Chapitre 33

« Encore un s'il te plait. » Je pose mon verre sur le comptoir après avoir fini ma dernière gorgée.

« Je vais définitivement te récupérer dans un sale état. » Il dit avant de me resservir.

« Effectivement. » Je lâche un petit rire, complètement atteinte par l'alcool. « Mais si tu refuses de ma servir tu peux être sur que j'irai voir ton supérieur. »

Ça faisait une éternité que je ne m'étais pas retrouvée dans cet état.

La dernière fois, c'était à une soirée de mon école, l'année dernière où j'ai embrassé un garçon pendant deux heures sans m'arrêter.

Je n'en garde définitivement pas un bon souvenir contrairement à mes amies qui se sont bien marrées.

« Tu es vraiment venue seule ? » Il demande en posant mon verre devant moi.

« Non je t'ai menti. » Je ris en le pointant du doigt. « J'ai toutes mes copines avec moi. Il y a aussi mon frère et le garçon pour qui je craque qui est actuellement en pleine discussion avec son ex. Et est-ce que j'ai besoin de préciser que le garçon pour qui je craque est aussi le meilleur ami de mon frère ? »

« Waouw. » Il me fixe. « Tu n'es définitivement pas venue seule. »

« J'ai toute une petite armée derrière moi. »

« J'ai cru comprendre oui. Et tu sais où ils sont ? » Il soupire certainement exaspéré de voir une énième fille ne tenant plus debout devant son bar.

« Non. » J'hausse les épaules. « Mais pour être honnête je m'en fiche royalement. Je crois qu'ils essayent de m'appeler depuis tout à l'heure mais je ne suis pas sûr. » J'essaye d'ouvrir mon sac mais je manque de tomber tellement ma tête tourne. « Désolée. » J'essaye de me retenir en agrippant les bords du comptoir.

« Attends je vais t'aider. » Il fait le tour du bar avant de se placer à mes côtés. « Tu devrais leur répondre Mélissa, ils doivent être supers inquiets. Surtout que ça fait bien deux bonnes heures que tu es près du bar et avec moi. »

« Quoi ? Déjà ? » J'hallucine. « Le temps passe tellement vite. » J'ouvre grand les yeux.

« Oui mais je crois que ta soirée est loin d'être finie. »

« Je vais prendre un peu l'air. » Je dis.

Ma tourne ne cesse de tourner et mes yeux se ferment de longues secondes avant que je puisse les ouvrir de nouveau.

« Je ne peux définitivement pas te laisser sortir dans cet état. Donne-moi ton téléphone. »

« Quoi ? Pour que tu me voles ? Même pas en rêve. » J'ai un mouvement de recul.

« Comme si j'avais que ça à faire. » Je crois qu'il roule des yeux. « Donne-moi ton téléphone. » Il me tend la main.

« Profitez de la faiblesse des autres, c'est mal. » Je soupire en ouvrant difficilement mon petit sac. « Mais tiens, tu m'as l'air quelqu'un de confiance. » Je commence à le voir tourner.

« Ah oui, tu as beaucoup d'appels manqués. » Il a un sourire au coin.

« Ça m'est égal. »

« Qui j'appelle ? Sophia, Chloé, Jo, Samuel ou Théo ? »

« Samuel ? » Je manque de m'étouffer. « Il m'a appelé ? »

« Oui et pas qu'une fois. » Il hoche la tête avec un petit rire. « J'en déduis que c'est lui qui parle avec son ex, qui est le meilleur ami de ton frère et qui aussi le garçon pour que tu craques. »

« Apparemment c'est réciproque vu qu'il m'a appelé plusieurs fois. » Je souris.

« Il doit probablement être très énervé vu les messages qu'il t'a envoyés. »

« Comment ça ? » Je plisse les yeux.

« Alors au début on est sur une personne très bienveillante avec des messages du style : Mél, où tu es, je m'inquiète ? ; Mél, réponds-moi s'il te plait ; J'ai besoin de te voir et de te parler. » Il s'arrête. « Puis après on est plus sur du : Putain tu fais chier ; Ça fait trois heures que tout le monde te cherche ; je ne sais pas à quoi tu joues mais ça agace tout le monde ; réponds à ton putain de téléphone ; ne refais plus jamais une chose pareille. » Il grimace.

« Ah oui. Ça a beaucoup changé. »

« Tu veux que j'appelle qui ? »

« Théo. » Je lâche. « C'est mon frère. »

« Ça marche. »

Il m'emmène dans un petit coin moins bruyant et appelle Théo dans la seconde.

« Allô ? » Il commence. « Oui je suis Hugo, le barman de la boite, je suis actuellement avec ta sœur qui as un peu bu. »

Je fixe Hugo et je m'approche de mon téléphone pour savoir ce que Théo répond.

« J'essaye simplement d'être sympa, tu n'as pas besoin de t'énerver sur moi. » Il continu. « Non je n'essaye absolument pas de la draguer. »

Hugo me fixe et son visage se ferme.

« Il veut te parler. Décidément, il n'est pas très sympa. »

Je saisis difficilement le téléphone.

« Allô ? » J'appuie ma main sur mon front en fermant les yeux pour essayer de rendre mes idées plus claires.

« Tu te fous de ma gueule Mélissa. »

« Écoute Théo, je ne sais pas ce qu'il se passe, Hugo a été très gentil avec moi toute la soirée. Il a simplement proposé de t'appeler pour te rassurer. »

« Me rassurer ? Tu crois vraiment que ça me rassure de te savoir avec un inconnu pendant que tous nos amis te cherchent ? Putain mais à quoi tu penses ? »

« Alors aux dernières nouvelles, tu n'es pas mon père, donc personne ne te donne le droit de me parler comme tu me parles. Où es-tu d'abord ? »

« Je suis rentré plus tôt, avec Lou. J'ai demandé à Samuel de garder un œil sur toi. D'ailleurs, c'est lui qui te ramène. »

« Il est en hors de question. » Je lâche, maintenant beaucoup plus lucide. « Je rentrerai en taxi. »

« Tu es complètement bourrée ma pauvre Mél. » Il est encore plus agacé. « Rentre avec Samuel. »

« Arrête de me donner des ordres, bordel. »

« Je crois que tu ne réalises pas. Je n'en ai rien à foutre moi de savoir ce que tu fais, c'est juste qu'un groupe de personnes qui sont nos amis ont passé la soirée à te chercher. »

Ma gorge se serre et mon agacement envers Théo disparait.

« Alors arrête de faire la chieuse et va les rejoindre. »

« Je vais les rejoindre. » Je me calme.

« Ils t'attendent dehors. » Il se calme à son tour même si je sais qu'il m'en veut.

« Pas de problème. »

Je raccroche un peu étourdie et je me tourne vers Hugo.

« Je crois que mes amis m'attendent dehors. » Je dis.

« Je vais t'y accompagner. »

« Ce n'est pas la peine, ne t'inquiète pas. »

« J'y tiens. » Il me sourit doucement. « Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoique ce soit. »

« Oh. Et bien, merci c'est gentil. »

Il passe son bras autour de mes épaules et nous nous dirigeons vers la sortie.

« Je crois que certaines personnes sont vraiment agacées contre moi. » Je poursuis.

« Tu as seulement voulu profiter de ta soirée. Tu as passé un bon moment au moins ? » Il me regarde.

« Oui c'était super. »

« Alors c'est le principal. Tu ne leur a pas demandé de garder un œil sur toi. »

« Tu as raison. » J'essaye de me ressaisir.

« Et puis, moi aussi j'ai passé un très bon moment. Tu as été de bonne compagnie. » Il sourit.

« Toi aussi. Tu m'as bien fait rigoler. »

Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas passé une aussi bonne soirée. Je n'ai fait que danser et parler avec Hugo qui a été bienveillant tout au long de cette soirée.

Le brin d'air frais vient se poser sur mon visage et j'ai l'impression de respirer à nouveau.

Je n'ai à peine le temps de réaliser où je suis que je vois Sophia se lever du trottoir.

« Mélissa putain, enfin. » Elle semble soulagée.

Je dirige mon regard vers elle et je remarque que tout le monde est là, sauf Lou et mon frère.

J'ai cru comprendre qu'il misait beaucoup sur cette relation et j'aimerai vraiment qu'il se confie plus à moi.

Ce n'est pas vraiment le moment mais peut être qu'un jour ça le sera.

Il ne pouvait pas savoir en partant à minuit pour profiter avec sa copine, que trois heures après j'allais être complètement bourrée en compagnie d'un bel inconnu.

« Je suppose que c'est eux. » Me regarde Hugo.

« Oui. »

Samuel se lève à son tour et quand nous arrivons à leur hauteur il explose.

« Tu étais où putain ? On était tous super inquiets. Tu es complètement malade de ne pas avoir répondu au téléphone. »

« On n'était pas tous inquiets. » Lâche Sacha.

« Ferme là. » Maeva soupire.

« Elle était avec moi. » Hugo parle à ma place.

« Quoi ? » Samuel le fixe et j'aperçois les filles qui ne manquent pas une miette de sa réaction. « Comment ça ? Et puis qui es-tu ? »

« Hugo, enchanté. » Il tend la main mais Samuel le toise du regard. « Elle était seule une bonne partie de la soirée et c'est moi qui lui ai servis des verres. » Il reprend sans être perturbé. « Puis quand elle est revenue en commander un énième, je lui ai dit de ne pas rester trop loin parce que des mecs louches n'arrêtaient pas de la regarder. Nous avons discuté et le temps est passé super vite. »

« Tu es sérieux ? Ça ne t'a posé aucun problème de servir des verres à une fille déjà complètement ailleurs ? »

« J'ai fait mon travail et puis, je ne l'ai pas quitté du regard de la soirée. »

Samuel esquisse un petit sourire provocateur.

« Tu voulais la ramener chez toi c'est ça ? »

Je regarde Samuel, ne comprenant absolument pas ses réactions.

« Pas besoin. » Hugo répond avec le même sourire. « On s'est déjà bien amusés dans les toilettes. »

Je me tourne vers lui, abasourdie par ce que j'entends.

Le visage de Samuel se ferme et il s'approche doucement de lui.

« Non mais ça ne va pas ? » Je fixe Hugo. « T'es complètement malade de dire ce genre de choses. »

« C'est la vérité non ? » Il me fait un clin d'œil.

« Bon. Très bien. Merci beaucoup pour ton aide Hugo, maintenant tout va très bien. Tu peux retourner travailler et moi rentrer chez moi. » Je pose mes mains sur ses épaules. « C'était un vrai plaisir de te rencontrer. »

« Mél, est-ce qu'il est sérieux ? » Samuel me regarde. « Ne me dis pas que ça fait plus de deux heures qu'on te cherche alors que tu couchais avec lui dans les toilettes puantes d'une boite de nuit ? »

Je le regarde, vexée qu'il pense réellement ce genre de choses.

Je vais essayer de mettre ça sur le compte de l'inquiétude et de la fatigue.

« Au revoir Hugo. »

« À la prochaine j'espère. » Il me fait un sourire et lâche un dernier signe de mains aux autres qui ne nous ont pas quitté une seule fois du regard.

Hugo rentre de nouveau dans la boite de nuit, fier d'avoir mis son grain de sel.

« Tu penses vraiment que je suis capable de faire ça ? » Je regarde Samuel. « Vraiment ? »

J'essaye de faire absolument attention à tout ce que je dis, surtout quand la moitié de nos amis nous entourent.

Il secoue légèrement la tête.

« Non, c'est vrai, excuse-moi. Mais franchement, là je suis un tout petit peu sur les nerfs. D'abord, tu nous laisses en plan sans nous donner de nouvelles et ensuite tu débarques avec ce vieux type qui se croit au-dessus de tout le monde. » Je sens son agacement ressurgir.

« Je suis désolée. » Je finis par lâcher la gorge serrée. « Vous n'auriez pas dû m'attendre autant. »

« Tu as vraiment passé toute ta soirée avec lui ? » Il ignore ma dernière phrase.

« Non enfin oui. Je ne sais plus, j'ai juste envie de rentrer chez moi. »

« Et nous ? Tu crois qu'on n'a pas envie de rentrer chez nous Mélissa ? Ça fait deux putains d'heures qu'on te cherche partout. » Il explose à nouveau.

« C'est vrai que la moindre des choses aurait été de nous prévenir. » Sacha s'avance.

« Ferme là Sacha, personne ne t'a demandé de rester. D'ailleurs, je n'ai demandé à personne de rester, vous n'aviez qu'à tous partir si vraiment ça vous faisait autant chier. » Je craque à mon tour, agacée que Sacha vienne encore en rajouter une couche.

« Mélissa, tu ne crois pas que tu sur-réagis ? On est restés parce que tu es notre amie. » S'approche doucement Joséphine. « On était simplement super inquiets. »

« Je suis désolée d'accord ? Je... J'avais besoin d'être seule tout simplement et je n'ai pas pensé à répondre. J'étais ailleurs. »

« Ouais et bien tu peux être sûr que c'est la dernière fois que je te propose de sortir en boite avec nous. » Lâche Sophia avant de tirer sur sa cigarette sans même me regarder.

« Ah ouais ? Et bien toi tu peux être certaine que c'est la dernière fois que je te crois quand tu dis qu'on va passer une soirée tranquillement à quatre alors qu'à la première occasion tu vas tout balancer à mon frère. À croire que tu l'aimes bien et que tu voulais absolument qu'il soit là. » Je lâche ne contrôlant plus mes paroles.

« Je crois qu'on va y aller. » Lâche Benjamin. « En tout cas on est rassurés que tu sois de retour. » Il sourit gêné.

Il pose son bras autour des épaules de Maeva et après un dernier signe de main ils s'éloignent.

« Quoi ? Moi ? Bien aimer ton frère ? T'as complètement débloquée. » Elle s'agace en ignorant le départ de Benjamin et Maeva. « On peut parler de toi si tu veux, c'était quoi ça ? La petite scène avec Samuel ? »

« Théo m'a demandé de garder un oeil sur elle, dès qu'il est partit. » Samuel répond.

« Et tu avais besoin de lui faire une mini crise de jalousie ? »

« Une mini crise de jalousie ? » Il lâche. « C'est toi qui as complètement débloquée, Mélissa et moi il ne se passe rien, c'est la petite sœur de Théo. » Il s'agace. « Sérieusement, tu me vois avec une fille comme Mél ? » Il lâche un petit rire et je me fige. Même les filles semblent surprise par sa réponse.

Par contre il y en deux qui sont très satisfaits, ce sont Philippines et Sacha.

« Pardon ? » Je demande en le fixant.

Il comprend ce qu'il vient de dire et semble soudainement beaucoup moins agacé contre moi.

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. » Il essaye de se rattraper en s'approchant de moi mais je recule.

« On va y aller aussi. » Sacha lâche un petit rire. « Très bonne fin de soirée à vous tous. » Il fait un clin d'œil et Philippines a un petit sourire aux lèvres qui me fait frissonner de haine.

Je ne peux pas croire que Samuel puisse encore lui trouver quelque chose.

« Nous aussi d'ailleurs et tu viens avec nous. » Chloé s'approche de moi.

« Je ne crois pas non. » Samuel la regarde. « Elle vient avec moi. »

« Non je ne viendrai pas avec toi. » Je réponds complètement blessée et énervée.

« Ah. Apparemment elle ne veut pas donc, tu nous excuseras mais il est temps de partir. » Chloé attrape mon poignet.

« Théo m'a demandé de garder un œil sur elle jusqu'à la fin de cette soirée alors elle vient avec moi. » Il lui parle froidement avant de me retenir.

J'ai envie de les supplier d'arrêter. Je commence à avoir le tournis et je n'ai aucune envie de vomir devant Samuel.

« Oui mais nous sommes ses amies et la soirée est finie depuis bien longtemps Samuel. »

« Ça m'est égal. Il m'a même envoyé un message d'ailleurs me disant bien : surtout je veux que ça soit toi qui la ramène. »

Chloé me regarde.

« Mél ? » Elle demande.

« Merci pour tout les filles mais je vais rester avec lui. » Je lâche après avoir réfléchis quelques secondes.

« Oh quelle surprise. » Sophia roule des yeux.

« Tu es certaine ? » Chloé me défie. « Après toutes les conneries qu'il vient de dire ? »

« Oui. » J'ai envie de pleurer.

« Mél qu'est-ce que tu lui trouves bon sang ? » Elle semble triste pour moi.

« Rien Chloé, rien du tout. » Je murmure presque et Samuel me regarde.

« Bon. Et bien fais attention à toi. » Elle semble déçue et ne cherche pas à me comprendre. « Et tu as intérêt à prendre soin d'elle sur le chemin du retour. » Elle dit durement à Samuel.

« C'est prévu. »

Les filles ne prennent pas dans leurs bras et ne tardent pas à s'en aller.

Je sais qu'elles sont énervées contre moi et je m'en veux de m'être disputée comme ça avec Sophia.

Je pense simplement qu'il faut que je leur dise la vérité sur Samuel et peut être que ça arrangera légèrement les choses.

« Je commande un chauffeur. » Lâche Samuel me sortant de mes pensées.

« Fais comme tu veux. » Je me tourne avant d'avancer dans la rue.

« Mél, je n'aurai pas dû dire ça mais tu m'as vraiment énervé ce soir. »

« Toi aussi et tu as sortis pas mal de conneries à la seconde. »

« Moi ? » Il semble surpris. « Et qu'est-ce que j'ai fait ? » Il me suit mais je ne me retourne pas.

« Tu es encore amoureux de Philippines Samuel, je ne suis pas stupide. » Je me tourne enfin.

« Quoi ? » Il éclate de rire. « Amoureux de Philippines ? Je crois que tu dis ça parce que tu as bus. »

« Non pas du tout, je t'ai vu lui parler, je te vois la regarder, je vois comment tu es avec elle. » Mes yeux s'humidifient mais je me mords la lèvre pour ne rien laisser paraitre. Je fais exprès de lui tourner le dos.

« Mélissa je ne sais pas combien de fois je vais devoir te le répéter mais... »

« Je m'en fiche du nombre de fois où tu vas me le dire. » Je craque. « Tes mots n'ont rien à voir avec tes actions. »

« Tu dis n'importe quoi. » Il dit doucement en posant sa main sur mon épaule pour que je le regarde.

« Je veux qu'on arrête tout. » Mes larmes sont de plus en plus difficiles à retenir et mon cœur se serre.

« Quoi ? »

« Ça ne peut pas fonctionner et on le sait. Je refuse d'être un pansement pour toi, je crois que j'ai déjà assez eu mal comme ça dans ma vie sentimentale. »

« Tu n'es pas du tout un pansement Mélissa. »

« Ah et bien tu me fais bien comprendre que si. »

« C'est ton nouveau mec qui t'a monté la tête ou quoi ? »

« Hugo, il s'appelle Hugo et ce n'est pas mon mec et heureusement parce qu'il a l'air un peu con sur les bords. »

« Je m'en fiche de son prénom. Tout ce que je sais c'est que tu as passé la soirée avec lui pendant que tout le monde s'inquiétait. Il a carrément lâché que vous aviez couché ensemble. »

« Ne retourne surtout pas la situation. Si j'ai décidé d'être seule c'est parce que je t'ai vu avec Philippines et ça me vexe que tu croies vraiment ce qu'il a dit alors que tu sais très bien que c'est totalement faux. »

« Qu'est-ce que tu racontes ? »

Une voiture stationne juste devant nous et j'en déduis que c'est le chauffeur qu'à commander Samuel.

Je décide alors de rentrer à l'intérieur et Samuel ne tarde pas à me rejoindre en soupirant.

Je n'ai plus envie de lui parler parce que c'est un dialogue sans issue.

« Mél. » Il semble plus calme. « Je sais très bien que tu n'as rien fait avec ce type, ça m'a juste rendu malade de vous imaginer tous les deux. » Je sens sa main se placer sur ma cuisse mais je l'enlève rapidement. J'ai envie de rentrer chez moi et de pleurer toutes les larmes de mon corps.

« On va où ? » Je me tourne vers Samuel en ignorant ce qu'il vient de dire, réalisant qu'on ne prend pas du tout la direction de ma maison.

« Chez moi. » Il répond.

« Pardon ? Mais je ne veux pas aller chez toi. »

Le chauffeur nous regarde à travers son rétroviseur intérieur.

« Monsieur. » Je m'approche. « Changez d'adresse s'il vous plait. »

« Non l'adresse que je vous ai donné est la bonne. » Samuel ajoute.

Je fixe intensément Samuel avant de m'enfoncer dans mon siège et de capituler parce que je n'ai absolument pas la force de débattre.

« C'est bon. » Je lâche. « Continuez sur ce chemin. »

Une fois que nous arrivons à destination je suis Samuel à l'intérieur de son appartement.

« Dors dans ma chambre. » Il dit en fermant la porte. « Je vais prendre le canapé. » Il jette ses clés sur la petite commode.

« Non mais je ne reste pas. » Je croise les bras. « Je ne voulais pas faire de scandales devant le chauffeur mais je rentre chez moi. »

« Mélissa écoute moi. »

« Non je n'en ai pas envie. J'ai l'impression que tu joues avec moi. Tu as vu comment tu m'as parlé devant tout le monde ? Et ce que tu as dit ? »

« Je ne le pensais pas du tout et tu le sais. Cette soirée a été très difficile émotionnellement parlant. »

« Ah ouais ? Parce que tu ne savais pas comment aborder Philippines ? »

« Parce que j'étais inquiet pour toi et que je ne pouvais pas le montrer. » Il lâche. « Philippines et moi nous ne sommes pas fait pour être ensemble et je vais être franc avec toi, oui elle veut quelque chose avec moi, oui elle essaye de me récupérer mais de mon côté c'est terminé. J'ai eu des doutes quand j'ai commencé à te fréquenter mais ça je te l'ai déjà dit mais maintenant je sais ce que je veux. »

Je ne sais même pas si je dois le croire.

« Je veux être avec toi Mélissa. » Il s'approche doucement de moi. « Quand je t'ai vu sortir dans les bras de ce mec tout à l'heure, ça m'a... Je ne sais pas comment expliquer. Ça m'a juste énervé. Je te jure que je t'ai cherché partout parce que j'ai vu ta réaction quand tu étais dans les escaliers. J'ai demandé à tous les gens que je croisais s'il t'avait vu. Je voulais te parler et te dire que ce n'était rien du tout. »

« J'ai juste disparu de la circulation pendant deux heures, pas besoin d'en faire un drame non plus. »

« Il aurait pu t'arriver n'importe quoi et je sais de quoi je parle. »

Je croise les bras en détournant le regard.

« Maeva m'a dit en plus ce que Sacha t'avait dit et je suis allé le voir pour lui dire d'arrêter de te parler. Il dit n'importe quoi. » Il soupire. « Il est stupide, il ne sait pas ce qu'il fait et il essaye tant bien que mal de me recaser avec Philippines mais ça n'arrivera pas et s'il faut que j'arrête de lui parler pour te rassurer je le ferai sans hésiter. »

« Ce n'est pas ce que je te demande non plus... »

« Non mais quand je t'ai imaginé avec ce connard ça m'a permis de comprendre ce que tu pouvais ressentir en me voyant avec Philippines. »

« Non je ne pense pas que tu réalises à quel point ça me blesse. »

« Alors parle-moi Mélissa, lâche tout, c'est le moment. » Il s'installe sur son canapé et me fixe. « On a tout notre temps et tu as besoin de décuver avant de dormir. »

« Je n'ai pas envie de te parler. »

« Je trouve ça dommage, c'est pourtant l'occasion. » Il hausse les épaules et je ne peux pas m'empêcher de le regarder.

Ce que je ressens quand je le vois est tout simplement inexplicable, je n'ai jamais ressenti ça et avec personne.

Quand un garçon me plaisait, avant Samuel, je pensais que c'était fort, que je n'arriverai pas à supporter d'apprendre qu'il est en couple, que je ne l'oublierai pas, que je ne pourrai pas passer à autre chose mais en fait ce n'était rien. Ce n'était qu'une infime petite attirance qui a toujours fini par passer et disparaitre. C'était seulement des espoirs basés sur peu de choses sans importance.

Avec Samuel je suis ailleurs. Tout est plus fort, plus intense. J'ai constamment envie d'être à ses côtés, de lui parler, de l'écouter et ça depuis le premier jour, dès que j'ai posé mon regard sur lui en plein milieu de cette cafétéria pleine à craquer. Et il a fallu que mon esprit le remarque, lui et pas un autre.

Je ne suis pas amoureuse de lui, je le sais mais je pense que je m'en approche dangereusement et ça me pétrifie parce que cela signifie que tout va encore se décupler.

Je ne sais pas si j'arriverai à tout accepter mais apparemment je suis capable de rester chez lui alors qu'il vient de dire devant mes amies et les siens qu'il n'avait rien à faire avec une fille comme moi.

Je suis capable de laisser tomber mes propres amies, présentes pour moi depuis le début, pour être avec lui et je ne culpabilise même pas.

C'est donc ça dont tout le monde parle quand ils disent que l'amour rend aveugle ?

Je ne sais pas si je suis arrivée à ce stade-là à vrai dire mais je pense qu'un jour, je tomberai de très haut même si je ne l'espère pas.

Mes yeux se remplissent de larmes une nouvelle fois et je réalise que j'ai également l'alcool triste.

« Qu'est-ce que tu cherches Samuel ? » Je ne peux plus garder mes larmes pour moi et je me trouve soudainement ridicule.

J'ai pleuré pour des garçons un nombre incalculable de fois alors que nous n'étions même pas ensemble mais jamais devant personne. C'était toujours chez moi, dans ma chambre quand personne n'était dans les parages.

Mais je réalise que je pleurais seulement parce que je venais de prendre un coup dans ma fierté et ma confiance en moi.

Alors qu'en ce moment même, je pleure parce que je suis blessée et que j'ai des sentiments forts pour Samuel.

Je comprends mieux Joséphine qui pleurait jour et nuit pour Thomas.

« Mél s'il te plait, je ne veux pas que tu pleures. » Il se lève en ouvrant ses bras mais je recule.

« Reste assis. » J'avale difficilement ma salive. « Je ne veux pas que tu me touches. »

Il se rassoit et se racle la gorge.

« Samuel je te jure que je n'ai jamais fait ça. Je n'ai jamais craqué pour le meilleur ami de mon frère, je n'ai jamais laissé tomber mes amies et encore moins pour un garçon, je ne leur ai jamais menti, je ne me suis jamais ouvert à quelqu'un comme je l'ai fait avec toi et tu veux savoir c'est quoi le pire dans tout ça ? C'est que nous ne sommes même pas en couple, que ton ami me déteste et que je n'arrive pas à savoir ce qu'il se passe vraiment avec ton ex. »

Il ne cesse de me regarder et j'essuie rapidement les quelques larmes qui ont coulé.

« Et je n'ai jamais pleuré devant un garçon et là tout de suite, j'ai honte de me retrouver dans cet état face à toi. »

« Non surtout, il ne faut pas que tu aies honte. Effectivement, je ne pensais pas que ça te blessait autant. » Il reste très calme.

« Je ne sais même pas comment on a fait pour en arriver là ? Est-ce que c'est moi qui suis folle ? Peut-être que c'est normal d'être comme ça avec son ex. Est-ce que ma réaction est légitime ? Je n'en sais rien à vrai dire et tu ne m'aides pas beaucoup. »

« Je pense simplement qu'il faut que tu arrêtes de croire qu'il existe un guide d'utilisation pour être en couple. Il n'y a pas de copain parfait, de copine parfaite et encore moins de couple parfait. On ne se fréquente pas de manière sérieuse depuis longtemps et j'ai la forte impression que tu essayes d'être parfaite alors qu'il ne faut surtout pas. »

« Je ne veux seulement pas te décevoir. Je n'ai pas envie que tu réalises que finalement je n'ai rien de spécial, que je suis juste une fille comme les autres, vide et sans intérêt. »

« Tu crois vraiment que si c'était le cas je serai actuellement dans mon canapé à t'écouter à quatre heures du matin en rentrant de boite ? J'aurai largement mieux faire comme aller me coucher par exemple et ne pas passer une soirée à te chercher partout. »

Je me calme légèrement.

« J'ai simplement l'impression que je ne cesse de répéter la même chose depuis le début, sans cesse et pour je ne sais quelle raison, tu continues de douter. » Il poursuit.

« Je vais être franche avec toi Samuel, je pense que je n'ai pas une confiance aveugle en toi. »

Il ne répond rien.

« Et qu'est-ce que je pourrai faire pour que tu te sentes mieux ? »

« Je ne sais pas, justement. »

« Tu veux que j'aille voir Théo et que je lui dise tout ? Que tu m'attires réellement et que je passe toujours de très bons moments avec toi. » Il lâche et je me fige. « Que j'ai envie d'être en couple avec elle, sérieusement. Que je m'en tape si après cette révélation il ne veut plus m'adresser la parole. »

Mon cœur se gonfle et je réussis à ravaler mes larmes.

J'ai tellement honte.

« Pourtant tu m'as fait comprendre tout le contraire, devant tout le monde. »

« Sérieusement Mélissa ? » Il fronce les sourcils. « Tu sais très bien au plus profond de toi que je ne le pensais pas du tout. Que c'était seulement pour effacer les quelques soupçons que pouvaient avoir les personnes qui nous entouraient. » Il se lève de nouveau mais cette fois-ci je le laisse s'approcher sans rien dire, ni grimacer.

« Même si ça n'a pas eu l'air de fonctionné, ils auront toujours des doutes tant qu'ils n'auront rien vu. » Il continu.

« Je préfère te prévenir, je dirai tout aux filles demain. »

« Si ça te permet d'être plus à l'aise, il n'y a aucun problème. » Il continu de s'approcher doucement. « Mais moi, de mon côté, je ne dirai rien parce que je pense que si mes amis l'apprennent, ils pourront te blesser. »

« Pas tous. » Je réponds.

« Oui mais certains seront capables de faire des choses que tu ne soupçonnes pas. »

« C'est dingue que Sacha soit aussi méchant. »

« Sacha est quelqu'un qui s'agace rapidement quand il n'a pas ce que ce qu'il veut. Alors bien sûr, il n'a pas beaucoup d'influence sur moi mais il peut s'en prendre à toi. »

Il est maintenant à quelques centimètres de moi et je lève légèrement la tête pour le regarder.

« Alors si je peux te protéger un minimum de lui, je le ferai. Ce qu'il t'a dit n'est même pas le dixième de ce qu'il est capable de faire. » Il pose doucement sa main sur ma joue.

Je ne réponds rien.

Il penche alors légèrement sa tête sur le côté et vient déposer un baiser en dessous de mon oreille et je me surprends à fermer les yeux.

Il descend doucement le long de mon cou et je viens poser ma main sur le sien.

Je m'en veux.

Je m'en veux d'être si faible face à lui, de ne pas réussir à lui tenir tête plus longtemps, de ne pas pouvoir le repousser comme je le voudrai.

Jamais je n'aurai pensé qu'il aurait autant d'impact sur moi et je ne sais même pas si j'en ai sur lui.

Je garde les yeux fermés pour savourer chaque seconde alors qu'il n'y a même pas dix minutes je lâchais quelques larmes, blessée, prête à rentrer chez moi.

Maintenant, je ne me préoccupe même pas de l'excuse que je vais devoir inventer pour justifier mon absence de la nuit envers mes parents.

« Je suis désolé. » Il dit doucement contre ma peau avant de revenir face à moi. « Tout est si compliqué à gérer pour moi aussi. »

« On peut continuer à essayer. » Je réponds. « Peut-être qu'on réussira à créer notre propre guide d'utilisation. »

Il sourit légèrement.

« Quant à moi, j'aurai peut-être dû répondre au téléphone. Il est fort possible que je l'aie entendu vibrer toute la soirée et ais fait exprès de ne pas y toucher. » Je détourne le regard. « Mais j'étais simplement vexée. »

« Si ça peut te rassurer, j'ai jeté la petite boite avec les affaires personnelles de Philippine, juste après que je sois rentré chez moi la dernière fois. »

« C'est vrai ? » Mon regard s'illumine.

« Oui et je n'ai pas hésité une seule seconde. »

« Merci, ça signifie beaucoup pour moi. »

Pour la première fois depuis la fin de soirée, je réussis à sourire et Samuel en profite pour déposer ses lèvres contre les miennes.

C'est un baiser très doux que j'apprécie beaucoup et qui me redonne un peu d'espoir pour notre relation.

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Hey !

J'espère que vous allez bien :)

J'ai déjà écris jusqu'au chapitre 40 et je peux donc vous dire que vous verrez une réelle évolution dans la relation de Samuel et Mélissa :)

Je vous embrasse :)

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