CHAPITRE 4


Il semblerait qu'il n'y ait personne... Je traverse le hall, et vais au grand salon : personne. Je vais à la cuisine, Olga, la gouvernante, passe le balai et ne me remarque pas. Elle chante une berceuse que je reconnais : Hijo de la Luna. Je pique une pomme sur le comptoir et me réfugie dans ma chambre. Bien. Il semblerait que Tacha m'ait honorée de son absence ! Je verrouille la porte derrière moi, j'enlève mes chaussures que je laisse près de la porte pendant que mon sac atterrit par terre à côté de mon lit. Je m'y laisse alors tomber, fatiguée au possible. L'angoisse d'avoir une scène dès mon arrivé retombe peu à peu. Je me débarrasse de mes vêtements, gardant seulement mon sous-vêtement du bas. Je me couche sur le ventre, la poitrine nue contre un coussin. Mes bras entourent le coussin et se retrouvent sous mon menton. Je ferme les yeux et soupire. Je reste comme ça un bon moment, paisible. Je m'assoupis.

Mais ma paix fut vite troublée par le son criard d'une voix trop aiguë. Je savais bien que mon répit serait de courte durée.

- Olga ! cria Tacha. Où est-elle cette empotée ?

- Ici, madame, répondit Olga sans relever l'insulte.

- Tu as bien rangé ma robe pour ce soir ? demanda Tacha.

- Oui madame.

- Très bien.

J'entendais ses talons marteler le sol, puis un bruit étouffé. Je m'assis en soupirant. Je n'avais pas prévenu Olga de ma présence. Il faudra bientôt que je sorte. Je me levais et allais jusqu'à la porte-fenêtre de ma terrasse. Je n'ouvrais pas la porte, mais me collais au verre gelé. Ça me faisait du bien.

- Apporte-moi quelque chose à boire, Olga ! Ne reste pas là à ne rien faire ! cria Tacha en bas.

- Oui, madame.

- Ma très chère belle-fille a-t-elle finalement décidé de nous faire part de sa présence ?

A ce moment, je soupirais et récupérais un haut qui traînait dans un coin. Je le passais rapidement au-dessus de ma tête. Je devais sortir, maintenant. J'aimais bien Olga, je ne voulais pas qu'elle ait de problème par ma faute.

- Je ne sais pas Madame. Je ne l'ai..., commença-t-elle avant de s'arrêter en m'apercevant.

- Oui, je suis là, la coupais-je.

- Ah tiens ! s'exclama Tacha, bonjour mon moineau.

- Je ne suis pas ton moineau, lui dis-je en lui tournant le dos.

J'allais dans la cuisine jeter ma pomme à peine entamée et prendre une part de gâteau à la place. Le meilleur choix du monde. Tacha s'était levée et me suivait en babillant sur tout et rien.

- Ma chérie ! Tu ne devrais pas prendre de gâteau ! La pomme est bien mieux. Et tu devrais éviter les pâtisseries en général si tu veux perdre tes poignets d'amour... Je sais que ce sera difficile mais avec un peu d'entraînement tu pourrais devenir aussi belle que moi, sourit-elle.

- Ouais, grognais-je en cherchant un verre pour le lait.

- Et puis, ce n'est pas une manière de me répondre voyons ! Un "Oui, Tacha, tu as amplement raison" ou encore un "oui, maman" pourrai suffire.

- Tu peux toujours courir pour que je t'appelle "maman", sifflais-je entre mes dents en prenant un plateau.

- Tu disais ? Regardes-moi quand tu parles aux lieux de tourner partout dans la cuisine ! Une fille bien se tient droite et parle clairement, Alexandra.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- C'est ton nom pourtant, mon moineau. D'ailleurs, ce n'est pas une tenue ce que tu portes ! Une fille bien ne se promène pas à moitié nue dans sa maison !

- Ouais, grognais-je en essayant désespérément de faire abstraction.

- Tes jambes sont bien blanches ! Tu devrais m'accompagner à la plage un jour, ça te ferait du bien de prendre un peu de soleil.

- Ouais.

J'avais presque finit mon plateau, encore un petit effort ! J'attrapais la bouteille de lait dans le frigo. Elle continuait de parler, distribuant des instructions à Olga, me faisant quelques remarques en passant. Je fermais les yeux et priais très fort pour qu'elle explose.

- Quoique je comprenne que te mettre en maillot puisse te complexer...

- Quoi ?! finis-je par exploser.

- Ma chérie, une fille bien ne dit pas "quoi" mais "je vous prie de bien vouloir m'excuser" ou encore "pardon, pouvez-vous répéter".

- Pourrais-tu avoir l'obligeance de répéter ce que tu disais, reformulais-je irritée.

- Je disais que je comprenais très bien que te mettre en maillot pourrait te complexer, et qu'on pourrait faire une séance au spa pour toi si tu préférais, répéta-t-elle lentement, comme à un enfant.

- Hum. Comment le dire gentiment ? pensais-je à voix haute, mon dragon intérieur s'embrasant. Je n'irais jamais nul part avec toi, je mange ce que je veux, je ne suis pas ton moineau, tu n'as pas à me corriger ni à faire le moindre commentaire sur ma manière de me tenir, je suis très bien dans mon corps contrairement à certaine. C'est vrai. Toute cette silicone ne te démange pas ? Enfin bref, j'éviterais d'aller à la plage si j'étais toi, tu risquerais de fondre. Sur ce.

Je récupérai mon plateau et sortais de la cuisine la tête haute. Olga me fixait, la bouche ouverte. Je lui fis un clin d'œil et elle me sourit discrètement, même si un petit fond de reproche se discernait dans le fond de ses yeux. J'arrivais en haut des escaliers quand Tacha s'exclama depuis la cuisine :

- Une telle impolitesse ! On se demande comment son père peut la garder. Ça ne m'étonne pas qu'il se soit débarrassé de la mère...

Je fermais les yeux et me concentrais très fort pour rester calme. Je courus à ma chambre et lâchais mon plateau sur mon bureau. Je sautais sur mon lit et me couchais sur le dos. Il fallait que je me calme, je ne devais pas me laisser atteindre. Elle serait trop heureuse de savoir qu'elle m'avait touchée. J'inspirais par le nez et expirais par la bouche, comme Aaron me l'avait appris. Je comptais jusqu'à trente et m'asseyais. Ça allait déjà mieux.

Je me relevais et allais vers ma coiffeuse. J'ouvrais un tiroir et récupérais un flacon de vernis qui s'y trouvait. Je branchais mon téléphone à mes haut-parleurs et mettais de la musique (Pillowtalk, Zayn). Je m'avançais vers ma porte que je verrouillais avant d'ouvrir la porte qui menait au balcon. Je m'y asseyais, directement par terre et déposais le vernis devant moi. Je relevais la tête et regardais le ciel se séparer peu à peu de son soleil. J'ouvrais enfin le flacon, et recouvrais chaque parcelle de mes ongles, de main, comme de pieds, en noir. Un noir profonds et magnifique dont tout le monde n'est pas capable de déceler la beauté. Une fois finit, je me relevais et allais m'appuyer au garde-fou. La ville commençait à s'animer petit à petit. Les réverbèrent s'allumèrent tous tandis que le soleil finissait de disparaître. Laissant place à la lune. J'ai toujours préféré la lune au soleil, je la trouvais plus belle. En cet instant, la lune et le soleil cohabitent. Le ciel est partagé entre le jour et la nuit

Je soupirais et allais chercher mon plateau. Je m'asseyais sur la petite balancelle et versais le fromage sur mes pâtes. Un bout de poulet harmonisant le tout. Je mangeais dehors ce soir, ça faisait longtemps. Je finissais mon assiette quand la musique fut interrompue par une notification de mon téléphone. J'allais le chercher et vis qu'en faîte, j'en avais plusieurs. Quelques notifications de Twitter et Facebook que je regarderais plus tard, un appel manqué et trois messages de deux conversations. Je déverrouillais mon téléphone et allait voir les messages :

Sam : Yo toi ! Faut qu'on cause.

Sam : T'es là ou pas ? Réponds crétine x').

Vous avez un appel manqué de Sam.

Aaron : Elle est nulle ta pote wsh.

Je souriais aux messages de Sam, puis encore plus à celui d'Aaron. Mais je n'avais pas le temps de démarrer une conversation.

Moi à Sam : Désolée, je mangeais x). On discute tout à l'heure ? Je dois finir le DM*.

Je ne répondais pas à Aaron, je le ferais plus tard. Je me versai un verre de lait avec mon reste de gâteau et quittai la terrasse avec mon plateau. Je déposai tout sur mon lit avant de préparer mon bureau. J'avais un devoir maison de mathématiques à rendre pour le lendemain. Je coupai la musique et allai m'asseoir à mon bureau. 19h23, disait mon horloge.

*****

Je m'étirais. J'avais enfin finis ! Je remis de la musique (Renegades, X Ambassadors). Je dansais doucement, tournant sur moi-même. Mon tee-shirt se retrouva par terre, puis dans le bac à linge sale. J'entrais dans la salle de bain et mon regard croisa le miroir. J'étais nue. Je m'observais en penchant la tête sur le côté. Tacha avait-elle raison ? Je pinçais la peau de ma cuisse, en effet. Je me détournais du miroir, et entrais dans la douche. Le jet d'eau me fit du bien, je massais mon crâne et faisant le vide dans mon esprit.

Quand je sortis enfin, je prenais mon téléphone pour répondre aux messages d'Aaron et de Sam.

Moi à Aaron : Ah oui ? Pourquoi ?

Sam : Ah ok. Quand tu finis tu me préviens.

Moi à Sam : Je suis là ! Par contre, désolée mais je suis SUPER fatiguée. On parle demain ?

Sam : Okiio. A demain.

Moi à Sam : Pardon hein :/ ... A demain

Je déposais mon téléphone et allais sur mon lit. Je coupais la musique et mis un réveille pour le lendemain, les cours reprenaient. Je me couchais en me roulant en boule. Il était encore tôt et pourtant j'avais vraiment très envie de dormir. Je fermais donc les yeux et après un petit moment, je finis par m'endormir.

*****

J'étais debout. Enfin, c'est l'impression que j'avais. Mais je ne sentais pas le sol sous mes pieds. Je devais donc flotter. Il faisait noir. Non, il y avait des étoiles. Je flottais donc dans le ciel. Je n'eus pas plus le temps de m'interroger sur le pourquoi du comment que mon père apparu.

- Jemina...

Il était là, devant moi. Démesurément grand face à moi, il était tout de blanc vêtu.

- Jemina... Tu lui ressembles tellement...

Je savais de qui il parlait : de ma mère. Pourtant, je n'avais aucun souvenir d'elle. J'avais pourtant l'impression de la connaître, sans pour autant me rappeler l'avoir déjà rencontrée. Mes souvenirs de ma mère sont flous. J'entrevois des flashes d'une femme brune qui s'occupe de moi, et qui m'appelle son trésor. Mes souvenirs sont confus, je ne sais pas qui elle est, et pourtant je sais que c'est ma mère.

- Comment était-elle ? lui demandais-je. Pourquoi ne me parles-tu jamais d'elle ? Pourquoi tu ne vis pas à la maison avec moi ? Tacha est mauvaise... Tu m'abandonnes avec elle... Tu es censé t'occuper de moi !

- Jemina, soupira-t-il. Les choses sont tellement compliquées...

- C'est toi qui les compliques ! criais-je.

- Jemina ! s'exclama-t-il. Baisse d'un ton, je te pris.

- Elle est morte n'est-ce pas ? demandais-je, les larmes s'accumulant sur mon visage.

Il s'approcha de moi. Je ne sais pas comment, puisqu'il ne marchait pas. Arrivé devant moi, il me caressa le visage, l'air triste.

- Je ne peux pas tout t'expliquer Jemina. Les choses sont compliquées, en effet. J'ai fait des erreurs, beaucoup d'erreurs, et tu en payes les conséquences. Ta mère était une personne magnifique, tu lui ressemble beaucoup. Je ne peux pas t'en dire plus, pour te protéger. Mais ne t'inquiète pas, je veille sur toi.

Je voulus le prendre dans mes bras, le sentir près de moi pour une fois. Mais il m'échappa. Je tombais, je sentais que je m'enfonçais dans les ténèbres tandis qu'il ne bougeait pas lui. Je voulu crier, pour qu'il vienne me sauver mais il ne me voyait plus. Et c'est seulement quelques instants avant de sombrer totalement dans les ténèbres que je remarquais une chose.

Mon père avait des ailes. De magnifiques ailes blanches.

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