Chapitre 7 : La faille
Lucia n'en croyait pas ses yeux. Son influenceuse préférée avait mordue à l'hameçon.
- Mais oui, réalisa-t-elle. Camilla est la fille d'un testeur informatique. Je m'en souviens, elle l'avait dit dans une FAQ.
- C'est super, complimenta Jérôme. On va pouvoir la mettre sur écoute grâce au programme que tu as créé.
Immédiatement, Lucia s'exécuta. Elle lança le programme.
- C'est si rapide, dit-il. Comment as-tu fait ?
- Je sais que Axon possède une fonctionnalité d'écoute grâce à la possibilité de réaliser des messages vocaux. Il me suffit d'activer la fonctionnalité et Axon croit que Camille parle dans un message vocal. Ensuite, au lieu d'envoyer le message vocal à quelqu'un, ça nous l'envoie à nous via un canal crypté.
- Ton intelligence est remarquable. Tu as un vrai potentiel.
Soudain, le haut-parleur grésilla.
- Ca commence ! s'exclama Lucia. L'écoute est en cours.
Il se turent et s'approchèrent de la source sonore :
"C'est à cette heure-ci que tu rentres ? s'énerva une voix d'homme.
- J'étais avec des copines ! se justifia une voix que Lucia reconnu comme celle de la célèbre influenceuse.
- C'est faux, tu me mens !
Soudain, un bruit de verre brisé retentit dans le haut parleur.
- Regarde ce que tu me fais faire ! continua l'homme.
Des sanglots féminins se firent entendre.
- Je suis désolée, avoua-t-elle.
- Tu veux que je révèle à tout le monde que tu fais de la propagande pour l'état ? Que tu es payée pour poster tes vidéos de développement personnel ?
- Non, je t'en supplie, je ferai tout ce que tu voudras.
- Alors tu restes à la maison, comme une parfaite femme.
Un silence suivit.
Mareva fut la première à parler :
- Alors là... Je suis choquée.
- La pauvre, se désolé Lucia. Pourtant, elle n'arrêtait pas de poster des photos de couple en vacances et tout...
- Axon n'est qu'une façade, manipulé par l'Etat.
- Mais c'est pour notre sécurité que l'Etat nous surveille, suggéra Lucia.
- Tu sais, il n'este pas que Noxa comme réseau social clandestin. Il existe aussi Xona, et pleins d'autres.
- Qu'est-ce que Xona ?
- L'équivalent de l'ancien Dark Web. Il s'y passe toutes les choses les plus glauques que tu peux imaginer. Traffic de drogues, vente d'organes, pédocriminalité...
- Je pensais que cette époque était révolue.
Jérôme lui répondit :
- Ma chère, le mal trouve toujours un chemin. La répression n'est pas la solution. Ici, l'Etat ne fait que faire l'autruche, à refuser de voir la vérité en face. Les marchés noirs ont touroud existé et existeront toujours. Le mieux, c'est de les accepter pour mieux les contrôler. Par exemple, Il serait intéressant pour l'Etat de comprendre pourquoi les gens se droguent et ainsi mener une campagne anti-drogue comme autrefois, sans pour autant l'interdire.
Lucia fit une mou.
- Je ne suis pas sûre que la légalisation de la drogue soit bénéfique.
- Nous avons des avis divergents, ça arrive. Que penses-tu de la prostitution ?
- Ben je suppose qu'il faut la garder interdite.
- Non, expliqua Jérôme. Parce que dans ce cas, on n'a aucun regard sur ce qui se passe. On ne dépiste pas les maladies des travailleuses du sexe, on les laisse à la merci de leur mac.
- Mais pour la pédocriminalité ? On ne peut pas l'autoriser.
- En effet, mais on peut la contrôler au mieux, essayer de dépister les personnes ayant des paraphilies, comme on dit en psychiatrie. Faire l'autruche et se complaire dans les réseaux sociaux superficiels n'aide en rien. C'est une bombe à retardement. Tôt ou tard, ça finira par péter.
Ceci mena Lucia à la réflexion.
- Et comment peut-on aider Camilla?
- Malheureusement, ce n'est pas notre problème.
Lucia fut choquée.
- Je refuse de la laisser dans cette situation.
- Je sais bien, mais on ne peut rien faire.
- Je trouverai une solution ! promit-elle.
A ce moment, le haut parleur grésilla à nouveau.
- Je suis désolée, s'excusa l'homme. Pour me faire pardonner, je t'offre un restaurant très chic. Tu pourras y faire des photos pour ton compte Axon.
Lucia demanda :
- Pourquoi est-il gentil ?
- C'es la lune de miel, expliqua Jérôme. Après avoir frappé leur femme, les hommes violents rentrent dans une phase de repentir, offrent des cadeaux. C'est le cycle des violences. Ca a pour conséquence que la femme ne quitte pas son mari et lui pardonne... jusqu'aux prochains coups.
La voix de Camilla se fit entendre.
- C'est pas grave. Comment se passe ton travail ?
- C'est un peu compliqué, dit l'homme. Nous avons détecté une faille dans le système du Cortex.
- Laquelle ?
- Je ne sais pas si tu sais, mais toutes les nuits à deux heures du matin, le Cortex réalise une mise à jour de toutes les connaissances nouvelles. Pendant cette phase de mise à jour, le système est vulnérable.
Un grand sourire s'afficha sur le visage de Jérôme.
- On les tient ! On attaquera a deux heures du matin, cette nuit ! Il ne faut pas perdre de temps
Lucia se sentit soulagée.
- Tu peux aller te reposer chez toi, tu as bien travaillé, lui dit Mareva. Tu pourras revenir à 1h du matin.
Et Lucia rentra donc chez elle, avec un sentiment mitigé. D'un côté, elle était contente de la réussite de la mission, mais d'un autre, elle demeurait inquiète pour Camilla.
Elle ouvrit Axon. 3000 vues sur sa vidéo. Mais la cagnotte ne dépassait pas les 500 MindCoin, ce qui représentait certes une somme pour elle, mais restait négligeable par rapport aux 100 000 nécessaires.
Au moins, elle avait rentabilisé l'abonnement a Axon Diamon.
Elle ne put s'empêcher d'aller voir le profil de Camilla. Sa dernière vidéo la représentait en train de se maquiller. Elle semblait heureuse. Rien ne présageait de ce qui se passait dans sa maison, loin des regards publics.
Elle avait envie de lui envoyer un message, un soutien, quelque chose. Ne pas rester passive face à sa situation.
En réalité, elle réalisa qu'elle voulait seulement se donner bonne conscience après avoir trahi Justine.
Alors, tandis que son téléphone affichait 20h, elle se lança :
"Bonjour Camilla, désolée de te déranger. Je suis ton compte depuis des années et je voulais t'apporter tout mon soutien, si tu as besoin de parler je suis là."
Et cliqua sur envoyer.
Elle patienta en continuant de lire des livres d'informatique sur la cybersécurité.
Vers 21h, on frappa à la porte.
Cette fois-ci, une voix d'homme retentit :
- Police, ouvrez la porte !
-
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