Le repas est étonnamment calme ce soir.

Mon père n'est encore au courant de rien et est le seul à entretenir la discussion autour de la table.

Je me contente de répondre par des sourires forcés ou par de brèves réponses sans développer.

Il a insisté maintes et maintes fois pour que je lui explique en détail le déroulement de mon test mais je n'arrive pas à répondre à ses attentes.

Je suis lessivée et je n'ai pas la force ni l'envie de détailler ma journée.

Théo n'est pas plus bavard, il n'a pas levé la tête de son assiette et ne m'a pas jeté un seul regard depuis qu'il est rentré.

Je pense qu'il est resté calme et agréable avec moi après la soirée parce qu'il ne voulait pas en rajouter une couche en voyant mon état, maintenant tout est redescendu et je peux sentir qu'il m'en veut.

« Chéri, tu es sûr que tu t'es juste cogné à cette soirée ? Ton œil est bien noir. » Ma mère pose sa main sur celle de Théo et je sais qu'elle essaye de lui tirer les vers du nez.

Il relève la tête pour la première fois avant de s'enfoncer dans sa chaise.

« Je suis maladroit, ce n'est pas une nouveauté. »

« Mais un poteau ne fait pas autant de dégât sur un visage. » Mon père pose sa fourchette.

« Et bien avec moi si. » Je sens Théo se tendre.

Je le remercie tellement de ne pas dire la vérité même si la majorité des personnes autour de cette table sont au courant.

« Tu marchais à quelle vitesse ? Parce que papa a raison, c'est logiquement impossible qu'un poteau te noircisse l'œil à ce point. » Louis en rajoute une couche, ce qui m'agace profondément sachant qu'il est maintenant au courant de toute l'histoire.

« Écoute monsieur le physicien, il y a des choses dans la vie qui sont logiquement impossible et qui portant arrivent. C'est surprenant mais c'est comme ça. Si ça t'intéresse autant, va plutôt retourner étudier tes forces, tes vitesses et tes poids en physique mais arrête de me faire chier. »

« Théo. » Ma mère s'offusque.

« Je n'ai plus faim de toute manière. » Il se lève en débarrassant son assiette. « Bonne soirée. » Il monte ensuite les escaliers sous nos regards interloqués.

« Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Il vient de se faire larguer ou quoi ? » Mon père laisse échapper un rire mais un long silence remplit la pièce.

Je repousse mon assiette, n'ayant plus faim et je détourne le regard.

« Il s'est vraiment fait larguer ? » Mon père dit plus sérieusement en voyant notre réaction.

« C'est de ma faute papa. » Je lâche. « Tout est de ma faute. »

« Mél. » Ma mère soupire. « Ne dis pas ça. »

« Je ne comprends pas. » Mon père fait naviguer son regard entre ma mère et moi. « Il vient donc de se faire quitter ? »

J'ignore une fois de plus la question stupide de mon père et je me passe une main sur le visage, désœuvrée.

« Si maman, c'est la simple et pure vérité. »

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Je vois mon père serrer le poing.

Je prends une profonde inspiration avant de tout déballer. Je m'en fiche que tout le monde soit au courant, je veux juste me délester de ce poids que je porte depuis si longtemps.

« Ce qu'il s'est passe papa, c'est que j'ai developpé de fort sentiment pour Samuel, le meilleur ami de Théo, que ça faisait plus d'un mois qu'on se fréquentait et que je n'ai rien dis à Théo. Il a fini par l'apprendre par la bouche de Raphaël et maintenant il m'en veut. »

« Quoi ? » Mon père me fixe après de longues secondes avant de jeter un coup d'œil à ma mère.

« Attends, tu n'as pas encore entendu le pire. » Ma gorge se serre. « Samuel a joué avec moi du début jusqu'à la fin. » J'essaye tant bien que mal de ne pas craquer. « Il voulait simplement récupérer son ex en se servant de moi. »

Mon père se tourne doucement vers ma mère.

« Tu étais au courant ? » Il demande froidement.

« Elle me l'a annoncé tout à l'heure, elle est rentrée en pleurant. » Elle détourne le regard.

« Et toi ? Tu savais ? » Il se tourne maintenant vers Louis.

« Je l'ai appris par hasard, en même temps que maman. »

Ma mère se passe la main sur le visage et mon père reporte son regard sur moi.

« Donne-moi ton téléphone. » Il tend la main.

« Quoi ? Mais pourquoi ? » Je secoue la tête ne comprenant soudainement pas ce qu'il se passe.

« Donne-moi ton téléphone Mél. » Il s'agace.

« Pour quoi faire ? »

« Je vais appeler ce connard et voir s'il a le courage de me filer son adresse pour que je lui dise deux mots. »

« Tu as pété un plomb ou quoi ? » Je me lève. « Jamais je ne te laisserai faire ça. »

« Mélissa, je n'ai jamais été aussi sérieux. Il est hors de question que je laisse ce salopard s'en tirer comme ça. »

« Mais laisse-moi gérer ça toute seule, il a déjà le visage défiguré par Théo. »

Mon père laisse tomber sa main.

« Donc ce n'est pas un poteau merdique qui a causé son œil au beurre noir ? »

« Non, c'est Samuel. » Je réponds.

« Parce qu'en plus de jouer avec les sentiments de ma fille, il fracasse le visage de mon fils ? » Il dit sarcastiquement. « Ce mec est un connard fini Mélissa. »

Je ne veux même pas répondre.

« Je ne le redirai pas deux fois, donne-moi ton téléphone. » Il se lève.

« Arrête. » Ma mère pose sa main sur son bras et un nouveau silence apparait. « Si elle n'a pas envie que tu ailles le voir, tu n'insistes pas. » Elle reprend durement.

« Il est venu à la maison en plus non ? »

« Oui. » Je murmure presque.

« Tu le fréquentais déjà ? » Je sens sa colère monter de plus en plus.

Je baisse le regard.

« Est-ce qu'il t'a touché ? »

Une fois de plus, je ne réponds pas.

« Mélissa. » Ma mère se lève à son tour.

Me voilà maintenant dans la situation la plus gênante de toute ma vie.

« Vous avez eu des rapports ? » Ma mère poursuit, les yeux grands ouverts.

« Non. » Je finis par répondre dans murmure.

Il est hors de question que je disse la vérité concernant ce sujet-là.

« Bon. » Elle se racle la gorge. « Tu sais, tu fais ce que tu veux, il n'y a aucun jugement. »

Je me mords légèrement l'intérieur de la joue.

« Ta mère a raison Mél, vous n'êtes pas arrivés dans ce monde en étant livré par des cigognes. » Mon père ajoute.

« J'ai compris. » Je réponds rapidement et je vois Louis être légèrement mal à l'aise.

« De toute manière c'est ta vie privée, tant que rien n'était forcé, ça m'importe peu. » Ma mère renchérit et je la remercie de ne pas insister.

« Ce qui me ferait juste chier Mélissa, c'est qu'il t'ait touché pendant qu'il se foutait de ta gueule. »

« D'après Mél, je pense qu'au contraire, il tenait beaucoup à elle. » Elle lève une main.

« Tu t'écoutes parler sérieusement ? » Il la foudroie du regard et j'ai envie de m'éclipser dans ma chambre. « Elle vient de nous dire qu'il n'a jamais ressenti quelque chose pour elle et toi tu le défends ? Tu es hallucinante. »

Il ne manquait plus que ça, que mes parents haussent le ton pour cette histoire.

Je vois Louis s'éclipser rapidement et j'ai envie de l'attraper. Il ne reste qu'au moment qui l'intéresse et ça a tendance à m'agacer.

« Tu sais, je pense que s'il ne tenait pas un minimum à elle, il ne serait pas là, à essayer de se faire pardonner. »

« Je n'arrive pas à croire que tu sortes des conneries pareilles. » Il se rassoit avant de tourner le regard vers moi. « Il est hors de question que tu revois ce type Mélissa. » Il me pointe du doigt.

« Je fais ce que je veux. » Je réponds.

Je suis tellement partagée. D'un côté, je suis touchée que mon père réagisse de cette manière même si ça ne me surprend pas, il a toujours dit qu'il aurait la peau du garçon qui me briserait le cœur, mais d'un autre côté je suis une grande fille et je peux régler mes histoires toute seule. Je n'ai pas besoin que mon père me dise qui je dois voir ou non.

« Tu ne connais même pas toute l'histoire. » Ma mère s'exaspère. « Au lieu de lui donner des ordres à la con, tu ferais mieux d'être là pour elle. »

« Mais je suis là pour elle, je ne comprends pas juste pas comment elle a pu tomber sous le charme d'un type pareil. »

« C'est comme ça papa. » Je le fixe. « Je n'ai rien contrôlé. Dès que j'ai posé mon regard sur lui, j'ai ressenti quelque chose. Jamais je n'aurai pensé qu'il jouerait avec mes sentiments, maintenant je ne peux m'en prendre qu'à moi-même mais je vous en prie, arrêtez de vous parler de cette manière pour ça. »

Mon père prend une profonde inspiration.

« Tu as de la chance que Théo lui ait bien cassé la gueule. » Il reprend plus calmement. « Ça m'évite de le faire. »

« Il ne l'a pas loupé si ça peut te rassurer. » Je réponds.

« Il s'est aussi bien défoulé sur Théo. » Il dit entre ses dents. « Et ça, ce n'est pas normal. »

« Je sais mais Théo est celui qui s'en ai le mieux sorti. »

Ma mère nous regarde et s'assoit à son tour.

« Comment tu te sens ? » Mon père ajoute.

« Mal, je ne vais rien te cacher. J'ai l'impression que je ne vais jamais aller mieux, que je penserai toujours à lui, que je n'arriverai pas à être attirée par un autre garçon. » Je souris tristement en jouant avec mes doigts.

Il se lève une nouvelle fois mais cette fois-ci, pour me prendre dans ses bras et je le serre fort contre moi.

« Il ne te mérite pas ma Mél. Crois-moi, tu tomberas sur quelqu'un de bien qui sera sincère avec toi, je m'en assurerai. »

Il m'embrasse sur le crâne et je ferme doucement les yeux.

« C'est juste que... Je ne pensais pas que ça ferait aussi mal. »

Ma mère se lève à son tour.

« Oh mon bébé. » Elle vient me serrer contre elle. « Ton père a raison, tu mérites tellement mieux. »

« Merci beaucoup d'être là pour moi. » J'ajoute.

« C'est normal ma chérie. » Mon père me fait un petit sourire. « Mais crois-moi, si j'apprends qu'il continue de jouer au petit con avec toi, j'irai le voir pour terminer le travail de ton frère. »

« Ça marche. » Je lâche un tout petit rire.

« Je n'en reviens pas qu'un garçon ait pu être aussi méchant avec toi. » Il poursuit.

« Je vais arriver à remonter la pente. » Je recule légèrement. « Ça prendra du temps mais j'espère y arriver. »

Mes parents me regardent avant de me prendre une nouvelle fois dans leur bras.

Je finis ensuite de débarrasser mon assiette et je monte pour aller voir Théo.

Je me place devant sa porte de chambre et je penche doucement mon oreille pour essayer de savoir s'il est occupé ou pas.

Après quelques respirations, je toque légèrement contre sa porte.

« Oui ? » J'entends et j'ouvre la porte. « Mél ? » Il me fixe depuis son lit.

Point de vue de Théo :

« Je peux entrer ? » Elle fait un premier pas.

« Oui bien sûr. » Je me redresse.

Je vois directement à son expression du visage qu'elle vient ici pour avoir une discussion sérieuse avec moi.

« Est-ce que tout va bien ? » Elle me demande avant de s'assoir sur le bout de mon lit, face à moi.

« J'ai encore un peu mal au visage mais ça va. »

« Oui je comprends, c'est vrai que c'est encore bien abimé. Et moralement ? Tout va bien ? » Je la vois rester un peu éloignée de moi.

« Tu sais que tu peux te rapprocher Mél, je ne vais pas de manger. » Je ris doucement.

« Oh. Oui bien sûr. » Elle esquisse un sourire. « C'est juste que je ne sais pas vraiment dans quel état d'esprit tu es. Tu avais l'air sacrément sur les nerfs tout à l'heure. » Elle se rapproche de moi.

« Disons que j'ai connu de meilleures journées. » Je me racle légèrement la gorge.

« Vraiment Théo tu ne peux pas savoir comment je m'en veux, je suis tellement désolée d'avoir tout gâché avec tes amis, je... »

« Ce n'était pas mes amis Mélissa. » Je la coupe plus durement que je ne le voudrai.

Elle lève le regard vers moi et s'arrête.

« Ils ont joué avec toi, sans remords, sans scrupule. » J'ajoute. « Quand on est amis avec quelqu'un on ne s'amuse pas avec les sentiments de sa petite sœur. »

« C'est Sacha qui a été le plus dur Théo. » Elle dit doucement en jouant avec ses doigts.

« Pas plus que Samuel. »

Je sens qu'elle va me la mettre à l'envers.

« Peut-être qu'il a vraiment été sincère à un moment donné avec moi. » Elle murmure presque et je la fixe.

« Tu me fais quoi là Mélissa ? » Je demande sèchement.

« Rien absolument rien, je suis juste perdue. »

« Attends, tu lui reparles ? Après quarante-huit heures ? »

« Il est venu me voir à la sortie de mon examen. »

« Pardon ? » Je vois rouge.

Je n'en reviens pas.

Ce type va me faire chier jusqu'au bout.

« On s'est disputé. » Elle s'empresse d'ajouter. « Je l'ai giflée, il m'a dit des choses qui m'ont vexé et nous sommes partis chacun de notre côté. »

Je serre les dents attendant la suite.

Mélissa me lance un rapide regard pour voir mon expression et je la sens déjà mal à l'aise.

« Il m'a envoyé un message me disant qu'il était désolé et que ça serait vraiment bien qu'on se parle tous les deux. Maman m'a conseillé d'y aller alors j'ai accepté. »

« Putain mais il faut qu'on te prenne combien de fois pour une conne pour que tu comprennes les choses ? » Je me lève.

« J'ai besoin d'avoir sa version des faits. Même toi tu as dit que tu le croyais. » Elle hausse légèrement la voix.

« Mais on s'en fout que je le croie ou non. Ce qui compte vraiment c'est ce qu'il t'a fait. » J'essaye de rester calme mais elle ne me facilite pas la tâche.

« Oui mais si tu le croies, ça veut aussi dire que tu penses qu'il a été sincère avec moi. »

« Effectivement, je pense qu'il a été sincère avec toi Mél, je le pense vraiment mais la raison pour laquelle il s'est rapproché de toi est répugnante et ça, je ne pourrai jamais lui pardonner. »

« Oui mais moi je suis amoureuse de lui. »

Je la regarde en m'approchant doucement d'elle.

« Attends qu'est-ce que tu essayes de me dire là ? »

« Rien Théo, je ne fais que discuter avec toi. »

« Tu veux te remettre avec lui ? » Je n'arrive plus à rester calme. « Tu es complètement folle ma pauvre fille. »

« Théo arrête de me parler comme ça. » Elle me répond sèchement. « Tu n'es pas mon père et tu n'as aucun droit de me dire ce que je dois faire ou non. »

« Wahou. » Je lâche un rire nerveux. « Tu es donc vraiment stupide. »

Elle a un mouvement de recul.

« Tu es beaucoup trop con Théo, remet toi un peu en question. Je te rappelle qu'au départ c'est toi qui as couché avec ma meilleure amie pour oublier ton ex. » Elle s'écrie et je me fige. « Tu n'es pas mieux que lui, tu es même pire parce que ça fait maintenant plus d'un an que Sophia garde pour elle tout ce qu'elle ressent pour toi en sachant très bien qu'elle n'a plus aucune chance avec toi. » Elle me pointe du doigt.

Je dois avouer qu'elle n'a pas tort mais pour ma défense, je ne pensais pas que Sophia allait être aussi attachée que ça.

« Ok Mél. » Je soupire. « Je suis désolé. Je ne pensais pas ce que je disais. »

« Si justement, je pense que tu le pensais parfaitement. Tu as un problème d'égo Théo. »

« Non, tu ne sais juste pas ce que j'ai ressenti quand Raphaël m'a annoncé que tu sortais avec Samuel. »

« Mais tu m'as dit après la soirée que tu aurais fini par accepter. »

« Je t'ai dit ça parce que tu étais déjà assez mal comme ça. » Je lâche. « Je n'allais pas en rajouter une couche alors que tu arrivais à peine à mettre un pied devant l'autre. »

Elle me regarde et lâche un profond soupire.

« Bon, je vais te proposer quelque chose. » Elle reprend.

« Je t'écoute. »

« On va avoir une discussion, sur Samuel, Sophia et nous deux. Ça sera le seul et unique moment où nous allons parler de tout ça, une fois que je passerai cette porte je prendrai mes décisions et tu prendras les tiennes. Après ça, nous ne reparlerons plus de cette histoire. »

J'hésite quelques instants parce que je ne sais pas si j'arriverai à accepter que Mélissa ramène ce connard fini à la maison.

« Alors ? » Elle hausse les sourcils. « Tu en dis quoi ? »

« Bon. » Je soupire. « On a qu'à faire ça, oui. »

« Parfait. » Elle fait demi-tour pour s'installer sur mon lit. « Tu commences. »

« Par quoi ? Il y a tellement de choses. »

« Commençons par le commencement. Qu'est-ce que tu as ressentis quand Raphaël t'a donc gentiment annoncé que je fréquentais Samuel. »

« Que tu sortais avec lui Mélissa. Tu ne le fréquentais pas, vous sortiez ensemble. » Je rectifie et elle roule des yeux.

« Si tu veux. »

« Non ce n'est pas si je veux. Emploie les bons termes. Je te rappelle que ces dernières semaines tu passais tes journées chez lui à faire je ne sais quoi. »

Je la vois rougir et j'ai soudainement des images d'eux chez lui qui me donnent des hauts les cœurs.

Je secoue légèrement la tête pour ne plus y penser mais c'est plus difficile qu'il n'y parait.

« Tu couches bien avec Lou toutes les semaines Théo et pourtant je n'en fais pas tout un fromage. »

« Ce n'est pas pareil. »

« Non effectivement, tu es beaucoup plus régulier. »

« Bon Mél, on essaye d'avoir une conversation sérieuse là. »

« Ce n'est pas moi qui suis en train d'imaginer je ne sais quoi dans mon esprit. » Elle lève les mains.

« Revenons à ta première question. » Je force un sourire.

« Je t'écoute. »

« Evan m'avait gentiment invité à chez lui et il se trouve que Raph était là. »

« D'accord. » Je la vois serrer les dents en sachant très bien que Raphaël va s'en prendre plein la figure dans les prochains jours.

Je pense même qu'elle est déjà en train de préparer son discours dans sa tête.

« On discutait tranquillement dans leur salon et puis pour je ne sais plus quelle raison, nous sommes venus à parler de toi. »

Je la voix hausser les sourcils.

« Et de Samuel. » J'ajoute.

« Et pourquoi ? »

« Parce que j'avais déjà beaucoup de soupçons Mélissa. » Je dis doucement et elle se relâche. « J'avais besoin d'avoir l'avis de mes amis qui te connaissent aussi parfaitement que moi, je voulais savoir s'ils avaient remarqué quelque chose de changé chez toi ou si tu leur avais parlé. »

Elle cligne plusieurs fois des yeux.

« Je te jure que j'étais comme un dingue, je n'arrêtais pas de vous regarder pour voir vos comportements mais vous cachiez vraiment bien votre jeu. »

« On a essayé de faire du mieux qu'on a pu. »

« Vous avez été très forts, je dois le reconnaître. Enfin bref, c'est donc là que Raphaël a décidé de me le dire. Il m'a fait promettre d'attendre que tu me l'annonces mais tu ne l'as jamais fait. Ça m'a fait un énorme choc de savoir que vous sortiez ensemble mais ce qui m'a le plus blessé c'est quand j'ai réalisé que tout le monde le savait sauf moi alors que je suis ton frère. »

Elle baisse légèrement le regard.

« Et le pire c'est que j'ai attendu mais tu n'as rien dit. » Je poursuis. « Quand je l'ai appris, je ne vais pas te mentir que je l'ai très mal pris mais Raphaël et Evan, m'ont résonné me disant que tu étais grande, que tu ne faisais rien de mal et que Samuel était quelqu'un de bien. »

« Je ne sais plus si c'est le cas maintenant mais continu. »

« J'aurai simplement aimé que tu me le dises, avec ou sans Samuel peu importe, mais que je l'apprenne par toi. Tu vois, j'ai peut-être merdé avec Sophia mais c'est ce qui m'a fait prendre conscience que ce n'était pas si grave si tu sortais avec Samuel mais j'ai mis un point d'honneur pour que tu l'apprennes par moi et pas par quelqu'un d'autre. »

« Tu me l'as quand même dit parce que tu n'avais plus le choix. »

« Mais je te l'ai dit. »

Elle ne répond pas tout de suite.

« Non mais je comprends Théo, je suis vraiment désolée, c'est vrai que j'aurai dû te le dire beaucoup plus tôt. »

« Je pense oui et peut-être qu'il n'y aurait pas eu tous ces soucis. »

« C'est possible oui. » Elle dit doucement.

« Je ne t'en veux pas Mél et je pense que Samuel t'a rendu heureuse mais sache que si tu décides de lui laisser une seconde chance, je ne pourrai plus faire d'efforts avec lui. »

« Mais c'est ton ami Théo, c'est celui à qui tu tiens le plus hormis Evan et Raph. »

Je détourne doucement le regard avant de m'assoir sur le rebords de mon lit.

« Il m'a fait du mal, c'est vrai mais je ne t'en voudrai pas si tu décides de lui reparler. Tu sais, quand tu m'as annoncé que tu avais couché avec Sophia ça m'a fait un choc mais une fois que j'ai repris mes esprits j'ai réalisé que je n'en voulais à aucun de vous deux. »

« Oui mais ce n'est pas comparable. »

« Un peu Théo, tu ne l'as simplement pas dit clairement. »

Ça m'énerve de l'avouer mais elle n'a pas tort.

« Comment c'est passé votre présentation d'aujourd'hui ? » Elle demande.

« Mal. Samuel a complètement perdu ses moyens et Benjamin et moi les avons complètement ignorés. »

« Mais qu'est-ce que ça t'a fait de l'ignorer ? »

« Ça m'a fait drôle, ça m'a fait de la peine... Je crois. »

« Tu sais Théo, la personne à qui j'en veux le plus c'est Sacha et de loin mais je commence à croire que Samuel a finalement été sincère avec moi. Maman a raison, je pense que s'il ne tenait pas à moi, il ne serait pas là, à me courir après. »

« Je ne sais pas Mél... »

« Ce que je veux te dire c'est que si Samuel te manque et que tu souhaites renouer quelque chose avec lui, je ne t'en voudrai absolument pas. Je suis même sûre que tu lui as parlé depuis la soirée. »

Je ne réponds rien parce que c'est la vérité.

Nous nous sommes reparlés seulement pour mettre les choses au clair, rien de plus mais je dois avouer que j'ai été légèrement dégoûté de devoir l'ignorer aujourd'hui.

« On verra. » Je réponds simplement.

« J'espère juste que tout finira par s'arranger. »

« Hum. » Je reste sceptique.

« Et Lou dans tout ça ? »

« Ça n'a plus rien à avoir avec notre conversation là. » Je tourne légèrement la tête sur le côté pour la voir dans mon champ de vision.

« C'est vrai mais je voulais savoir comment ça avait évoluer maintenant qu'elle sait que tu n'as rien fait. »

« Et bien écoute ça va mieux. C'est vrai que c'est un peu plus simple maintenant, je pense qu'on peut enfin tout recommencer à zéro. »

« Alors je suis contente pour toi. » Elle sourit légèrement.

« Merci. » Je souris doucement.

« Et je voulais savoir... Qu'est-ce que tu ressens vraiment pour elle ? »

« Comment ça ? » Je fronce les sourcils.

« Est-ce que tu peux comparer ça à ce que tu as ressentis pour Justine ? »

« Quoi ? » Je lâche un rire. « Pas du tout, c'est totalement différent. »

« Dans quel sens ? »

« Pourquoi tu veux savoir tout ça ? »

« Pour savoir. »

« Non il y a bien une raison Mél. » Je me tourne complètement vers elle.

« Pour savoir si un jour j'arriverai à passer à autre chose. » Son expression devient plus triste.

J'efface mon sourire et je m'assois en face d'elle.

« Je croyais que tu songeais à te remettre avec lui. »

« Oui j'y songe mais ça peut ne pas marcher. Enfin, nous n'en sommes pas là, je dois d'abord réfléchir, discuter avec lui et entendre ce qu'il a à me dire. »

« Alors si ça ne marche pas, je peux te garantir que tu finiras par passer à autre chose. »

« On verra. » Elle soupire.

« Tu sais, Justine c'était la première fille que j'ai aimée alors oui c'était fort et j'étais très attaché à elle mais c'était au lycée. Maintenant, je n'ai aucun regret vis-à-vis de cette relation, j'en garde un très bon souvenir mais j'ai bien réalisé que Justine n'est plus ce que je cherche. Avec Lou c'est différent, elle me correspond mieux, du moins je pense, et je me projette vraiment avec elle. »

« Tu te projettes ? » Je sens qu'elle se tend.

« Pas non plus sur le long terme Mél. » Je lâche rire. « Quoiqu'on ne sait pas mais oui, j'imagine des choses avec elle que je n'imaginais pas forcément quand j'étais avec Justine. »

« Je vois... »

« Quoiqu'il arrive Mél, tout se passera bien. » Je souris.

« J'espère. » Elle me sourit en retour avant de me prendre dans ses bras.

« Je ne t'en veux pas Mél. » Je dis doucement.

« Merci beaucoup. »

« Et tu as raison, c'était la dernière fois qu'on évoquait ce sujet. »

Elle me sourit.

« Je ne te dérange pas plus. » Elle se dirige vers la porte d'entrée.

« D'ailleurs. » Je la retiens quelques secondes. « Bon courage pour demain, avec Samuel. Après mure réflexion, tu fais ce que tu veux, il ne faut juste pas que tu aies de regrets. »

« Ça marche. » Elle me sourit une dernière fois avant de quitter ma chambre.

Je me rallonge sur mon lit et je saisis mon téléphone hésitant à téléphoner à Samuel.

Mais je me ravise préférant attendre de voir l'état d'esprit de Mélissa demain, après leur rendez-vous.

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Hey ! 

J'espère que vous allez bien !

Voici un nouveau point de vue et il s'agit de celui de Théo. J'ai pensé que c'était essentiel que je le mette à ce moment là de la fiction car il n'y a pas meilleur moyen pour que vous puissiez voir et comprendre ses réactions :) 

J'espère sincèrement que les prochains chapitres vous séduiront :)

Je vous embrasse !