Chapitre 49

Je garde le regard braqué sur la porte de la classe en attendant que Samuel débarque.

Je sens mon rythme cardiaque accélérer légèrement et je retiens mon souffle quand j'aperçois la poignée s'abaisser avant que la porte ne s'ouvre.

Samuel passe alors la tête et regarde à sa droite et à sa gauche. Quand son regard croise le mien, un sourire apparaît sur son visage.

Pour je ne sais quelle raison, je ne bouge pas mais je suis incapable de cacher mon enthousiasme.

Il s'approche alors doucement de moi et me saisit la main.

« Tu vas bien ? » Il demande.

« Parfaitement bien et toi ? » Je souris.

« Oui, ça va. » Il hoche la tête.

Depuis notre explication, je suis complètement redevenue timide et impressionnée face à lui. C'est comme s'il me déstabilisait encore plus qu'avant.

« On y va ? »

« Où ça ? » Je réponds surprise.

« Je ne sais pas, aller prendre un café par exemple. »

« Samuel, j'ai dit à mon groupe que j'allais seulement aux toilettes, je ne peux pas me permettre de quitter la salle plus de cinq minutes. » Je soupire.

« Ils ne se douteront de rien. » Il essaye d'insister mais c'est peine perdue. 

« Non ce n'est pas raisonnable. Je sais très bien comment ça va se finir, on va commencer par boire un verre et puis on va discuter, le temps va passer à une vitesse folle et je ne serai toujours pas revenue quand mon groupe passera à l'oral. Résultat j'aurai un magnifique zéro qui ne manquera pas de bien faire faire chuter ma moyenne. »

Samuel cligne des yeux plusieurs fois et finit par esquisser un sourire.

« Ah oui, tu n'es pas du tout dans l'excès. »

« J'ai seulement cinq minutes. »

« Bon. » Il soupire. « J'ai compris, on va trouver autre chose. »

« Il y a pleins de salles libres aux alentours, je suis sure qu'on peut trouver un endroit calme sans pour autant quitter le campus. »

Sans me lâcher la main il se tourne vers le long couloir derrière nous.

« Il doit forcément en avoir une de libre. » Il finit par dire et je souris.

« Merci. »

Nous commençons alors à traverser le couloir et Samuel, beaucoup plus grand que moi, tourne la tête vers les petites fenêtres situées sur les portes, pour vérifier qu'elles ne sont pas occupées.

« Celle-là est libre normalement. »

« Alors allons-y. »

« Tu es sûre de vouloir tenter ? Peut-être que quelqu'un s'y cache et pourrait nous surprendre. »

« Samuel. » Je roule des yeux.

Il se moque doucement de moi et ouvre la porte.

« Tu vois, il n'y a personne. » Je me dirige vers une des tables pour m'assoir dessus. « C'est encore mieux que dans un café. »

« N'abusons pas non plus Mél. On est dans une salle de cours. »

« Oui mais au moins nous sommes au calme, personne ne viendra nous déranger. »

« C'est clair que personne ne risque d'arriver dans les cinq prochaines minutes. » Il grimace.

« C'est déjà mieux que rien. »

« Oui sauf que depuis qu'on s'est expliqué on ne se voit qu'en coup de vent. Cinq minutes par-ci, deux minutes par-là et c'est un peu frustrant. » Il s'avance pour s'installer en face de moi.

« Ce n'est pas vrai. »

« Alors cite moi un moment où un passé plus d'une heure ensemble ces derniers jours. »

Je réfléchis quelques instants mais je finis par ne pas répondre.

« C'est bien ce que je pensais. » Il reprend.

« C'est juste que j'ai été un peu débordée mais je te promets que je t'accorderai plus de temps. » C'est à mon tour de lui saisir la main mais je ne le sens toujours pas détendue. « En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à t'écouter tout à l'heure. »

« C'est vrai ? » Il repose son regard sur moi.

« Oui, tu es très à l'aise et tu as tout de suite réussi à capter ton audience. Tu étais clairement le meilleur. »

« Ah oui, carrément. » Il lâche un sourire.

« Je comprends mieux maintenant pourquoi les jurys offrant la bourse t'ont tout de suite adoré. »

« J'ai essayé de les convaincre comme je pouvais. »

Pour être très honnête, je le sens légèrement tendu alors qu'il n'y absolument aucune raison de l'être.

« Je voulais te poser une question. » Il s'éclaircit la voix.

« Oui je t'écoute. »

« Ça te fait quoi d'être dans le même groupe que Vincent ? ».

J'ai un léger mouvement de recul.

« Comment ça ? »

« Je ne sais pas, tu m'avais dit que tu avais ressentie beaucoup de choses pour ce garçon alors je me disais que tu avais peut-être eu une réaction quand tu as su que tu étais avec lui. »

« Oui je n'ai pas été très enthousiaste à l'idée de travailler avec lui. »

« Vraiment ? » Il plisse les yeux.

« Oui vraiment. Nous ne sommes pas amis, il m'a blessé certes mais maintenant je suis passée à autre chose. »

« Pourtant je l'ai vu te parler, attirer ton attention, te regarder. »

« Enfin Samuel il est en couple et moi aussi. »

Son regard s'agrandit.

« Enfin je veux dire, c'est tout comme. » Je me reprends.

« Je vois. »

« Tu n'as pas à t'inquiéter de quoique ce soit par rapport à Vincent, il ne me fait plus aucun effet, bien au contraire. »

« En tout cas je pourrai peut-être le comprendre si... »

« Tu es sourd ou quoi ? » Je souris doucement. « Je suis attirée par toi et c'est comme ça, pour le coup je ne peux rien y faire. » J'essaye de le rassurer.

Je ne sais pas si c'est correct de penser ça mais je suis en quelque sorte touchée ou flattée qu'il ressente un peu de jalousie.

Une fois de plus, il me montre qu'il tient à moi et que ce n'est pas juste un petit jeu ridicule.

Je le sens se détendre doucement et j'en profite pour déposer un baiser sur le coin de ses lèvres avant d'enrouler mes bras autour de son cou.

Je sens ensuite ses mains se placer dans mon dos et il se rapproche un peu de moi. Sa tête vient se poser dans le creux de mon cou et sentir son souffle contre ma peau me procure quelques frissons.

« Tu me manques Mél. » Il dit doucement et je ferme lentement les yeux pour profiter un peu plus de ce moment.

Il me serre un peu plus contre lui et je passe délicatement une main dans ses cheveux.

« Toi aussi. »

Je me place ensuite de nouveau face à lui et ma main descend vers sa joue.

« D'ailleurs, je ne t'ai pas dit. » Je reprends mes esprits. 

« Non mais tu ne vas tarder à le faire j'imagine. » Il garde ses bras enroulés autour de moi, au niveau du bas de mon dos.

« J'ai eu mes résultats de test. » J'essaye de contrôler toute ma joie et mon soulagement.

« Quand ça ? »

« Tout à l'heure, avant d'aller en cours. C'est pour ça que je suis arrivée en retard. »

« Et alors ? »

Je laisse un petit silence pour créer un peu de suspens.

« Je ne pourrai pas te croire si tu me disais que tu avais tout raté. »

« Et bien... » J'essaye de l'induire en erreur.

« Je te connais beaucoup trop bien Mél. Si tu n'avais pas eu la note que tu voulais, tu ne serais pas là avec moi mais plutôt chez toi en train de pleurer comme pas possible, au point de ne plus pouvoir respirer. »

« Je ne pleure jamais au point de ne plus pouvoir respirer. » J'essaye de me défendre.

« Ah. Bon. On ne doit pas connaître la même personne alors. » Il se moque. « Parce qu'aux dernières nouvelles, tu es assez sensible. »

« Fais attention à ce que tu peux dire Samuel parce que je trouve que tu es sur le point de dépasser une certaine limite. » J'esquisse un sourire. « Je ne pense pas que ce soit nécessaire de te rappeler les différentes raisons qui m'ont amené à terminer dans cet état. »

Il perd rapidement son sourire moqueur.

« Oui effectivement, ce n'est pas une bonne idée. »

« De toute manière, ce n'est pas le sujet. »

« Alors crache le morceau. » Il s'impatiente. « Quels sont tes résultats même si je me doute qu'ils sont loin d'être catastrophiques. »

« Ils sont suffisamment bien pour m'emmener aux entretiens. » Je souris pleine de joie. « J'ai réussis Samuel. »

« C'est vrai ? » Il sourit à son tour. « Tu l'as fait ? »

« Je l'ai fait et tu ne peux pas savoir comment je suis soulagée. »

« Mais mon amour mais c'est super. »

Ses paroles me réchauffent le cœur.

« Tu ne peux pas savoir comment je suis fier de toi, tu le mérites Mél, vraiment. » Il remonte une de ses mains vers ma joue.

« C'est aussi grâce à toi. »

« Mais c'est toi qui était au test ce jour-là pas moi et en plus, tu n'étais pas dans les meilleures conditions psychologiques. »

« En tout cas, merci pour tout, malgré tout je n'y serai probablement pas arrivé sans toi, tu m'as toujours soutenu et ça m'a beaucoup touché. »

« Tu me remercieras quand tu seras définitivement prise et que tu seras dans l'avion. »

Je souris sans répondre.

« Et si tu veux d'ailleurs que je t'aide pour préparer tes oraux, je le ferai avec plaisir. »

« Et bien c'est ce que j'allais justement te demander. »

« Alors tu connais la réponse. »

« Merci beaucoup. » Je répète en passant doucement ma main sur son visage.

Un silence vient ensuite s'installer entre nous et je sens l'atmosphère changer.

Samuel se redresse doucement et sa main ne quitte pas ma joue.

Mon pouls s'accélère doucement et j'essaye d'anticiper mes réactions face aux prochaines secondes.

Il approche ensuite doucement son visage du mien et je suis soudainement dans l'incapacité de faire le moindre mouvement.

C'est au moment où ses lèvres ne sont pas qu'à quelques centimètres des miennes que je réussis à réfléchir.

« Samuel. » Je dis doucement.

Je l'entends lâcher un soupire de frustration et il recule presque instantanément.

« Je suis désolé. » Il se racle la gorge sans me regarder.

« Non c'est moi qui suis désolée. » Je réponds. « Je ne suis simplement pas encore prête. » Je me sens mal à l'aise.

« Qu'est-ce qu'il te faut de plus Mélissa ? »

J'ai un mouvement de recul, surprise par le ton qu'il emploie.

« Juste un peu de temps. » Je réponds la gorge serrée.

« Du temps pour quoi ? »

« Pour réfléchir. »

« Mais pour réfléchir à quoi ? »

Il le fait exprès ou je rêve ?

« A nous deux Samuel, à ce que tu as fait, aux conséquences que ça a pu avoir. »

« Mais je ne comprends pas, tu me dis que me croies, que tu m'aimes, j'essaye de faire de mon mieux pour te prouver que je suis sincère et ça ne suffit pas. »

« Mais ça ne fait même pas une semaine que tout s'est passé. » J'essaye de rester calme même je sens qu'il commence à m'agacer.

« Et tu as besoin de respecter temps minimum pour réfléchir ? Parce qu'excuse-moi mais à partir du moment où tu me croies et que nos sentiments sont réciproques, je ne vois pas ce qui peut te bloquer. On peut très bien prendre notre temps tout en étant ensemble. »

« Qu'est-ce que tu cherches là tout un coup ? Parce que si tu veux me provoquer sache que c'est réussi. » Je réponds sèchement.

Je suis complètement vexé par sa réaction, que je ne comprends d'ailleurs pas. 

Il lâche alors un profond soupire et je croise les bras en m'éloignant légèrement.

« Je ne joue pas avec toi Samuel, loin de là, je veux seulement prendre un peu de temps et j'estime que j'y aie droit. Maintenant, si ça ne te convient pas ou que tu trouves ça trop long, je t'en prie ne m'attend pas et va voir ailleurs. » Je dis plus calmement.

« Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je veux. »

« Alors pourquoi tu me dis des choses pareilles ? »

« Ce n'est pas vraiment ce que j'ai voulu dire, je suis juste un peu frustré de ne même pas pouvoir t'embrasser. »

« Écoute. » Je me rapproche un peu de lui. « Je ne compte pas te faire attendre bien longtemps, je peux entièrement comprendre ce que tu ressens mais n'oublie pas que j'ai été blessé et humilié. »

« Je sais. » Il se détend. « Je sais Mél et j'en suis désolé. »

« J'aimerai bien qu'on discute un peu plus longtemps mais je dois filer, mon groupe ne risque plus vraiment de croire à mon excuse. »

« D'accord. » Il répond simplement.

« Tu ne viens pas ? »

« J'arrive, commence à y aller sans moi. »

« Arrête de te prendre la tête. » Je caresse doucement son visage.

« Je ne me prends pas la tête. »

« Bon, d'accord. » Je décide de lâcher l'affaire et de le laisser un peu tranquille. « À tout de suite alors. » Je dis à contrecœur en me dirigeant vers la porte.

« Ouais. » Il répond simplement et je quitte la petite salle pour rentrer dans la classe.

J'ouvre la porte le cœur serré et je suis instantanément immergé dans les bavardages incessants de mes camarades.

Je monte les petits escaliers pour rejoindre mon groupe mais je m'arrête quand je vois Théo s'approcher de moi avec son petit sourire qui m'agace tant.

« Quoi ? » Je lâche sur les nerfs.

« Détends-toi Mél, je ne t'ai même pas encore parlé. »

« Oui mais je pense que tu risques encore de me taquiner ou de me provoquer et je n'en ai vraiment pas besoin. »

« Oh non. » Il fait la moue. « Tu viens de te disputer avec ton chéri. »

« Comment tu sais que j'étais avec lui ? »

« Tu me prends pour un con ou quoi ? Tu quittes la salle seule et deux secondes après Samuel te suit et puis, oh tiens. » Il s'arrête et lève le regard. « Il est de retour une minute après toi. »

Je me tourne vers la porte et je vois Samuel rentrer, le visage fermé et se diriger vers Benjamin.

« Et en plus de ça, il fait la gueule. » Il continu.

« Arrête Théo, tu es loin d'être drôle. »

« Alors c'est quoi votre sujet de discorde ? »

« Rien rien, il n'y a aucun problème entre nous deux. » Je suis déjà agacée.

« Tu sais que tu peux tout me dire. »

« Depuis quand tu es si à l'aise à l'idée que je te parle de Samuel ? »

« Depuis que ça va mieux entre lui et moi. » Il me regarde comme si c'était une évidence.

« Je ne pensais pas que c'était à ce point. »

« Ce n'est plus comme avant certes, mais je ne suis plus vraiment fâché contre lui. »

« Ah. Bon. » Je réponds septique.

« Ça serait génial d'ailleurs que tu l'invites à dîner ce soir. »

« Non mais tu as pété les plombs ou quoi ? » J'hallucine. « Tu veux qu'il se fasse fracasser ? »

« Je ne sais pas, je me disais que ça serait sympa que nos parents découvrent les personnes qui partagent notre vie en même temps. » Il sourit fièrement.

« De quoi tu parles ? »

« Oh tu n'es pas au courant ? » Il fait mine d'être surpris et devient alors une véritable tête à claque.

« Crache le morceau Théo. » Je grince des dents.

« Lou vient diner à la maison ce soir. »

« Tu rigoles ? »

« Ah non pas du tout. » Il lâche un rire.

« Ça a été prévu quand ? »

« Hier soir. »

« Et tu n'as pas pensé à me le dire plus tôt ? »

« Pourquoi faire ? » Il hausse les épaules.

« Fais chier. » Je lâche.

« Je compte vraiment sur toi pour faire des efforts. » Il dit plus sérieusement.

« Tu me connais, je jouerai la comédie. » Je force un sourire.

« Je suis sérieux. »

« Moi aussi. »

Je finis par soupirer.

« Je dois aller travailler. » Je lâche agacée par ces dernières minutes.

Je me dirige vers mon groupe en ignorant Théo et je reprends ma place.

« Oh Mélissa, tu es revenue. » Me sourit Diane. « Tu peux te mettre avec Vincent, on a décidé de partager les tâches. »

« Comment ça ? »

Ils ont tous décidé de m'assommer aujourd'hui ou quoi ?

Il ne manquait plus que ça.

« Ça a vraiment été fait par hasard. » Vincent me regarde.

« Je m'en doute oui. » J'essaye de rester agréable.

Je m'installe alors à ses côtés en saisissant mon ordinateur et j'ouvre une page vide pour pouvoir écrire.

Il faut que je me remotive pour pouvoir présenter un bon travail parce qu'il est tout simplement hors de question que je me ridiculise devant cette salle.

Je commence alors à écrire ce qui me semble correcte et Vincent me corrige de temps en temps.

« Tu n'es pas trop stressée ? » Il me demande.

« Pourquoi je le serais ? »

« Je ne sais pas, peut-être à l'idée de tout présenter devant Samuel ou Théo. »

« Oh. Non ça va et avec un peu de chance, nous présenterons la semaine prochaine. Le professeur n'aura jamais le temps de faire passer tout le monde. »

« C'est vrai. »

Je continue alors à écrire mais Vincent m'interrompt une nouvelle fois.

« Tu es sûre que tu vas bien ? Tu me sembles un peu tendue. »

« Je suis simplement un peu préoccupée mais ça va. » Je force un sourire.

« C'est Samuel ? »

Je me tourne alors doucement vers lui, piquée par sa question.

De quel droit se permet-il de me demander des choses personnelles après tout ce qu'il s'est passé entre nous ?

Il ne m'a jamais reparlé jusqu'à la soirée de Sacha et ça commence à sérieusement m'agacer de le voir se rapprocher de moi, même de manière amicale.

Je ne veux plus qu'il ne me parle ni qu'il porte son attention sur moi.

Je jette alors un rapide coup d'œil dans la direction de Samuel et je remarque qu'il a déjà le regard posé sur moi.

Je baisse doucement les yeux avant de me tourner vers mon écran d'ordinateur.

« Ça ne te regarde pas. » Je dis sans paraitre sèche.

« Je ne sais pas, je me disais que vous étiez partis et rentrés pratiquement en même temps et ton humeur a totalement changé. »

« Écoute Vincent, je vais vraiment essayer d'être sympa mais j'aimerais qu'on se concentre plutôt sur notre devoir. Et même s'il se passait quoique ce soit avec Samuel, tu ne le saurais pas parce que tu n'es tout simplement pas mon ami. »

Je le sens légèrement vexé mais je l'ignore en portant la totalité de mon attention vers mon document.

Vincent ne répond rien et nous continuons de débattre sur le sujet à proprement parlé.

« Il ne vous reste plus que trois minutes. » J'entends le professeur dire dans le micro après un certain temps.

« Merde. » Je lâche. « Il faut qu'on se réunisse avec les autres. » Je saisis mon ordinateur et je me dirige vers le reste du groupe.

J'étais enfin complètement plongée dans notre stratégie que je n'ai pas vu le temps passer.

« Vous avez fini ? » Me demande Diane.

« Presque, il reste quelques détails. »

« Nous aussi, il nous manque une partie. » Elle grimace.

« J'espère qu'on ne va pas passer aujourd'hui. » Je réponds. « Nous ne sommes absolument pas prêts. » Je m'imagine déjà me prendre un tollé de la part du professeur, nous humiliant devant tout le monde.

« Ne vous inquiétez pas, vous avez vu le nombre de personne qu'il y a. La probabilité pour qu'il nous interroge est trop fine. » Vincent hausse les épaules.

Je ne suis pas convaincue mais j'essaye de rester calme.

« C'est terminé. » Le professeur reprend. « Tout le monde à sa place s'il vous plait. »

Je me mords légèrement la lèvre et je m'installe à l'extrémité de la rangée.

« Vous avez pu tout finir comme vous le vouliez ? » Il demande.

Un « non » collectif se fait entendre et le professeur se met à sourire.

« C'est ce que je voulais entendre. »

Super, en plus de ça il va prendre un malin plaisir à tous nous enfoncer.

« On va procéder à un tirage au sort. » Il saisit de nouveau son bocal où se trouve tous nos noms de groupes à l'intérieur.

« Il ne faut pas qu'on soit premier, ni dernier. » Ajoute Guillaume.

« Surtout pas premier. » Je réponds en retenant mon souffle.

« Et j'appelle le groupe numéro 1 de chez Microsoft. » Il sourit fièrement et nous lâchons tous un soupir de soulagement.

« Nous n'avons plus qu'à prier à chaque tirage au sort. » Lance Diane.

Le premier groupe se lève en se lançant des petits regards et monte sur l'estrade avant de brancher leur ordinateur au vidéo projecteur.

« Vous pouvez y aller. » Le professeur s'installe au premier rang et les différents membres du groupe se relayent la parole.

Plus je les entends parler et plus je suis sidérée par le niveau de leur présentation.

Ce n'est pas possible de fournir un travail de cette qualité là en si peu de temps.

« Prends des notes. » Vincent chuchote à Guillaume. « Il faut qu'on copie un peu sur les autres groupes. »

« Mais on n'a pas les mêmes entreprises. »

« Alors prends des notes sur Apple. »

« Pourquoi tu ne le fais pas toi ? »

Vincent se tait quelques secondes.

« Oh. Et bien parce que je ne sais pas prendre des notes. »

Je roule des yeux sachant très bien que c'est simplement parce qu'il n'a pas envie de faire cette tâche.

Le premier groupe termine sa présentation et reçoit des applaudissements provenant de toute la salle.

Je ne peux même pas m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie quand l'une des filles du groupe jette un coup d'œil dans la direction de Samuel avec un sourire au coin.

Le professeur ajoute ses petits commentaires et invitent les membres du groupe à rejoindre leur place.

Il procède une nouvelle fois, au tirage au sort et les groupes finissent par s'enchainer.

Je garde le regard fixé sur l'horloge au fond de la salle, pour m'assurer que nous n'aurons pas le temps de passer, parce que nous ne sommes définitivement pas prêts.

Après une bonne heure de présentation, le professeur se lève et je soupire enfin de soulagement.

« Bon, très bien. » Il joint ses mains.

« On est bon. » Je fais un clin d'œil à mon groupe avant de fermer mon écran d'ordinateur.

« Je ne sais pas s'il nous reste quelques minutes pour faire passer un dernier groupe. » Il poursuit.

Non, c'est évident qu'il n'y a pas le temps.

Je range ensuite mon ordinateur dans sa pochette mais je sens soudainement un regard sur moi.

Je lève alors la tête et j'aperçois le professeur me fixer.

« Mais étant donné que certaines personnes sont pressées de quitter cette salle, je me ferai bien un malin plaisir de faire passer un dernier groupe. » Il ne me quitte pas du regard et différentes têtes se tournent vers moi.

« Putain Mélissa. » Vincent dit entre ses dents.

J'avale difficilement ma salive et j'ignore les regards de mon frère et de Samuel.

« J'appelle donc le troisième groupe d'Apple. »

J'entends un soupire de frustration générale et je n'ose même pas regarder les membres de mon groupe.

« Merci Mélissa. » Guillaume me foudroie du regard. « On compte sur toi pour répondre à toutes les questions qu'il posera. »

« Je suis désolée. » Je me contente de répondre.

« Tu ne pouvais pas attendre cinq minutes pour ranger tes affaires ? » Vincent renchérit.

Ma gorge se serre et je me dirige vers la petite estrade sans répondre.

Les visages de mes camarades sont décomposés et je n'ai jamais été aussi mal de prendre la parole à l'oral.

Je tourne légèrement la tête et sans surprise, Théo et ses amis ne me lâchent pas du regard.

Je le vois même chuchoter quelque chose à Benjamin, que Samuel doit entendre étant donné qu'ils lâchent tous les trois un rire.

Sacha sourit discrètement et je serre la mâchoire.

Ils se foutent de moi, c'est une certitude.

Diane me lance un regard et commence la présentation. Je me place alors légèrement en retrait et j'attends patiemment que ce soit mon tour de prendre la parole.

Quand ma page apparait, je fais un pas en avant et je me racle la gorge avant de lire mes notes.

« Mademoiselle. » Me lance le professeur et je relève la tête.

« Oui ? »

« Vos notes. »

Je regarde mes feuilles de papiers entre les mains, sans comprendre où il veut en venir.

« Posez-les. » Il dit plus durement. « Vous avez bien remarqué que personnes ne les avait. »

« Oh. » Je réalise. « Oui bien sûr. »

Je pose alors mes bouts de papier et j'entends le professeur soupirer. J'essaye de rester calme et de ne pas être déstabilisée.

Je toussote avant de reprendre la parole et même si au début, tout n'est pas clair, je perds mes mots et bégaye de temps à autre, je finis par me reprendre en main et je deviens de plus en plus en l'aise.

J'ignore, bien évidemment, une partie bien précise de la salle et je me concentre sur le reste.

J'utilise un peu mes mains pour appuyer mes propos et je vois le visage de mon professeur se détendre.

Il me pose même quelques questions et j'arrive à lui donner les réponses sans broncher.

« Merci Mélissa. » Il finit et je fais un pas en arrière avant que Guillaume ne finisse avec la conclusion.

« Tu as assuré. » Me dit Vincent.

Je souris alors sincèrement, contente de ce qu'il vient de dire.

« Merci. »

« Pas de problème. » Il me sourit en retour.

Je me tourne ensuite vers le reste de la classe et quand Guillaume termine sa partie, le professeur nous fait un rapide compte-rendu avant de nous inviter à reprendre nos places.

« En tout cas, merci à tous pour votre attention, vous avez fait du bon travail, je suis très content. » Le professeur se lève pour nous faire face. « Merci à vous. » Il sourit au premier rang occupé par les étudiants de dernières années. « D'avoir pris de votre temps pour nous rendre visite. »

Il jette ensuite un coup d'œil à l'horloge.

« Vous pouvez maintenant y aller, on se retrouve la semaine prochaine. »

Les étudiants se lèvent alors immédiatement, pressés d'aller en pause pendant que je finis de ranger mes affaires.

« On ne s'est pas trop mal débrouillés. » Diane pose son sac sur son épaule.

« Ça aurait pu être pire. » Vincent sourit.

« Mais ça aurait pu être mieux si Mélissa avait attendu un peu avant de ranger ses affaires. » Guillaume ajoute.

« Je pense justement que la semaine prochaine, il sera beaucoup plus sévère. » Diane prend ma défense.

« Hum... Peut-être. »

J'ignore complètement ses propos et je saisis mon sac.

« Ça a été vraiment sympa de travailler avec vous. » J'ajoute.

« Ouais c'est vrai. » Diane sourit.

Guillaume ne répond rien et se dirige vers la sortie.

Vincent me lance un regard et j'hausse les épaules.

Nous finissons par quitter la salle et Vincent me sourit une dernière fois avant de se diriger vers son prochain cours.

« Bien joué. » Théo lance un rapide regard à Vincent avant de se diriger vers moi.

« Je ne sais pas si c'est ironique mais merci. » Je réponds.

« Non franchement, vous avez assurés même si tu es clairement la personne qui a sorti ton groupe de la merde. » Benjamin ajoute.

« Merci. » Je souris. « C'est très gentil. Vous avez aussi assuré. »

« Merci. » Benjamin répond à son tour.

« Bravo Mél. » Je vois Samuel arriver vers nous.

« Ce n'était pas grand-chose, je ne jouais pas ma vie non plus. » J'essaye d'ironiser.

« Oui mais j'aurai pensé que tu allais perdre tes moyens et ça n'a pas vraiment été le cas. » Il ajoute sérieusement et une légère tension vient s'installer entre nous.

« C'est vrai. » Je me contente de répondre et le regard de Théo passe de Samuel à moi.

« On va vous laisser. » Théo s'éclaircit la voix en faisant un signe de tête à Benjamin.

« Mais nous n'avons plus cours. » Benjamin ne semble pas comprendre et je suis étonnée que ce soit Théo qui joue, en quelque sorte, les entremetteurs.

« Alors vient m'accompagner prendre un café. »

« Tu ne peux pas y aller seul ? »

Samuel lâche un profond soupire et je décide de prendre les devants.

« Je dois aller à mon prochain cours. » J'interviens. « Tu veux peut-être venir avec moi ? » Je regarde Samuel.

« C'est que j'allais justement te proposer. » Il répond.

« Parfait. » Je souris doucement. « Bonne fin d'après-midi. » Je fais un signe de mains aux deux autres garçons.

« Salut Mél. » Benjamin me sourit et il rejoint Théo qui a déjà commencé à avancer.

Je fais quelques pas en avant et Samuel se place à mes côtés.

« Tu es un peu moins tendu ? » Je décide de prendre la parole la première.

« Un peu oui. » Il hausse les épaules.

« Je suis désolée si tu penses que je joue avec toi ou que je te fais attendre juste pour attendre mais ce n'est pas le cas. »

« Je sais Mél. » Il soupire.

« J'ai simplement besoin d'un tout petit peu de temps, pas grand-chose vraiment, mais j'ai peur que si on se remet ensemble maintenant, je ressente un blocage. »

« J'ai bien saisi ce que tu as tout à l'heure, ne t'inquiète pas. »

« Pourtant j'ai l'impression que tu m'en veux. »

« Je ne t'en veux pas Mél. » Il s'arrête et je me retourne pour lui faire face. « C'est juste que je regrette sincèrement ce que j'ai fait et je n'ai qu'une hâte : qu'on passe à autre chose. En me faisant attendre j'ai la sensation qu'on n'avance pas, qu'on reste bloqué sur ce qu'il s'est passé. »

« Je comprends mais c'est nécessaire pour moi. » J'insiste. « Je te promet que ça ne sera pas long. »

« C'est déjà très long. » Il lâche enfin un tout petit sourire.

« Oui mais je suis touchée quand je vois tout ce que tu fais pour moi. Je sais que tu es sincère alors c'est le plus important. » Je touche sa main du bout des doigts.

Il se rapproche alors de moi et finit par me déposer un baiser sur la joue qui me fait frissonner.

« Je dois y aller. » Je dis quand je vois mon professeur entrer dans la salle.

« Bon courage. »

Je lui offre un grand sourire et je lui fais un signe de main totalement ridicule avant de rentrer dans ma salle de classe pour suivre mon dernier cours de la journée.

Quand le professeur nous libère un peu plus tôt que prévu, je me dépêche de ranger mes affaires pour rentrer au plus vite chez moi.

Je place mes écouteurs dans mes oreilles et je lance ma playlist en aléatoire. Je suis d'ailleurs satisfaite quand je vois que les musiques qui défilent me plaisent.

Pendant tout le trajet je me fais quelques films concernant Samuel et moi, je repense à quelques bons moments que nous avons passés ensemble et je souris.

Je sais que dans très peu de temps nous serons enfin de nouveau en couple et je me réjouis déjà d'avance.

Je quitte les transports en commun et je grimace quand je vois qu'il commence à faire sombre dehors.

J'accélère alors le pas pour ne pas avoir à rentrer chez moi complètement dans le noir.

Je baisse le volume de ma musique et je finis même par retirer un écouteur pour prendre conscience des bruits autour de moi.

Lorsque j'arrive enfin dans ma rue, je me détends et je lâche un petit soupir de soulagement.

Seulement, au fur et à mesure que je m'avance, je remarque une silhouette familière qui semble attendre devant mon portail.

J'ouvre un peu plus mes yeux et je m'arrête pratiquement en face de lui, sur le trottoir d'en face.

Je pourrais le reconnaitre parmi mille, il a les mains dans les poches, il regarde ailleurs et a même enfiler sa capuche.

Pourtant c'est bien lui.

Sacha relève enfin la tête vers moi et j'avale difficilement ma salive.

Il se redresse et je fais un premier pas en avant.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » Je commence en ayant dû mal à articuler. 

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Hey ! 

J'espère que vous allez bien :) 

Nous sommes proche de la fin haha, je suis actuellement en train d'écrire le dernier rebondissement de l'histoire et puis après quelques chapitres, ça sera fini :) 

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre et que vous n'êtes pas trop impatientes du retour officiel du couple Mélissa / Samuel ;) 

Je vous embrasse ! 

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