CHAPITRE 2


Je me réveille, gardant les yeux fermés mais un rayon de soleil têtu filtre à travers les rideaux et me réchauffe l'œil. Je finis alors par me redresser. Je suis dans la chambre de Sam, ce n'est que maintenant que j'en prends conscience. Sam, elle, dort toujours. Hier soir elle ne s'est pas fait de tresses et ses longs cheveux rous s'éparpillent sur son oreiller.  Le métal froid de son ordinateur glace ma hanche découverte. Je glisse mes jambes hors du lit et m'étire. Je suis comme déconnectée du monde. Mon corps bouge seul tandis que mon esprit, enfermé dans une boite noir au fonds de moi l'observe se débrouiller. Mon corps se lève, il va vers la commode de Sam et se regarde dans le miroir. Il attrape une brosse et se brosse les cheveux, ça le détends. Mon esprit quand à lui, au chaud dans sa boite, pense à Sam qui dort, aux cours qui reprennent demain, à mes ongles qu'il faudra noircir de vernis, à Tacha qu'il faudra revoir, à mon devoir de math qui m'attend, etc. Dans un sursaut, mon esprit et mon corps expriment simultanément leur frustration dans un bâillement sonore.

- Hey toi ! lança Samantha en s'étirant.

- Hum ? répondis-je en me retournant vers elle.

- T'aurais pu me réveiller quand même.

- Oui, j'aurais pu te réveiller, oui. Mais en même temps je me suis réveillée moi-même il y a moins de cinq minutes donc...

- Hum, hum.

Sam finit par se lever, et s'approcha de moi pour me faire un câlin. Je le lui rendis en la serrant fort dans mes bras. Ma petite poupée. Puis, comme si on l'avait subitement branchée à une prise électrique, elle se mit à sauter et à danser. Je la regardais en riant, Paradise (Coldplay) en fonds sonore. Elle se mit à tourner sur elle-même sans s'arrêter, de plus en plus vite et, instinctivement, je me mis à danser aussi. On imitait les danseurs de valse, sautant, tournant, le pieds en l'air. Puis, à la fin de la chanson on se laissa tomber sur le lit, complètement morte de rire.

- Sam, comment le dire gentiment ? commença Ethan en entrant dans la chambre. Pourriez-vous, s'il-vous-plait, avoir l'obligeance baisser le son ? On ne s'entend plus respirer, bordel !

- Mon très cher frère, susurra Sam en se retournant, nous le pourrions, en effet. Mais nous ne comptons pas le faire donc merci de bien vouloir dégager le plancher, ajouta-t-elle en souriant de toutes ses dents.

Ethan attrapa un pouf qui trainait par terre et le lui jeta au visage avant de sortir. Le projectile atteint sa cible qui s'étala de tout son long par terre sous le choc. Je me retenais de rire... puis explosai en hurlant comme une aliénée.

- Mon dieu Sam ! m'exclamais-je, les deux mains contre le ventre, il ne t'a pas ratée !

- Ahah. Ahah. Je suis morte de rire Alix.

Je continuais de rire pendant que cette dernière prenait un cousin et me l'écrasait sur le visage, essayant de me faire taire. Et c'est ainsi que commença une bataille acharnée dont le but était de faire tomber l'autre du lit. Sam m'envoya une coup qui me fit tomber sur le lit mais je répliquais en la poussant avec les pieds ce qui l'a fit tomber juste à côté de moi. Son coussin rose sur ma tête, mes pieds dans son ventre, et sa playlist en fonds sonore.

Finalement, trop occupées à rire, et ayant perdues toute la force de nos bras, nous avons finit pas nous lever pour aller à la douche. J'y allais en première, Sam en profitait pour gérer le social de son côté. Je souriais en attrapant mes affaires avant de sortir de la chambre. Je me demandais comment j'aurais fait sans Sam... Je frissonnais de la tête aux pieds, je préférais ne pas y penser. Je verrouillais le loquet de la douche avant de mettre de la musique et de me déshabiller. Comme hier, je croisais mon reflet dans la glace. Mais cette fois, je fis un peu plus attention. Je m'observais et je n'avais pas l'impression de me voir moi. Mes yeux étaient sombres et froids, pourtant, je riais il y a moins de cinq minutes. Mes lèvres étaient gercées par endroit, mon visage était fin et pâle à faire peur, je manquais de couleurs, je ressemblais à un fantôme. Oui, j'étais un fantôme oui. Cette image me plaisait bien, j'étais le fantôme de moi-même. Alors, étrangement rassérénée par cette image lugubre, je filais sous la douche.

~~~~~~

- Saaaaaam ? susurrais-je.

- Non, répondit-elle catégorique, sans même relever les yeux.

- Comment ça, non ? Tu ne sais même pas ce que je veux te demander !

- C'est vrai. Mais vu le nombre de "a" que tu as ajouté à mon nom je ne doute pas que la réponse finale sera : non.

- T'es chiante. Écoute-moi au moins, pleurnichais-je en me couchant sur le dos, levant les bras au ciel.

Elle finit cependant par se retourner vers moi et je me dévissais le cou pour pouvoir la regarder d'où je me trouvais.

- Qu'est-ce que tu veux, Alix ? soupira-t-elle.

- Tu m'accompagnes au Trous ? demandais-je en battant des cils.

- Non, comme je l'avais prédis : non.

- Saaaaam ! S'il-te-plais. Pour l'amour de moi !

- Je sais que tu sais que je t'aime, ça me suffit. Je n'irais pas, vas-y toute seule Alix.

- S'il-te-plais Sam ! Peut être qu'il ne sera pas là ... chuchotais-je avant qu'un projectile non identifié ne s'écrase sur mon visage.

- Alix, j'ai dit non.

- Tu es méchante, méchante, méchante.

- Vas-y avec Ethan.

Je ne répondis pas à la provocation, et lui balançai le cousin qu'elle m'avait jetée au par avant. Je roulais sur moi-même en pestant. Sam ne voulait pas m'accompagner au Trous parce qu'il y avait environ 99,9% de chance que Aaron y soit. Aaron et elle ont une histoire très... particulière. De base, Aaron est un pote à moi. On s'est rencontré au Trous et on s'est tout de suite bien entendu. Par contre, Sam et lui se prennent sans cesse la tête parce qu'au fonds, ils ont un béguin l'un pour l'autre. Alors depuis, Sam évite le Trous autant que possible puisque Aaron y vit presque exclusivement. Personnellement, ça me fait toujours bien rire quand ils se prennent la tête. Je penche la tête vers Sam, elle rougit en se mordant la lèvre inférieure. Je souris et elle se lève en bondissant.

- Tu as bien de la chance que je sois de bonne humeur ! Lève tes fesses, on y va.

- Merci, merci, merci ! criais-je en sautant partout dans la chambre.

- Ouais.

Elle faisait la tête dure mais je savais qu'elle avait envie de revoir Aaron. Je récupérais mon sac aux pieds du lit et mettait mes chaussures pendant que Madame se changeait, troquant ses vêtements confortables contre un short taille haute et un top crop. Je me retenais de dire quoi que se soit tandis qu'elle passait un collier autour de son cou et relevait ses cheveux en queue de cheval. Il fallait que j'intervienne à un moment donné, non ?

- Hum... Je ne veux pas, hum... dis-je en prenant le plus de précaution possible. Ce n'est pas un peu exagéré ?

Un regard noir me répondit et j'avalais ma langue, décidant qu'il valait mieux pour moi de ne rien dire. Mais je la vis rougir et reposer ses perles avant d'empocher son téléphone et de sortir de la chambre en hurlant de la suivre. Elle passa dans le bureau de sa mère, histoire de la prévenir.

- Maman ? demanda-t-elle en frappant la porte.

- Oui, Samantha ? répondit Joëlle (sa mère).

- Je raccompagne Alix chez elle, à toute à l'heure !

- D'accord, au revoir Alix, me dit-elle avec un grand sourire

- Au revoir, chantonnais-je.

Elle s'avança vers moi et claqua une bise sur ma joue. Puis elle me regarda comme elle avait l'habitude de le faire, avec l'air de celle qui sait tout. Malheureusement, je ne savais pas du tout ce à quoi elle pouvait penser alors je ne disais rien. Sam lui fit aussi la bise avant de disparaitre dans le couloir. En la suivant, je croisais Faustine qui vint me faire un câlin. Je lui souris de toutes mes dents et lui caressais les cheveux avant de dévaler les escaliers derrière Samantha. Cette dernière m'offrit une tape sur la tête avant que je ne me mette à courir, les écouteurs dans les oreilles. Il y a beaucoup de vent aujourd'hui, les franges de mon haut dansent autour de moi tandis que je m'arrête pour attendre Samantha derrière moi. Une fois à mon niveau, elle m'ignore complètement et continu son chemin. Elle est vexée. Je la rattrape et lui fais un bisou en passant mon bras sous le sien. Elle soupire avant de déposer sa tête sur mon épaule.

*****

- Tu peux me rappeler pourquoi on est là, déjà ? grogna Sam une fois dans ma chambre.

- Je devais déposer deux-trois trucs, répondis-je pour la millionième fois.

- Ouais, bouda-t-elle.

Nous étions arrivées et pas d'Aaron dans les parages, alors Samichou déversait sa bonne humeur sur moi. Je souriais en coin en rangeant un peu mon espace. J'avais découvert le Trous il y a un peu moins de deux ans, et je l'avais tout de suite adopté. C'était un ancien immeuble à l'abandon, avant, il devait surement y avoir des bureaux. Dans certaines pièces on retrouve encore des vestiges de son ancienne vie : imprimantes éventrées aujourd'hui, grands bureaux saccagés par les nouveaux occupants, et ainsi de suite. Je m'étais installée au première étage, dans une pièce assez grande. A mon arrivée, le bureau était renversé et le tapis brûlé dans les coins. Il m'empêche que j'ai tout de suite accroché. J'ai relevé le bureau où trône maintenant toutes les choses que je ne ramène pas chez moi, souvent par pure flemmardise, remplacé le tapis et avec l'aide de quelques garçons du Trou je me suis aménagée un lit. Si j'ai ma "chambre" au Trous ce n'est pas le cas de tout le monde. Sam par exemple n'en a pas, mais ça ne l'intéresse pas. Le Trous est le repère de tous les mal-aimés et rejetés de la ville. Il n'empêche qu'on n'accepte pas n'importe qui. Aaron et sa bande sont comme la "police" du Trous. Quand un inconnu arrive, il n'est pas toujours accepté. Moi j'ai découvert le Trous par hasard. J'ai vu Aaron (que je ne connaissais pas encore à ce moment) traverser le feuillage et je l'ai suivit. Au début il m'a pris la tête un bon moment mais faut croire qu'il m'aimait bien car depuis on s'est rapproché.

J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais pas entendu Sam sortir, ce n'est que quand je l'ai entendu crier en-bas que je m'en suis rendue compte. Pendant trente secondes, j'ai eu peur. Puis j'ai entendu Aaron rire et ça m'a rassurée. Je descendais quand même pour trouver une Sam toute rouge, et un Aaron mort de rire à ses pieds. Je souriais avant de m'approcher à découvert, Aaron lui continuait de rire en se tenant le ventre.

- Aaron tu n'es qu'un crétin ! s'écria Sam.

- Si tu... Tu avais pu... ahaha... voir ta tête ! hurla-t-il entre deux éclats de rire.

- Je peux savoir ce qui se passe ? Demandais-je perplexe.


*******

Je me suis plus ou moins relus mais je ne vous promets rien :P. Si vous voyez des fautes, signalez le moi. J'espère que ça vous plait. Les chapitres ne sont pas très long, j'essayerais de les allonger aux fils du temps.

Chapitre suivant : en cours ;).









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