Chapitre III

You'll never be in love with someone else


Alors ? C'est bon Esmee ? Tu as compris tes erreurs ?

La suite avait été un peu agitée. Tu avais entendu Hadès se plaindre, comme quoi les vivants n'avaient pas le droit de se rendre aux Enfers. Actuellement, tu aurais préféré être morte. Ta stupidité, ton excitation et ton impatience avait été tes pêchés. À cause de toi, Caleb resterait dans sa solitude.

Non. Esmee. À cause de lui, tu étais morte. MORTE. Quel est ton problème ? Pourquoi l'amour t'aveugle-t-il ? Réveille-toi.

Tes larmes avaient coulées sans que tu puisses les retenir et tous t'avaient observée avec curiosité. Allons bon ! N'avaient-ils jamais vu quelqu'un pleurer par peine ? Sûrement que les dieux en étaient eux-mêmes incapables. Ayant retrouvé ton état de vivante, la fatigue commença à se faire vivement ressentir.

La fatigue, la peine, le coeur éclaté et l'âme en pleurs.

C'était beaucoup trop. Tu ne voulais plus rien entendre, Zeus te parlait, tu ne l'écoutais pas. Non. Tu n'arrivais plus à entendre, tout simplement, et sous le poids des émotions qui te rongeaient ton esprit ne pût faire face.

Ton petit coeur se casse.
Et ton corps s'écroula au sol, bien trop épuisé pour continuer.
Qu'espères-tu ? Dormir. Et après ? Te réveiller de ce cauchemar ? Ça n'arrivera pas.

~

La voiture. Caleb.
Tout semblait si irréaliste, tu étais là, face à sa voiture, à lui. Mais il ne semblait pas te voir. Était-ce un rêve ? Tout cela paraissait bien trop réel et tu espérais que ça le soit. Alors que tu t'apprêtais à toucher l'amour de ta vie, il te passa à travers, t'ignorant.

Étais-tu morte à ses yeux ?

Des mains se glissèrent sur tes yeux, couvrant ta vue. Un souffle chaud se perdit dans ta nuque tandis qu'une voix douce te parvint.

- Laisse moi te montrer la vérité.

Un homme.
Sa bouche se perdit dans ta nuque, et ce contact te fit frisonner à ta grande suprise.

Et quand tu retrouvas la vue, il n'était plus là. Il n'y avait personne autour de toi. Juste toi.

Toi au crépuscule, sur une route.
Un virage.
Une voiture qui arrivait bien trop vite.

Toi et Caleb.

Toi qui hurlait.
Les pneus de la voiture qui crissaient contre la route.
Et tu fermas les yeux, sachant ce qui allait arriver.
Le bruit de l'impact te fit hurler ta peur. Alors même qu'il n'y avait plus aucun bruit.

Esmee. N'ouvre pas les yeux.

Ta tête te criait de t'épargner une telle vision. Mais ton coeur hurlait son besoin de réponse.
Alors tu ouvris les yeux. Caleb n'était pas dans la carcasse de la voiture, il avait dû se faire éjecter. Mais tu y étais.
Dans un état que tu n'aurais pas pû décrire. Une chose était sûre, tu n'avais pas survécu à ça.

Personne n'aurait survécu à ça.

Ton dégoût prit le dessus et tu te détourna de cette scène. Où était Caleb ? Même en cherchant bien tu ne le voyais pas. Il n'était pas là. Parce que ce monde n'appartenait qu'à la mort, parce que ce monde devenait le tien.

Ta tête menaçait d'exploser.

- Stop ! Tu criais, suppliant que cela s'arrête.

Un nouveau voile noir.
Une nouvelle scène.

Chez Caleb.
Il était là, face à toi. Il paraissait plus vieux, beaucoup plus vieux. Mais il était toujours aussi beau. Tu l'aimais, lui et ses cheveux blonds, ses yeux noisettes et son sourire charmeur. Il avait une petite barbe de trois jours à présent, et même avec des années en plus tu ne pouvais pas t'empêcher de retomber amoureuse de lui, encore et encore.

Quelque chose te passa à travers.

Une femme.
Et au vu du regard que lui lançait Caleb, tu connaissais la suite.
Non ! Non !

Incapable de voir un futur certain qui s'imposait à toi, tu tournas les talons et partit en courant avec l'espoir d'effacer cette image de ta mémoire. Ton coeur battait à t'en rompre la cage thoracique.

Et une voix se faufila derrière toi sans que tu saches à qui elle appartenait.

- Ton coeur te fait souffrir ?

- Pourquoi faire ça ?!

- Te voir faire face à tes souvenirs et tes peurs est de loin la chose la plus intéressante que j'ai vu au cours de ces dernières années. Voilà pourquoi. Les humains sont si imprévisibles.

- Je veux sortir de là ! Ta voix devenait celle d'une hystérique, et la jalousie que tu éprouvais en ce moment même te prenait aux tripes.

Le corps de l'homme se glissa de nouveau derrière toi, ses mains balayant ta chevelure de feu pour qu'il puisse te chuchoter avec malice au creux de l'oreille. 

- Alors réveille-toi.

~

Ton réveil fût brusque. Tu étais dans une chambre, sur le lit. Seule. Encore. Mais ce n'était pas chez toi, les décors étaient les mêmes que lorsque tu faisais face aux dieux.

Alors ce n'était pas un rêve ?

Non.

Quand cesseras-tu d'être une stupide petite fille ?

Ton rêve te revint en tête, il t'avait paru bien trop réel, bien trop horrible. Et cette voix.. qui était cette personne ? Était-il responsable des images que tu avais vues ? De toute évidence oui. Tu soupiras et après quelques secondes de réfléxion, il te fallu te lever.

Tes jambes tremblaient, te faisaient du mal, mais c'était assez, tu refusais de rester ici plus longtemps. Il fallait que tu trouves un moyen de partir d'ici, peu importe où tu allais. Des vêtements étaient posés sur la commode de la chambre, comme par magie.. cette chose n'était censée arriver que dans les romans à l'eau de rose. Apparement tu étais déjà propre. Ce qui était plus inquiétant c'est que tu étais nue. T'avait-on touchée ? Cette idée te répugnait, mais ça ne semblait pas être le cas, du moins tu l'espérais.

Bon, allez joli petit oiseau, tu ne vas pas rester nue, non ? On ne sait jamais où se trouvent les rapaces.

Les vêtements en question était une robe longue et fluide, lilas. Autant, avant tu adorais cette couleur, autant tu la détestait à présent pour ce qu'elle représentait : ta faiblesse face à ta situation.
Bien. À présent il fallait sortir en priant pour ne croiser personne. Tu étais sortie de la chambre, te retrouvant sur des jardins immenses. Quelqu'un semblait t'attendre puisqu'il détourna aussitôt la tête dans ta direction.

Il avait un corps PARFAIT. C'est la première chose qui te sauta au yeux. Un corps d'athlète ! Comme les autres dieux probablement, mais.. Mais il dégageait une beauté propre à lui. Vraiment. Il rayonnait. Un véritable apollon.

Esmee ? Tu ne fais vraiment aucun effort ou alors n'as-tu aucun bon sens ?

- Bonjour Esmee, fit-il d'une voix des plus harmonieuses.

Tu connaissais sa voix. Il avait parlé lorsque tous les dieux étaient à leurs tables, lorsque tu étais seule.
Cette pensée te crispa, il était l'un d'eux. Bien sûr, comment aurait-il pû en être autrement ? Il était bien trop parfait pour être autre chose qu'un Dieu.

- Hm. Bonjour.. ?

- Oh ! C'est vrai. Je suis Apollon, tu dois avoir entendu parler de moi.

Ah. Tout s'expliquait.

- Euh.. Oui. Vous ne seriez pas le dieu de la beauté ?

Il semblait vexé. Pourquoi au juste ? Tu aurais bien aimé qu'on t'appelle déesse de la beauté toi. Les Dieux avaient un sérieux problème.

- Les humains ne retiennent que ça de moi. Mais je suis aussi le Dieu des Arts, du chant, de la musique, de la poésie et de la lumière.

Oh. Quelle grave erreur tu avais faites. Tu levas les yeux au ciel, c'était décidément le dernier de tes soucis.

- La mythologie Grecque ne m'a jamais vraiment intéressée, désolée.

Oh. Esmee. Sois polie, ce pauvre dieu semble choqué de ton ignorance. Il faut dire les choses comme elles sont, tu ne connais pas grand chose d'eux et tu ne comptes pas apprendre à les connaître de sitôt.

- Hm. Laisse moi te faire découvrir les jardins dans ce cas. Tous les autres dieux sont pressés de te rencontrer en personne, ce n'est pas tous les jours qu'une humaine peut se balader sur l'Olympe.

- Il y en a déjà eu ?

- Quelques fois.

- Que sont-elles devenues ?

- Elles sont mortes.

Oh. Et toi tu revenais de la mort. Tu fais les choses à l'envers Esmee. Toujours.

- Tu as bien dormi ?

- Pas vraiment.

- Pourquoi donc ?

Était-il bête ? Avec tout ce que tu avais dû encaisser tu ne pouvais pas aller bien. Ton rêve n'y était pas pour rien non plus, mais tu savais que tu ne devais pas en parler. Un simple pressentiment.

- Je suppose que j'ai eu beaucoup d'informations à digérer.

Il sembla surpris. Les Dieux ne paraissaient pas avoir la même conception des choses que toi.

- Je n'avais pas vu les choses sous cet angle.. tu sais, l'éternité apporte une expérience différente des choses.

- Un manque d'humanité peut-être ?

- Surveille tes mots humaine. Et ne va pas dire de telles choses devant les autres, tu ne ferais pas long feu. Je veux bien essayer de comprendre ton état mais n'oublie pas que tu es une simple humaine et que tu es entourée de dieux. Nos rangs sont différents.

Tu es clairement refroidie. Tu sais qu'aucun d'entre eux ne te tuerait, mais.. Il existait des choses bien plus douloureuses que la mort en elle-même. Tu en avais eu un aperçu durant ton sommeil.

- J'ai du mal à croire cela réel, Apollon. Je peux vous appeler Apollon ?

- Bien sûr Esmee.

Il te jeta un regard qui te semblait sincère. Mais pouvais-tu vraiment te permettre de faire confiance, ne serait-ce qu'un peu, à un dieu ? Probablement pas.

- Que veulent-ils de moi ? Les autres je veux dire.

Il sembla chercher ses mots, comme s'il ne voulait pas provoquer une crise.

- De la distraction. L'éternité est longue et parfois ennuyante.

- Je ne suis pas un jouet !

- Mais tu es morte Esmee. Enfin tu l'étais, grâce à Zeus ce n'est plus le cas, ce que tu veux importe peu.

- Grâce à lui ? J'aurai préféré mourir si..

- Si tu savais que tu ne reverrais pas l'homme que tu aimes ? Tu as fait un choix sans demander les contraintes qu'il imposait. Tu es la seule fautive petite humaine.

Il avait raison. Et tu ne pouvais pas le nier.

- Êtes-vous là pour jouer avec moi Apollon ?

- Non.

- Vous me le promettez ?

- Non. Un sourire malicieux se dessina sur sa bouche. Cette bouche beaucoup trop parfaite. Je ne veux pas faire de promesses que je ne pourrais pas tenir, mais pour l'instant je n'en ai aucune envie. Cependant mes jeux sont bien moins durs que ceux des autres dieux, tu n'as aucune raison de te méfier de moi.

- Alors de qui dois-je me méfier ?

- Tu le découvriras par toi-même. Fais seulement attention à Zeus, il a une fâcheuse tendance à préfèrer les humaines à sa propre femme.

Tu espérais qu'il blague.
Tu espérais tellement.
L'espoir c'est tellement humain.
Cesse d'ésperer Esmee.
Cesse d'être purement humaine.
L'humanité que tu portes attire tant de convoitises.

Tu commençais tout juste à te détendre avec Apollon, parlant de tout et de rien, quand trois autres regards se posèrent sur vous, dont un que tu ne pouvais identifier.
Il y avait Hadès, qui semblait fort ennuyé. Tu détournas aussitôt tes yeux de lui, la perspective de retourner aux Enfers avec lui dans quelques jours ne te plaisait pas.
Mais personne ne t'as demandé ce que tu aimerais Esmee, tu es au courant ?
Puis Arès, avec cet air constant de supériorité.
Arès qui s'était fait un malin plaisir à t'exposer les vérités les plus blessantes. Arès était bel homme cela dit. Brun, le regard ambré, grand et bien fait, athlétique, guerrier. Tous les dieux étaient-ils aussi beaux ? Ils te repoussaient pourtant plus qu'il ne t'attiraient sans que tu ne comprennes pourquoi.
Et une troisième personne, un homme à la chevelure blanche, un sourire malicieux collé aux lèvres.
Comme s'il te connaissait. Tu ne te souvenais pas l'avoir vu attablé.

Il était attractif.

Presque autant qu'Hadès la première fois que tu avais croisé son regard.
Enfin, ça c'était avant qu'il ne te repousse au sol comme un chien.
Un frisson te parcourut l'échine, réaction qui n'échappa pas à chacun des dieux présents.
Encore moins à celui dont la chevelure était aussi blanche que neige. Pourquoi s'approchait-il aussi près de toi ? Ta raison te dicta de faire un pas en arrière. Bam-BAM-BAM, ton coeur ne cesse de manquer des battements. Peur, c'est la peur.

Stop.
Esmee, arrête tout ça. Ce n'est pas pour toi.
Tu n'es qu'une pauvre petite chose perdue. Tu ne mérites pas ces tourments.
L'enfer serait plus doux. Le paradis est une part de l'enfer tu sais ?

Tu aurais dû t'y trouver.

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