« Alors ? » Demande Sophia en nous rejoignant.

Nous sommes assises dans un café, aux alentours de l'école, et Joséphine mange enfin quelque chose.

Chloé a pris un fondant au chocolat, j'ai opté pour une tartelette aux fruits rouges et Joséphine pour une part de cake au citron.

Sophia pose son sac près de sa chaise et ouvre la carte des menus pour choisir son goûter.

« J'avais besoin de manger. » Répond Joséphine, le visage gonflé.

« Vous êtes là depuis combien de temps ? »

« Une heure, on en avait marre de voir des gens me dévisager. » Lâche Joséphine.

« Je comprends. Comment tu vas ? » Elle demande.

« Pas bien mais les filles ont raison, il vaut mieux que je me calme, que je laisse une journée ou deux et ensuite je l'appellerai pour qu'on ait une nouvelle discussion. »

« Oui je pense que c'est la meilleure chose à faire. Je pense même qu'il faut que tu ailles le voir. »

« Je ne pourrai pas Sophia. » Sa voix vacille. « Je suis incapable de le voir en face. Ça me fera réaliser que nous ne sommes plus ensemble et je ne peux pas le concevoir. » Une nouvelle larme s'échappe et elle attrape le dernier mouchoir de mon paquet.

« J'en ai un autre. » Je précise.

« Merci Mélissa. »

Je crois qu'il a fallu que je dise ça pour qu'elle pleure de nouveau et Sophia nous lance un regard.

Joséphine est clairement au plus bas et nous savons que nous allons devoir la ramasser à la petite cuillère, ça va être dur mais nous ne lâcherons pas.

« Je ne peux pas le voir parce qu'il va me dire sans broncher que c'est fini et je ne peux pas l'entendre une seconde fois. Ça serait trop dur. » Elle poursuit en larmes.

« Oui mais peut être que vous voir vous permettra de mettre les choses complètement à plat. » Ajoute Chloé.

« Non. » Joséphine conclut. « Il est allé voir ailleurs mais ce n'est pas ça le pire, ce qui me fait le plus mal c'est qu'il ne regrette pas. Ça montre que ses sentiments ne sont plus au même niveau que les miens. J'aurai pu avoir de l'espoir s'il avait des regrets mais là il n'en a pas. »

Cette situation n'est clairement pas ma préférée. Je n'y connais rien donc je ne sais pas quoi dire, pas quoi répondre, ni comment agir mais je dois lui montrer que je suis là pour elle.

Je me dandine sur ma chaise et je regarde les filles en espérant qu'elles disent quelque chose mais je crois que nous sommes toutes les trois dans la même situation.

Incapable de dire quoique ce soit qui pourrait la réconforter parce que rien ne sera assez fort pour atténuer sa peine.

Pour avoir lu pas mal de livres et visionner des films d'amour, j'ai cru comprendre que la clé pour se remettre d'une rupture, c'est le temps et nous sommes dans l'incapacité de lui fournir ça.

« Je commence même à regretter de ne finalement pas avoir été voir ailleurs quand j'en ai eu l'occasion. »

« Ah non Joséphine, tu ne peux pas dire ça. » Répond rapidement Chloé. « Je t'interdis de dire une chose pareille. Tu dis ça parce que tu commences à être en colère. Ce qu'il a fait ce n'est pas correct, il aurait d'abord dû rompre avec toi puis aller voir cette fille et pas l'inverse. Donc tu as le droit d'être en colère mais je te rappelle quand même dans l'état dans lequel tu étais quand tu as commencé à prendre des risques. Tu t'en voulais beaucoup alors que tu n'avais fait aucun acte concret. »

Joséphine détourne le regard parce qu'elle sait probablement que Chloé a raison.

« Très bien, j'irai chez lui. » Joséphine finit par dire.

« Quand ça ? » Demande Sophia.

« Demain. »

« Jo, tu ne penses pas que tu devrais d'abord le prévenir, attendre encore un peu et peut être vous retrouver dans un endroit neutre ? » Je propose.

« Je ne sais pas. » Elle se prend la tête dans les mains. « Je ne sais pas les filles, je ressens beaucoup trop de choses en même temps, mon cerveau bouillonne et je suis épuisée. Je n'arrive pas à penser correctement, je passe du coq à l'âne. Je... Je suis perdue. »

Je lui saisis la main et je lui fais un petit sourire.

« On est là Joséphine, quoiqu'il arrive on sera là on supportera tes décisions. Mais d'abord prends du temps pour toi et pour te reposer. »

« Merci. » Elle m'accorde un petit sourire. « Je pense que j'ai simplement besoin de dormir, à force de pleurer mes yeux me brulent. »

« Je comprends. » Je dis.

« Tu verras, ça va finir par aller, il te faut du temps. » Ajoute Sophia. « Ça ne va pas être facile mais tu y arriveras, comme tout le monde. »

« Et ce n'est pas parce qu'on ne vit plus ensemble que tu ne peux pas venir chez nous. Tu es la bienvenue dans chacun de nos appartements. » Dit Chloé.

« Oui vraiment. » J'affirme.

« Merci beaucoup les filles, merci d'être là. Je ne sais pas ce que je serai sans vous. »

On se lève toutes les trois pour la serrer dans nos bras avant de nous rassoir.

Joséphine enroule le reste de son gâteau dans une serviette et se lève.

« Je vais y aller les filles, je ne tiens plus, j'ai besoin de me coucher et de réfléchir un peu seule. »

« Pas de problème, surtout si tu as besoin de quoique ce soit, on est là. » Sourit Chloé.

« Merci pour tout. »

Elle saisit son sac et nous fait un bisou sur la joue à chacune avant de quitter le café.

Nous savons qu'elle a essayé de se retenir de pleurer pendant que nous étions ensemble et qu'elle est très certainement entrain de complètement lâcher toutes les larmes de son corps sur le chemin du retour.

« Ça va être difficile. » Dit Sophia après avoir reçu son café au lait.

« Oui, je pense qu'elle ne va pas s'en remettre tout de suite. »

« Surtout que leur histoire ne s'est pas finie sur une bonne note. » J'ajoute. « Il va y avoir de la rancune et je suppose que ce n'est pas le top pour une rupture. »

« Malheureusement c'est comme ça dans une majorité de fin de couple. » Répond Sophia.

« Ça me fait vraiment de la peine de la voir dans cet état. » Soupire Sophia.

« Je pense qu'elle savait que ça n'allait plus entre eux, elle s'est voilée la face et elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'il la quitte. »

« Ah non pas du tout. » Je continue.

Je finis ma petite tartelette et le serveur vient saisir nos assiettes vides.

« Bon, je pense que pour l'instant c'est mieux qu'elle reste seule. Elle a besoin de se retrouver avec elle-même et de réfléchir comme bon lui semble. » Conclut Chloé.

« Oui je pense que c'est le mieux à faire. » J'ajoute.

On finit de discuter de ce sujet et nous passons régler l'addition avant de sortir du café.

« Bon les filles, je vais y aller. » Annonce Chloé. « On se voit demain ? »

« Oui bien sûr. » Je souris.

« Parfait et bien bonne soirée. »

Elle nous serre dans ses bras et se dirige vers sa station de métro.

« Je vais aussi rentrer. » Je dis à Sophia.

« Je rentre avec toi. » Elle sourit.

Nous prenons la même direction et partons vers une autre station de métro.

« Sinon comment s'est passée ta matinée ? » Sophia me demande.

« Bien, rien d'extraordinaire. »

« Tu as mangé seule ? »

« Non, j'ai mangé avec Samuel. » J'avoue.

« Quoi ? » Elle s'arrête et je ris. « Avec Samuel ? » Elle s'écrie.

« Oui pourquoi ? » Je demande amusée par sa réaction.

« Attends c'est à moi de te demander pourquoi. »

« Ça s'est fait par hasard, on s'est croisé à la cafétéria et il m'a gentiment proposé. »

« Non Mél, il ne t'a pas gentiment proposé, il a une idée derrière la tête. »

« Pourquoi tu dis ça ? Ce n'est pas parce qu'un garçon me propose de manger avec lui qu'il a forcément une idée derrière la tête Sophia. »

« Oui mais là on parle de Samuel. »

« Tu ne le connais pas mieux que moi. Tu as seulement partagé quelques soirées avec lui. »

« Oui et j'en ai assez vu pour savoir quel type d'homme c'était. »

« Ah et bien dis-moi, Samuel est quel type d'homme ? »

« Il aime séduire. »

« Comme pleins de garçons sur cette Terre et là il ne me séduit pas même si ça ne me déplaira pas. » Je dis avec un petit sourire.

Sophia s'arrête de nouveau et cette fois-ci son visage est plus sérieux.

« Tu rigoles j'espère Mél ? »

« Non pas du tout. » J'admets. « Il est mignon. »

« Mais c'est le meilleur ami de ton frère Mél, ouvre les yeux. »

« Et alors ? Il faut arrêter avec ça. Il est très gentil, d'ailleurs plus que mon frère. »

« Mélissa, regarde-moi. »

Je m'arrête à mon tour et je me tourne vers elle toujours avec mon petit sourire.

« Je vais te poser une question et tu me réponds avec toute honnêteté. » Elle poursuit.

« Je t'écoute. »

« Comment tu réagirais si je t'annonçai que j'avais couché avec ton frère ? »

Je la fixe et je perds mon sourire.

« On ne parle pas de juste coucher là Sophia. »

« Réponds à ma question. »

J'avale difficilement ma salive et je me sens légèrement agacée rien que de les imaginer tous les deux.

« Mal. » Je finis par admettre.

« Alors pour le bien de toi et de Théo, ravale ton attirance pour Samuel et enterre-la. » Elle avance de nouveau.

« Oui mais dans mon cas ce n'est pas juste coucher avec lui. »

Sophia s'arrête une troisième fois et éclate de rire.

« Mélissa vraiment arrête toi et ouvre les yeux. Ne me dis pas que tu espères quelque chose de sérieux avec Samuel ? » Elle arrête de rire.

« Non pas du tout, je ne le connais pas suffisamment et c'est simplement une attirance mais si c'était réciproque je ne voudrai pas juste coucher avec lui. »

« Mais on parle de Samuel putain. Il ne veut rien de sérieux parce que la dernière fois qu'il a voulu essayer, ça s'est très mal terminé. »

« Avec Philippine ? »

« Oui avec elle. »

« Il m'a dit au contraire que ce n'était rien. »

« Mais il ment. »

« Comment tu sais ça ? »

« Parce qu'il me la dit, à la soirée dont je te parlais. Il était presque amoureux d'elle Mélissa, elle lui a fait du mal, tu ne sais rien de cette histoire. »

« Et tu crois en savoir plus ? » Je demande agacée qu'elle me prenne de haut.

« Plus que toi en tout cas. Et parce que tu es mon amie, ne t'en approches pas. Il ne pourra clairement pas t'offrir ce que tu veux. »

« Mais pourtant il est très gentil avec moi. »

« Fais attention, c'est tout. Je te connais et je sais qu'il pourrait te faire souffrir. »

« Mais arrête de passer pour la fille qui le connait par cœur. Vous avez passé une soirée ensemble complètement bourrés et ça y est tu crois que tu es devenue sa confidente ? Il ne te calcule même pas Sophia. » Je m'agace un peu plus.

« Mélissa. » Elle me fixe. « J'en sais suffisamment pour savoir qu'il te fera du mal. Tu vois dans l'état qu'est Joséphine actuellement ? Je peux te parier que si tu tentes quoique ce soit avec lui, tu vas finir pire qu'elle. Et en tant qu'amie, je refuse de te voir souffrir de cette façon. »

Je la fixe à mon tour et je commence à prendre ses paroles au sérieux. Je refuse également de me voir souffrir comme Joséphine.

Mais Samuel est vraiment gentil et même si je vais ravaler mon attirance pour lui, on peut bien devenir ami non ?

« Je ferai attention. » Je finis et nous entrons dans le premier métro.

« Je ne dis pas ça pour t'empêcher d'être heureuse Mél, au contraire, je te dis ça parce que je sais que tu finiras par être malheureuse si tu tournes trop autour de lui. » Elle reprend plus calmement une fois que nous sommes assises.

« Je sais. Enfin, j'imagine. » Je soupire.

« Ce n'est qu'une petite attirance, tu vas vite l'oublier et puis tu lui as parlé quoi ? Deux fois à tout casser. » Elle lâche un petit rire.

« C'est vrai. » J'admets difficilement.

Elle passe ensuite rapidement à autre chose et le train ne tarde pas à arriver à sa station. 

« Prends soin de toi et fais attention. » Elle sourit avant de se lever pour descendre à sa station.

« Toi aussi. »

Elle quitte le métro et je mets mes écouteurs.

Ce n'est qu'une simple petite attirance de rien du tout Mél, ça va vite passer et tu le sais mieux que personne.

Sophia n'a pas tort dans le fond, je ne le connais pas et c'est vrai qu'il faut que je fasse attention, ne serait-ce que pour Théo.

Lorsque le métro arrive à ma station, je descends et je me dirige vers ma maison.

Je rentre à l'intérieur et j'enlève mes écouteurs avant de monter dans ma chambre.

« Mél, chérie, c'est toi ? » J'attends depuis la chambre de mes parents.

« Oui. »

« Tu es rentrée tard. »

Je me dirige vers la chambre et j'ouvre la porte.

« Oui désolée. »

« Je m'inquiétais, il fait pratiquement nuit dehors. »

« Joséphine vient de se faire larguer alors nous sommes restées avec elle. »

Ma mère arrête ce qu'elle est entrain de faire et me regarde.

« Oh la pauvre, elle doit être mal. »

« Elle l'est effectivement, elle est inconsolable et je pense qu'elle le sera pendant encore un bon moment. »

« J'espère que ça ira, si elle besoin de quoique ce soit, dis-le-moi. »

« Merci maman. » Je souris.

« Malgré tout ça, tu as passé une bonne journée ? »

« Pas vraiment. » J'avoue. « C'est difficile tu sais de voir Théo tous les jours. » Je dis en m'asseyant sur le lit.

« Qu'est-ce qu'il s'est encore passé ? » Elle soupire.

« Il est complètement différent maman, c'est impressionnant, c'est une véritable tête à claque à l'école. »

« Et bien claque le. »

Je la fixe.

« Je rigole chérie, surtout pas de violence. » Elle rigole. « Plus sérieusement, fais-en sorte de l'éviter et ça ira. »

« Que je fasse en sorte de l'éviter ? C'est tout ce que tu as à me dire maman ? Alors que ce n'est qu'un connard. »

« Mélissa, le langage s'il te plait. »

Je la fixe en hallucinant.

« Ok, on va arrêter la conversation parce que ça m'agace. »

« Mélissa, il n'a certainement pas fait quelque chose de si grave et puis il s'en ai déjà pris plein la gueule hier. »

« Et alors ? Il a donc le droit d'être méchant aujourd'hui ? »

« Qu'est-ce qu'il a fait ? » Elle soupire en s'asseyant à mes côtés.

« Je mangeais tranquillement avec un de ses amis et il a fait comprendre devant tout son groupe que c'était la honte de manger en ma compagnie. »

« Ah oui. Ah quand même. »

« Et oui. » Je m'exclame.

« C'est vrai que ce n'est pas sympa. »

« C'est dégueulasse oui. »

« On en parlera tranquillement ce soir. »

« J'ai l'impression que tu prends un peu ça à la légère alors que je suis vraiment vexée et ce n'est pas la première fois qu'il me fait le coup. »

« Mélissa, chérie, évidemment que je ne prends pas ça à légère, c'est normal que tu sois vexée mais je ne vais pas aller le voir pour le disputer. On en parlera à table et s'il réagit mal, là j'hausserai le ton. »

« Hum. » Je me lève. « On en parlera à table alors. »

Je quitte sa chambre et je pars dans la mienne. 

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Hey ! J'espère que vous allez bien ! 

Bon j'ai publié beaucoup plus rapidement que prévu mais ça me faisait plaisir! 

Pour être honnête, j'ai déjà écris beaucouuup de chapitres en avance et j'ai vraiment hâte que vous découvriez la suite de l'histoire :) 

Je vous embrasse !