Chapitre 54

Point de vue de Mélissa.

« Il est quelle heure ? » Je me tourne vers Chloé pendant que nous marchons dans une nuit glaciale.

« Quatre heures. » Elle claque des dents.

« J'espère qu'il ne dort pas. »

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu y ailles Mél. »

« Je ne peux pas rentrer chez moi et sans lui avoir parler. Je suis certaine qu'il pense que j'ai fait ça pour me venger et que je l'ai vraiment embrassé. » Je me mords la lèvre.

Elle ne répond rien et je soupire doucement de soulagement quand je vois que nous arrivons dans sa rue.

Le taxi a mis un temps fou à arriver et quand il a vu où nous souhaitions nous rendre, il a déclaré que c'était beaucoup trop loin pour lui.

Nous avons essayé de le convaincre mais il a décidé de prendre d'autres personnes, sous nos yeux.

J'ai donc pris l'initiative d'y aller en transport et Chloé a refusé de me laisser seule.

Notre chemin n'a pas été facile, les transports sont beaucoup moins fréquents la nuit et beaucoup plus long mais nous sommes enfin arrivées.

« Tu vas aller où ? » Je me tourne vers elle.

« Chez moi, ce n'est pas très loin. »

« Tu n'étais pas obligée de venir. »

« Oui mais je m'en serais voulu si quelqu'un était venu te déranger. »

« Merci. »

« Tu sais Mél, on ne voulait pas te dire tout ça. »

« Je sais. » Je réponds rapidement. « Je sais aussi que je n'ai pas été facile ces derniers jours et j'en suis désolée. » Ma gorge se serre.

« On va dire que ça peut arriver à tout le monde. »

« Tu ne peux pas savoir comme je m'en veux. J'ai agi tellement bêtement, Samuel doit penser que je ne suis qu'une gamine qui n'en vaut pas la peine. »

« Ça, je n'en sais rien mais il est énervé, oui. »

« Et je peux le comprendre. J'ai voulu boire pour essayer de m'évader un peu de tout mais vu que je n'ai rien mangé de la journée, tout a très vite tourné. »

« Et je pense que Vincent en a un peu profiter. »

« Je ne l'ai pas reconnu, il était tellement avenant, il m'a même proposé de me venger de Samuel. »

« Et tu as été à deux doigts d'accepter. »

« Je ne l'ai pas embrassé. » Je me défends.

« Oui mais presque. »

Je sens une boule se former dans ma gorge et j'essaye de préparer quelques phrases que je ressortirai face à Samuel.

« J'avais prévu de passer la nuit avec lui. »

« Avec Vincent ? » Elle s'exclame.

« Non, avec Samuel. » Je roule des yeux.

« Oh. » Son regard devient plus tendre.

« Je suis même allée acheter des sous-vêtements exprès. »

« Mél... » Elle se place doucement devant moi.

« J'avais tout prévu Chloé, je voulais qu'on le fasse ce soir et qu'ensuite je lui annonce qu'on partait en weekend pour marquer le début de notre nouvelle histoire. Et maintenant, j'ai tout gâché. »

« Tu as eu un moment un peu spécial disons... Tu as fait n'importe quoi mais peut-être qu'il comprendra. »

« Tu penses ? »

« Il était vraiment remonté Mél, je ne vais pas te mentir et honnêtement ça se comprend, je pense que tu n'aurais pas du tout accepté à sa place. Mais peut-être que ça s'arrangera. »

« J'espère. » Je me contrôle pour éviter de claquer des dents.

« Tu l'as appelé ? »

« Il ne répond pas, il a dû éteindre son téléphone. »

« Tu veux que je t'attende pour voir s'il est chez lui ? »

« Non, ne t'inquiète pas, tu n'étais déjà pas obligée de m'accompagner. Tu es gelée et tu dors pratiquement debout, va te reposer. »

« Ça ne me dérange pas. »

« Je t'appelle un taxi. » Je souris doucement.

« Mél, non. »

« Si, j'y tiens, c'est pour te remercier pour tout ce que tu as fait. »

« Ce n'est pas nécessaire. »

Je saisis mon téléphone en l'ignorant et après de grande difficulté à taper sur le clavier avec mes doigts congelés, je me tourne vers elle.

« Il arrive dans deux minutes. »

« Merci. » Elle me fait un petit sourire.

« Je vais attendre avec toi. »

« Va plutôt le rejoindre. »

« Ton taxi arrive dans deux minutes, il est à deux rues, ce n'est pas bien long. »

« Bon, et bien, merci. »

Nous restons ensuite silencieuses et Chloé fait un signe de main quand elle reconnait l'immatriculation du taxi.

« Rentre bien. » Je souris. « Et merci pour tout. »

« Bon courage Mélissa, tiens-moi au courant. »

« Oui ne t'inquiète pas. »

Elle rentre ensuite à l'intérieur du véhicule et s'enfonce dans la rue.

Je me tourne alors vers l'immeuble et je compose ensuite le code qui me permet d'entrer.

Je décide d'emprunter les escaliers que je monte rapidement pour essayer de me réchauffer et m'aider à décuver.

Je m'arrête entre chaque étage pour reprendre ma respiration et ne pas arriver trop essoufflée puis je me place devant la porte d'entrée de Samuel.

Je regarde mon téléphone et je décide de l'appeler une dernière fois mais toujours rien. Le répondeur se fait entendre directement.

Je sens mon cœur battre à tout rompre et au moment où je vais pour sonner, mon téléphone se met à vibrer.

Je m'empresse alors de regarder le numéro mais je soupire de déception quand je vois que c'est Vincent.

Je décide alors de mettre mon téléphone en silencieux et après quelques secondes d'hésitation je sonne une première fois.

J'agite doucement mes jambes pour essayer de me réchauffer tout en répétant mes phrases déjà toute faites dans ma tête.

Je sonne ensuite une deuxième fois mais toujours rien.

« J'espère qu'il ne dort pas. » Je soupire.

Je sonne une troisième fois puis je tente de sonner en continue mais toujours rien.

« Samuel. » Je toque à la porte. « C'est moi, c'est Mél. » J'essaye de ne pas parler trop fort pour éviter de réveiller tout le voisinage. « Ouvre-moi, s'il te plait, il faut que je te parle. » Ma gorge se serre.

Je n'entends toujours rien et je commence à désespérer.

Peut-être qu'il n'est tout simplement pas chez lui.

Je toque une dernière fois mais voyant que rien ne se passe, je décide de me laisser glisser contre le mur et de l'attendre.

S'il est chez lui, il sortira bien à un moment donné pour faire deux trois courses et s'il n'est pas chez lui, il finira bien par rentrer.

Je rapproche ensuite mes genoux près de mon menton et je pose ma tête dessus.

Mon esprit commence à divaguer et je me demande simplement où il peut être.

Peut-être qu'il est chez Philippines, qu'il a décidé de la revoir et qu'il réalise que finalement si, elle est beaucoup mieux que moi.

Ou peut-être qu'il a rencontré quelqu'un d'autre et qu'il passe maintenant la nuit avec elle.

Un tas de scénarios se profilent alors dans ma tête et je commence à paniquer. Mon cœur se met à accélérer et je me lève d'un coup pour faire les cent pas.

« Mélissa putain mais calme-toi. » Je passe mes mains dans les cheveux.

Je n'arrive plus à réfléchir, je ne me rappelle plus de rien, je n'arrive même pas à savoir ce que j'ai fait et ce que je n'ai pas fait.

Est-ce que j'ai vraiment repoussé Vincent ? Est-ce qu'il m'a embrassé ? Ou peut-être que c'est lui qui m'a repoussé.

J'ai l'impression de devenir folle, de ne plus arriver à penser correctement.

Les effets de l'alcool sont toujours là me procurant un mal de tête extrême.

« Mélissa, respire. » Je me dis à moi-même.

Je me passe une main sur le visage et je sens que je peux craquer à tout moment.

Ma respiration s'accélère et je me sens presque bloquée, j'ai la sensation que tout est terminé, que Samuel ne me pardonnera jamais, qu'il est déjà allé voir ailleurs, qu'il ne pense même plus à moi.

Je saisis ensuite mon téléphone pour pouvoir regarder l'état dans lequel je suis et je réalise que je suis immonde.

Mon mascara a coulé de partout à cause des larmes versés dû au vent glacial, j'en ai même sur mon front à force de m'être passer les mains sur le visage.

Le froid à complètement séché ma peau, j'ai les lèvres presque gercées avec des traces de rouge à lèvres comme incrustées, mes cheveux sont emmêlés et mes yeux sont rouges à cause de l'alcool.

Je me rassois alors, dépitée par cette journée.

Je ne sais même pas comment nous en sommes arrivés là.

J'étais supposée rester chez lui cette nuit, dans son lit, pas devant sa porte.

« Qu'est-ce que tu peux être conne. » Je poursuis en me frappant doucement le front.

J'enlève ensuite mes chaussures à talons qui me font un mal de chien et je les pose à côté de moi avant de doucement me masser les pieds pour retrouver quelques sensations.

Je les bouge légèrement et laisse ma tête partir en arrière pour la poser contre le mur.

J'étends mes jambes et je ferme un court instant mes yeux pour essayer d'avoir des idées plus claires et de réfléchir à une solution.

Je ne dois pas céder à la panique ni à me faire des films qui ne sont probablement pas vrai.

Je fais alors quelques exercices de respirations et relaxation qui semblent porter leurs fruits. Je me sens plus légère et j'ai de plus en plus de mal à ouvrir les yeux.

Je décide alors de me laisser aller en me disant qu'une petite sieste de quelques minutes ne me fera pas de mal et me permettra de mieux réfléchir par la suite.

C'est le claquement d'une porte qui me fait sursauter. J'ouvre alors immédiatement les yeux et je commence à regarder autour de moi.

Je mets un moment avant de réaliser où je suis et je sens ensuite une boule de poils s'approcher de moi.

« Bambi, viens ici. » Une voix légèrement aiguë se fait entendre.

Je plisse alors les yeux dû à la lumière du couloir allumée. Je me frotte doucement le visage et je me tourne vers le petit chien qui commence à me renifler.

« Hey, doucement. » Je dis calmement en essayant de caresser le petit bichon maltais.

« Bambi, arrête. » La voix semble plus agacée.

Je lève alors la tête et je réalise que je suis toujours devant la porte d'entrée de Samuel. Mon regard s'arrête alors sur une femme d'un certain âge qui me fixe comme si j'étais la pire espèce sur Terre.

« Oh. » Je me racle la gorge. « Bonjour Madame. » Je me lève difficilement avant de plisser mes vêtements.

« Vous n'avez pas le droit d'être ici Mademoiselle. C'est une propriété privée. » Elle me lance sèchement.

« Je sais, j'attends juste que mon copain rentre, je n'ai pas les clés et il ne répond pas. » Je lâche un petit sourire.

Elle me regarde de haut en bas et ferme à clés sa porte d'entrée.

« La prochaine fois, évitez de sonner comme vous l'avez fait, vous avez certainement dû réveiller tout l'immeuble. »

« Je suis désolée, ça ne se reproduira plus. » Je suis mal à l'aise.

Elle me lance un dernier regard et tire sur la laisse de son chien.

« Allez viens ma puce, on va se balader. »

« Excuse-moi. » Je l'interpelle.

« Oui ? » Elle se tourne légèrement.

« Quelle heure est-il ? »

« Vous n'avez pas de téléphone, vous les jeunes ? »

« Il n'a plus de batterie. »

Ce qui est la vérité.

« Six heures et quart. »

« Merci. »

Elle soupire et commence à descendre les escaliers.

« Bonne journée. » Je dis mais elle ne répond rien. « Merde. » Je chuchote ensuite en m'adossant contre la porte.

J'étais supposée dormir cinq minutes, pas deux heures.

Il a pu se passer tellement de choses en deux heures, peut-être que Samuel est rentré chez lui et a préféré me laisser seule, dehors.

Non, il ne ferait pas une chose pareille.

Je tente quand même de sonner une nouvelle fois mais toujours rien.

Mes yeux me brulent tellement je suis fatiguée et j'hésite à rester.

Peut-être qu'il ne rentrera pas avant ce soir et je ne sais pas si j'aurai la force d'attendre jusque-là.

J'aimerai au moins prendre une douche et être plus présentable.

Je soupire longuement et je regarde mon téléphone éteint.

Je me tourne alors une dernière fois vers sa porte d'entrée et lorsque je me décide à partir j'entends la porte d'entrée de l'immeuble claquer.

Je fige en une fraction de seconde et mon cœur s'accélère. Je regarde alors autour de moi et je ne sais pas vraiment où me mettre ni comment me tenir.

De toute façon c'est très clair, si c'est Samuel, je reste. Si ce n'est pas lui, je pars.

La personne décide de prendre les escaliers et plus j'entends les pas se rapprocher, plus mon rythme cardiaque s'emballe. 

Je dois être dans un état encore plus lamentable et j'hésite à me cacher ou à monter un étage de plus.

Je navigue entre la porte d'entrée de Samuel et la première marche qui emmène à l'étage du dessus et au moment où je me décide à emprunter les escaliers je vois la silhouette de Samuel se rapprocher.

La première chose qui me frappe c'est qu'il est toujours aussi beau et séduisant. Même après, j'imagine, une soirée catastrophique pour lui.

Alors que moi, je suis à la limite du présentable.

Je reste alors sur ma marche, sans bouger, à part pour mieux plisser mes vêtements et essayer de me recoiffer.

Il place sa main dans sa poche et en sort ses clés. Il se racle ensuite la gorge et relève la tête.

Il s'arrête à l'avant dernière marche et nous nous fixons de longues secondes sans bouger. Je pose mes mains sur la rambarde en bois et j'attends qu'il parle.

« Mélissa ? » Il ne semble pas comprendre. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Il balance sèchement. 

Il est énervé contre moi, la nuit ne l'a visiblement pas calmé.

Ma poitrine monte et descend au rythme de ma respiration et j'ouvre plusieurs fois la bouche pour répondre mais je n'arrive pas à émettre le moindre son.

« Je... » Je m'éclaircis la voix. « Je suis venue te voir, pour te parler. »

Il me regarde de haut en bas avant de monter la dernière marche.

J'ai comme l'impression que je le dégoûte. 

La tension est palpable et je redoute ses prochaines paroles. 

« Je suis fatigué et je n'ai pas du tout envie de parler. » Il saisit sa clé et s'approche de sa porte d'entrée.

« Je sais mais il faut que je te parle, c'est important. » Je descends les deux petites marches.

« Je n'en ai pas envie. » Il répète plus durement.

« Je t'ai attendu la moitié de la nuit Samuel, je me suis endormie devant ta porte et je me suis fait réveillée par le chien de ta voisine. » Je dis la gorge serrée.

« Et moi, j'ai passé la soirée à t'observer faire n'importe quoi alors je ne sais pas vraiment laquelle de nos deux expériences est la pire. » Il répond sans me jeter le moindre regard. 

Son rejet me serre littéralement le coeur. 

« J'ai essayé de te joindre mais tu n'as pas répondu. »

« C'était volontaire. »

« Dis-moi simplement où tu étais. » Je suis prête à me mettre à genoux.

Il soupire longuement et se passe une main dans les cheveux.

« J'ai bu quelques verres dans un bar avec Théo pour me vider la tête et ensuite nous sommes allés chez Benjamin. Contente ? »

Je déglutis et mes épaules s'abaissent.

« Philippines était là ? »

Samuel se tourne vers moi et un petit sourire apparait. Je cligne plusieurs fois des yeux regrettant ma dernière phrase.

« Waouw Mélissa, tu es incroyable. » Il lâche un rire.

« Je suis désolée, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. » Je m'empresse de répondre.

« Tu es sérieusement en train de me demander si Philippines était avec moi après ce que tu as fait ? » Il hausse la voix et j'ai un mouvement de recul. « Tu es donc encore pire que ce que j'imaginais. »

J'ai l'impression que tout s'effondre autour de moi.

« Ne dis pas ça Samuel... » Je dis doucement. « Je ne réfléchis pas correctement, j'ai été bête de poser cette question. »

Il ouvre la porte de son appartement tout en me foudroyant du regard et je sais que je me suis mise toute seule, dans une merde pas possible.

« Je peux entrer s'il te plait ? »

« Mélissa, rentre chez toi. » Il se tourne vers moi. « Tu ne devrais pas être là. » Il va pour fermer la porte mais je pose ma main dessus.

« Je ne l'ai pas embrassé. » Je le fixe. « Je ne l'ai pas embrassé Samuel. » Je répète plus doucement.

Il enlève sa main de la poignée et je pousse légèrement la porte pour qu'elle s'ouvre un peu plus.

« Tu te rends compte à quel point tu as été ridicule ce soir ? » Il me fixe. « C'est comme si je te découvrais, je réalisais qui tu étais vraiment. »

« Non justement. » J'essaye de ne pas montrer que je suis blessée par ce qu'il dit. « Je n'étais pas moi-même. »

« Tu vas me sortir l'excuse de l'alcool c'est ça ? »

« Tu me l'as aussi dit quand tu m'as avoué que tu avais couché avec Philippines après m'avoir embrassé. » Je réponds plus sèchement que je ne le voudrai.

Il lâche une nouvelle fois ce petit sourire qui ne me mets pas du tout à l'aise.

« Pars, Mélissa. »

« Non, je ne partirai pas. »

« Je n'ai vraiment pas envie de te voir ni de t'écouter parler. Ça fait cinq minutes que tu ouvres la bouche et je suis déjà fatigué. »

« Laisse-moi t'expliquer. »

« Je te rappelle que tu avais besoin de temps quand c'était moi qui étais fautif et je t'ai laissé du temps maintenant soit gentille et fait la même chose. »

« Tu es venue me voir juste après mon examen. »

« Et tu m'as giflé. » Il s'exclame.

Je ne réponds pas tout de suite et je laisse glisser ma main contre la porte.

« Je t'en prie, je te demande seulement de m'accorder cinq minutes. » Je répète presque à bout de souffle. « Cinq minutes. » Je le supplie du regard. « Je t'aime Samuel et je refuse de partir tant que je ne t'ai pas parlé. »

Il lâche un profond soupire et repose sa main sur la poignée.

Pendant une seconde j'ai la sensation qu'il va me la claquer au nez mais non, il l'ouvre un peu plus.

« Cinq minutes et pas une de plus. » Il me regarde mais je sens qu'il regrette déjà ce qu'il vient de dire. 

« Merci. » Je déglutis.

Il se décale en roulant des yeux et je rentre à l'intérieur.

« Ça sent bon. » J'essaye de détendre l'atmosphère mais il jette ses clés sur le comptoir de sa cuisine, me faisant sursauter.

Il claque ensuite la porte et je sais que les prochaines minutes ne vont pas être faciles du tout.

Il passe ensuite derrière le comptoir et se serre un verre d'eau sans me demander si je souhaite boire quelque chose alors que je suis assoiffée.

« Ton temps de parole s'écoule Mélissa. » Il tourne ensuite la tête vers moi.

J'enlève mon manteau et je le pose sur son canapé avant de m'assoir sur un de ses fauteuils.

« Tu ne pourras me jeter de chez toi. » Je réponds.

« Bon, j'ai compris. » Il pose son verre. « Reste ici si ça te fait plaisir, moi je vais me coucher. »

Je le regarde se diriger vers sa chambre et j'essaye de trouver un moyen pour qu'il se détende.

Je décide alors de me lever et de le suivre.

Je pousse doucement la porte et je le vois en train de se déshabiller avant de seulement enfiler un pantalon de survêtement.

« Casse-toi, sérieusement Mélissa. » Il soupire sans se tourner vers moi.

« Est-ce que c'est vrai que tu me trouvais insupportable ces derniers jours. »

Il se dirige vers sa fenêtre qu'il ouvre avant de se tourner vers moi.

« C'est comme ça que tu comptes commencer à parler ? » Il se retourne avant de me lancer un regard noir. « En insinuant que c'est de ma faute ? »

« Pas du tout. » Je reste calme. « Je te pose simplement une question. »

Il prend une profonde inspiration et je reste debout, face à lui.

« Tu n'étais pas facile oui. Et je regrette d'ailleurs de ne pas t'avoir quitté à ce moment-là. »

J'ai un mouvement de recul, tellement je suis surprise par ses propos.

« Samuel. » Je sens ma gorge se serrer.

« Donc je le fais maintenant. » Il continue de me fixer. « Nous ne sommes plus ensemble Mélissa. »

« Mais pourquoi ? » Je m'exclame.

« Pourquoi ? » Il fait un pas en avant. « Tu oses me demander pourquoi ? » Son regard est de plus en plus sombre et je dois avouer que je ne l'ai jamais vu aussi énervé contre moi.

J'ai dû mal à respirer normalement et je ne sais même pas quoi faire pour arranger les choses.

« Tu te bases sur des choses qui ne sont pas vraies. » J'essaye de me justifier mais je sens que je suis totalement impuissante. 

« Putain mais ouvre les yeux Mélissa, tu n'es pas faite pour avoir une relation, tout simplement. » Il semble exaspéré. « Tu te fais passer pour la fille qui a toujours été rejeté par les garçons mais je suis prêt à parier qu'il y a une dizaine de mecs qui attendent que tu leur parles. » Il poursuit. « C'est simplement toi qui les rejettes et qui fait n'importe quoi. »

« Je m'en fiche de ça, il n'y a que toi que je veux. »

« Tu ne comprends pas ce que je veux dire, c'est incroyable. » Il fait quelques pas.

« Non je ne comprends pas. »

« Tu ne sais pas ce que tu veux, voilà tout. Tu ne te rends pas compte comment ça m'a fait affecté que tu me rejettes sans arrêt alors que tu n'avais plus aucune raison de le faire. »

« J'avais besoin de temps. » Je sens que je craque.

« Oui et il est là ton problème. Tu avais besoin de temps pour quoi ? »

« Et bien pour... »

« Non mais je la connais la réponse Mélissa, tu ne savais pas ce que tu voulais. » Il me coupe brutalement.

« C'est faux Samuel et tu le sais, j'avais juste peur. »

« Peur ? Mais jusqu'à preuve du contraire, c'est toi qui as fauté. Moi je ne t'ai jamais trompé. » Il lève les mains en haussant le ton un peu plus.

« Je ne t'ai pas trompé non plus. »

« Alors c'était quoi ton cirque de gamine immature avec Vincent ? » Il explose et j'essaye de me contrôler pour ne pas craquer. « Tu m'as dégouté Mélissa, écœuré, je n'ai même pas eu envie d'intervenir parce qu'en toute sincérité, tu n'en vaut pas la peine. » Il crache son venin et pour la première fois de toute cette journée de folie, je sens une larme glisser le long de ma joue. « Je me demande sérieusement comment j'ai fait pour gâcher tout ce temps à essayer de te récupérer ou même ce qui m'a attiré chez toi. » Il déballe toute sa haine et je reste figée, sans bouger, à tout me recevoir en pleine figure. « Et oui, tu as été insupportable ces dernières semaines, toujours à parler aux gens comme des chiens sous prétexte que tu avais tes entretiens de bourse dont tout le monde s'en fout. On s'en fout Mélissa de cette bourse, et au plus profond de moi j'espère que tu l'aurais pour que tu te casses enfin. »  Il finit et je vois que sa respiration s'est accélérée. Il a tout vidé et me voilà complètement décomposée.

« Tu me rends fou putain. » Il poursuit légèrement plus calmement. « Je te jure que je me pose des questions Mélissa. Je me demande sérieusement ce qui m'a attiré chez toi parce que, avec ce que j'ai vu ce soir, j'ai l'impression d'avoir déraillé à un moment donné et que tout le monde l'a vu sauf moi. »

Il me lance un dernier regard avant de me tourner le dos pour se mettre face à la fenêtre. 

Je sens que je n'arrive plus à contrôler mes larmes face à la brutalité de ses propos, qui me brise littéralement le coeur. 

Je crois que j'ai encore plus mal que lorsque j'ai appris qu'il s'intéressait au départ à moi, pour rendre jalouse Philippines. 

Un long silence s'installe et j'essuie mes joues humides tout en me repassant le film de cette soirée qui n'était pas du tout supposée se terminer comme ça.

Je m'assois ensuite sur le rebord de son lit incapable de quitter son appartement.

Il va d'ailleurs probablement me demander de partir dans les prochaines secondes et cette fois-ci je ne lutterai pas. 

Je ne sais pas s'il pense ce qu'il dit ou pas parce que j'ai été dans sa position il y a quelques semaines et je sais à quel point c'est dur de se sentir trahi par la personne qu'on aime.

Au plus profond de moi je sais qu'il ne pense pas ce qu'il dit, en tout cas j'essaye de me raccrocher à cette idée. 

Je ne lui en veux même pas de me dire tout ça. 

Je continue alors de vider toutes mes émotions en silence tout en le regardant me tourner le dos.

Il se passe une main sur le visage et je m'éclaircis finalement la voix pour tenter de dire quelque chose.

« Je n'ai pas été prise Samuel. » Je craque un peu plus.

Je vois ses épaules se détendre et j'essaye tant bien que mal de contenir un peu plus mes larmes mais plus je pense à cette soirée et plus j'ai envie de me rouler en boule.

« Je n'ai pas été prise à la bourse. » Je répète tout en sentant un torrent de larme se déverser sur mes joues. « Ils ont dit que je n'avais pas ma place dans un tel programme et que je n'avais pas bien saisie les enjeux de cette bourse. » Je poursuis. « Ils ont même écourté l'entretien et m'ont dit que ma seule chance d'être prise serait que quelqu'un se désiste ou que des places soient rajoutées, ce qui n'arrivera pas bien sûr. » Il se tourne enfin vers moi. « Ils n'ont vraiment pas été tendres avec moi et j'ai encore du mal à réaliser que je ne partirai pas. » Je souris tristement. « Alors désolée de te décevoir mais je risque d'être dans les parages encore un moment. »

« Mél... » Il parle enfin plus calmement mais je le coupe.

« Alors forcément quand je suis arrivée chez les filles, je n'étais pas dans mon assiette et oui je leur ai un peu parlé sèchement et j'ai vite réalisé que c'était la goutte de trop quand elles ont commencé à me dire le fin fond de leur pensée. » J'essaye de parler tranquillement. « Et quand elle ont ajouté que tu partageais leur avis, ça m'a vraiment fait l'effet d'un choc parce que je pensais que ça te faisait plaisir de m'aider. »

« Mélissa, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. » Il ferme un instant les yeux. 

« Si, justement, je pense que tu gardais tout ça en toi et que tu avais finalement besoin de l'extérioriser. » Je poursuis calmement. « Mais quand elles ont dit que tout le monde espérait que je n'obtienne pas cette bourse, je l'ai très mal pris, d'ailleurs ça me surprend que tu souhaites autant que je l'ai étant donné que ce n'est pas ce qui m'a été rapporté mais ce n'est pas le sujet. » Je déglutis. « Pour couronner le tout, forcément, je n'ai pratiquement rien mangé de la journée à part deux poignées de chips et j'ai décidé de prendre quelques verres pour digérer cette journée qui n'a franchement pas été facile. Nous sommes allées en soirée et oui, j'ai croisé Vincent au bar et sur le moment, il m'a paru être ma seule échappatoire. La seule personne complètement externe à tout ça qui me permettait de penser à autre chose parce qu'honnêtement, je ne voulais pas te voir après ce que les filles m'ont dit. »

Il se racle la gorge et s'appuie contre la rambarde extérieure de sa fenêtre.

« Les verres se sont enchainés et je n'ai plus réussi à me contrôler. Alors, effectivement, Vincent a tenté de m'embrasser mais je l'ai repoussé tout simplement parce qu'il ne m'intéresse pas et qu'il était hors de question que je te fasse une chose pareille. J'ai vite compris que si je le laissais faire, j'allais te perdre et c'est ce qui est quand même en train d'arriver. » J'ironise. « Je suis amoureuse de toi mais ça je crois que tu le sais déjà alors je ne vais pas te le répéter en boucle parce que visiblement ça ne changera pas grand-chose. » Je fais allusion à ses derniers propos. « Je suis sincèrement désolée Samuel pour ce que j'ai fait et je ne compte pas mettre ça sur le dos de l'alcool. J'ai fait n'importe quoi et oui j'ai été totalement stupide. J'aurai simplement dû directement te voir pour qu'on puisse tranquillement en parler mais je n'en avais pas envie. » J'avoue.

Il lâche un profond soupire et j'essuie mes dernières larmes avant de me lever.

Je jette un coup d'œil au ciel qui commence à s'éclaircir avant de reposer mon regard sur Samuel.

« Je te laisse tranquille maintenant, tu as surement besoin de te reposer. » Je dis à contrecœur. « Et désolée d'avoir insisté mais je ne pouvais pas te laisser penser que j'avais vraiment embrassé Vincent. » Je me dirige vers sa porte de chambre en lui lançant un dernier regard. « Repose-toi bien. » Je lui fais un petit sourire. « Et si tu croises ta voisine, dis-lui que je suis désolée, elle n'aurait pas dû me retrouver complètement endormie devant ta porte d'entrée, dans un état pire que lamentable. »

J'attends qu'il parle mais il ne bouge pas.

J'en déduis alors que tout est vraiment terminé, par ma faute cette fois-ci et je crains que ce soit bel et bien définitif.

Je ferme alors doucement sa porte de chambre et je ferme les yeux un court instant avant de me diriger vers son canapé pour récupérer mon manteau que je place sur mon bras.

Je regarde autour de moi pour vérifier que je n'ai rien oublié et je lance un regard vers la porte de chambre qui reste fermée.

J'attends quelques secondes, dans l'espoir qu'il vienne mais toujours rien.

Mon cœur se serre et je m'avance vers sa porte d'entrée.

« Merde, mes chaussures. » Je peste en découvrant ma paire de talon sur le palier. Je me baisse pour les saisir avec deux doigts avant de fouiller rapidement dans ma poche de manteau pour vérifier que je n'ai pas d'élastique pour attacher mes cheveux.

« Ça devrait faire l'affaire. » Je dis d'une petite voix quand je découvre un élastique dans un sale état sur le creux de main.

Je pose alors mes chaussures sur le sol et j'attache rapidement mes cheveux en queue de cheval.

Je descends ensuite une première marche et la porte de l'ascenseur s'ouvre sur la voisine de Samuel.

Il ne manquait plus qu'elle.

« Vous êtes encore là vous ? » Elle me fusille du regard.

Son chien se met à aboyer et je réalise qu'il est grand temps que je m'en aille.

« Je partais ne vous inquiétez pas. » Je force un sourire avant de lui tourner le dos pour continuer ma descente de marches.

« Mél. » J'entends derrière moi après qu'une porte se soit ouverte.

Je m'arrête net et je sens une fois de plus toute mes émotions ressurgir.

J'ai littéralement envie de me frapper dans ces moments-là, je déteste quand je n'arrive pas à tout contrôler.

Les aboiements du chien retentissent une nouvelle fois et je me retourne.

« Bonjour Madame Desfleurs. » Samuel s'adresse à sa voisine qui ne répond pas.

« Aller, on rentre Bambi. » Elle tire légèrement sur sa laisse et entre dans son appartement avant de claquer la porte.

Au moins, elle n'est pas comme ça qu'avec moi.

Samuel fixe la porte d'entrée avant de se tourner vers moi.

Il fait un premier pas sur le palier et j'attends qu'il me parle.

Il me fixe quelques secondes et je plisse doucement les yeux. 

« Viens au moins te reposer un peu avant de rentrer chez toi. » Il ajoute.

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Hey !

Comme promis, nous sommes encore jeudi donc voici le chapitre :) 

J'ai adoré lire vos réactions pour le précédent chapitre, ça m'a vraiment fait plaisir :) 

J'espère que vous n'êtes pas déçues ;) mais les prochains chapitres s'annoncent un peu plus roses pour notre couple 

J'essaye de poster rapidement ! Surement en début de semaine ! 

Je vous embrasse :) 

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