Chapitre 14 - La lumière prend toute la place


La jeune femme se tourna vers moi. Nous nous observâmes, stupéfaites, muettes. Silence autour de nous. Tous semblaient comprendre que quelque chose d'important se déroulait.

Nos yeux chocolat étaient écarquillés. Ma prunelle brûlait. Ses iris brillaient.

Je voulus parler, mais j'avais le souffle coupé. Comme si le flux d'émotions qui me parcourait était si intense qu'il faisait chavirer mon âme. Ces sentiments embaumaient mon cœur et mes épaules d'une immense chaleur. Je ferais naufrage tous les jours pour elle.

Mon pouls accéléra en jetant un regard vers l'immense homme qui se tenait derrière elle. Je ne pus que tendre la main vers elle. Viens vers moi ! Vite ! Que je te protège ! Que je puisse enfin garantir ta sécurité et prendre soin de toi !

Alors que ses cheveux corbeau se balançaient au rythme de ses pas tremblants, des larmes roulaient sur nos joues. J'abandonnai Avel et tendis les bras vers elle. Nos doigts se retrouvèrent enfin dans un frémissement chaleureux. Ils s'entrelacèrent, et nos mains se rejoignirent, paume contre paume.

Un peu brusquement, je la tirai vers moi, et elle blottit sa joue contre la mienne. Son souffle brûlant chatouillait mon cou. Je tremblais. Je resserrai ma paume gauche sur son dos frêle, frémis de contentement quand un baume de chaleur parcourut mon corps, et je laissai les larmes dévaler mon visage. Je respirais vite et fort. Je l'enlaçai entièrement, prenant garde à ne pas la blesser avec mon arme. Ses mains se cramponnaient à mon dos, et elle suffoquait à mon oreille.

« Neven ? C'est bien toi ? Dis-moi que c'est toi...

— Bien sûr, que c'est moi ! soufflai-je, en larmes. »

Mes doigts se perdirent dans ses cheveux, et je caressai tendrement sa tête, traversée de sanglots.

« Tu m'as manquée... bredouillai-je. Tu t'imagines pas... à quel point... »

Ses mains ses crispèrent dans mon dos, et elle sanglota. Son corps chaud et tremblotant se tenait entre mes bras, et je pouvais désormais la serrer autant que je le voulais. Je ne la lâcherais plus jamais. Je la garderais près de moi pour toujours. Nous n'aurions plus à souffrir. Celui qui voudrait nous séparer n'était pas encore né ! Qu'il tente, il n'en ressortirait pas indemne !

Je relevai la tête vers Augustin.

« Il t'a fait du mal ?

— Non, souffla-t-elle. Il m'a sauvée... »

Je haussai un sourcil. Lui, aider ma sœur ? Une femme, qui plus est ?

« Vraiment ?

— Vraiment. »

Elle se calma, et moi aussi. Je ne parvenais pas à cesser de la serrer contre moi. J'avais l'impression qu'en la lâchant, je la perdrais à nouveau. Il n'en était pas question. Je séchai mes joues d'un revers de manche, puis m'adressai à Augustin :

« Tu sembles avoir aidé ma sœur... je t'en remercie. »

S'il l'avait vraiment sauvée, autant ne pas chercher le conflit.

« On dirait que je suis un monstre, s'esclaffa l'homme. Néanmoins, je l'avoue, je n'ai pas aidé ta sœur de bon cœur. »

Son sourire se fana et ses yeux noirs s'obscurcirent encore. Il détourna le regard et soupira d'une voix si basse que je peinai à l'entendre :

« Ça me fait mal de l'admettre, mais suite à ton passage, j'ai compris que j'avais effectivement mal commandé mon navire. »

Il reprit d'une voix plus forte, non sans serrer les mâchoires :

« Je déteste devoir des choses à quelqu'un, alors considère mon aide pour ta sœur comme une excuse à propos de nos derniers échanges. »

Soit. J'avouais ne pas pouvoir lui en vouloir alors qu'il avait sauvé la vie de ma sœur. Cette saleté de noble avait bien joué son coup. Néanmoins, je haussai un sourcil :

« Qui t'a communiqué le fait que j'avais une sœur ? Et où elle se trouvait ?

— Oh, ça, ce sont mes petits secrets, sourit Augustin. Je n'ai qu'une chose à dire : les informations circulent vite, capitaine. »

Alors, quelqu'un avait parlé. Qui ? Malaury... n'était plus là, et n'aurait jamais rien dit. Même sous la torture. Mathurin était aussi de confiance. Alors, qui ? Des espions ? Des informateurs ? Armand ? Bellaud ? Le Corbeau ? La vieille dame de Febiran ?

J'eus mal au cœur en le pensant, mais... Heureusement que c'était Augustin et pas une personne mal intentionnée comme DN qui l'avait retrouvée. Celui-là, il m'aurait fait chanter sans hésiter.

« Enfin, je suppose que vous devez vous retrouver, alors je vais m'éclipser et repartir en mer, à la recherche de la couronne.

— Tu as des informations ? Tu es sous mes ordres, rappelai-je, la moindre information trouvée, je la veux.

— On suppose simplement qu'elle sera forgée à Bordefaune.

— Rien d'autre ? »

Comme tout bon innocent, il secoua la tête :

« Rien d'autre, capitaine. J'ai beaucoup payé, mais je n'en ai pas eu pour mon argent. Les informations sont maigres à propos de cette couronne. Les secrets doivent être très bien gardés. »

Malgré son mensonge – ses marins avaient clamé que la couronne serait livrée aux alentours du vingt-cinq juin – il n'avait pas tort à propos du manque d'informations. Tout le monde peinait à en récolter.

Je voulus rétorquer et lui faire comprendre que j'étais au courant de ses sournoiseries, mais je m'arrêtai lorsqu'une brise souleva les cheveux de Mora qui chatouillèrent mon cou. Pas cette fois. Il avait de la chance.

« Bien, ravi d'avoir pu t'aider, Mora. »

Il s'inclina en soulevant son tricorne noir, puis il repartit en faisant signe à ses hommes de le suivre. Avel marcha dans ses pas, non sans me regarder de travers en massant son cou. Je haussai un sourcil dans sa direction : j'étais une pirate, à quoi t'attendais-tu ?

Je me tournai vers mes hommes :

« Vous pouvez également retourner sur le navire ! Nous arriverons plus tard ! »

J'avais besoin d'enfin retrouver ma sœur. Nous avions beaucoup à nous dire.

Quelques instants plus tard, nous étions assises dans le sable, chaussures retirées, la mer remontant jusqu'à nos orteils. Accolées l'une à l'autre, je la serrais toujours contre moi d'un bras qui entourait sa taille. Elle avait glissé sa tête sur mon épaule, les yeux fermés. Seuls les clapotis des vagues brisaient le doux silence de nos retrouvailles sous les rayons du soleil du matin.

Je l'avais enfin retrouvée... et je ne savais même pas quoi lui dire. Simplement la serrer contre moi, sentir sa présence, sa chaleur, ses cheveux qui chatouillaient mon cou, écouter sa respiration calme, m'apaisait. Enfin. Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que les larmes montaient à nouveau.

« Tu m'as beaucoup manquée, murmurai-je. Je suis soulagée de t'avoir enfin retrouvée...

— À moi aussi... c'était affreux sans toi, m'avoua-t-elle. »

Ces neuf années avaient dû être longues. Mora ne s'était toujours confiée qu'à moi, et pourtant, elle s'était toujours montrée un peu réservée, même avec moi.

« Tu veux bien me raconter ce qu'il t'est arrivé avec Augustin ? Le capitaine de tout à l'heure. »

Elle acquiesça :

« J'étais en train de me disputer avec Logan, mon compagnon, car... hm...

— Je sais ce qu'il t'a fait. Je sais. Un ivrogne... qui s'en prenait à toi. »

Elle hocha la tête en tremblant, alors je la serrai plus fort contre moi. La main dans ses cheveux que je caressais, je me redressai pour embrasser son front par-dessus sa frange. Je lui arrachai un sourire attendri. Mon œil se plissa d'amour. Son corps cessa de se crisper, et elle continua son récit :

« J'essayais de lui dire d'arrêter de boire au moins aujourd'hui... il avait commencé tôt ce matin, soupira-t-elle. Il l'a évidemment mal pris, et il a commencé à s'en prendre à moi... et puis, on a toqué à la porte. Il est allé ouvrir, et il y avait le capitaine Augustin, accompagné d'hommes. Il a jeté un regard vers moi, et comme s'il avait compris ce qui se tramait, il l'a tué, sans une once d'hésitation. »

Elle se recroquevilla contre moi. Je me déplaçai pour l'attirer entre mes jambes. Je refermai mes bras autour de son corps, et elle se retrouva toute enlacée, comme si elle se trouvait dans un cocon.

« Je crois qu'il a vu la bouteille brisée à côté... il a tenté de me taper la tête avec... »

Elle frissonna, et moi aussi. Comment pouvait-il oser infliger ceci à ma sœur ? Elle était si douce, si gentille...

« J'ai eu peur sur le moment. Je me suis demandé si moi aussi j'allais mourir. Et puis, il m'a dit « Je suis le capitaine Augustin, l'un des capitaines sous les ordres de Neven l'Écarlate. C'est bien ta sœur ? » J'ai ouvert grand les yeux et j'ai acquiescé. Savoir qu'il était avec toi m'a rassurée. Il m'a dit que tu me cherchais et m'a proposé de sortir de là, dans un premier temps. Les pirates nous ont escorté et ont gardé la plage où nous sommes – car au début, les villageois voulaient nous suivre... nous avons discuté, et tu es arrivée.

— De quoi avez-vous parlé ?

— De toi. Il m'expliquait que je te manquais beaucoup et que tu étais sûrement en route. Il m'a proposé de m'emmener sur son navire pour te rejoindre.

— C'est tout ?

— Oui, pourquoi ? »

Elle avait les sourcils froncés d'incompréhension. Je lui avouai en soupirant :

« On ne s'entend pas. Il ferait tout pour me prendre la place, crois-moi. Je dirais même qu'il me déteste, alors je suis assez étonnée qu'il m'ait aidée. J'aurais plutôt cru qu'il te prendrait en otage et menacerait de te faire du mal si je n'abandonnais pas mon titre de capitaine...

— Peut-être qu'il veut faire la paix, justement, non ? murmura-t-elle, un sourcil haussé. C'est ce qu'il a semblé suggéré ? »

Toujours à chercher le bon côté des gens.

« Il y a quoi ? Une semaine ? Nous sommes encore rentrés en conflit, soupirai-je. Alors, ça m'étonnerait...

— Justement... ce qu'il a dit, c'était par rapport à ça, je crois ?

— Tu n'as pas tort. »

Je souris désormais :

« Enfin, au moins, tu es avec moi, en sécurité... »

Je jetai un œil derrière moi. La Belicande était partie et La Mora était toujours amarrée. Les villageois ne nous approchaient pas, même si je sentais que certains nous observaient.

« Est-ce que... est-ce que papa va bien ? Il a survécu aussi ? Et maman ? »

Sa voix était hésitante, faible. Elle craignait la réponse.

« Ils vont bien tous les deux.

— Je suis soulagée, soupira-t-elle.

— Papa a malheureusement perdu son bras, mais il se porte bien. Il vit avec maman, qui va très bien. Ils sont tranquilles, ils vivent sans soucis avec les richesses que papa a amassées, dans un petit village, à une bonne journée de navigation d'ici.

— Oh ? Plus là où on a habité ? »

Je secouai la tête :

« Quand tu as disparu, maman ne supportait plus la maison. Surtout que je partais en mer avec papa, alors la pauvre, elle était toute seule, à ressasser des souvenirs... donc dès que papa est revenu, elle a demandé à vivre ailleurs.

— Ils me croient morte, alors ? »

Elle baissa les yeux. Son regard s'était teint d'une immense peine.

« Je suis la seule qui y croyais encore... et heureusement, souris-je désormais avant de poser un baiser sur son front. Ma sœur chérie... comme tu m'as manquée, soufflai-je en glissant ma tête sur son épaule. »

Elle caressait doucement mes cheveux, comme quand nous étions petites. Ces mains qui me berçaient m'apaisaient. J'étais à deux doigts de fermer l'œil et me laisser aller. J'étais certaine de pouvoir m'endormir dans ses bras...

« Neven... pourquoi tu as mis autant de temps à me retrouver ? »

Je redressai la tête et écartai mes bras. Nous nous regardions droit dans les yeux.

« J'ai fait tout ce que j'ai pu, soufflai-je. Je n'ai trouvé ta trace qu'il y a quelques semaines...

— Tout ce que tu as pu ? me coupa-t-elle. Tu te moques de moi, là ? Est-ce que tu te rends compte que ça fait neuf ans ? Neuf années ?

— Mais bien sûr, que je m'en rends compte ! Tu m'as affreusement manquée !

— Et pourquoi tu ne m'as pas cherchée avant ? Pourquoi tu ne m'as pas vraiment cherchée ? Tu sais ce que j'entendais de toi ? Que tu ne faisais qu'aborder et piller ! Que tu devenais l'une des pirates les plus actives de la mer ! Alors tu aurais le temps de chercher ta sœur ? Jamais ! »

Je ne me souvenais pas que Mora avait déjà haussé la voix, par le passé. Pas autant. Je n'arrivais pas à lire son visage. Je me rendais compte que je n'y arrivais plus. Ses traits étaient crispés, fatigués. Une sorte de bouillon de colère, de rancœur, de tristesse, de peine... je ne savais pas.

« Mora, soupirai-je, réfléchis ! Évidemment, que je ne pouvais pas que te chercher ! J'ai un équipage ! Un équipage qui veut de l'or ! Tu te souviens de ce que disait papa, non ? Un équipage mécontent fait tomber le capitaine ! S'ils s'étaient mutinés, je n'aurais plus pu espérer te chercher !

— Mais Neven... j'avais l'impression que tu m'avais oubliée ! Que tu faisais ta vie ! Ta magnifique vie ! Tu t'amusais comme jamais ! Pendant que moi, à côté... moi, je survivais comme je pouvais... grâce à un monstre... J'avais peur de me coucher et de rentrer « chez moi ». J'avais peur de ne pas me réveiller le lendemain... ma misérable vie ne tenait qu'à un fil... un fil aussi épais que du papier, plus fragile que ceux que j'utilise... »

Au fur et à mesure de l'écoulement de ses mots, des éclats d'étoile avaient ruisselé sur ses joues. Son regard brillant me contemplait, ténébreux comme une nuit sans lune.

En voulant l'enlacer, elle me repoussa, les mains tremblantes :

« Avoue-le, Neven ! Avoue-le que papa et maman... ils préfèrent encore... parler de toi... comme toujours ! Tu es leur lumière, leur petite étoile, leur tout ! Et moi, je suis dans l'ombre, dans l'obscurité, je suis quelque chose à oublier... et comme toujours, la lumière prend toute la place... »

Elle sanglotait. Comment lui parler ? Comment trouver la façon de répondre ? Comment la réconforter ?

« Bon, écoute-moi...

— Quand tu commences comme ça, c'est que tu t'apprêtes à me dire un truc déplaisant ! Alors, c'est vrai ? Pas vrai ?

— Arrête, maintenant ! criai-je cette fois en attrapant ses épaules. Ce qui est vrai, c'est que nous avons tous été détruits quand tu as disparu ! C'était dur pour nous trois ! Moi, j'ai vu mon monde s'effondrer ! On faisait toujours tout ensemble, et du jour au lendemain, j'ai dû avancer sans toi à mes côtés ! J'avais beau être entourée, je me suis sentie seule au monde. On t'avait arrachée à moi comme si on m'avait arraché la moitié de la poitrine. J'ai eu besoin de te retrouver comme la mer a besoin de retourner au large après s'être jetée sur le rivage ! Papa, quant à lui, s'en voulait comme jamais ! Il ne me le disait pas, mais il regrettait amèrement de nous avoir emmenées en mer. D'autant plus quand maman lui rappelait qu'il ne l'avait pas écoutée... ça a été compliqué entre eux. Pendant un temps, ils se sont renvoyés les erreurs l'un sur l'autre pour ne pas prendre la responsabilité de ta disparition. Quant à maman... je l'ai vue et entendue pleurer, sans pouvoir la réconforter. Je la serrais dans mes bras, mais je savais bien que c'était insuffisant. Que l'espace de mes bras ne comblerait jamais ton manque. Alors, je pleurais avec elle. Voilà la vérité, Mora. Tu nous as affreusement manqué... »

Me rappeler du visage larmoyant de ma mère, de sa peine, de sa souffrance, du silence douloureux de mon père, avait à nouveau fait remonter mes larmes. Mora pleurait déjà et s'était nichée dans mes bras. Elle bredouilla :

« Et maintenant ? Maintenant que ça fait neuf ans ?

— Ils ont toujours de la peine... papa... papa a du mal à parler de toi. Je crois qu'il aimerait tirer un trait, passer à autre chose. Il souffre beaucoup quand on parle de toi... je pense qu'il s'en veut toujours autant.

— Et maman ?

— Elle me parle de toi à chaque fois... elle est toujours triste, mais ça va mieux...

— Tu leur as dit que tu me cherchais ?

— Bien sûr. Ils savent que c'est pour toi que je suis devenue capitaine... mais quand j'en parle, ils me regardent comme si j'étais folle, soufflai-je avec un petit sourire. J'ai hâte de rentrer avec toi pour leur prouver que j'avais raison, ahah... »

Je pinçai sa joue en douceur, et je la sentis sourire.

« Est-ce que ça va mieux ?

— Oui...

— Pourquoi tu t'es énervée comme ça ? questionnai-je en séchant ses joues.

— Je ne sais pas... j'ai ça au fond de moi depuis des années... c'est sorti d'un coup, comme ça... je suis fatiguée, soupira-t-elle en posant sa tête contre ma poitrine. Pardon.

— Ce n'est pas grave. Tu veux qu'on aille sur mon navire ? Tu pourras dormir dans ma cabine, souris-je désormais en caressant ses cheveux. »

Comment pourrais-je lui en vouloir ?

« Je veux encore rester un peu là, sur la plage... près de toi...

— Je ne m'en irai pas. Pas sans toi. Ne t'en fais pas. »

Je l'entendis sourire. Elle observait le paysage, les yeux dans le vague.

« Pour une fois que regarder la mer m'est agréable...

— Trop de souvenirs ?

— Oui... je me disais aussi que la mer, c'était la liberté... et que j'étais comme un petit oiseau en cage. Il voulait me garder près de lui, même si je ne l'aimais pas. Il aimait sentir que j'étais prisonnière. J'ai songé, parfois, à fuir par la mer... mais c'était déraisonné, j'aurais terminé noyée en peu de temps... »

Je baissai l'œil quelques instants. Malaury. Je fermai l'œil, puis le rouvris, calmée.

« J'ai cru comprendre qu'il ne voulait pas te lâcher... quelle ordure... si ce n'était pas Augustin, ce serait moi qui l'aurais tué.

— Cru comprendre ?

— J'ai rencontré tes employeurs de Niliba et Febiran. Alors, tu ne pouvais pas fuir ?

— Neven... soupira-t-elle. »

Je la regardais, interrogative.

« Tu vis vraiment la belle vie, j'ai l'impression... D'une, il engageait des hommes pour me surveiller. Il savait que je ne l'aimais plus et que je voulais partir, et il ne supportait pas cette idée. De deux, prenons que je parvienne à m'enfuir. Une femme, toute seule, sans travail, sans habitation, sans argent... je suis une proie facile. J'étais bloquée. Alors, j'ai subi. En espérant que ça finisse par cesser, ou que j'ai une opportunité... et le capitaine Augustin est arrivé. Voilà mon opportunité.

— C'est ce que j'avais supposé... au moins, c'est terminé, il n'est plus là. Tu es sous ma protection. »

Une vague remonta à nouveau jusqu'à nos orteils. L'eau était bonne. Je me relevai brusquement :

« On se baigne un peu ? Comme avant ? souris-je en commençant à retirer mon chapeau et mon manteau. »

Elle regarda derrière elle.

« Les villageois vont nous observer et nous déranger... soupira-t-elle.

— Nous déranger ? Et pourquoi ?

— Une femme en petite tenue...

— Ce ne sont pas ces imbéciles qui m'empêcheront de m'amuser ! ris-je en faisant tomber ma chemise et mon pantalon. Allez, viens ! »

Comme avant : la tirer vers moi pour qu'elle me suive.

Curieuse de connaître vos réactions !

Par rapport à Augustin : Surpris ? Pas surpris ? Autre ?

Par rapport à Mora : ? ^-^

J'ai beaucoup aimé écrire leurs retrouvailles.

Mora est un personnage que j'aime énormément :) ♥

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