New Manhattan, 2165. La grisaille bleutée du ciel étouffait les habitants de East Shaw. Les nuages rendus colorés par les néons des rues s’amassaient au-dessus de la ville, fendus par les buildings corporatistes. Leur stature affichait la puissance de ces entreprises : Partout à NM, on pouvait apercevoir les noms ComTech, Shimsaw ou AderNet flotter dans les airs. Devant le garage de Juarez brillaient les logos de Charmer, Cavalli et Roosvelter, des marques automobiles de luxe. A l’intérieur, deux voix résonnaient.

-Bordel, tu t’es pas loupé cette fois ! lançait Manny Juarez, garagiste.

- Ça s’est pas passé comme prévu.

Vers 21h, Juarez reçu la visite d’un vieil ami. A bord de sa Charger Black, une antiquité datant de 1970, retapée pour être mise au goût du jour. Mais cette nuit-là, le véhicule avait troqué son apparence somptueuse et envoûtante contre celle de l’épave fumante et criblée de balles.

-T’as fait le tour de NM avec ça ? C’est un miracle que t’aies pas explosé friqui. Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Mon dernier boulot. Ces enfoirés du Walter’s m’ont cramé. C’était juste.

- Le Walter’s ?! Décidément Ash, tu t’en es tartiné de la merde ce soir !

Le Walter’s était un quartier de West Long, dirigé d’une main de fer par le gang de Randy ‘Clock’ Garett, un fana de drogues et de stupéfiants en tout genres. Ce soir, un accord à été fait entre le Walter’s et les FoxWolf, éminents membres de la pègre de New Manhattan. Celui qui devait conclure l’échange du côté des Foxes était Asher Jones, un opportuniste vivant de contrats çà et là.

- Tu saurais réparer ma Charger ?

- Bien sûr amigo, elle sera prête d’ici une semaine.

En se remerciant par une poignée de main, Asher contempla une dernière fois sa voiture, noire, obscure avant de pousser la porte de sortie du Juarez’ Garage. Son indicateur météo lui énuméra alors les circonstances évidentes du ciel :

-Ciel gris, averses lourdes, température ambiante, 10 degrés Celsius. Conseil : Abritez vous de l’orage. Les équipements cybernétiques composés de ferraille, métaux et minerais doivent être tenus hors de portée du ciel.

- Faut vraiment que je la fasse taire celle-là, se dit Ash, agacé par ce discours. Cela faisait plusieurs semaines que la voix robotique de la météo se répétait. Abrité par un arrêt de métro, Ash consulta ses appels et ses messages. A côté de lui se tenait des Sans-abris, des policiers et des ouvriers pressés de rentrer chez eux. Dans le métro, les rames étaient désertes, peuplées uniquement de drogués en plein trip, convulsant à même le sol. Après quelques minutes, le métro annonça son terminus et de celui-ci ne sortait qu’Ash, épuisé par ses nuits pleines d’action, que seuls ses inhibiteurs de caféine lui permettaient de rester éveillé.

Goldbridge Street, lieu de résidence des étudiants, des pauvres et des dealers. Ash n’en faisait pas partie. En tout cas, pas des deux premiers domaines, et vivait à son rythme dans une ville en constante mobilité. New Manhattan était le siège des plus grandes corporations américaines, voire mondiales et pourtant, plus de la moitié de la ville se mourrait dans les rues en quémandant, convulsant ou trafiquant. L’extrême pauvreté des classes modestes les poussaient à devenir des criminels en serrant la main des plus grands barons de la pègre de NM. C’était le cas d’Asher Jones. En rentrant chez lui, il prit une douche bien méritée, le tout en se brossant les dents après avoir fini ses restes de malbouffe asiatique bon marché qui se vendait en bas de chez lui. C’est ainsi qu’il se coucha, l’esprit libéré de toutes contraintes, ne sachant quoi faire de la journée du lendemain.