Chapitre 39

Me voilà maintenant dans la bibliothèque de l'école, écouteurs dans les oreilles, à essayer d'intégrer les différentes méthodes du test.

Ce n'est pas la première fois que je le révise, mais je veux seulement m'assurer de bien tout connaître.

Mes yeux sont concentrés sur chaque mot du livre et avec mon surligneur, je passe en couleur ce qui me semble important.

C'est-à-dire tout le livre.

J'utilise simplement plusieurs couleurs pour me donner bonne conscience en pensant que je fais du tri dans les informations mais ce n'est absolument pas le cas.

Je suis tellement obnubilée que je ne remarque pas ce qu'il se passe autour de moi, et je ne regarde pas une seule fois l'heure qui l'est.

Je finis même par arrêter la musique qui commence à me prendre la tête et à me sensibiliser le tympan.

Je garde simplement mes écouteurs dans les oreilles afin de filtrer les petits bruits dérangeants qui se font entendre dans une bibliothèque comme les bruits de pages qui se tournent, les chaises qui bougent, les chuchotements ou encore les fermetures de trousse qui s'ouvrent et se ferment s'en arrêt.

Je ne fais même pas attention quand quelqu'un s'installe à côté de moi et c'est simplement lorsque cette personne vient enlever un écouteur que je relève la tête.

Je suis à deux doigts de l'incendier mais je réalise très vite que c'est Samuel qui me regarde avec son beau sourire.

« Oh. C'est toi. » Je chuchote en enlevant mon deuxième écouteur.

Je fais un rapide tour d'horizon autour de moi et je remarque que la salle est pratiquement vide autour de moi et qu'il fait nuit noire à l'extérieur.

« Il est quelle heure ? » Je demande en regardant mon écran de téléphone.

« Vingt et une heure. » Il répond.

« Quoi ? Oh mon Dieu mais je dois filer. » Je range rapidement mes affaires.

« Attends, calme toi Mél, tu as le temps. »

Je désactive le mode avion de mon téléphone et Samuel ne me lâche pas du regard.

« Mes parents vont s'inquiéter. » Je poursuis.

« Ne t'inquiète pas, ils comprendront parfaitement. » Il me dit doucement. « Je t'invite à dîner si tu veux. »

Je me détends légèrement.

« C'est très gentil mais je n'ai pas le temps, il faut que je continue de réviser. »

« Je peux t'aider, je te l'ai déjà proposé d'ailleurs. »

« Mais il est tard. »

« Ça m'est égal. Je n'ai pratiquement pas cours de la journée demain. »

« Et je dis quoi à mes parents ? »

« Donne-moi ton téléphone. » Il tend la main.

« Pourquoi faire ? »

« Fais-moi confiance. » Il prend mon téléphone.

Je lui débloque l'écran et il se penche légèrement vers moi pour que je puisse surveiller ce qu'il fait.

Je le vois aller sur le groupe familial et écrire un message où il prévient que je ne rentrerai pas à la maison ce soir car les filles m'ont invité à boire un verre.

Il ajoute également que je préfère dormir chez Chloé qui habite près de l'école pour éviter que je rentre seule ce soir.

« Ça te convient ? » Il demande avant d'envoyer.

« Oui, j'espère simplement qu'ils vont y croire. »

« Oui, il n'y a pas de raison qu'ils se doutent de quelque chose. »

« Si un peu, ma mère pense que j'ai un copain. »

« Ça ne veut pas dire qu'elle en a la certitude. Il y aura toujours une part de doute. »

Je souris légèrement.

« Je peux t'inviter à dîner maintenant ? Je pense que tu en as bien besoin. » Il verrouille mon téléphone.

« Pas de problème mais après je continuerai de travailler. »

« Marché conclu. » Il me tend la main et je la serre.

Il se penche ensuite vers moi pour m'embrasser rapidement.

Je finis de ranger mes affaires et nous quittons la bibliothèque de l'école.

« Et on va où ? »

« Tu verras. » Il me fait un petit sourire.

Nous nous dirigeons vers la gare puis nous arrivons dans le centre de la capitale.

« Tu aimes manger italien ? » Il se tourne vers moi.

« J'adore. » Je salive déjà.

« Alors c'est parfait. »

Je continue de le suivre et il entre dans un restaurant encore presque plein.

« Bonjour. » Il s'approche d'un serveur. « Il vous reste une table pour deux personnes s'il vous plait ? »

« Oui bien sûr, vous arrivez juste à temps, les cuisines sont presque sur le point de fermer. »

« Merci beaucoup, nous allons essayer de faire vite. »

« La table près de la fenêtre vous convient ? »

« C'est parfait. »

Samuel me saisit ensuite la main et nous suivons le serveur qui me tire légèrement la chaise pour que je puisse m'assoir.

« Merci. » Je souris après m'être installée.

Samuel se place en face de moi et le serveur revient rapidement avec deux cartes.

« Merci. » Je répète en saisissant le menu plastifié.

Je regarde autour de moi et je souris en remarquant les différentes végétations tout autour des planches de bois au plafond, les assiettes colorées sur les murs et toutes les variétés de bocaux qui font office de décoration en haut du bar.

« C'est vraiment beau. » Je regarde Samuel.

« Ça te plait ? »

« Oui vraiment. »

« J'espère que ce qu'il y aura dans ton assiette te fera encore plus plaisir. »

« Tu es déjà venu ? »

« Oui mais une fois ou deux, pas plus. »

« Tu as aimé ? »

« Oui c'était super. »

« Alors il n'y a pas de raison que ça me déplaise. »

Il sourit doucement et je reporte mon attention sur le menu entre mes mains.

Je commence automatiquement par lire la carte des desserts, ce qui me permettra de choisir mon plat.

« Ils font des bons tiramisus je suppose ici. » Je le regarde amusée.

« Oui tu peux y aller les yeux fermés. » Il lâche un petit rire.

« Parfait. »

« Tu sais ce que tu veux prendre ? »

« J'hésite. À chaque fois je ne sais jamais si je préfère prendre des pâtes ou une pizza. »

« Prends les deux. »

« Oui bien sûr comme ça je pourrai parfaitement sortir du restaurant en roulant. » J'ironise.

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. » Il rit. « Si tu veux, prends les deux et on partage. On pourra goûter à tout. »

« Oh. Mais peut être que tu veux quelque chose de précis. »

« Non ça m'est égal. » Il hausse les épaules. « Je connais un petit peu ce qu'ils font donc je sais que quoiqu'il arrive, je vais me régaler. »

Il ferme la carte et pose son regard sur moi.

« Je suis simplement obligé de prendre le cœur de la burrata en entrée, après tu choisis ce qu'il te fait plaisir. »

« J'ai un petit peu la pression. » Je souris.

« Je te laisse choisir. » Il lève les mains.

Le serveur revient avec son petit carnet et un stylo.

« Vous avez fait votre choix ? »

Samuel me regarde.

« Oui. Alors, nous allons prendre deux plats que nous partagerons. » Je réponds.

« D'accord. »

« Une pizza Regina, jambon et champignon et des gnocchis à la burrata, basilic et piment d'Espelette. » Je souris.

« Super. Ça sera tout ? » Il nous regarde.

« Nous allons également prendre une stracciatella fumée en entrée, à partager aussi. »

« D'accord, c'est noté et en boisson ? »

Samuel me regarde mais je lui fais comprendre que c'est à son tour de choisir.

« Deux verres de vin blanc s'il vous plait, quelque chose d'assez fruité si c'est possible. »

« Je vous apporte ça. » Il ferme son carnet et saisit nos cartes.

« Merci. » Je souris et le serveur s'éloigne.

Je pose légèrement ma tête sur ma paume de main et je reporte toute mon attention sur le garçon en face de moi.

« Tu as donc passé toute ta journée à travailler ? » Il me demande en posant sa serviette sur ses cuisses.

« Non j'ai eu cours jusqu'à dix-neuf heures et ensuite je suis directement allée à la bibliothèque. Je savais que si je rentrais chez moi, je n'aurai pas pu travailler. »

« Tu ne penses pas qu'il faudrait que tu fasses une pause ? »

« Je suis entrain d'en faire une là et en plus de ça je me nourris en ta compagnie. C'est le combo parfait. » Je souris.

« Ce qui me surprend c'est que tu connais déjà tout sur le bout des doigts et tu continues quand même de passer ta soirée à réviser. »

« Nous ne sommes jamais trop prévoyants. Il y a forcément quelque chose que je ne maîtrise pas ou sur lequel je peux m'améliorer. »

« Mais c'est une langue Mél. Sois-tu sais la parler soit non. On ne te demande pas d'être complètement bilingue. »

« Je sais mais j'ai tellement envie d'y arriver. » Je soupire.

« Et tu vas y arriver, tu te donnes les moyens pour. »

« Imagine que je ne suis pas prise. J'aurai fait tout ça pour rien. »

« Ça sera le destin. » Il répond. « Si tu n'es pas prise c'est que tu n'étais pas faite pour ça. Tu n'auras rien à te reprocher parce que tu es déjà en train de tout donner. »

« Hum... Tu as raison. »

« Tu retenteras une prochaine fois. »

« Il n'y aura pas de prochaine fois. »

Il roule des yeux.

« Si au contraire, crois-moi tu auras pleins d'autres opportunités. » Il lâche dans un soupire.

Je le fixe plus intensément en plissant doucement les yeux.

« Attends mais tu y as déjà participé ? » Je demande.

« À quoi ? »

« À la proposition de bourse. »

Il détourne le regard en soupirant.

« Oui. » Il lâche.

« Quoi ? » Je suis surprise. « Et tu n'as pas pensé à me le dire ? »

« Je n'en ai pas ressenti l'utilité. Enfin je veux dire, ce n'est pas parce que j'y ai déjà postulé que ça va t'aider. »

« Bien sûr que si, tu peux me donner pleins de conseils pour les entretiens. »

« D'abord le test, on verra plus tard pour les entretiens. »

« Tu as été pris ? »

Il soupire une nouvelle fois.

Je réalise alors que je ne connais pas grand-chose de Samuel.

Je sais simplement qu'il a une petite sœur et qu'il a fait son échange universitaire au Japon.

Super. On va aller loin avec ce type d'information.

« Oui j'ai été pris. »

Je reste sur les fesses, j'en suis presque bouche-bée.

Le serveur revient avec une corbeille de pain et nos deux verres de vin.

« Et pourquoi tu n'y es pas allé ? » Je demande doucement.

Samuel place deux doigts sur le pied du verre et le fait doucement tourner.

Il ne répond rien, préférant manger un bout de pain.

« Samuel, je suis en train de me rendre compte que je ne te connais pas. »

« Comment ça ? » Il fronce les sourcils.

« Je veux dire, je te connais mais peut-être qu'en surface. Tu ne dis jamais rien sur toi, je sais simplement que tu as une sœur. »

« Et ça t'intéresse vraiment ? D'en savoir plus sur moi ? »

Je le fixe, hébétée.

« Évidemment. Nous sommes ensemble maintenant non ? Je ressens beaucoup de choses pour toi. » Je m'arrête ne voulant pas en dire plus. « Oui j'aimerai en savoir un peu plus si tu veux bien me parler. »

Il boit une gorgée de vin et je ne décroche pas mon regard.

« Tu as été le premier à savoir que je postulais à cette bourse et tu n'as jamais trouvé le moment pour me dire que tu avais été pris mais que tu as refusé. » Je poursuis doucement.

« Je n'en avais plus envie. Je me suis dit que cette bourse n'était pas faite pour moi. »

« Enfin Samuel, c'est une chance unique. Tu te rends compte ? » J'ai envie de le secouer.

Comment a-t-il pu faire une chose pareille ?

Son visage se ferme et je ne comprends pas.

« Non ce n'est pas une chance unique Mél, je suis jeune et j'ai eu d'autres opportunités depuis. » Il me dit froidement.

« De quoi tu parles ? » Je fronce les sourcils en m'approchant légèrement.

Le serveur revient avec notre entrée mais je n'ai même plus faim.

Je n'en reviens pas qu'il soit si secret avec moi.

« J'ai postulé pour un master, à Londres et j'ai été pris. » Il ne me regarde pas une seule fois.

J'ai un mouvement de recul.

« Mais c'est génial. » Je reste calme en voyant sa réaction.

« Je suis en train d'attendre la réponse pour un autre master, aux Etats-Unis. »

Mon cœur s'arrête une nouvelle fois.

« Pourquoi tu m'as ne m'as rien dit ? Ce sont des superbes nouvelles. Je ne savais même pas que tu avais postulé pour ce type de master. » Je souris.

« On verra. » Il hausse les épaules avant de prendre un peu de notre entrée.

« Samuel. » Je pose ma main sur la sienne. « Tu sais que notre relation va dans les deux sens. Tu as toujours été là quand j'avais besoin de parler, je sais aussi faire la même chose. »

« Mél, ce n'est pas le moment... » Il soupire.

L'atmosphère se tend légèrement et je n'arrive plus à comprendre ses réactions.

« Quelque chose s'est passé après que tu aies été pris à cette bourse ? » J'insiste.

« Mél. » Il me fixe. « Pas maintenant. » Il serre la mâchoire et je retire immédiatement ma main.

Ça me vexe qu'il ne veuille pas me parler alors que pour moi, il insiste jusqu'à ce que je dise ce qu'il ne va pas.

« J'essaye simplement de comprendre, tu t'es complètement fermé d'un seul coup. »

« Tu ne comptes donc vraiment pas lâcher l'affaire ? »

« Très bien. » Je lève les mains. « Après tout c'est toi qui as raison. Si ce n'est pas le moment pour toi de m'en parler, je peux le comprendre. » Je bois un peu de vin.

« Mél, bébé ce n'est vraiment pas contre toi, c'est juste que j'ai simplement envie de passer un bon repas avec toi. » Il est plus calme.

« Moi aussi. »

« Alors aide moi à manger cette entrée. Tu verras c'est délicieux. » Il se détend.

Je goûte ce fameux cœur de burrata et c'est vrai que c'est très bon.

« Alors ? » Il retrouve son sourire.

« C'est super. » J'essaye d'être plus chaleureuse.

« C'est l'une de mes entrées préférées. »

« Ça ne m'étonne pas. » Je force un petit sourire en gardant en tête notre petite discussion.

« Avec ta mère alors ? Comment ça s'est passé finalement ? »

Ah par contre là il est intéressé pour savoir ce qu'il se passe dans ma petite vie.

« Au début c'était assez conflictuel quand je suis arrivée. Puis, elle m'a lancé deux trois remarques un peu désobligeantes alors j'ai quitté la table. »

« Elle t'a dit quoi ? »

« Ça n'a plus d'importance parce qu'elle est venue présenter ses excuses une fois que tout le monde est parti. Maintenant tout va pour le mieux. » Je résume la situation n'ayant aucune envie de rentrer dans les détails.

« Ah. Tant mieux. »

« Oui, elle a décidé de se montrer un peu plus supportrice dans mes décisions. »

« Je suis content pour toi. » Il sourit mais je sais que ce n'est pas naturel. « Et pour Théo alors ? Tu as réfléchi ? » Il s'éclaircit la voix et je bois une nouvelle gorgée de vin.

Le serveur revient nous prendre notre assiette vide et je détourne rapidement le regard.

« J'ai beaucoup parlé avec Joséphine ce matin. »

« Oh. Et vous avez parlé de quoi ? »

« De Théo, de toi et de moi. »

Le serveur revient avec nos deux plats et deux assiettes vides.

« Bonne dégustation. » Il sourit.

« Merci. »

Samuel coupe la pizza en deux et je verse la moitié des pâtes dans son assiette.

« Elle a dit que j'en faisais un peu trop. » Je poursuis.

« Ah. Je ne vais pas la contredire. » Il lâche un petit rire.

« Tu sais que ce n'est pas facile pour moi. » Je lâche plus sèchement que prévu et il me regarde surpris. « Excuse-moi. » Je me reprends après quelques secondes.

Son regard s'adoucit et je suis surprise quand il me saisit la main.

« Mél, je sens que tu es un peu tendue. »

Je me passe doucement la main sur le visage.

« Désolée c'est juste que je n'arrive pas à passer au-dessus de notre discussion de tout à l'heure. »

« Mais pourquoi ? » Il ne lâche pas ma main. « J'ai simplement dit que ce n'était pas le moment. Nous sommes au restaurant, entouré de plusieurs personnes, je n'ai pas envie de t'exposer ma vie privée ici. »

« C'est vrai c'est moi qui suis stupide. » Je soupire.

« Non pas du tout. »

« C'est juste que je me suis dit que peut-être tu n'avais pas confiance en moi, que tu ne tenais pas assez moi pour me parler de choses qui te tiennent à cœur. »

« Ça n'a rien à voir. Je sais que je peux te faire confiance, on en parlera chez moi d'accord ? »

« Non je ne veux pas que tu te sentes forcé. Oublie ce qu'il vient de se passer, revenons au cas de Théo. » Je me sens presque honteuse d'insister de cette manière.

Il lâche un petit rire et lâche ma main pour commencer à manger un peu de pizza.

« Je vais lui dire, je ne sais pas quand ni comment mais je vais lui dire. » Je reprends.

« Tant que ce n'est pas pendant la soirée de Sacha, tout me va. »

« Non mais je n'irai pas à cette soirée stupide finalement. Ça sera dans un endroit calme. »

« Tu sais qu'on ne va pas lui annoncer que nous allons nous marier. » Il rit. « Seulement que nous sommes ensemble. Il s'en remettra. »

« Je sais mais c'est juste que plusieurs fois il a essayé de me faire comprendre qu'il serait déçu et énervé contre moi et je n'en ai pas envie. »

« Ça ne durera pas longtemps, on connait tous Théo. Il est un peu sanguin sur le moment et puis après ça redescends. »

« Tu penses vraiment qu'il ne m'en voudra pas ? »

Il hoche la tête de gauche à droite.

« Tu es sa petite sœur, tu n'es pas en train de commettre un crime à ce que je sache ? »

« Non pas du tout. »

« Alors il t'en voudra cinq minutes de lui avoir cacher une chose pareille et puis il oubliera. Ça le dérangera peut-être de nous voir ensemble si je t'embrasse ou que je me rapproche de toi mais au-delà de ça, ça ne lui posera pas de problème. »

« Tu as raison. » Je souris. « Et puis, il n'aura aucune raison de t'en vouloir non plus. Ce n'est pas comme si tu avais joué avec moi depuis le début. »

Il manque de s'étouffer avec son bout de pizza et je lui sers un verre d'eau.

« Tout va bien ? »

« Tout va bien. » Il force un sourire après avoir bu.

« En tout cas j'aimerai juste que tu sois là, pour qu'on lui dise tous les deux. »

« Pas de problème. » Il pose son verre.

« J'ai simplement besoin de réfléchir encore un peu et quand je me sentirai prête, nous lui annoncerons. »

« Super. »

Je continue de manger en souriant et sans cette pression sur les épaules.

« C'est super bon. » Je me régale.

« Ça me fait plaisir. »

Nous finissons notre repas et même si Samuel insiste pour que je prenne un dessert je refuse.

J'ai peur que ce soit la bouchée de trop.

Tout était vraiment bon mais je ne peux plus rien avaler.

Je le remercie ensuite pour ce repas et nous quittons le restaurant presque les derniers.

Nous prenons la route vers l'appartement de Samuel et quand nous arrivons, je me sers un verre d'eau.

« Prête pour tes révisions ? » Il me sourit.

« Vraiment ? Mais il est tard. » Je grimace.

« Moi ça m'arrange, c'est plus par rapport à toi. »

« Bon alors, on révise quinze minutes et ensuite on va se coucher. Je ne tiens plus debout. »

« Comme tu veux. »

Je sors mon livre de mon sac et je lui tends.

« Interroge-moi sur des mots de vocabulaire spécifiques. »

« On va aller dans ma chambre, ça sera plus confortable. »

Il se dirige vers sa chambre et je le suis.

Il s'assoit sur le lit et je reste debout à faire des allers-retours.

« Tu as décidé de colorier toutes les pages ou quoi ? » Il rit en ouvrant mon livre.

« Je n'ai pas réussi à savoir ce qui était important ou pas. »

« Rassure-toi, la moitié ne te servira à rien. Il faut mieux que tu regardes des séries en anglais. »

« C'est ce que je fais. »

« Avec les sous-titres en anglais aussi ? »

« Oui. »

« Alors tu peux oublier pratiquement la moitié du vocabulaire que tu as appris. » Il sourit.

« Ah bon ? »

« Apprends juste les mots plus littéraires pour ton expression écrite et ça sera parfait. »

« Tu es sur ? »

« Certain. D'ailleurs récite les moi. »

« De quoi ? »

« Les mots de liaisons, en anglais. »

« Hum... »

« Tu les connais ? »

« Je les révisais justement. »

« Ne me dis pas que tu apprends depuis des mois des mots au hasard et pas des mots de liaisons. »

« Peut-être. » Je hausse les épaules.

« Oh putain. On a du boulot. »

Il se met alors à me réciter plusieurs mots importants que je répète. Il me corrige sur ma prononciation mais je suis soudainement étonné par son accent anglais parfait.

Comme si c'était sa langue maternelle.

« Tu parles vraiment bien anglais. » Je le fixe.

Il lève la tête du livre.

« Je me débrouille oui. »

« Tu as vu ton accent ? Il est parfait. Il est très anglais d'ailleurs. »

Il se racle la gorge.

« Merci. On continu ? »

« Oh oui bien sûr. »

Il me donne ensuite quelques astuces et mémo techniques mais je finis par complètement décrocher alors que lui, il semble être très concentré.

Je réalise alors que je n'ai plus envie de réviser, j'ai envie de passer du temps avec lui, maintenant que nous sommes que tous les deux, dans un moment où personne ne viendrait nous déranger.

Mes parents m'ont dit que c'était une bonne idée que je reste dormir chez Chloé, qu'ils étaient même rassurés donc il n'y a aucune raison pour que mon téléphone se mette à sonner.

Aucun ami à Samuel ne se pointera par surprise à cette heure-ci.

Nous sommes pour la première fois, tous les deux, toute la nuit et je ne suis même pas bourrée.

Je suis pleinement consciente de chaque moment.

Mon cœur s'emballe et l'entendre parler avec son accent me donne envie de l'embrasser.

Je m'approche alors doucement de lui pendant qu'il me récite la liste d'un autre type de vocabulaire.

« Mél ? » Il relève enfin la tête et je suis maintenant à quelques centimètres de lui. « Tu m'écoutes ? »

« J'ai révisé toute la soirée, je n'en peux plus. »

« Mais c'est important ce que je suis en train de te dire. »

Mon cœur tambourine dans ma poitrine et je sens ma respiration s'accélérer.

Je retire lentement mon top avant de m'assoir en face de lui sur ses genoux. Mes mains caressent doucement son cou pendant que les siennes viennent poser le livre au sol.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Un petit sourire se dessine aux coins de ses lèvres.

Je ne réponds rien préférant le regarde de longues secondes pendant qu'une de ses mains vient se poser en bas de mon dos.

Nous n'échangeons pas un mot, seulement des regards.

Mes doigts viennent légèrement jouer avec ses cheveux et j'approche doucement mon visage du sien.

Il ne me repousse pas et je viens finalement fermer le dernier espace entre nous.

Ses doigts remontent lentement sur mon dos avant de venir se poser doucement sur ma joue.

Nous nous embrassons doucement, comme si chaque seconde était comptée.

Mes lèvres viennent alors se poser sur le coin de sa lèvre, puis descendent dans son cou.

« Mél. » Il chuchote.

Je continue mon petit chemin jusqu'à ses clavicules.

Ses mains viennent se poser sur mes hanches et en quelques secondes je me retrouve allongée sur le dos.

Samuel retire alors son haut avant de se pencher à nouveau sur moi pour m'embrasser, cette fois-ci, plus intensément.

J'écarte légèrement les jambes et ses mains viennent se poser dans mes cheveux.

« On ne révise plus alors ? » Il sourit.

« Non, je n'en ai plus envie du tout. »

« Parfait, ça m'arrange. »

Une de ses mains passe dans mon dos et je me relève pour l'aider à dégrafer mon soutien-gorge.

Ses lèvres viennent alors se poser sur mon cou mais descendent rapidement sur ma poitrine me faisant gémir.

« Je ne sais pas ce que tu me fais Samuel. » Je lâche. « Je n'ai jamais ressenti ça. » Je poursuis en fermant les yeux.

« Moi non plus Mélissa. »

Je place ma main dans ses cheveux tout en haletant.

« Je suis sérieuse. »

Il lève sa tête pour me regarder avant de revenir à ma hauteur.

Je passe doucement ma main sur son visage tout en examinant chacun de ses détails.

Mon pouce frôle légèrement sa lèvre et il dépose un baiser dans ma paume de main.

« Tu me déstabilises, je ne pense plus correctement quand je suis avec toi, je suis tellement vulnérable et ça ne m'étais jamais arrivée. » Je chuchote presque.

Il me répond en m'embrassant furtivement.

« Je ne veux surtout pas te faire peur, je... » Je ne sais plus si je dois continuer à parler ou non. J'aimerai simplement savoir ce qu'il pense. « J'avais seulement besoin de te le dire, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. »

« Ne t'inquiète pas Mél, ce que tu me dis ne me fait absolument pas peur. » Il sourit.

« Alors je veux le faire, avec toi, ce soir. » Je bouge légèrement.

Il ferme les yeux un court instant avant de me regarder à nouveau.

« Mél, je ne sais pas si c'est une bonne idée. J'en ai très envie crois-moi mais je pense que tu as peut-être encore besoin de temps. »

« Je n'ai pas besoin d'attendre plus. » Je sens mon égo prendre un coup.

Comment peut-il savoir mieux que moi ce que je ressens ?

Il lâche un petit sourire.

« J'aimerai te faire découvrir d'autres choses avant. » Son regard s'illumine.

« Comme quoi ? » Je réponds en fronçant les sourcils.

Son sourire est légèrement moqueur et je reprends un peu confiance en moi.

Il me caresse doucement du bout des doigts ma clavicule avant de descendre sur mon sein.

Je sens des frissons me parcourir tout le corps et je le regarde m'embrasser doucement le bas du ventre.

« Tu verras. » Il chuchote contre ma peau avant de me déboutonner mon pantalon.

Il le descend doucement avant de m'embrasser un peu plus bas.

Je réalise alors que je suis impatiente, j'ai envie qu'il retire ce dernier vêtement et qu'il fasse ce qu'il a envie de faire.

Je ne sais pas si toutes les filles avec qui il a eu des rapports ont réussi à contenir leur plaisir mais moi je n'y arrive pas.

Je ne contrôle ni ma respiration ni mes gémissements.

C'est comme si je n'étais plus moi.

Il retire doucement mon sous-vêtement et ses mains viennent enrouler mes cuisses.

Je sais ce qu'il va faire et je sens une chaleur immense remplir chaque partie de mon corps.

Il commence d'abord par déposer de simple baiser avant que sa langue entre doucement en contact sur le centre de mon désir.

Je lâche un gémissement un plus fort tandis que sa langue continue de me caresser.

Je sens mes jambes bouger mais Samuel resserre son étreinte.

Je place alors une main dans ses cheveux et j'essaye de contrôler ma respiration qui ne veux plus m'écouter.

Mon corps se retrouve submergé par de nouvelles sensations et lorsque j'ouvre les yeux pour regarder Samuel, je ressens des décharges électriques se déplacer dans tout mon corps.

Voyant que je prends du plaisir, il accélère petit à petit son mouvement. Je ne réalise même plus où je suis, ma vision se trouble et je sens que je suis ailleurs.

J'ai envie de lui que je l'aime, que je ne veux pas qu'il s'arrête mais heureusement, je suis incapable de prononcer un mot.

C'est encore plus intense que les autres fois.

Je découvre avec lui des parties de mon anatomie et je ne pensais pas que j'y prendrai autant plaisir.

« Samuel. » J'essaye d'articuler mais mes jambes se mettent à trembler.

Il ne s'arrête pas et je serre les paupières pour ressentir cette sensation qui monte en moi et qui ne va pas tarder à exploser.

Ma main s'appuie un peu plus sur sa tête et je lâche un dernier gémissement avant de retomber complètement sur l'oreiller.

Je garde les yeux fermés pour revivre encore quelques secondes ce qu'il vient de se passer mais Samuel s'est arrêté et mon corps a cessé de fonctionner.

Je le sens s'allonger ensuite près de moi mais je ne veux pas ouvrir les yeux.

« Alors ? » Je l'entends à côté de moi.

Rien qu'au ton qu'il emploie, je sais qu'il sourit.

« C'était super. » J'ouvre enfin les yeux. « Merci. »

Il s'essuie doucement les lèvres avec son pouce avant de les humidifier.

« J'ai beaucoup aimé aussi. » Il me regarde amusé.

Je souris et je reste allongée de longues minutes avant de me redresser pour enfiler son t-shirt qui traîne par terre.

« Je peux ? » Je demande.

« Bien sûr. »

Il se lève ensuite pour enlever son jean avant de se rallonger.

« Je vais prendre une douche. » Je me lève.

« Fais comme chez toi. » Il s'allonge sous la couette.

Je file alors dans la salle de bain prendre ma douche et je reviens me coucher.

Je le regard doucement avant de poser ma tête sur sa poitrine. Je sens ensuite sa main jouer avec mes cheveux et je ferme les yeux.

« La prochaine fois ça sera mon tour. » Je dis. « Et je mettrai mon téléphone en silencieux. »

« Je m'en assurerais. » Il sourit.

« Merci pour tout. »

« Arrête de me remercier à chaque fois. J'aime beaucoup te donner du plaisir. »

Je ferme à nouveau les yeux en souriant me laissant bercer par ses caresses et par sa poitrine qui bouge au rythme de sa respiration.

Je sens mes paupières devenir lourdes et je sais que je ne vais pas tarder à entrer dans un sommeil profond.

« Mél ? » Je l'entends.

J'ouvre alors difficilement les yeux.

« Oui ? »

Il se racle la gorge.

« Non rien, on en parlera plus tard. »

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Je me redresse pour pouvoir le regarder.

Il tourne doucement la tête.

« Samuel ? Qu'est-ce qu'il se passe ? » Je passe ma main sur sa joue.

« Si j'ai refusé cette stupide bourse c'est parce que j'étais en train de passer la pire année de ma vie. »

Tout mon sommeil et ma fatigue s'évaporent.

Il ne me quitte pas du regard et je n'ose même plus bouger.

« Comment ça ? » Mais je regrette immédiatement d'avoir parlé.

« Hum... Et si je parle si bien anglais c'est parce que je suis complètement bilingue. Ma mère était anglaise. » Il ignore ma remarque.

« Oh. Je me disais aussi que tu avais un accent prononcé. »

Il passe alors doucement sa main sur ma joue et je vois ses yeux chercher mon regard.

Il ouvre plusieurs fois la bouche pour parler mais la referme juste après.

Je n'ai pas envie de dire un mot, je sens qu'il va m'annoncer quelque chose qui est important pour lui et je veux qu'il prenne tout son temps.

Il s'éclaircit à nouveau la voix et je retiens ma respiration.

« Je voulais à tout prix avoir cette bourse et je savais que j'avais un avantage par rapport aux autres. Je savais parfaitement bien parler l'anglais sans avoir la double nationalité américaine. Mon classement n'était pas génial certes, mais j'avais un très bon CV et le fait d'avoir fait partie du Bureaux des Élèves m'a beaucoup aidé. Les recruteurs m'ont tout de suite adoré, je n'ai eu aucun mal à les mettre dans ma poche. » Il se stoppe quelques secondes. « Je savais que j'allais l'avoir mais juste avant de recevoir les résultats ma... » Il s'arrête à nouveau mais cette fois-ci plus longtemps.

Il me lâche pour la première fois du regard et sa main descend dans mon cou.

« Ma mère nous a quitté. » Il annonce.

J'ai un léger mouvement de recul mais je me rapproche juste après.

« Oh, Samuel. » Je passe ma main sur son visage et il descend la sienne pour venir m'attraper le bras. « Je suis désolée. »

« Tu n'as pas à l'être. » Je sens sa voix vaciller pendant une seconde. « Hum... C'était un accident... De voiture. Ça a été très dur à gérer pour ma famille et moi. » Je sens qu'il cherche ses mots.

J'ai envie de le prendre dans mes bras et de ne jamais le quitter.

« Seulement mes amis sont au courant Mél. »

« Je m'en doute oui. » Je dis doucement.

« Je me suis dit que tu devais le savoir aussi. »

« Ça me touche beaucoup Samuel, vraiment. »

Il ne lâche pas mon bras et je le prends dans mes bras.

Il m'embrasse l'épaule avant de poser sa tête dans mon cou.

Je lui caresse doucement la nuque avant de m'allonger près de lui.

« Alors tu vois, cette bourse, je n'en avais plus rien à foutre. »

« Oui oui bien sûr. Je comprends parfaitement. »

« J'ai préféré rester avec mon père et ma sœur même si maintenant nos rapports sont compliqués. »

« J'imagine que c'est un évènement qui doit tout bouleverser. » Je ne sais pas quoi dire, quoi faire.

Il se place sur le côté et il me saisit la main qu'il vient placer sur son cou.

« Oui, c'est le cas de le dire. J'ai essayé comme je pouvais de m'occuper de ma petite sœur mais ce n'était pas facile. Et puis, récemment, mon père a refait sa vie avec une autre femme qui adore ma sœur même si j'ai plus de mal. »

« Oh, tu ne t'entends pas bien avec elle ? »

« Non pas vraiment. Je ne pensais pas que mon père referait sa vie si vite, c'était il y a peine deux ans et automatiquement, je n'ai pas supporté de voir une nouvelle femme entrer dans sa vie et donc dans la mienne. Et depuis, je vis ici, dans cet appartement. »

« Je pensais que c'était simplement pour être plus proche du campus et avoir ton indépendance. »

« Il y a un peu de ça aussi mais c'est principalement parce que je ne pouvais plus vivre sous le même toit que ma famille. »

« Je comprends mieux maintenant. » Je suis presque émue. « Et effectivement. » Je m'éclaircis la voix. « Le restaurant n'était pas le meilleur endroit pour que tu me parles de ça. »

« Oui ce n'était pas l'idéal. » Il sourit légèrement.

« Merci Samuel, de me faire confiance et de me l'avoir dit, ça me touche beaucoup. »

« Ça te permet d'en savoir un peu plus sur moi. » Sa voix est presque inaudible. « J'imagine. »

Je lâche un petit sourire avant de doucement l'embrasser.

Il finit par me prendre dans ses bras et je repose ma tête sur son torse.

« En tout cas, si tu as besoin de parler, je serai là pour t'écouter. » J'ajoute. « Je veux être là pour toi comme tu l'es pour moi. »

« Merci. » Il murmure presque.

Je relève doucement la tête et ses yeux sont déjà fermés.

Sa respiration se fait plus lente et je suis surprise qu'il soit presque déjà entrain de dormir après tout ce qu'il vient de me dire. C'est comme s'il n'était pas conscient et qu'il venait de parler dans son sommeil.

Mais je suis vraiment touchée et émue qu'il me confie ce genre de choses.

Sa tête bascule doucement sur le côté mais ses bras m'entourent toujours.

J'attends encore quelques minutes avant de fermer les yeux mais je n'y arrive plus.

Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer Samuel apprendre cette terrible nouvelle et ça me serre le cœur.

Je relève une nouvelle fois la tête et je le regarde avant de fermer les yeux.

« Je t'aime Samuel. » Je murmure.

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Hey ! 

J'espère que vous allez bien :) 

Voici un chapitre qui contient un peu plus de confidences et qui vous permet d'en apprendre un peu plus sur la vie de Samuel :) 

Les prochains chapitres seront également pleins de rebondissements plus ou moins inattendus :) 

Je vous embrasse ! 

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