas du tout. » Il s'offusque en posant son stylo.

« De toute manière tu travailles donc pas d'inquiétude à avoir. »

« Bon qu'est-ce que tu veux ? »

On ne dirait pas comme ça mais Théo est beaucoup plus détendu que le week-end dernier. Il est vite redescendu et quand il a vu que Samuel ne parlait plus de cette histoire, il a arrêté de me sermonner.

« La semaine prochaine, on surveille la soirée de Louis. »

« Quoi ? » Son regard change.

« Désolée, c'était la condition pour qu'elle ait lieu. »

« Attends, je n'en ai rien à foutre moi de cette soirée. »

« Tant pis, j'ai dit à maman que tu étais d'accord. »

« Mélissa. » Il dit durement mais je referme la porte derrière moi. « Mélissa. » Il dit plus fort mais je suis déjà réfugiée dans la chambre de Louis.

« Alors ? » Il se tourne vers moi.

« Alors au boulot. » Je souris.

« Comment tu as fait ? » Il semble halluciner.

« Bonne vieille technique. » J'hausse les épaules. « C'est passé comme une lettre à la poste. »

Il me regarde avec suspicion.

« Tu mens. »

« Va demander à maman et tu verras que non. »

« Waouw, et bien je ne sais pas comment tu t'y es pris mais ton travail sera sur ton bureau à ton retour. »

« J'aime ce genre de phrases. » Je lui fais un clin d'œil. « Merci. » Je finis.

« Merci à toi. »

Je sors de sa chambre et je tombe nez à nez avec mon deuxième frère.

« Tu cherches quoi là au juste Mélissa ? » Il me suit pendant que je vais dans ma chambre préparer mes affaires.

« À passer un week-end tranquille avec mon copain. » J'hausse les épaules en me dirigeant vers mon lit.

« Et en quoi la soirée de Louis et moi avons à voir avec ça ? »

« Tout simplement parce que Louis doit me faire un devoir et que la condition était que je réussisse à convaincre nos parents de le laisser organiser une soirée. Maman a dit non et quand je lui ai dit que nous allions être là pour le surveiller elle a accepté, fin de l'histoire, je peux partir en week-end en paix. »

« Et moi ? Mon week-end prochain tu y a pensé ? »

« Bon écoute, tu n'as qu'à juste dire que tu es d'accord pour rester et puis tu t'en vas, personne ne saura que tu n'as pas été là si tu respectes les horaires. » Je saisis un sac de voyage que je place sur mon lit.

« Comment ça ? » Il semble plus calme et s'installe sur ma chaise de bureau.

« Dis juste à nos parents que tu seras bien présent et une fois qu'ils seront partis, tu fais ce que tu veux. Tu te doutes bien que ce n'est pas dans notre intérêt, à Louis et moi, de leur dire que tu n'étais pas là. » Je me dirige ensuite vers mes armoires pour choisir mes tenues. « Il faudra juste que tu sois rentré avant qu'ils ne rentrent. »

« Si ce n'est pas le cas ? »

« Et bien tu le paieras, tout simplement. » Je me tourne vers lui.

« Bon. » Il se racle la gorge. « Ça peut le faire effectivement. »

« Lou ne t'en tiendra pas rigueur, ne t'inquiète pas. »

« Comment tu sais que je vois Lou ? »

« Qui d'autres sinon ? Si ça avait été Samuel, je l'aurai su. »

« Oui, effectivement. »

« Bon, tu en penses quoi de cette tenue pour rencontrer les grands-parents de Samuel ? » Je saisis quelques vêtements sur des cintres que je place devant moi.

« Non Mélissa, tu ne feras pas ça avec moi. Je ne vais pas te conseiller sur tes choix vestimentaires, tu as des amies pour ça. » Il se lève et je lâche un rire.

« Dommage, je suis certaine que tu aurais pu m'aider. » Je me moque.

« C'est ça oui. » Il ne se retourne pas et claque la porte derrière lui avant que je ne dépose mes affaires sur mon lit.

Je décide alors de disposer différents vêtements et imaginer ce que ça pourrait donner ensemble.

Ne me rendant pas suffisamment compte, je pars dans une séance d'essayage interminable.

J'ai l'horrible sensation de ne plus rien avoir à me mettre alors que c'est totalement faux.

« Bon, ça commence à me prendre la tête là. » Je me parle seule en regardant mon lit remplit de vêtements.

C'est la première fois que je pars en week-end avec mon copain et ça me stresse un peu, surtout que je vais rencontrer une partie de sa famille.

Je finis par choisir les tenues qui me plaisent le plus même si je ne suis pas entièrement convaincue et je descends dans l'entrée pour prendre deux trois paires de chaussures.

Je les mets dans des petits sacs avant de les disposer dans mon sac.

Je finis par ma salle de bain et je prends les produits de beauté que j'utilise le plus pour les ranger dans une grosse trousse.

« Normalement on n'est pas trop mal. » Je dis en fermant mon sac.

Je prépare enfin mes papiers et affaires que je souhaite mettre dans mon sac à main et je finis par envoyer un message à Samuel pour lui dire que je suis prête et que j'ai hâte d'être demain matin.

Le réveil va piquer étant donné que notre train est à six heures et demie mais malgré mon petit stress, je suis quand même toute excitée à l'idée de partir avec lui.

Je finis donc les derniers préparatifs avant de m'installer sur mon bureau pour continuer à travailler sur mes différents projets.

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Hey ! 

Voici un chapitre plus en légèreté :), je me disais que ça faisait un moment que les trois frères et soeurs n'avaient pas été réunis. 

Comme vous vous en doutez, les prochains chapitres seront sur le départ et le week-end à Londres et j'ai hâte que vous les découvriez ;)

J'essaye de poster avant la semaine prochaine ;)

Je vous embrasse ! 

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