Chapitre 34

J'ouvre lentement mes yeux et une douleur abominable se déclenche dans mon estomac.

Je grimace avant de trouver la force de saisir mon téléphone.

Je me relève d'un seul coup quand je vois l'heure, les appels manqués de mes parents et de mes deux frères.

Je saisis mes affaires de la veille que j'avais posé juste à côté du lit et je m'habille de manière express.

J'entends Samuel bouger dans le lit et je file dans sa petite salle de bain.

Il m'avait préparé, avant qu'on aille se coucher, quelques affaires de toilette non utilisées qu'il garde toujours au cas où. Je saisis alors immédiatement la brosse à dent et je me les brosse deux fois de suite.

J'ai horreur de la sensation que j'ai dans la bouche quand je bois trop.

Je me passe ensuite de l'eau sur le visage avant de pencher ma tête pour boire.

Je fais tout dans la précipitation afin que je puisse rentrer chez moi au plus vite.

Je coiffe rapidement mes cheveux et je retourne dans sa chambre mettre mes chaussures.

Mon mal de ventre ne fait qu'empirer et je sens que je vais rapidement me remettre au lit en rentrant.

« Tu comptes partir comme une voleuse ? » Je l'entends et je sursaute.

« Je ne voulais pas te réveiller. » Je dis en ralentissant.

Il se redresse et me lâche un petit sourit, encore presque endormi.

« Hum... Je suis désolée... » Je m'éclaircis la voix. « Pour cette nuit. »

Après que nous nous soyons embrassés avant d'aller dormir, j'ai essayé de tenter d'aller plus loin avec lui. J'ai été même un peu trop insistante mais il a préféré ne rien faire, disant que je n'étais pas dans mon état normal.

Sur le coup je lui en ai voulu mais ce matin je suis plutôt reconnaissante.

« Tu avais raison. » Je finis. « Ça serait mieux quand je ne serai pas saoule. »

« Oui je pense. » Il lâche un petit rire et passe sa main sur son visage. « Tu as bien dormi sinon ? »

« Très bien, j'ai simplement un peu mal au ventre. »

« Tu m'étonnes. » Il se lève et enfile un t-shirt pour habiller son torse nu. « Je vais aller te chercher un médicament. »

« Non ne t'inquiète pas. Il faut vraiment que je rentre chez moi. Ma famille va sérieusement commencer à se poser des questions. »

« Oh. Oui c'est vrai, tu as raison. »

« D'ailleurs, je t'ai posé ton t-shirt dans la salle de bain, merci de me l'avoir prêté pour la nuit. »

« Pas de problème, avec plaisir. »

Il semble très à l'aise avec moi alors que je ne réalise pas encore je viens de passer la nuit chez un garçon qui était à moitié nu à mes côtés.

Je n'étais pas non plus, plus habillée. Seulement d'un t-shirt et d'une culotte.

« Bon et bien je vais y aller. »

« Ça marche. »

Il s'approche de moi et ouvre la porte de sa chambre.

« J'espère que ce n'est pas la dernière fois que tu dormiras chez moi. » Il me fait un petit clin d'œil et je sens que je rougis. « Je ne sais pas quelle force mentale m'a permis de te résister cette nuit mais je ne voulais tout simplement pas que ça se passe comme ça. »

« Tu as eu raison. » Je souris. « Je ne veux pas que ça se passe comme ça non plus. Et j'espère que ce n'est pas la dernière fois que tu m'inviteras chez toi. »

« Ne t'inquiète pas pour ça. »

Nous nous dirigeons vers l'entrée et avant d'ouvrir la porte il m'embrasse doucement sur la joue.

« Rentre bien. »

« Merci. »

« Tu veux que je te commande un taxi ? »

« Non surtout pas. » Je m'empresse de répondre. « J'ai juste besoin de marcher pour décuver un petit peu. »

« Tu as mal à ce point ? »

« Je n'ai pas l'habitude de boire Samuel. Alors quand l'occasion se présente, mon corps à dû mal à faire comme si de rien n'était. »

« Tu es sûr que tu ne veux pas boire une gorgée d'eau et prendre un petit médicament ? » Il semble légèrement préoccupé.

J'hésite pendant quelques secondes jusqu'à ce que mon téléphone dans la main se mette à vibrer.

« Non je dois vraiment filer. » Je dis en soupirant en voyant le nom de ma mère s'afficher sur mon écran.

« Je comprends Mél. » Il regarde avec un petit sourire mon écran. « Fais attention surtout. »

« Oui ne t'inquiète pas. »

Je l'embrasse sur le coin des lèvres.

« À plus tard. » Je pars presque en courant mais je m'arrête au bout de quelques minutes tellement mon estomac me fait mal.

C'est une promesse, plus jamais je ne bois comme ça.

Je me remémore soudainement sur le chemin tous les épisodes de la veille et je suis prise de remords énormes.

Le barman a dû me trouver pathétique, mes amies ne me reconnaissent plus et maintenant tout le monde se doute qu'il se passe quelque chose entre moi et Samuel.

Je suis sûr que Théo est déjà au courant.

Plus les images défilent et plus j'ai envie de m'enterrer sous terre.

J'ai craqué devant Samuel. Quelle idiote.

Heureusement, il n'a pas eu l'air de me juger ou s'il la fait, il l'a très bien caché.

J'accélère le pas pour rentrer chez moi en appréhendant de plus en plus les retrouvailles avec ma famille.

Théo va me tuer. Je le sais.

« Je suis là. » Je dis en ouvrant la porte d'entrée m'attendant déjà à me faire hurler dessus.

« Mélissa bordel où étais-tu ? Nous étions super inquiets. » Mon père se précipite vers moi.

« Je... J'ai... » Je bégaye ne sachant pas quoi dire. « J'étais chez Chloé. » J'espère que ce mensonge passera comme une lettre à la poste.

« Et tu n'as pas pensé une seule seconde à nous avertir ? » Mon père se retient d'exploser.

« Je... Je n'ai pas eu le temps, je me suis endormie directement, je ne pensais pas que j'allais me réveiller si tard. »

« Mélissa, enfin où étais-tu ? J'étais à deux doigts d'appeler la gendarmerie. » Ma mère arrive complètement paniquée.

« Maman, ce n'était pas la peine, rien ne m'est arrivé. » Je roule des yeux et je sens le regard de ma mère changer. J'ai l'impression qu'elle a envie de m'étriper.

« Comment je pouvais le savoir ? » Elle explose à la place de mon père. « Tu n'as rien signalé. Pas un signe de vie. J'aurais été rassurée si ton frère n'était pas en rentré en disant qu'il ne savait pas où tu étais. »

« Je suis désolée... » J'évite d'être dans la provocation.

« Oui tu peux l'être. » Elle me regarde durement. « Tu as vingt ans Mélissa, tu es assez grande et je ne vais pas faire la maman chiante à te dire que tu es privée de sortie mais sache que tu nous as extrêmement déçue. »

« Maman, je suis vraiment désolée, je ne sais pas ce qu'il s'est passé hier. »

« Je m'en fiche ça Mél, je ne sais pas ce qu'il t'arrive mais ressaisis toi deux minutes. D'abord votre soirée stupide et maintenant ça ? »

« Ta mère a raison. » Mon père lâche et je sens que je ne maîtrise plus rien.

« Et tu savais qu'elle avait maintenant en tête de postuler à une stupide bourse ? » Elle lâche.

« Quoi ? » Mon père se tourne vers moi. « Une bourse ? Pour aller où ? »

« Aux États-Unis. » Ma gorge se serre. « Mais rien n'est encore fait, il me manque énormément de documents et seulement les meilleurs seront pris. »

Le regard de mon père s'adoucit et je sens qu'il est satisfait mais qu'il se retient pour ne rien laisser paraitre par rapport à ma mère.

« Ah bon ? » Il croise les bras. « Et tu comptais nous le dire quand ? »

« Elle n'allait rien nous dire c'est ça le pire. » Elle lâche un petit rire. « C'est l'ami de Théo, Samuel qui l'a dit à table l'autre fois. »

Je sens cette fois-ci mon père se crisper.

C'est de pire en pire.

Je crois que ces dernières vingt-quatre heures ont été les pires pour moi depuis un bon moment.

« Et comment il le sait ça Mélissa ? » Son regard est plus sombre.

« Par hasard. Vraiment. »

« Mélissa. Putain tu étais où ? Ça t'arrive de répondre à ton téléphone ? » Théo. Mon sauveur. J'ai envie de lui sauter dans les bras, même s'il a l'air furieux.

« J'ai dormi chez Chloé. » Je mens une nouvelle fois priant pour qu'il ne l'ait pas contacté.

« J'avais pourtant demandé à Samuel de garder un œil sur toi et de te ramener à la maison. »

« Donc toi, tu ne trouves rien de mieux que de confier ta sœur à un mec ? » Mon père intervient.

« Samuel est certainement le mec en qui j'ai le plus confiance alors il n'y avait aucune raison d'être inquiet jusqu'à ce qu'elle décide de n'en faire qu'à sa tête pour je ne sais quelle raison. T'as complètement débloquée hier. »

Je ne fais plus attention à ce qu'il dit. Je reste simplement bloquée sur le début de sa phrase.

J'ai l'impression que je fais exploser tellement les remords s'entassent dans mon esprit.

J'en aurais presque envie de vomir.

Je me sens complètement oppressée et cacher mon attirance pour Samuel semble de plus en plus compliquée à gérer.

« Tu es partie à minuit Théo, tu n'as rien vu. »

« Sacha m'a tout raconté Mélissa. »

Tout ? Comment ça tout ? Ça ne veut rien dire.

« Il t'a raconté quoi au juste ? » Je demande en rougissant.

« Tu es partie faire ta soirée toute seule en te faisant passer pour une victime, tu as passé la soirée avec un inconnu qui t'a rempli tes verres sans tenir compte de ton état et mes amis et les tiens ont passé la moitié de leur soirée à te chercher. »

« C'est tout ce qu'ils t'ont dit ? » Je suis surprise que personne n'en ait dit plus. Peut-être qu'ils n'ont rien remarqué.

« Ah non j'ai oublié. » Il me regarde durement et j'arrête de respirer. « Ils ont dit que tu n'étais qu'une putain d'égoïste. » Il lâche et les bras m'en tombent.

« Théo. » Ma mère s'insurge.

« Tous ? » Je le fixe.

« Oui tous. Tu peux être sure que c'est la dernière fois qu'on passera une soirée ensemble. »

Mon cœur se serre et je n'ose même plus le regarder.

« Tu as été tout simplement ridicule Mélissa. » Il lâche plus doucement avant de monter de nouveau dans sa chambre.

« Je crois que vous n'avez pas besoin d'en rajouter une couche. » Je me tourne vers mes parents. « J'ai bien tout saisi. Et rassurez-vous, c'est la dernière fois que je sortirai. »

« Mélissa, ce n'est pas ce que nous sommes entrain de te dire. » Ma mère reste en colère mais parle plus doucement.

« Non mais je n'en ai même plus envie. » Je suis presque écœurée par les paroles de Théo.

« Moi j'aimerai simplement qu'on clarifie l'histoire du barman. » Mon père intervient et je me retiens de ne pas être en colère.

« Ce n'est que ça qui t'intéresse papa ? »

« Pour le coup oui. »

« Il était simplement sympa sur le moment, rien de plus. Je ne le reverrai surement plus. » Je soupire. « Maintenant, si vous n'avez plus rien à me dire, je vais prendre ma douche. »

Je monte dans ma salle de bain sans attendre qu'ils répondent et je fonce dans ma douche pour me rafraichir les idées.

Alors maintenant je n'ai que Samuel qui me soutient ?

Qui l'aurait cru ?

Je suis presque entrain de rire sous ma douche tellement tout ça me semble incroyable.

Mes amies sont énervées contre moi, ma famille aussi et nous avons également ce satané Sacha et cette peste de Philippines qui s'amusent à tout amplifier.

Moi égoïste ? Je suis tout sauf égoïste.

Est-ce qu'ils savent vraiment la signification de ce mot ?

Ils n'ont pas le droit de dire ce genre de choses juste en se basant sur cette soirée merdique.

Est-ce que c'est ce que penses aussi mes amies ?

J'espère que non.

Je finis de me laver et je m'habille seulement d'un jogging et d'un t-shirt trop long.

Je rentre dans ma chambre et je sursaute quand je vois Louis assis sur mon lit.

« T'as merdé ma pauvre Mélissa. » Il soupire. « Qu'est-ce qu'on va bien faire de toi ? »

« Oh non, je t'en prie Louis, ne t'y mets pas non plus. » Je suis exaspérée.

« Théo et nos parents étaient sacrément énervés ce matin. »

« Je suis satisfaite de voir que toi non. » Je m'écrase sur mon lit en saisissant mon téléphone.

« J'étais juste un peu inquiet mais je savais que rien ne pouvait t'arriver. »

« Ah ouais ? » Je suis blasée. « Et comment tu en as déduis ça, petit génie ? » Je fixe mon écran.

« Tu étais avec Samuel. »

Je lâche mon téléphone et je le fixe.

« Pardon ? » Je bégaye.

« Tu m'as très bien entendu. »

« Je... Je n'étais pas avec lui. Qu'est-ce qu'il te fait dire ça ? »

« Toi, à l'instant. »

« Quoi ? » Je le regarde sidérée.

« Je n'en savais rien jusqu'à ce que je vois ta réaction. Mélissa, tu es si prévisible. » Il soupire.

« Louis. » Je me précipite vers lui. « Tu dois à tout prix garder ça pour toi. Je t'en supplie. »

« Tu peux me faire confiance, depuis le temps. »

« Je suis sérieuse Louis. »

« Tu es amoureuse ? » Il me fixe.

« Non. » Je réponds après quelques secondes de réflexion. « Enfin, je ne crois pas. Je ne sais pas à vrai dire. » Je me calme en regardant ailleurs.

« Ah. Tu es à deux doigts. »

« Je n'en sais rien Louis. » Je saisis un cousin et je me rallonge. « Je n'en ai aucune idée. La seule chose que je sais, c'est que j'apprécie être avec lui et que ça me ferait terriblement mal qu'on ne se parle plus. » Je soupire en me remémorant cette nuit.

« Vous êtes ensemble ? »

« Je crois oui. Il a essayé de me le faire comprendre hier, je suppose. »

« Tu n'es sûre de rien ou quoi ? »

Je me relève.

« Non à vrai dire ce n'est pas comme si j'avais l'habitude. » Je le fixe.

« Et bah, je ne m'attendais pas à ce que tu sois honnête si facilement. »

« Je n'ai personne à qui en parler Louis. Personne. Tout le monde me jugera, y compris mes amies. Et pour une fois, je n'ai pas envie de savoir ce que pense les autres. J'ai simplement envie d'être naïve quitte à me prendre un énorme mur à l'arrivée. Je n'ai pas envie d'entendre des : je te l'avais dit ou des il n'est pas fait pour toi. »

« Je comprends. » Il dit doucement. « Tu as l'air d'être heureuse. »

« Heureuse est un bien grand mot Louis. On va dire que je suis contente de passer des moments avec lui. »

« Ne t'inquiète pas, ton secret sera bien gardé avec moi. » Il me sourit doucement.

« Merci. » Mon regard s'illumine. « Merci beaucoup. »

« Tu le diras quand tu t'en sentiras capable. »

« Oui mais pour l'instant ce n'est pas le bon moment. »

« Je suis plutôt d'accord. »

Je souris et il se dirige vers ma porte.

« Je ne te dérange pas plus, repose-toi bien. »

« Merci. »

Il quitte la chambre et je m'allonge une nouvelle fois.

Je n'en reviens pas que Louis soit si compréhensif et bienveillant.

Je retrouve le sourire et je ferme les yeux un court instant avant que mon téléphone ne se mette à vibrer.

Le prénom de Samuel s'affiche et mon cœur s'emballe.

Je ne perds pas de temps pour décrocher et je me dirige vers ma fenêtre pour que personne ne puisse m'entendre.

« Allô ? » Je souris automatiquement.

« Tu es bien rentrée ? »

« Oui très bien, ça m'a fait du bien de marcher un peu. »

« Tu te sens mieux alors ? »

« Physiquement oui mais tout le monde m'est tombé dessus en entrant. »

« Théo aussi je suppose. » Il lâche un petit rire.

« Oui... »

« Il m'a envoyé un message. »

« Quoi ? Te disant quoi ? »

« Il m'a engueulé, en quelques sortes. »

« Mais pourquoi ? »

« Apparemment tu aurais dit que tu étais partie dormir chez Sophia. »

« Chloé. »

« Ah oui c'est ça. »

« C'est tout ce qu'il t'a dit ? »

« Il m'a dit que ce n'était pas normal, qu'il me faisait confiance et que j'étais supposé te ramener chez toi. »

« Oh. Et qu'est-ce que tu as répondu ? »

« Que Chloé avait insisté pour que tu ailles dormir chez elle et que je n'avais pas envie d'intervenir. »

« Tu as bien fait. »

« Tu sais Mélissa, je pense que dans un futur proche il faudra lui dire. Tu ne peux pas continuer à mentir comme ça indéfiniment. »

« Samuel, on commence seulement à vraiment se fréquenter, je ne suis pas encore prête à affronter Théo. C'est trop tôt, même si j'en ai gros sur la conscience. » Je pose ma tête sur ma main.

« En tout cas je voulais te dire que je pensais sincèrement ce que je t'ai dit hier en rentrant. »

« Comment ça ? »

« Je veux qu'on commence quelque chose de sérieux et voir où ça nous mène. »

« Vraiment ? Ce n'est pas un peu trop tôt ou précipité pour toi ? » Je suis surprise.

« Non pas du tout. »

« Oh. »

« Tu en dis quoi ? Maintenant que tu es sobre. »

Je ne réponds pas de suite.

« On peut essayer oui. » Je finis par sourire.

« C'est ce que je voulais entendre. » Je devine qu'il sourit aussi.

« Par contre Samuel. »

« Oui ? »

« Si on part vraiment dans cette direction, je t'interdis de me faire du mal. »

« Je te le promets Mélissa. » Il semble sincère.

Mon cœur semble moins lourd et je suis presque euphorique, chose que j'essaye de cacher au maximum.

« Et aussi... »

« Dis moi. »

« Est-ce que tu trouves que je suis quelqu'un d'égoïste ? » Ma gorge se serre.

« Quoi ? Pas du tout. Qui peut bien penser une chose pareille ? »

« Et bien tout le monde. »

« Qui tout le monde ? Les sept milliards d'habitants sur cette Terre ? »

« Non. » Je lâche un petit rire. « Tes amis. »

« Ah et bien je te rassure c'est loin d'être tout le monde. Ça doit représenter un pourcentage très petit avec beaucoup de zéros après la virgule. »

Je ne peux pas m'empêcher de sourire.

« Oui mais ce sont des gens importants. » Je reprends.

« Importants ? Pour toi ou pour moi ? »

« Pour toi. »

« Alors qu'est-ce que ça peut te faire ? Tu ne leur dois rien. Ils n'étaient pas obligés de rester hier, je leur ai dit plusieurs fois qu'ils pouvaient partir. Ce qui compte vraiment c'est ce que pense tes amies. Le reste, tu t'en fiches un peu non ? »

« Ce n'est pas si simple. J'ai tendance à accorder pas mal d'importance aux regards des autres. »

« Ah. Grosse erreur ma Mélissa. Oublie ce que t'a dit Théo, il a simplement voulu te piquer parce qu'il est en colère. Je suis sûr que c'est simplement Sacha qui a dit ça et entre nous il débite beaucoup de conneries à la minute. »

« Tu as surement raison... »

« Tu verras avec le temps que j'ai souvent raison. » Il rit.

« J'ai souvent raison aussi. Alors ça risque d'être compliqué. »

« On verra ça. »

« On tout cas merci beaucoup. Pour tout. Et je voulais te demander pardon une nouvelle fois pour hier, ça ne se reproduira plus je l'espère. Et je ne veux pas non plus que tu penses que je suis une fille qui pleure pour un oui pour un non. Ce n'est absolument pas dans mes habitudes c'est juste que... » Je m'arrête de parler pendant de courtes secondes. « Que je n'arrive pas à me contrôler quand je suis face à toi. Je prends tout très à cœur. »

« Ne t'inquiète pas pour ça, tout est déjà oublié. Et j'espère que maintenant je ne te ferai que sourire. »

« Merci. »

« Maintenant repose toi un peu et bois beaucoup d'eau. »

« Oui ne t'inquiète pas. »

« À demain. »

« À demain. »

Je raccroche me sentant un peu plus légère.

Je décide alors d'envoyer un message aux filles pour leur demander si elles peuvent me rejoindre demain avant les cours pour qu'on puisse un peu discuter.

Elles ne répondent pas immédiatement mais il suffit qu'une d'entre elle accepte pour que les autres suivent dans la seconde.

Je lâche ensuite mon téléphone pour rejoindre ma famille, en espérant que les esprits se soient un peu apaisés.

Chacun a l'air d'être dans ses occupations et je prends l'initiative de faire de la pâtisserie, pour me faire pardonner.

Je m'installe alors dans la cuisine sous un silence de plomb et je comprends que non, les esprits ne se sont pas apaisés.

Au contraire, ils doivent tous ruminés dans leur coin.

Je commence alors ma préparation pour mes différents biscuits et cookies et je passe toute mon après-midi en cuisine, concentrée sur mes faits et gestes.

Je suis imperturbable.

Ma mère fait plusieurs allers-retours et m'observe sans rien dire.

J'essaye alors de respecter les désirs de chacun. Des cookies au chocolat blanc pour Louis, chocolat noir pour mon père, chocolat et fruits secs pour ma mère et beurre de cacahuète pour Théo.

C'est beaucoup de travail mais j'y mets du cœur. Je n'ai pas envie d'aller me coucher ce soir en sachant que les trois quarts de ma famille sont énervés contre moi.

Mon t-shirt devient sale très rapidement et je finis enfin par enfourner mes différentes plaques de cookies.

Je termine en faisant la vaisselle et je commence à préparer le repas de ce soir.

Une fois mes cookies parfaitement cuits et fondants, je les dispose sur un plateau et les regroupe en fonction de leurs saveurs.

Voyant le nombre de biscuits réalisés, je décide d'en prendre quelqu'un pour les amener demain aux filles, en espérant que ça les calme directement.

Je sais qu'on ne peut pas acheter des gens avec de la nourriture mais on va dire que ça aide un peu à apaiser les tensions.

Je mets ensuite la table et je place les petites entrées au centre.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Me regarde Louis.

« À manger. »

« Tu n'es pas si bête que ça finalement. »

« On tente le tout pour le tout. »

« Tu as peu de chance que ça rate. »

« Attends, tu n'as pas vu mon arme finale. »

« C'est quoi ? » Il semble avoir légèrement peur.

« Des cookies. » Je souris fièrement.

« Quoi ? » Il se retient de rire. « Montre. »

Je l'amène dans la cuisine et je lui présente mon plateau.

« Chocolat blanc, mes préférés. » Son regard s'illumine en approchant sa main.

« Pas touche. » Je lui donne une petite tape. « Ce sont les desserts. »

« Et bien, tu veux vraiment te faire pardonner toi. »

« Je ne veux simplement présenter mes excuses une énième fois. Je trouve qu'avec la nourriture, c'est plus simple. »

« Ce n'est pas faux. »

« Aller maintenant ouste, je ne veux plus te voir dans cette cuisine. »

« Ok ok, je te laisse. » Il lève les bras en quittant la pièce.

Je termine ensuite de préparer mon plat à notes asiatiques.

« On peut manger. » Je dis une fois que tout est prêt.

« Tu as fait à manger ? » Mon père s'approche.

« Oui, entrée plat dessert. »

« Ah oui, tu veux vraiment te faire pardonner. »

« Je veux juste vous faire plaisir. »

Il me lance un petit regard et s'installe.

« Maman, Théo, Louis. »

Ils finissent par me rejoindre et je m'installe autour de la table.

Louis semble ravi, ma mère septique et mon frère ne me regarde pas.

« Alors. » J'essaye de garder le sourire. « En entrée je vous propose quelques petits apéritifs. Bon tout n'est pas maison mais je me disais que ça pouvait être sympa. Nous avons donc, du caviar d'aubergines, un peu de houmous et du Tzatziki. »

Je sens qu'ils se détendent un peu mais restent silencieux.

« En plat, nous avons des crevettes rissolées avec son wok de légumes accompagnés d'une portion de riz et de sauce aux notes citronnelle. »

« Mélissa, tu n'avais pas besoin de faire tout ça. » Ma mère soupire.

« Non mais ça me fait plaisir. »

« Et bien moi j'ai hâte de goûter. » Louis saisis le pot de houmous.

« Merci beaucoup en tout cas, c'est très gentil. » Mon père ajoute.

Je jette un coup d'œil à Théo qui commence à se servir mais qui ne parle pas.

Je commence à mon tour à manger et je sens que l'atmosphère se détend un peu.

Une fois les entrées presque terminées, je pars chercher le plat et je sers à l'assiette.

« Hum, c'est super bon. » Ma mère sourit enfin.

« Merci maman. »

« Ouais ce n'est pas dégueu. » Théo ajoute.

Bon ce n'est pas le meilleur des compliments mais je le prends quand même.

« J'adore. » Louis en rajoute des caisses et je ris doucement.

« C'est super ma chérie. » Mon père me regarde et je peux enfin me détendre.

« Je suis contente que ça vous plaise. »

« Bon, j'apprécie tes efforts Mél même si ce matin tu m'as bien mise en colère. Je suis contente de voir que tu t'es un peu remise en question. » Ma mère me regarde.

« Je suis désolée, c'est vrai que je n'ai pas été cool. Ça ne se reproduira plus. » Je réponds. « Et Théo, ne t'inquiète pas, tes amis ne seront plus mêlés à ça. »

« T'inquiète, moi aussi j'ai eu des soirées difficiles. » Il lâche un petit sourire.

« Je confirme oui. » Mon père ajoute avant de prendre une bouchée.

« Au moins ça te fait de l'expérience. » Ma mère poursuit.

« Oui on peut aussi voir ça comme ça. » Je réponds.

« En tout cas merci pour ce très bon repas. » Mon père sourit.

« Attendez, ce n'est pas fini. » Je fais un petit clin d'œil.

« Elle voulait vraiment se faire pardonner. » Théo lâche un petit rire. « Même moi je ne me suis jamais donné autant de mal. »

Je souris et nous finissons nos assiettes.

« Maintenant, place aux desserts. » Je tape dans mes mains avant de ramasser les assiettes vides.

Je les place dans le lave-vaisselle et j'apporte fièrement mon plateau.

« Normalement il y en pour tout le monde. » Je pose le plateau au centre.

Théo reste bouche-bée.

« Ils ont l'air incroyables. » Il ferme les yeux et je rigole.

« Tu en fais pour tout le monde ? » Ma mère me regarde.

« Oui j'ai essayé de faire vos préférés. »

« Pas touche au chocolat blanc. » Louis se redresse.

« Tant mieux parce que je n'aime pas ceux-là. Par contre, celui qui ose prendre un au beurre de cacahuète, je lui mange les siens. »

« Ne t'inquiète pas pour ça. » Mon père en saisit un au chocolat noir. « Vous ne connaissez pas ce qu'est un vrai bon cookie. » Il dit avant de croquer dans le sien.

Ma mère saisit également celui qu'elle préfère et j'en prends un au hasard.

Je sens Théo se crisper quand il me voit croquer dans un cookie au beurre de cacahuète.

« Je les ai faits, j'ai le droit de prendre celui que je veux. » Je me défends.

« Hum... Ouais... On va dire ça. » Il dit avant de déguster le sien.

Nous finissons tous notre bon repas et tout le monde finit par débarasser.

« Et bien, tu nous as gâtés ce soir. » Ma mère me sourit.

« Je suis contente que ça vous ai fait plaisir. »

« Tu pourrais faire ça plus souvent. » Elle me fait un clin d'œil.

« Hum... Ça on verra. »

Elle me fait un bisou sur le haut du crâne et après avoir souhaité une bonne nuit à tout le monde, je remonte dans ma chambre.

Je me change et je me mets en pyjama avant d'aller me blottir sous ma couette avec ma tablette.

Première étape réussie. Il ne manque plus que les filles et on sera bon.

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Hey ! 

J'espère que vous allez bien :)  

Désolée pour le petit retard mais j'étais en vacances avec des amis et c'était compliqué de prendre du temps pour bien tout relire :) 

Je vous embrasse :) 

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