Chapitre 32 - Fleur d'oranger 1/2

Augustin


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« Alors, mon fils. Comment t'es-tu occupé après ma venue ? demanda mon père, un grand homme à la moustache impeccablement taillée.

— J'ai continué de lire et d'étudier, répondis-je, droit. »

Il passa une main affectueuse dans ma chevelure :

« C'est bien. Ta mère t'a aidé aussi ? espéra-t-il d'un ton plus sévère. »

J'ignorais si je devais dire la vérité. À chaque fois que je la révélais, les cris résonnaient dans notre demeure.

« Augustin ? m'appela-t-il.

— Hum... »

Il soupira :

« Elle ne t'a pas aidé, je vais...

— Papa... on est le réveillon de la nouvelle année et de mon anniversaire, peut-être pourrais-tu reporter la discussion...

— Non, je n'aime pas laisser traîner les affaires. Elle doit comprendre qu'elle est ta mère. Je ne lui demande pas d'être exemplaire, simplement d'être présente pour toi, railla-t-il en partant à grands pas vers les escaliers. Tu vas avoir neuf ans, tout de même. »

Je ne pus qu'acquiescer. L'une de nos domestiques, Ariane, s'approcha et s'accroupit avec un sourire doux :

« Est-ce que tu sais ce que tu veux pour ton repas d'anniversaire ? »

Depuis l'étage, les voix s'élevaient déjà dans la colère et la dispute. Je frissonnai. Ariane m'enveloppa d'un bras chaleureux et me poussa vers les cuisines :

« On va discuter au calme, sourit-elle avec bienveillance. »

Porte refermée dans la pièce au carrelage blanc, elle reprit :

« Alors ? Quel repas aimerais-tu pour demain ?

— Hum... je ne sais pas trop, concédai-je.

— Tu sais si tes parents ont invité de la famille ?

— Sans doute mes oncles, assurai-je.

— Donc un repas pour beaucoup. Que dirais-tu...

— Non ! C'est fini ! hurla maman. »

Je me braquai, le corps froid et crispé. Derrière la porte, ses talons claquaient le sol carrelé.

« Louison ! Où vas-tu ?

— Je m'en vais ! »

Mon cœur se serra. Instinctivement, je me précipitai à la porte que j'ouvris, prêt à rattraper la femme élancée qui marchait à grands pas vers les gigantesques portes de notre demeure.

« Et Augustin ? C'est ton fils, tout de même ! Tu ne peux pas...

— Je m'en moque de ce gamin, alors garde-le ! »

Mon corps tendu pour courir après elle se figea. Quelque chose venait de se briser au fond de moi. Et sous mes yeux, sans même m'accorder un regard, celle que j'étais censé appeler « maman » quitta la maison.

J'aurais dû m'en douter, pourtant. Je jouais avec Avel, le fils d'Ariane qui venait parfois dans notre demeure. Il me racontait ses journées, notamment avec ses parents. Je n'avais jamais pu m'empêcher de comparer nos vies. Si nos pères étaient tous les deux aimants, nos mères avaient toujours été différentes.


« Ta maman ne t'a jamais lu d'histoires au bord du lit ?

— Euh, non... c'est mon père qui le fait, assurai-je. »


« Attends... ta maman, elle ne te souhaite jamais bonne nuit ?

— Il faudrait ?

— Eh bien, mes parents font toujours ça. Je demanderai à mes amis. C'est peut-être moi qui suis différent. »


« Vous ne faites jamais d'activités ensemble ?

— Elle ne reste jamais avec moi.

— Et si tu lui demandes ?

— Elle me répond toujours qu'elle est occupée. »


J'avais refoulé ces pensées. Je m'étais dit que, peut-être, maman montrait son amour autrement. Après tout, une mère aimait forcément son enfant. C'était ce que tout le monde disait. Pourquoi ce serait différent avec moi ?

Pourtant, à l'instant, maman venait de partir. En disant qu'elle ne m'avait jamais porté d'attention. C'était terrible comme tout prenait son sens depuis ses horribles paroles. Ma mère ne m'aimait pas ? Si toutes les mamans aimaient leur enfant... pourquoi ne l'étais-je pas ?

Avais-je fait quelque chose de mal ?


Quelques semaines plus tard, j'étais installé contre le grand chêne de notre jardin, les doigts gelés par le froid, comme chaque jour. Au début, j'avais cru que maman reviendrait. J'avais ce petit espoir au fond de moi. L'espoir qu'elle reviendrait au moins pour moi, son enfant. Mais bien entendu, elle n'était jamais revenue.

Avel essayait de me remonter le moral, chargé d'une balle et d'un jeu de cartes :

« Allez, Augustin ! On peut jouer à la balle ! Ou faire une partie de cartes à l'intérieur ! »

Je haussai les épaules, la tête résignée vers le sol qui se transformait en gadoue à certains endroits. Il soupira, posa le ballon devant moi et s'assit dessus.

« On peut parler, si tu veux. »

Je relevai la tête vers lui :

« De quoi ?

— C'que tu veux. On peut parler de... comment ils disent, les adultes ? De l'accident. Si tu veux te confier, je suis là. J'dirai rien à ton père. »

L'accident.

Je détestais ce terme. Ce n'était pas un accident. Un accident était inattendu. Or, ma mère ne m'aimait pas, alors tôt ou tard, elle devait bien finir par m'abandonner. Une suite logique. C'était inattendu pour ceux qui avaient fermé les yeux, comme moi.

« Mon père m'a dit que ma mère ne l'aimait pas. Ni moi. Qu'elle ne voulait que son argent. Il m'a montré leur chambre. Elle avait caché un sac sous une latte du plancher, elle le remplissait d'or peu à peu, et elle est partie avec... le jour de l'accident, souris-je avec amertume.

— Ha... c'est l'problème quand on a beaucoup de choses. Les gens en veulent, et certains sont prêts à tout pour en avoir. »

Je posai mes bras sur mes genoux, le menton entre mes doigts :

« Et qu'est-ce qu'on doit faire si on a beaucoup de choses, alors ?

— On choisit bien ses proches. »

Je soupirai :

« Je me demande si j'ai vraiment envie de devenir riche...

— Oh, tu devrais ! m'assura-t-il. Chez nous, ça va, mais j'ai des amis... ils peuvent pas manger, certains soirs. Des fois, ils se rationnent pour les fins de mois. Et des fois, eh bien... tu vois, ici, à Febiran, c'est très strict, mon père m'a dit. Des fois, les gens sont exclus de chez eux car ils ne peuvent plus payer. Alors, être riche, ça t'évite beaucoup de soucis. »

Il n'avait pas tort.

« Je vais sûrement suivre les pas de mon père, alors... de toute façon, en tant que ducs, nous avons un certain héritage... et toi, tu veux faire quoi ? »

Son regard brun s'illumina. Il secoua ses boucles humidifiées par la neige avec un sourire ensoleillé :

« Je veux faire partie de la Marine ! Les bateaux, ils sont si grands ! Les mâts montent si hauts ! Une fois, on m'a permis d'monter ! C'était... c'était si bizarre, d'être sur le pont ! J'avais l'impression d'être dans un nouveau monde !

— Ah bon ? Comment ça ? »

Avel était plutôt discret et calme, alors le voir s'exclamer ainsi me surprenait et m'intriguait d'autant plus. Les étoiles dans les yeux, il se mit debout et m'expliqua avec de grands gestes :

« Eh bien, déjà, tu trouves pas ça incroyable qu'on puisse tenir sur un bateau ? Et y vivre pendant des semaines voire des mois ? Alors que normalement, nous, les humains, on pourrait pas ?

— Si, si !

— Et ensuite, j'sais pas ! On est pas sur la terre ferme. C'est comme si on quittait le réel, le tangible, et qu'on montait sur un truc qui pourrait nous emmener à des endroits dont on pourrait même pas imaginer l'existence ! Imagine les premiers qui ont navigué ! Ils avaient pas de cartes ! Ils devaient se dire : mais qu'est-ce qu'on peut croiser, en naviguant sur Misera ? Quelles découvertes on pourrait faire ? »

Son enthousiasme me réchauffait le cœur. Curieux désormais, je demandai :

« Tu crois qu'un jour, tu pourras me faire monter sur ton bateau ?

— Mon bateau ? »

Il sourit :

« Les admissions chez les Marines sont complexes. Il paraît que c'est très sélectif, alors je dois travailler dur. Il faut le mériter. Il va falloir attendre.

— J'attendrai, ne t'en fais pas. Mais tu n'as pas peur ?

— Peur ? Peur de quoi ?

— Des pirates. Tu n'en entends pas parler ? »

Mon ami haussa les épaules :

« Chez les Marines, c'est pas très dangereux. On navigue beaucoup en flotte. Les corsaires, eux, doivent chasser les pirates... là, oui, c'est dangereux. Récemment, un navire est revenu bredouille. Ils avaient en chasse Alaric, l'Ombre des Abysses... et c'est lui qui a gagné, soupira-t-il. Sans parler de Nemer et compagnie...

— Mon père dit qu'ils font honte, à se prendre pour des rois avec leurs titres ridicules.

— Le Souverain des Pirates ? Les Princes des Abysses ? comprit-il. »

J'acquiesçai. Avel supposa :

« Ils doivent s'ennuyer. Ils ont rien, alors ils s'en inventent.

— Sans doute. »

Plus curieux, je lui avouai :

« J'aimerais bien aller au port avec toi, un jour. Pour que tu me montres.

— Peut-être même aujourd'hui ! C'est pas loin ! Maman serait d'accord ! »

Oui, la tienne t'aime... et elle m'aime sans doute plus que ma propre mère...

« Ton père aussi, je suis sûr qu'il serait d'accord ! reprit Avel avec un sourire. Viens, on va lui demander ! »


Une demi-heure plus tard, avec l'accord bienveillant de mon père, nous descendions prudemment les escaliers gelés qui nous faisaient quitter ma demeure surplombant Febiran.

« T'es déjà allé au port ?

— Un peu, on restait surtout en ville pour effectuer des achats.

— Tu descends jamais, alors ?

— Rarement.

— Et pour l'école, tu as quelqu'un qui vient, c'est ça ?

— C'est ça. Mon père dit qu'on apprend mieux que dans une classe.

— Mais tu t'sens pas seul, des fois ? »

Je haussai les épaules : mes journées étaient rythmées par des cours en tout genre, et le château était grand : je me perdais facilement dans ses couloirs lors de mes balades.

« Je te vois de temps en temps, répondis-je finalement. Et je vois souvent mon père et les domestiques, ajoutai-je.

— Oui, mais à part moi, t'as pas d'autres amis ? »

Je fronçai les sourcils, les joues colorées de gêne :

« Euh... non. »

Avel haussa les épaules :

« C'est pas grave, tu sais ? Il y a des gens, à l'école, ils ont pleins d'amis, mais juste par intérêt. Comme ce qu'on disait, t'a l'heure. Vaut mieux avoir peu d'amis mais bien choisis. »

À l'approche des quais couverts de neige bordés de navires à l'arrêt, j'écarquillai les yeux. Je ne les voyais pas si grands ! Les mâts immenses semblaient monter tellement haut qu'ils pourraient toucher le ciel !

« Ah ! J'étais sûr que ça te plairait ! s'enthousiasma mon ami. »

Il me fit visiter le port qu'il connaissait comme sa poche en me racontant tout ce que les marins du coin lui avaient expliqué, les yeux brillants.

« Oh ! Regarde ! »

Il me montra un groupe d'hommes habillés en blanc, au garde-à-vous, avec des décorations dorées et mauves.

« Eux, ce sont les Marines. T'as vu comme ils sont beaux dans leurs costumes ? Imagine-moi un jour ! »

J'acquiesçai vivement :

« Je comprends pourquoi tu veux les intégrer ! »

Son ventre gronda.

« Tu as faim ?

— T'inquiète, je mangerai ce...

— Non, il y a une boulangerie quelque part, mon père y passait souvent à un moment. J'ai pris mon porte-monnaie. Allons acheter quelque chose, insistai-je avec un sourire. »

Dix minutes plus tard, nous étions assis sur un banc face à la mer, en train de grignoter des madeleines parfumées à la fleur d'oranger.

« Elles sont très bonnes, sourit Avel, conquis. Merci beaucoup.

— Content que ça te plaise. »

Le soleil pleurait sur l'eau qui s'agitait en face de nous, nous réchauffant de ses dernières larmes. Alors que ma vie était familiale avait basculé quelques semaines plus tôt, que j'avais toujours le cœur lourd – peut-être aurais-je dû encore mentir à papa en lui racontant que « maman » était restée avec moi – observer ce spectacle auprès de mon ami me rendait léger.

« Est-ce que tu voudrais qu'on fasse une sortie comme ça, de temps en temps ? demandai-je.

— Oh, bien sûr ! Je pourrai te faire visiter d'autres choses ! »

D'un accord commun, nous nous baladions chaque semaine et terminions en goûtant des madeleines à la fleur d'oranger devant la mer.


Le soir de notre première sortie, mon père m'avait demandé avec intérêt :

« Tu t'es bien amusé ?

— Oui, c'était très agréable et beau. »

Il caressa ma chevelure :

« Avel est un gentil garçon, je suis content. »

Plus sérieux, il me demanda :

« Est-ce que ça va, vis-à-vis de ta mère ? »

Je haussai les épaules :

« Je n'ai pas le choix. »

Mon père s'agenouilla devant moi :

« Il faut se méfier des gens, mon fils. Quand le gain est trop tentant, ils peuvent devenir des monstres. C'est particulièrement vrai pour les femmes. Elles n'ont déjà rien, alors elles font tout pour obtenir une portion de ce que nous avons. Comme ta mère. »

Mon cœur se serra :

« Je comprends... »

Avel et sa mère étaient bienveillants, pourtant... Je n'étais pas vraiment d'accord avec son opinion, mais je n'étais qu'un garçon de neuf ans, alors avais-je seulement le droit de répondre ?


Au fil des années, bien malgré moi, j'avais découvert que des jeunes femmes venaient parfois le temps d'une nuit et repartaient avec de l'argent. J'avais détesté cette facette de mon père, mais je n'avais jamais osé le confronter. Il pensait sans doute que trouver l'amour était impossible. J'étais persuadé que si et qu'il se voilait la face.

Et puis, j'étais troublé. Tout d'abord, de voir mon père avec une autre. J'ignorais si j'étais plus soulagé que ce soit des nuits temporaires plutôt qu'une véritable nouvelle « mère ». J'étais également perturbé par ma naissance. Je m'étais rendu compte que ce n'était pas une union d'amour... alors j'aurais peut-être dû ne jamais naître.

« Encore ? souffla Avel en s'installant sur le banc plein de neige.

— Encore, soupirai-je.

— C'est toutes les semaines, non ?

— Toutes les semaines. »

Il me lança un regard compatissant et m'entoura d'un bras :

« Bah, il doit se sentir seul...

— Sans doute... »

Je poussai un soupir :

« Bon, et toi ? Tu m'avais dit que tu te renseignerais pour les Marines.

— Quatorze ans, c'est encore trop jeune, sourit Avel. Donc je me contente d'apprendre auprès des marins qui ont un peu de temps pour moi. Ils m'ont conseillé d'approcher les Marines, mais ils me prennent tous de haut.

— J'espère que tu ne deviendras pas comme ça, souris-je.

— Pas de raison ! On dirait que ces types ont oublié d'où ils venaient. Beaucoup sont des nobles, mais pas tous.

— Ils doivent vouloir se fondre avec ceux issus de la haute société, supposai-je.

— Ouais, c'est sûr, même, soupira-t-il. J'sais pas si ces types seront sympa, mais bon... on verra bien ! Enfin, il y a un gars qui m'a conseillé de m'entraîner à l'épée. J'ai éclaté de rire : comme si j'avais un sabre chez moi !

— Il n'y a pas des personnes qui peuvent t'apprendre ?

— C'est payant, c'trop cher. Je vais me débrouiller avec des branches. Et puis, j'apprendrai au moment de passer les admissions chez les Marines, ça devrait l'faire ! »

Je hochai la tête.


Quelques semaines plus tard, j'emmenai Avel dans notre demeure :

« Viens, c'est important.

— Ah ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu vas voir. »

Au rez-de-chaussée, je poussai les portes d'une longue salle que nous n'utilisions pas. Des tapis épais et fermes avaient été aménagés en centre de la pièce. Sur les bords, des mannequins attendaient, à côté d'épées en bois pour l'entraînement. Un homme d'un âge attendait non loin, près de mon père. Avel me lança un regard à la fois perdu et interrogateur, mais quelques étoiles y brillaient déjà.

« Voilà vos élèves, monsieur Berthing. »

Il remonta ses lunettes en demi-lunes sur son nez et nous salua. Avel me saisit le bras :

« Comment ça, vos élèves ? »

Mon père sourit :

« Augustin m'a dit que tu étais intéressé par l'art de l'épée, et il voulait apprendre avec toi. Alors, j'ai fait aménager cette salle et j'ai engagé un excellent épéiste.

— M-M-Mais... bredouilla Avel, les larmes aux yeux. Je n'veux pas abuser de votre gentillesse, vous savez... vous aviez pas besoin...

— Ça nous fait sincèrement plaisir, assura mon père en lissant sa moustache. »

Je donnai une accolade à mon meilleur ami. Il pleura contre mon épaule en bredouillant :

« Merci... merci... grâce à toi... je m'rapproche un peu plus de mon rêve... Merci... »

Je n'avais aucun objectif dans ma vie, mais si je pouvais aider mon plus proche ami à atteindre le sien... ce serait tout mon bonheur.


Cela faisait deux années que nous nous entraînions toutes les semaines. Notre professeur s'absenta durant une après-midi :

« Mon fils, celui qui veut faire médecine... il a besoin d'aide pour ses examens, je lui ai promis que je viendrai. Je vous laisse continuer de vous entraîner. Vous ne touchez pas aux vraies épées, comme d'habitude, compris ?

— Oui, m'sieur ! »

Une fois seuls, nous observâmes les épées au tranchant luisant avec un regard complice.

« T'as envie aussi ? comprit Avel.

— C'est tentant, admis-je. J'ai l'impression qu'elles nous narguent depuis des années, à nous regarder nous entraîner sur le côté, comme ça... »

Une œillade.

« On les repose vite, assura Avel. Juste pour tenter quelques coups. »

Entendus, nous attrapâmes une épée chacun.

« C'est lourd ! clama mon ami en premier. »

Au moins quatre fois plus lourd que nos armes en bois, sans hésiter. Une fois en garde, nos lames s'entrechoquèrent une première fois en douceur. Puis, le rythme s'intensifia peu à peu. Enjoués, perdus dans l'euphorie de nous battre avec de véritables armes, nous nous concentrions sur nos joutes en souriant.

Grincement de porte.

Je perdis le contrôle de ma main sous l'angoisse, et un cri résonna dans la salle. L'instant d'après, Avel était couché sur le sol, le visage en sang.

« Avel ! criai-je en me jetant à ses côtés. »

Une profonde entaille traversait sa joue jusqu'à son menton, en passant par ses lèvres.

« J'ai mal ! couina-t-il.

— Augustin ! Avel ! Que se passe-t-il ? demanda mon père en entrant.

— Il faut un médecin ! Vite ! Papa ! Vite ! »

J'attrapai fermement la main de mon ami et je le rassurai :

« Tout va bien, mon père va trouver quelqu'un, je le sais... ça va aller... »

Il hocha la tête.

« Je suis désolé, c'est ma faute... soufflai-je en détournant le regard de l'affreuse blessure qui se profilait sur son visage.

— Nan, c'est bon... t'inquiète pas, Gus. »

Il voulut sourire, mais il grimaça.

Quelques heures plus tard, il était soigné, couché dans un lit de notre demeure pour se reposer. Il en garderait une vilaine cicatrice. Honteux, je baissais la tête face à notre professeur, à mon père et à sa mère :

« C'est ma faute, je suis désolé, terriblement désolé.

— Non ! geignit Avel. C'est notre faute à tous les deux, et...

— Ne parlez pas, Avel, répéta le médecin. »

Notre professeur soupira, puis remonta ses lunettes en demi-lunes :

« Je comprends votre envie, mais vous n'étiez pas encore prêts... ces armes sont mortelles. Le jour où vous aurez le droit de les manier viendra, mais pas pour l'instant. »

La mère passa une main chaleureuse sur mon dos :

« Ce n'est pas grave, Augustin. Je suis sûre que ce n'était pas volontaire. Les erreurs arrivent... »

Le sourire angélique d'Ariane me réchauffait la poitrine. Mon père souffla :

« Je suppose que les erreurs arrivent, oui... tu as toujours été très sage... je passe pour cette fois, va. Ariane, nous vous dédommagerons comme il se doit.

— Oh, mais... ce n'est pas...

— J'insiste, je tiens à réparer nos erreurs, assura mon père. »

Son chapitre est long... alors, pour l'instant, qu'en pensez-vous ?

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