Chapitre II
《 They say you die twice. One time when you stop breathing and a second time, a bit later on, when somebody says your name for the last time. 》
Le temps commençait à te paraître long. Le chemin ne pouvait pas être sans fin, non ? Non bien sûr que non. Plus tu marchais, plus tu avais la sensation d'être suivie, observée, épiée. Pourtant il n'y avait personne, mais cette impression était dérangeante. On t'observait comme un animal en cage. Tu n'étais pas une chose bon sang ! Caleb.. Oh si seulement Caleb était là. Il te manquait, et chaque pas que tu faisais te brisait un peu plus le coeur.
Des pas se firent entendre pour la première fois. L'espoir te fit t'exclamer brusquement :
- Caleb ?!
Non Esmee. Non. Pourquoi ton coeur se tourmente-t-il ? Pourquoi penses-tu à lui avant même de penser à toi ? N'espère pas qu'il vienne te chercher, il ne viendra pas.
Ce n'était pas Caleb. L'homme qui te bloqua la route n'était pas Caleb. Il en était même son opposé. La déception se fit lire dans tes yeux, et ton âme ne s'accrochait qu'à un seul désir : retrouver celui que tu aimes.
Les limbes pouvaient avoir un drôle d'effet sur les humains.
Alors tu contournas cet homme, les yeux rivés au sol, pour continuer ton chemin.
Mais il en avait décidé autrement. Ton chemin s'arrêterait ici. Une main froide et dure se posa sur ton épaule, te rammenant brusquement à la raison. Pourquoi errais-tu au juste ?
Tu te retournas vers la personne en question, levant un regard surpris sur lui. Qui était-il ?
L'Homme était grand. Et brun. Tu fixais son visage sans pouvoir t'en détacher, quelque chose n'était pas normal. Ses yeux. Son regard était bien trop beau pour que celui-ci soit humain. Il s'agissait d'un vert constellé de doré, et plus tu le fixais, plus ses yeux prenaient une teinte dorée. Une teinte d'énervement. De colère.
Hadès.
Il s'était approché de l'humaine, cette pauvre âme qui s'était perdue dans les méandres de sa création, son chaos. Sa chevelure était aussi éclatante que les flammes d'un brasier, mais son regard était terne, il avait prit une teinte grisâtre et était recouvert d'un voile, signe qu'elle errait depuis bien trop longtemps ici.
Elle l'avait ignoré, le dépassant comme si elle ne l'avait vu. Cela agaçant fortement le Dieu. Il n'avait pas de temps à perdre avec cette gamine. Alors il décida de la rammener à la réalité, lui octroyant une pression sur son épaule.
Elle sembla tout à coup bien plus vivante.
Bien trop vivante. Comment osait-elle te regarder droit dans les yeux ? Une âme aussi misérable que celle d'un humain ne méritait pas de le défier ainsi. Ils n'avaient pas le même rang. Mais elle l'ignorait, et il le savait.
- Qui êtes-vous ? Demanda Esmee.
Un sourire se dessina sur les lèvres du Roi, un sourire moqueur et malsain. Il n'était pas souverain des Enfers pour sa gentillesse et il lui ferait comprendre bien assez vite. Mais avant tout.. il devait la rammener à l'Olympe où les autres dieux s'amuseraient à la tourmenter.
Sans lui répondre, ils disparurent tout deux dans un nuage de fumée noire.
L'arrivée fût des plus désagréables, alors même qu'il venaît d'apparaître sur l'Olympe, devant l'assemblée de Dieux, l'humaine voulu vomir. Sur lui. Sans résultat cependant, elle était morte après tout. Qu'aurait-elle pu vomir ? Heureusement, il n'aurait pas vraiment apprécié avoir du vomi sur sa tenue..
Elle toussait, et son corps se fit plus lourd dans les bras du Souverain. Hadès la repoussa sans ménagement loin de lui. Elle tomba sur ses genoux avant de se relever, perdue.
Esmee. Tu es perdue ? Bien sûr que tu l'es, tu ne comprend pas comment il a fait ça. Alors que tu te retournais vers l'homme tu compris enfin que vous n'étiez pas seuls. Ils vous regardaient. Non. Ils te regardaient toi. Seulement toi. Et chacun de ces regards étaient plus perturbants les uns que les autres. Comme celui de.. qui étaient-ils tous ? Tu te sentais mal.
Petite.
Faible.
Inférieure.
Tu étais regardée avec curiosité, et si certains regards étaient bienveillants, d'autres paraissaient simplement froids, moqueurs, dégoûtés.
Et ces tenues ? Bon dieu.. Tu avais l'impression d'avoir en face de toi une vraie pièce de théâtre.
Ne sachant pas où te mettre tu te raclas la gorge, mal à l'aise.
Esmee. Petit oiseau en cage. Tu aurais dû accepter ta mort quand il en était encore temps.
Un homme s'avança vers vous, il dégageait une autorité si forte, si forte que tu fus obligé de détourner le regard.
- Hadès, salua respectueusement l'homme.
- Zeus. Répondit simplement l'autre.
Hein ? Hadès ? Zeus ? Qu'est-ce qu'ils racontaient ? C'était des noms de... dieux ? Oui. Bon sang.. Esmee, tu n'es pas aussi stupide que ça, si ? Réalise enfin !
- Je.. Où suis-je ? Ta voix n'était plus qu'un murmure qui menaçait de s'éteindre.
- Sur l'Olympe, petite humaine. Fit le dénommé Zeus avec une certaine douceur.
L'Olympe, ça n'existait que dans les mythes. Pourtant tu étais forcé de douter. Aucun d'entre eux ne te paraissait humain, aucun. Toi qui n'avait jamais cru à ces histoires d'aura, de surnaturel, voilà que tu te retrouvais en plein dedans. Tu connaissais un peu la mythologie grecque, par simple culture générale, mais de là.. à penser que tout ça existait..
- Zeus, Hadès, clama une voix féminine, froide, venez donc vous asseoir.
Ils te passèrent à côté, t'ignorant totalement alors que tu restais au milieu.
Seule.
Seule au milieu des loups. Avec la désagréable impression que ces personnes pouvaient se servir de toi comme bon leur semblait.
- Sais-tu pourquoi tu es là, jeune fille ?
Une voix venant de la droite. Les différentes personnes étaient assises à des tables, qui formaient un U autour de toi. C'était un homme qui avait parlé, mais sa voix était douce, agréable.
Eh ? Esmee ? Il faudrait lui répondre maintenant.
- Euh.. Non. Tu marques un temps d'arrêt. Je.. Je cherchais Caleb. Mon copain. On était en voiture et.. Il allait vite, je lui ai demandé de ralentir et.. Quand je me suis réveillée j'étais perdue alors je me suis dit qu'il fallait que je le retrouve.
- Sais-tu cela fait combien de temps que tu erres dans les limbes ? Renchérit une autre.
- Les quoi ? Fis-tu, ignorant si tu avais bien entendu.
- Les limbes, fit Hadès d'une voix froide.
Tu ne fis pas un bruit, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Les limbes ? Mais cela faisait parti des Enfers ? Alors tu étais..
- Morte. Oui, c'est bien le cas. Lâcha un dieu d'une voix lasse.
- Arès ! Tu pourrais être plus délicat ! Tu vois bien qu'elle ne sait pas ce qui lui arrive !
- Tu as toujours été trop douce Aphrodite. Railla Arès.
- Ça suffit, fit Zeus. Comment t'appelles-tu ?
On s'adressait à toi ? Tu fis mine de regarder autour de toi pour être sûre. On ne savait jamais.
C'est que tu avais du mal à accepter ta situation.
- Esmee.
Il y eut un petit silence autour des tables. Puis tu repris, demandant d'une voix faible :
- Je suis vraiment morte ?
Le Roi des Enfers soupira, visiblement agacé par autant de stupidité.
- Oui. Souffla un homme à la peau hâlée et aux yeux aussi bleus que l'était la plus pure des eaux. Vous avez eu un accident toi et.. ce Caleb. Mais de toute évidence tu n'y as pas survécu contrairement à lui. Ton âme était aux Enfers mais tu continuais à t'accrocher à ta vie perdue..
- Caleb est en vie ?
C'était si soudain. Tu te sens comment Esmee ? À la fois si soulagée et si triste. Tu sais au fond de toi que tu ne le reverras jamais. Et cette pensée te fait monter les larmes aux yeux.
- Oui. Continua Zeus. Tu es ici parce que ta lutte pour le retrouver nous a amusé. Tiens-tu tellement à la vie jeune Esmee ?
- Oui !
- Pourquoi ? Demanda une déesse aux côté de Zeus.
- Caleb. Il est tout mon monde, je ne peux pas l'abandonner ! Il va se sentir si seul.. Et je refuse qu'il porte ma mort sur la conscience.. Il n'a rien fait de mal.
Ce fût à Arès de prendre la parole.
- Tu tiens à la personne qui a causé ta mort ? Es-tu stupide ? Rien ne serait arrivé s'il avait fait attention, humaine, et tu le sais.
Oui tu le savais. Pourtant tu ne pouvais pas lui en vouloir.
- Je l'aime.
Un court silence s'installa sur l'Olympe avant qu'Hadès ne s'impose.
- Tu ne le reverras pas. Tu es morte. Tu appartiens aux Enfers, et par conséquent tu es à moi. Oublie ton amour petite chose, bientôt ton âme appartiendra éternellement à mon monde.
Aie. Tu as mal. Ses mots sont durs et te rappelle ta situation des plus excentriques.
- Allons, déclara Zeus, un fin sourire aux lèvres qui laissait à penser qu'il avait une idée derrière la tête. Je pense que nous pouvons récompenser son acharnement non ? Elle t'appartient Hadès, je ne te contredirais pas, mais tu nous as laissé une semaine.
- Zeus ! Cria le concerné. Il en est hors de question !
- Une semaine Hadès, tu nous à laissé une semaine, répéta-t-il, et ma première décision sera de lui rendre la vie. Jeune Esmee, tu vas retrouver tout ce qui faisait de toi une vivante. Il n'y a qu'une seule règle à accepter..
L'espoir te faisait trépigner d'impatience. Caleb ! Tu allais pouvoir le revoir ! Même si ce n'était qu'une semaine ! Du moins.. C'est ce que tu pensais.
- J'accepte, peu importe les règles, j'accepte !
Zeus eut un simple sourire en quoi alors que le regard d'Hadès avait prit une teinte d'or, et semblait bouillir de rage. Un simple claquement de doigt de la part du roi des Dieux et.. Quelque chose se passa. En toi.
Tu te sentais vivante. Pour de vrai.
Tu te sentais complète.
Et ton coeur, tu ne t'en étais pas rendue compte auparavant, mais il s'était remis à battre dans ta poitrine.
Tu es bien la seule ici à pouvoir se vanter d'avoir un coeur qui bat.
- Esmee, fit la voix amusée de Zeus.
- Oui ? Oh ! Merci, merci ! Je vous promet d'en faire bon usage.
Des rires fusèrent des tablées avant que Zeus ne se lève.
- Il n'y a qu'une seule et unique règle Esmee. Tu ne peux pas redescendre sur Terre.
Il continuait à parler, mais tu avais cessé de l'écouter au moment même où il avait annoncé que tu ne reverrais jamais Caleb.
Alors Esmee ? Tu t'étais faites avoir, non ? Déjà que tu avais décidé de les croire, voilà qu'ils brisaient tout tes espoirs.
Pauvre petite chose.
Tu deviendrais un jouet Esmee, l'ennui des dieux devaient bien finir par s'abattre sur une personne.
Cette personne c'était toi.
Et tu te rendrais vite compte que côtoyer des dieux n'avait rien de plaisant.
Ils allaient jouer.
À t'en déchirer l'âme et le coeur.
Tu comprendras Esmee, tu comprendras bientôt que la mort était préfèrable à une vie d'objet, aussi brève soit-elle.
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