Chapitre 16

- Ma quoi ? demandais-je, perdue.

- Ta Maison de l'Âme, répéta Jean.

Il s'assit sur la seule chaise de la pièce et m'invita à en faire de même. Je m'installai en tailleur et attendais qu'il m'en explique un peu plus. La Maison de l'Âme (MDA) est, dans l'esprit des Anges et des Démons, l'endroit où ils peuvent penser en sécurité, sans que quiconque puisse entendre leurs pensées. Bien sur, elle est beaucoup plus développée chez les Anges qui peuvent travailler dessus et la fortifier. C'est un peu plus compliqué pour les démons qui eux, ne sont pas capables de percevoir leurs MDA. Car oui, il y a des dons spécifiques aux Anges, et d'autres aux Démons.

- Et moi ? lui demandais-je alors.

- Et bien pour toi je ne sais pas, avoua Jean, tu arrives à percevoir ta MDA, et même à la modifier. Tu as donc des dons d'Anges. Mais je ne sais pas si tu as ceux des démons aussi. Pour ma part, je dois juste découvrir tes capacités angéliques. Et dimanche, dans trois jours, on ira à Golgotha. Là-bas, ils prendront les décisions qui s'imposent.

- Golgotha c'est la capital du Paradis ?

- Non ! s'écria Jean en riant. Golgotha est une ville où cohabitent plus ou moins bien d'ailleurs, les anges et les démons. C'est à cette endroit que se décide toutes les décisions importante concernant les deux partis.

- Ah oui, d'accord.

- Bien ! Aujourd'hui je vais donc t'entraîner et te tester ! s'exclama Jean.

Les "entraînements" de Jean ressemblaient plus à des cours de yoga pour tout dire. Il me fit m'allonger dans l'herbe pour que je puisse "ressentir la vie et entendre le monde". D'après lui j'étais plutôt douée à ça, personnellement j'ai cru m'endormir mais si ça peut lui faire plaisir ! Je m'entraînais aussi à faire apparaître mes ailes, ce que je réussis plutôt bien après un certain temps. Il essaya aussi de me faire lire ses pensées, mais je n'étais visiblement pas encore prête à ça. Par contre, j'arrivais déjà plus facilement à accéder à ma "MDA". Jean essayait d'entrer doucement dans ma tête et je devais le repousser. J'aimais énormément cette exercice car une fois que je l'aurais maitrisé, il ne pourra plus entendre mes pensées. On passa ainsi tout l'après-midi à s'entraîner, Jean prenait beaucoup de notes sur moi mais refusait que je les lises. Je ne dis rien car au fond je savais qu'un jour ou l'autre je finirais par voir lesdites notes. Une fois dix-huit heure passée, je saluais Jean et rentrais chez moi me préparer avant de sortir avec Aaron. J'étais contente parce que ça faisait longtemps qu'on avait pas fait ça. Mais aussi parce qu'il devait me raconter son histoire avec Jack et que je devais lui parler de Zack et de la fête. Je m'habillais simplement, je ne suis pas particulièrement du genre à prendre énormément soin de mon apparence, Sam est là pour ça.

Aaron : Grouille toi Alix !

Moi : C'est bon je suis dans le bus roh !

Malheureusement pour moi, le meilleur kebab de la ville se trouve en centre-ville et donc à quinze minutes de bus de chez moi. Je soupire en rangeant mon téléphone dans ma poche. Je retrouve Aaron devant la fontaine du centre-ville et lui fais la bise.

- T'as vla mis le temps quand même ! s'écrit-il.

- Pourquoi t'essaye de parler comme une caillera et tout ?

- Laisse-moi, grogne-t-il en me poussant en rigolant.

Je le regarde et lève un sourcil, il me répond en tirant la langue. Aaron a un ans de plus que moi mais au fond c'est un gamin. On s'est adopté mutuellement et depuis, il est devenu mon grand frère. On se promène et bavarde de tout et rien quand je décide finalement d'aborder le sujet critique.

- Aaron ?

- Ouais ?

- Comment tu connais Jack ? lui demandais-je le plus précautionneusement possible.

- Hum, fait-il.

Il s'arrête alors et s'assoit sur un banc publique. Je m'assois à côté de lui et le laisse réfléchir sans interrompre. Pendant qu'il fouille dans ses pensées je m'installe confortablement et pose mes jambes sur les siennes, il me regarde et sourit doucement avant de prendre la parole.

- J'imagine que tu es au courant pour les Angelus ? me demanda-t-il, l'air triste.

Je hochais la tête, perturbée par son changement de ton.

- Et bien je suis un démon, je suppose que toi aussi si tu traînes avec lui.

Je me mordais la lèvre, gênée. Jean et Jack ne m'avait rien dit par rapport au fait de parler de mon secret à un autre Angelus.

- ça ne te choque pas d'apprendre que je suis un démon ? me demanda-t-il.

- Et bien... Étonnamment non.

Je haussais les épaules et il se replongea dans ses pensées.

- Tu sais, nous les démons sommes connus pour être les méchants de l'histoire, que ce soit vrai ou pas...

Il fit une pause, soupira profondément.

- Il y a longtemps, Belzébuth et moi étions amis. Nous étions les deux plus grands démons à venir. On inspirait la fierté du côté sombre et le mépris mêlé de crainte chez les pâles parce que tu sais, on craint toujours ce qu'on ne maîtrise pas. Enfin... Belzébuth s'était entiché d'une ange, va savoir pourquoi. Et il me l'a dit. Mais cela constituait un sacrilège. Les anges et les démons de fricotent pas ensemble. Les Grands se débrouillent assez bien pour qu'une certaine forme de méfiance demeure entre les deux parties. Mais Belzébuth était tombée amoureux. Il ressentait pour cette fille des sentiments presque égaux à ceux des humains quand ils parlent d'amour. Mais je suis mal placé pour dire ça au fonds... Enfin. Belzébuth n'était plus lui même, mais malheureusement, ses sentiments n'étaient pas partagés et l'ange me fit clairement savoir que je devais le raisonner si je ne voulais pas qu'elle le dénonce. Je savais ce qu'il en courait, alors je suis parti voir Belzébuth. Je l'ai mis en garde, je l'ai retenu contre son grès, j'ai tout fait. Mais il s'est échappé. Et l'Ange l'a dénoncé. Mais ce n'est pas tout. L'Ange présenta les choses de manière à me faire porter le chapeau. Belzébuth pense que je suis celui qui l'a dénoncé et m'en veut pour ça. Mais si ça ne pouvait être que ça ! J'ai essayé de lui expliquer, mais il ne m'écoute pas. Le temps a passé, et on est toujours en froid.

- Mon pauvre... murmurais-je en enlaçant nos doigts.

- Ouais, répondit-il.

Jack a été blessé dans le passé, il a perdu celle qu'il aimait et son meilleur ami par la même. Ces révélations font beaucoup de choses à digérer. La réalité est bien loin de l'Ange tout gentil et le démon méchant.

- Il a peur, lâcha soudainement Aaron.

- Peur ? Peur de quoi ?

Aaron se retourne vers moi, l'air surpris.

- Quoi, tu n'as pas remarqué ?

- Remarqué quoi ? demandais-je, perdue.

- Oh... fit-il seulement.

Il n'en dit pas plus. Je le bombardais de questions sans qu'il ne se dévoile sur la soi-disant peur de Jack. Et même sans savoir de quoi il parlait, une petite idée germa dans mon esprit, comme quoi Jack serait jaloux. Je l'étouffais vite fait bien fait et remerciant le ciel qu'Aaron ne soit pas un ange et ne puisse pas lire dans mes pensées. Le reste de la soirée fut plus divertissante. Aaron me raconta pleins d'histoires de son monde. En vérité, il ne s'appelle pas Aaron mais Aalrihaus. Tous les Angelus ont un nom divin et c'est quand ils viennent dans le monde des humains qu'on leur choisis un nom d'humain. Plus je discutais avec Aaron, plus je me rends compte d'à quel point nos deux mondes sont liés. Zack par exemple, est un démon lui aussi, Bélial. Aaron m'apprit qu'un grande partie des Angelus viennent vivre dans le monde des humains. Mais qu'il faut avoir finit ses études à l'Université Invisible d'abord. J'ai l'impression d'en apprendre beaucoup plus avec Aaron en une soirée qu'avec Jean et Jack en deux semaines. J'ai plusieurs questions à poser à Aaron sur cette histoire de deuxième prénom mais j'ai peur qu'il me demande le mien, chose que je suis incapable de lui révéler. Je décide alors de parler d'un sujet tout autre mais pas moins intéressant.

- Et Samantha dans tout ça ?

- Hum ?

Il relève les yeux vers moi, l'air de ne pas comprendre.

- Tu es un démon, toi. Est-ce qu'elle est humaine elle ?

Ce n'est pas ce que j'avais prévu de lui demander mais la question me sauta à l'esprit. Je me rendis compte alors que je connaissais Aaron depuis longtemps maintenant mais que je ne lavais jamais soupçonner d'être autre chose qu'un humain. Est-ce qu'il y a avait d'autres gens de mon entourage qui n'était pas humain ? Je pose ma question, profondément anxieuse quand Aaron éclate de rire.

- Mais oui ! Tu ne sens pas son aura ?

- Non, avouais-je honteuse en me jurant d'en toucher deux mots à Jean.

- Elle est parfaitement humaine, ne t'inquiète pas.

- Merci, répondis-je en souriant, un peu gênée. Mais bref ! Qu'est-ce que tu comptes faire par rapport à elle ?

- Comment ça ? me demande-t-il, sincèrement perdu.

- Et bien tu es un démon ! Et elle est humaine, elle !

- Et alors ? ajouta-t-il les yeux ronds.

- Alors vous ne pouvez pas être ensemble ! m'exclamais-je, frustrée.

- Ah, fit-il simplement.

Je voyais à son visage que cette question lui était déjà venu à l'esprit.Mais il n'avait rien prévu de faire. Le lois sont les lois et ce n'est certainement pas lui qui allait rompre celle-là.

- C'est pour ça que tu ne l'as pas invité à la fête de samedi ? lui demandais-je alors.

- En partie oui, marmonne-t-il perdu dans ses pensées. Mais ! Qui t'en a parlé ?

- Zack l'a invitée, et elle va y aller avec lui, répondis-je en haussant les épaules.

- Non, répondit-il catégorique.

- Comment ça "non" ?

- Elle n'ira pas avec lui.

C'était tellement mignon de le voir jaloux ! J'enfonçais un peu le clous en lui assurant qu'elle avait déjà donné son accords mais il me contra en disant qu'elle le retirera. Je m'amusais à le provoquer, c'était tellement mignon ! Je le surpris même à envoyer un message à Sam pendant que je payais au comptoir. Avec une magnifique contorsion du cou j'arrivais à voir le contenu du sms : "au risque de te décevoir, tu n'iras nul part avec Zack. Et ce n'est pas discutable." C'était un brin macho mais l'essentiel était qu'il soit jaloux. Je lui fis un câlin, contente d'avoir quelqu'un d'autre que Jean et Jack pour parler de toute cette histoire d'Angelus. Il m'embrassa la joue et me raccompagna jusque devant chez moi, soi-disant pour ne pas que je me fasse enlever par un Lamia sans pour autant me dire ce que sont ces créatures. Je rentrais chez moi, j'avais définitivement passé une bonne soirée.

Je me débarrasse de mes chaussures et entre dans ma chambre. Je me change rapidement, prend une douche et entre dans mon lit. Là, il me faut faire preuve de tout mon self-contrôle pour ne pas hurler quand mes pieds entrent en contacts avec quelque chose de froid qui n'a rien à faire dans mon lit. Je me retourne et à ma grande surprise, découvre Jack, endormi dans mon lit. Peut-être à cause de l'histoire que m'a racontée Aaron, je ne le vois plus de la même manière. De plus, quelque chose me dit qu'il a dû m'attendre ici longtemps avant de finalement s'endormir. Je soupire et chuchote un "bonne nuit Jack", avant de me retourner et de m'installer confortablement. Il dort et je n'ai rien à craindre de lui de toutes les façons. C'est du moins ce que je pense avant qu'il ne passe son bras autour de ma taille et ne se rapproche de moi, frottant son nez contre mes cheveux.

- Bonne nuit Princesse, murmure-t-il d'une voix endormie.

*****

Le son de mon réveil me ramène doucement à la surface. Aujourd'hui, on est jeudi et je commence à neuf heure, je savoure la petite heure de sommeil en plus quand une voix me ramène sur Terre.

- Arrête moi cette horreur ! grogne Jack derrière moi.

Lui, je l'avais complétement oublié ! Je me rends compte qu'on s'est énormément rapproché dans la nuit, et qu'en fait, je suis dans ses bras, en petite cuillère. Je me mets alors à rougir furieusement avant de couper la musique de mon réveil tout en essayant de chasser les idées malsaines qui germent dans mon esprit. Je me redresse finalement et me masse doucement le crâne.

- Merci, grogne Jack en se recouchant.

Il bouge dans le lit, cherche une position confortable. Puis, il tend son bras et me rallonge de force contre lui. Sous la surprise, je pousse un couinement tout à fait ridicule qui le fait sourire.

- Je suis plus à l'aise comme ça, explique-t-il les yeux fermés. Maintenant tais-toi. S'il-te-plait, rajoute-t-il un temps plus tard après avoir ouvert un œil pour me dévisager.

Je lève les yeux au ciel mais ne bouge pas. Il est encore tôt. Et à la limite, si je vais au lycée en volant, je peux lui accorder trente minutes de sommeil en plus. Je referme les yeux en soupirant, puis frémis quand il commence à me caresser le bras nonchalamment. Je respire et tente de garder l'esprit clair tandis que lui semble dormir paisiblement. Je n'aurais jamais imaginé finir comme ça. Je repense à ce que m'a racontée Aaron et je passe ma main dans ses cheveux. Il a dû vraiment souffrir le pauvre. C'est peut-être pour ça qu'il garde souvent cette air totalement détaché. Attendris, je finis par le prendre dans mes bras. Il soupire dans son sommeil et se colle à moi. Il a peur... Je me demande bien de quoi. Mais ce n'est pas grave, désormais j'essayerais de tout faire pour qu'il soit moins désintéressé.

******

Chapitre suivant : en cours...

Je vous aime, bande de patates ;)

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