Chapitre 26
Je suis maintenant avachie sur le canapé, contente que les garçons aient enfin terminé leur partie de football en ligne.
Je n'en pouvais plus.
Je zappe les chaines jusqu'à obtenir une bonne émission bien ridicule où tout le monde se gueulent dessus pour un bout de salade.
Hilarant.
« Chérie, tu n'en as pas marre de regarder tes conneries ? » Ma mère souffle en passant dans le salon.
« Non ça me détend. »
« Ah bon ? Ça te détend d'entendre des gens crier pendant trente minutes. »
« Ouais, tu devrais regarder d'ailleurs ça te ferait du bien. » Je souris.
« Non merci. »
« Papa n'est toujours rentré ? »
« Non, il m'a appelé. Il reste avec Mathieu et ses autres amis. Tu sais bien comment ça finit. »
« Oui pour le coup je le sais. »
Mon père est parti en fin d'après-midi au stade pour regarder son équipe favorite de football jouer, avec Mathieu et d'autres amis.
À chaque fois, ils finissent tous par aller chez l'un d'entre eux finir la soirée.
Et ce soir c'est chez Stéphanie.
La pauvre, je la plains.
Elle est déjà entourée uniquement de garçons habituellement mais alors ce soir quand elle va tous les voir débarquer, elle va craquer.
Et puis bien sûr, je doute qu'Evan et Raphaël l'aide à surmonter ça. Ils seront bien trop heureux de voir tous ces gens arriver chez eux pour boire un coup.
Je soupire rien qu'en y pensant.
Le mois dernier c'était chez nous et je n'en garde pas un bon souvenir. Ma mère non plus d'ailleurs.
Je me serai cru à une soirée de mon école mais en comité beaucoup plus restreint.
Mon père est retombé dans l'adolescence le temps d'une soirée et je me suis alors demandée ce que ma mère lui avait bien trouvé à cette époque.
Et puis je me suis tournée vers Théo, le portrait craché de mon père, et j'ai réalisé que je ne comprenais pas ce que les filles pouvaient bien lui trouver.
Les hommes de ma famille resteront donc un mystère.
Enfin bon, tout ce qu'il faut faire c'est souhaiter un très bon courage à Stéphanie parce qu'elle va souffrir ce soir.
Je me concentre de nouveau devant mon écran jusqu'à ce que la sonnerie de la porte d'entrée retentisse.
Pour le coup je n'ai absolument aucune idée de qui ça peut être.
« Mél, chérie, tu peux y aller ? »
« Oh... Ok. » Je soupire en me levant, déçue de louper la partie la plus croustillante de la dispute.
En plus de ça, je déteste ouvrir la porte d'entrée.
Je traine les pieds et je regarde à l'interphone pour voir qui se trouve derrière la porte avant d'ouvrir.
La petite caméra s'allume et là je manque de m'écrouler.
« Maman. » Je crie en chuchotant.
Évidemment elle n'entend pas.
Je m'éloigne alors de la porte sans faire le moindre bruit pour éviter de me faire entendre et je vais voir ma mère.
« Maman. » Je suis presque paniquée.
« Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? C'était qui ? »
« Il y a les amis de Théo derrière la porte. » Je panique complètement.
« Oh oui, je sais. Et bien va leur ouvrir. » Elle hausse les épaules et je reste sidérée.
La sonnerie retentit une seconde fois.
« Comment ça, tu sais ? » Je serre les poings, agacée que personne ne m'ait averti parce qu'aux dernières nouvelles c'est encore chez moi.
« Oui il m'a prévenu qu'ils devaient tous venir. Ils doivent terminer un projet. Tu te doutes bien que j'ai tout de suite accepté. Théo qui travaille c'est un exploit, je n'allais pas manquer cette occasion. » Elle rigole.
« Et tu n'as pas pensé à me prévenir ? »
« Mél, chérie, pourquoi j'aurai fait ça ? Ce ne sont pas tes amis. Et puis ils seront dans la chambre à Théo. »
« Mais tu as vu comment je suis habillée ? » Je m'écrie. « On dirait une poubelle qui n'a pas été vidée depuis des semaines. »
« Je ne comprends pas là Mél. » Elle cligne plusieurs fois des yeux. « Et puis tu es habillé comme un jour de week-end, ça ne me choque pas. »
« Bon, laisse tomber. » Je soupire.
Je retourne vers la porte d'entrée mais avant ça je m'en sens rapidement le dessous des bras.
Je vais vous faire une rapide description de mon exceptionnelle tenue du jour : un jogging que j'utilise pour la sixième fois de la semaine, un pull trop large que Théo ne voulait plus, les cheveux bien gras de fin de semaine attachés en un vieux chignon affreux et des chaussettes beaucoup trop grande.
Je suis irrésistible.
Je prends alors mon courage à deux mains et je place ma main sur la poignée de la porte.
Aller Mél, Samuel va certainement regretter à vie de t'avoir embrassé en te voyant dans cet état mais ce n'est pas grave.
J'ouvre alors la porte et j'entends Théo descendre rapidement les marches.
« Putain Mél, ça fait dix minutes qu'ils attendent dehors, tu ne peux pas ouvrir ? » Il me lance sèchement en s'approchant de moi.
Je n'ai le temps de rien dire que je vois trois paires de yeux me fixer.
« Votre interphone ne marche pas ? » Demande Benjamin.
« Si, désolé, je ne sais pas ce que foutais Mél. » Il tape dans la main des trois garçons face à nous.
« Ce sont tes amis, tu n'avais qu'à descendre plus vite. » Je lâche et par automatisme je tourne la tête vers Samuel qui me regarde.
Je n'ai jamais été aussi proche de lui que maintenant, depuis deux semaines.
« Mél, ça fait longtemps. » Me sourit Benjamin. « À chaque fois on demandait à Théo si tu venais à nos soirées mais tu as toujours décliné. »
« J'avais des devoirs à faire. » Je réponds même si je n'ai jamais eu la connaissance de ces invitations.
« La prochaine fois tu viendras. » Benjamin me fait un clin d'œil avant d'entrer.
« Salut. » Me dit rapidement Sacha sans même me regarder en suivant Benjamin.
« Salut Mélissa. » Samuel se place devant moi et je perds tous mes moyens. Je suis complètement intimidée.
Ce sont les premiers mots qu'il m'adresse en deux semaines.
Il se penche vers moi et me fait la bise avant d'entrer.
Je suis sans voix.
« Salut. » Je murmure mais il est déjà parti.
Théo leur propose à boire et je ferme la porte d'entrée avant de monter dans ma chambre.
Je fonce alors dans ma salle de bain et j'enlève mon chouchou.
Bon, mes cheveux sont définitivement très sales.
Je décide alors de me déshabiller et j'entre sous ma douche.
Après tout, nous sommes en fin d'après-midi, c'est un moment parfait pour prendre une bonne douche.
Une fois lavée, je me démêle les cheveux et j'enfile un jogging propre et un pull en laine court que je rentre légèrement dans mon pantalon.
Je dénude un peu mon épaule et je me recoiffe rapidement.
C'est déjà un peu mieux.
Je descends ensuite et je suis surprise de ne plus voir personne.
« Maman ? » Je demande.
« Je suis sur la terrasse. »
Je la rejoins et j'essaye de trouver les garçons.
« Ils sont partis où ? » Je demande.
« Tu t'es changée ? »
« Oui j'ai juste pris une douche et je n'avais pas tellement envie qu'ils me voient en pyjama alors j'ai enfilé les premiers habits qui me tombaient sous la main. »
« Hum... D'accord. » Elle me regarde de haut en bas sachant très bien que ce ne sont pas des habits choisis au hasard.
« Ils sont où alors ? »
« Dans la chambre de Théo. Ils travaillent. »
« Oh. Je vois. »
« Ils sont très gentils en tout cas. »
« Tu trouves ? »
« Oh oui. Sacha m'a l'air adorable. »
« Ah. » Je frissonne presque.
« Tu ne trouves pas ? »
« Disons que ce n'est pas celui que je préfère. Je trouve Benjamin très drôle. »
« Oui il est sympa. Mais par contre Samuel, qu'est-ce qu'il est beau. Si j'avais ton âge j'aurais craqué. » Elle rit.
Maman, si tu savais.
« Mouais, pas trop mon style. » Je réponds.
« Tu es beaucoup trop difficile avec les garçons ma Mél. » Elle ouvre de nouveau son livre.
« Surement. »
« Il faut que tu t'ouvres un peu plus. »
« Ouais. »
Je réponds sans vraiment répondre.
« Bon et bien je remonte. »
« Au fait, ils mangeront certainement ici, tu pourras juste m'aider à mettre la table ? »
« Pardon ? Ils mangent ici ? »
« Oui évidemment, je ne vais pas les laisser crever de faim. »
« Mais maman, tu es folle ou quoi ? »
« Chérie, je ne comprends pas là. Tes amies sont venues je ne sais combien de fois manger ici. »
« Oui mais il s'agit ici des amis de Théo. »
« Et alors ? »
« Rien, laisse tomber. »
« Je ne comprends pas tes réactions Mélissa. »
« Non mais c'est moi qui déraille. » Je me calme. « Je t'aiderai. » Je me ravise avant de monter dans ma chambre.
Point de vue de Samuel :
Soyons honnête, être chez Théo et revoir Mélissa me perturbe légèrement surtout que je crois bien que c'est la première fois qu'elle pose son regard sur moi depuis deux semaines.
J'ai respecté à la lettre la faveur qu'elle m'avait demandé et ça n'a pas été aussi simple que prévu. Comme par hasard, je l'ai croisé au moins trois fois par jour, tous les jours alors c'était un peu compliqué de l'éviter.
Jamais je n'aurai cru que ne plus parler à Mélissa me dérangerait.
J'ai essayé de lui glisser un petit sourire poli par ci, un petit regard par là mais rien. Aucun retour. Son changement d'attitude a été radical et ça m'a légèrement surpris.
Je ne pensais pas que ça aurait été aussi vite et naturel pour elle de ne plus me calculer.
Parce que c'est ce qu'il s'est passé. Je suis, tout à coup devenu invisible à ses yeux.
Finalement, c'était elle qui était supposée être la plus attachée de nous deux.
Et bien prends toi ça dans les dents Samuel, parce que c'est bien moi qui me suis retrouvé comme un pauvre con à essayer de trouver son regard.
Mais en toute honnêteté, je savais un minimum à quoi m'attendre quand j'ai décidé de mettre des distances entre nous même si je n'aurai pas pensé être aussi perturbé.
Ça me tue de le dire mais ça m'a permis de réalisé à quel point je suis attaché à cette fille, qui aux premiers abords ne dégage pas grand-chose. C'est une fille plutôt introvertie, un peu timide, qui reste réservée quand elle est entourée de gens qu'elle ne connaît pas.
En fait, je crois qu'elle m'a plu dès que je l'ai vu mais j'étais beaucoup trop con pour le remarquer. Non, en bon gars bien intelligent, j'ai préféré l'utiliser pour rendre une fille complètement stupide, jalouse.
Si un concours existait pour savoir quel type a été le plus stupide en un minimum de temps, je le remporterai haut la main.
Si elle n'avait pas été la sœur de mon meilleur ami, c'est clair que je n'aurai pas hésité une seule seconde à aller la voir. Peut-être que j'aurai seulement voulu coucher avec elle, je ne sais pas.
Mais une chose est sure, je suis attiré par elle, c'est indéniable.
Je ne sais pas encore avec quelle intensité et je n'ai pas envie de le savoir non plus.
J'ai été attiré par Philippines et des filles dans son genre mais ça n'a rien à voir avec Mélissa.
Avec Philippines c'était superficiel et j'étais attaché à ce qu'elle représentait, pas à la personne qu'elle était.
Mélissa, c'est un peu un package tout compris. Si j'apprenais demain qu'elle irait voir un autre garçon, je serai surpris et un tout petit dégoûté. Je pense je ferai tout pour qu'elle me remarque de nouveau, quitte à ne plus parler à Théo.
Alors, évidemment j'en ai légèrement parlé à Sacha. Je lui ai dit que je ne me sentais pas bien, que j'avais besoin de lui parler, qu'elle me voit, qu'elle me sourit, qu'elle soit là pour moi. Et il n'a cessé de me dire que je disais n'importe quoi, que c'était simplement mon égo.
Au départ, j'y ai cru.
Mais maintenant je refuse de croire que c'est mon égo ou autre chose dans le genre. Non c'est bien plus profond que ça.
Surtout que la savoir à quelques mètres de moi ne m'aide pas du tout.
J'ai juste envie de me lever, d'arrêter de travailler sur ce projet de merde et d'aller la voir. Lui dire que je ne pensais pas du tout ce que je disais et que j'ai simplement prit peur.
Mais ça ce n'est pas possible. Tout d'abord parce que Théo est là et qu'il n'hésiterai pas à me foutre son poigt dans la gueule mais aussi parce qu'elle me claquerait la porte au nez.
Alors merci mais je n'ai pas tellement envie que mon visage souffre à ce point-là.
En même temps, je n'ai pas vraiment été correct avec elle et ce qui me met vraiment mal à l'aise, c'est pensé qu'elle a pleuré par ma faute.
« Allô, Samuel, tu nous entends ou quoi ? » Me pousse légèrement Benjamin.
« Hum... Désolé. Tu disais ? » Je reprends mes esprits.
« Tu as trouvé quoi pour le volume du stock de sécurité ? » Me demande Théo.
Je jette un coup d'œil rapide à mon écran d'ordinateur.
« Quatre cent quatre-vingts. » Je réponds au hasard ne sachant même pas de quoi il parle.
« Quoi ? Mais ce n'est pas possible. On a tous trouvé en dessous de deux cents unités. Tu as fait quel calcul ? » Il hallucine.
« Je ne sais pas, je ne m'en souviens plus. »
« Bon et bien, je crois qu'on va tout devoir refaire. »
« Non mais vous avez surement raison. » Je m'empresse de répondre. « Si vous avez tous trouvé en dessous de deux cents c'est que ça doit être ça. J'ai dû faire un calcul complètement faux. »
« On va le refaire quand même. » Ajoute Sacha.
« Non mais attendez j'ai fait le calcul du coût de sous-stockage. Donc rien à voir. » Je lâche un petit rire en espérant qu'ils ne sachent pas ce que c'est.
« Ah, je comprends mieux. » Théo répond avant de se replonger dans ses calculs et je suis surpris qu'il sache de quoi on parle.
« Même en faisant ton calcul, je ne trouve pas du tout ça. » Sacha maintient sa calculatrice dans les mains en grimaçant.
Il me fait chier.
« Je ne sais pas, j'ai dû m'embrouiller. Je n'écoute pas vraiment ce cours. » Je soupire en foudroyant Sacha du regard.
« Ouais on avait remarqué. » Se moque Théo. « Même moi je m'y intéresse plus que toi. »
« Et c'est un exploit. » Poursuit Benjamin.
Je lâche un petit sourire avant de me concentrer de nouveau sur mon écran qui redevient rapidement noir.
La porte s'ouvre soudainement et pendant un quart de seconde j'espère que c'est Mélissa mais non.
Elle n'a aucune raison d'entrer dans la chambre de son frère encore plus si elle sait que je suis là.
« Maman demande si vous avez faim, elle a fini de faire à manger. » Demande Louis.
« Vous avez faim ? » Théo nous regarde.
« Je mangerai bien un truc ouais. » Sourit Benjamin.
« Ouais je ne serai pas contre. » Ajoute Sacha. « Ça fait deux heures qu'on travaille sur cette merde et j'ai besoin d'une pause. »
« Comme d'habitude, on va envoyer un ou deux messages aux filles les plus studieuses de la promo et en deux minutes le travail sera fini. » Rigole Théo.
« Je peux vous aider si vous voulez. » Louis hausse les épaules et Benjamin éclate de rire.
« Toi ? Mais t'as seize ans. »
« Et alors ? Je peux toujours essayer. »
« Louis c'est sympa mais si nous on n'y arrive pas, il n'y a aucun moyen que tu y arrives. » Ajoute Théo.
« Excuse-moi Théo mais jusqu'à aujourd'hui, je t'ai bien prouvé que j'étais plus futé que toi. Mais si vous ne voulez pas de mon aide, pas de problème. Je voulais seulement être cool. »
« En vrai, il peut toujours regarder. » J'interviens. « On ne sait jamais. »
Les garçons me regardent.
« Ouais, après tout, ça ne nous coute rien. » Benjamin ajoute.
« Tu regarderas ça après manger parce que j'ai super faim. » Théo se lève.
Nous le suivons et Louis s'arrête devant la porte de Mélissa.
« Mél, on mange. » Lui dit Louis.
« J'arrive dans cinq minutes. » Elle répond.
« Elle doit encore être dans ses séries à la con. » Théo regarde Louis.
« La dernière fois elle m'a presque forcée à regarder Plan Cœur avec elle. Ça a été la série la plus chiante de toute ma vie. »
Les garçons se mettent à rire et j'esquisse un sourire.
Nous descendons dans la salle à manger et la mère de Théo finit de poser les plats sur la table.
« Madame vous êtes folle, il y a beaucoup trop à manger. C'est super gentil. » Benjamin commence.
« Oh je t'en prie appelle moi Lola. » Elle sourit.
Il n'y a pas photo, Mélissa est le portrait craché de sa mère.
« Merci beaucoup madame. » Sourit Sacha.
« Qu'est-ce que je viens de dire ? » Elle fait un petit sourire.
« Oui vous avez fait beaucoup trop. » J'ajoute.
« Je ne savais pas si vous aviez faim et puis vous êtes tous bien costauds alors je me suis dit que vous auriez besoin de manger. »
« C'est gentil. » Je réponds.
On s'installe tous autour de la table et la mère de Théo me tend un premier plat.
« Sers-toi. » Elle me sourit.
Je pose quelques cuillères du premier plat dans mon assiette et je fais passer les différentes assiettes à Sacha qui les passe à Théo et ainsi de suite.
« Bon qu'est-ce que fait Mél ? » S'impatiente Lola.
« Je ne sais pas, elle finissait un truc je crois. » Répond Louis.
« Elle est chiante, elle est toujours entrain de faire quelque chose au moment de manger. » Elle soupire. « Commencez à manger, elle viendra peut-être en entendant le bruit des assiettes. »
Quelques secondes après, j'entends quelqu'un descendre les escaliers et je comprends que Mélissa sera bientôt en face de moi.
Et j'en suis satisfait.
Parce que bien sûr, j'ai fait exprès de m'assoir juste en face de la place vide.
Je remarque alors qu'elle s'est changée et je ne peux m'empêcher de la fixer, ne faisant pas attention à savoir si je suis discret ou pas.
Elle fait un rapide tour de table avec son regard et comprend qu'elle est obligée de s'installer juste en face de moi.
« Mél, tu es chiante à tout le temps venir en retard à table. » Sa mère la fixe.
« Désolée, j'appelais une amie. »
« Joséphine ? »
« Oui. »
« Elle va mieux ? »
Mélissa nous regarde tous puis repose le regard sur sa mère.
« Oui. » Elle répond simplement avant de s'assoir.
Elle essaye de saisir le plat le plus proche de moi et je finis par lui tendre dans un grand silence.
Elle ne dit pas un mot et sa mère la fixe.
« Tu pourrais dire merci non ? » Elle rit nerveusement.
« J'ai dit merci. » Elle se défend.
Non pas vraiment non.
« Ah. Et bien, je suis peut-être devenue sourde mais je n'ai rien entendu. »
« Tant pis. »
Mélissa semble légèrement sur les nerfs et je comprends rapidement que c'est à cause de moi.
D'un certain côté ça me rassure, ça prouve que je la déstabilise encore un peu et que je lui fais encore un peu d'effet.
« Bon alors les garçons vous travaillez sur quoi ? » S'empresse de demander Lola pour rompre le silence.
« Supply Chain. » Répond Théo la bouche pleine. « C'est super chiant, on ne comprend rien mais on va finir par y arriver. »
« C'est à rendre pour quand ? »
« Ce soir minuit. » Répond Sacha.
« Ce soir minuit ? » Elle s'exclame. « Et vous n'avez pas l'impression de vous y être mit un peu tard ? »
« Vous inquiétez pas, on gère. » Benjamin sourit avant de s'empiffrer. Il n'a jamais été élégant quand il mange. « On va s'en sortir, comme toujours. » Il parle la bouche pleine.
Ça me dégoûte.
« Je vous fais confiance, vous êtes des adultes maintenant. » Lola le fixe en essayant de ne pas grimacer.
« Par contre, je suis désolé de changer de sujet mais vous faites super bien à manger. » Sacha dit avec enthousiasme et je remarque Mélissa qui roule des yeux.
Apparemment les deux ne s'aiment pas.
Je pourrais parier qu'elle est entrain de penser : espèce de lèche cul.
« Ouais, merci beaucoup. » J'ajoute pour tenter de faire réagir Mélissa mais c'est un échec.
« Oh que vous êtes gentils, ça me fait plaisir. En tout cas vous êtes les bienvenus ici, vous revenez quand vous voulez. »
Mélissa manque de s'étouffer en buvant son eau et tous les regards se tournent vers elle.
« Désolée. » Elle s'essuie rapidement la bouche.
« Mél ça va ? Tu es bizarre depuis que tu es arrivée à table. » Demande Théo.
« Ah bon ? Non pourtant tout va très bien. » Elle force un sourire. « Je suis seulement un peu stressée pour un travail mais tout va bien. »
« Quel travail ? » Sa mère demande.
« Je viens de recevoir un mail du professeur de marketing et ce qu'il demande est un peu dur et puis je ne suis pas tombée sur le meilleur des groupes donc je vais encore finir par tout faire à leur place. »
« Mais ça Mél, il faut que tu arrêtes. Tu es trop gentille. »
« Ouais, s'ils ne font rien c'est leur problème. » Ajoute Benjamin. « Mais il ne faut pas que tu aies peur de leur dire. »
« Hum... Je sais. Mais je n'ai non plus envie d'avoir une mauvaise note. »
« Je comprends, après c'est vrai qu'on n'a pas nenvie de te récupérer une nouvelle fois en pleure à cause d'une mauvaise note. » Il poursuit avec un petit rire et Mélissa se fige ce qui me met mal à l'aise.
« C'est quoi cette histoire Mél ? » Demande Lola.
« Rien, j'avais juste besoin d'évacuer la pression. » Elle répond rapidement avant de fixer son assiette.
« Tu sais ma chérie, il ne faut plus que tu te mettes la pression comme ça par rapport à l'école. Ce n'est pas grave si tu as des mauvaises notes de temps en temps. »
« Ce n'est pas le même discours que vous employez avec moi. » Intervient Théo.
« Oui enfin toi, tu as tout le temps des mauvaises notes. » S'empresse d'ajouter Louis.
« Je pense que ton frère a très bien résumé la situation. » Sourit faussement sa mère.
Mélissa ne relève pas la tête et déplace sa nourriture avec sa fourchette.
« Oui et puis, tu es pratiquement sûr d'avoir ton diplôme si tu travailles un minimum. » J'ajoute et Mélissa plante son regard dans le mien.
Je ne sais pas si elle me foudroie du regard ou si elle veut simplement me regarder.
Mais je crois qu'il faut opter sur le première option.
« Oui il a raison Mél, tu t'en sortiras. »
Elle ne répond rien et continue de manger.
« En plus si tu obtiens une bourse pour aller faire ton double-diplôme aux Etats-Unis, tu peux dormir tranquille parce que tu seras diplômée avec les félicitations du jury. » J'enchaine et Mélissa me foudroie instantanément du regard. Une fois de plus.
Un silence s'installe et je comprends que j'ai peut-être dit une connerie.
« Une bourse ? De quoi il parle là Mélissa ? » Sa mère se redresse et croise ses mains. « Pour aller aux États-Unis ? »
Mélissa ouvre la bouche pour parler mais je la sens complètement impuissante. Elle passe son regard entre sa mère et moi et je me passe doucement la main sur mon visage.
Ok, personne n'était au courant.
« Je... Ce n'est vraiment pas sûr, je n'ai fait aucune démarche, je me renseignais juste. » Elle essaye de parler.
« Pourquoi tu ne nous en as jamais parlé ? » Sa mère demande doucement.
Je jette un coup d'œil à Sacha qui regarde ça comme un divertissement et j'ai une soudaine envie de le gifler.
« Et comment tu expliques que Samuel est courant ? » Théo se tend en posant ses couverts.
« On s'est croisé rapidement dans le bureau de l'administration. Il parlait de son mémoire et moi je demandais des renseignements. » Elle s'empresse de répondre.
Tu donnais carrément ton dossier oui.
Mais ça, je vais m'abstenir de le dire.
« Ah oui, c'est vrai qu'elles sont dans le même bureau. » Théo se détend.
« Donc tu vas partir aux États-Unis ? » Demande Louis.
« Mais pas du tout, je demandais seulement des informations. Rien n'est sûr, je n'ai même pas construit un dossier. »
Je suis impressionné par les capacités de mensonges de Mélissa.
« Oui mais enfin qu'est-ce que tu peux bien aller faire là-bas ? Il y a tout en France et puis tu as vu le prix de l'université pour seulement un an ? C'est de la folie. » Sa mère ne comprend pas.
« C'est pour ça qu'il y a des bourses qui sont mises en place. »
« De toute manière tu ne seras jamais prise. » Enchaine Théo. « Je ne veux pas te vexer, mais seulement les meilleurs sont admis et tu es peut-être studieuse mais il y a beaucoup mieux que toi. »
Je me retiens de mal regarder Théo mais ce n'est pas l'envie qui manque.
« Je sais, c'est pour ça que je ne prends pas ça au sérieux. » Mélissa répond doucement et j'ai envie d'intervenir pour lui dire qu'elle a toutes ses chances.
« De toute manière on verra ça plus tard, c'est encore une des tes énièmes idées qui comme d'habitude passeront au bout de quelques jours. » Sa mère continue de manger et change complètement de sujet.
Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe mais je saisis un peu mieux maintenant pourquoi Mélissa n'en a parlé à personne.
Nous continuons de parler de sujets du quotidien et Mélissa ne décrochera plus un mot de tout le repas.
À la fin du dîner nous aidons tous à débarrasser et par pur hasard je finis par me retrouver seul avec Mélissa dans la salle à manger.
« Tu avais vraiment besoin d'ouvrir ta bouche ? » Elle s'énerve en chuchotant. « Je ne te demande pourtant pas la Lune Samuel, seulement de ne plus me parler. Tu as très bien tenu jusque-là, tu ne pouvais pas continuer ? »
« Je suis désolé d'accord ? Je ne savais pas que personne n'était au courant. » J'essaye de me défendre.
« Ce n'est pas une excuse, je n'ai pas compris pourquoi tu as ressenti le besoin d'intervenir. »
« Je voulais simplement te rassurer. »
« Pourquoi faire ? Qu'est-ce que ça peut te foutre Samuel ? »
J'avance légèrement vers elle et elle s'immobilise.
Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit sourire en voyant ses réactions.
« Il n'y a rien de drôle. » Elle dit avec beaucoup moins d'assurance. « Tu m'as bien mis dans la merde. »
« Et tu t'en ais très bien sortie. Je ne pensais pas que tu étais une menteuse professionnelle. » Je prends à mon tour de l'assurance.
« Je ne suis pas une menteuse professionnelle, j'ai seulement essayé de sauver les meubles. »
« Et j'ai été impressionné. »
Elle me lance un petit regard et s'éloigne.
Je lui saisis alors le bras et je la regarde.
« Plus sérieusement, j'aimerai qu'on parle quelques minutes de ce qu'il s'est passé. »
« Pour dire quoi ? Tu veux encore m'humilier un peu plus ? »
« Non justement je... »
Je m'arrête quand je vois Sacha faire son apparition.
Je lâche alors instantanément son bras et elle se tourne vers Sacha.
« Je vais y aller, je dois finir un travail. » Elle dit doucement avant de monter rapidement dans sa chambre, rouge écarlate.
« Tu es complètement malade. » S'approche Sacha une fois que Mélissa est partie. « Ça aurait pu être Théo. »
« Oui mais par chance c'était toi. »
« Tu cherches quoi là avec elle ? Tu ne vois pas qu'il ne se passera jamais rien ? »
« Lâche moi un peu, je n'ai plus besoin de tes conseils. » Je m'agace. « Je ne sais pas pour qui tu te prends à me donner presque des ordres mais ça commence sérieusement à me faire chier Sacha. »
« Je veux simplement t'éviter de faire une connerie. » Il lève les mains.
« Qu'est-ce que tu peux être con. » Je dis en retournant dans la cuisine pour aider les autres à tout ranger.
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Hey !
Voilà pour ce nouveau chapitre ! :)
J'ai vraiment hâte de vous faire découvrir la suite, les chapitres seront un un peu près de cette taille là et il y aura des petits rebondissements ;)
Merci beaucoup pour votre soutien, ça me touche beaucoup et ça me fait vraiment plaisir de savoir que vous êtes là à lire ces chapitres :)
Je vous embrasse !
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