Chapitre I

Let it hurt. Until it can't hurt anymore


Cela faisait deux heures que tu marchais dans ce brouillard. Sans jamais te retourner. Pourtant tu avais l'impression d'avoir passé une éternité ici. Ton coeur lui, est rongé par la peur, et tu ne peux rien faire pour l'apaiser. Caleb n'était nulle part et tu refusais de l'abandonner, il devait bien se trouver quelque part. Il n'avait pas pû se volatiliser. Tu remarquais bien pourtant que le sol où tu marchais n'avait rien à voir avec la route, que durant tout ce temps passé tu aurais dû croiser quelqu'un, quelque chose.

Mais il ne se passait rien.
Et tu ne voulais pas abandonner Caleb.
Esmee ? Tu avances sans savoir que c'est lui qui t'as délaissée dans la mort. Tu es seule, et il ne sera pas là pour t'accompagner. Caleb vivra. Il s'en sortira. Et toi tu mourras. Tu l'es déjà d'ailleurs. Il te faut juste le comprendre.

C'était assez perturbant pour toi d'avancer à travers cette brume. Cet endroit où nulle âme ne vivait. À part la tienne. Ton âme devait être sacrément attachée à ce qui l'a reliait sur terre pour te rendre aussi stupide.

Ton âme.
Elle finira par se briser. Le moment où tu comprendras ce qu'il t'arrive, elle s'envolera, ne laissant derrière elle que de douloureux souvenirs.

Alors pourquoi continues-tu sans jamais cesser ?

C'est un trait de caractère que tu ne perdras jamais Esmee. L'acharnement. Partout. Tout le temps. Lâcher prise te ferait du bien, non ? Une petite voix te chuchote à l'oreille que tu n'es plus rien sans Caleb, et elle a raison. Tu ne contrôles ni ta raison ni ton désir de revoir celui que tu aimes.
Alors tu continues à marcher, le coeur en peine et en ne sachant pas où tu te rends.
Tu sais juste que tes sens sont allourdis et que tu ne perçois que le bruit de tes pas contre le sol. Le reste importe peu.

Deux jours.

Deux jours sont passés bien que tu ne t'en rendes pas compte. Et la fatigue n'a aucun effet sur toi. Normal étant donné que tu es morte, et à ce stade là c'est plus qu'évident. Ton esprit continue de se fermer et refuse cette dure réalité. Esmee.. Esmee tu es bien trop perturbée par cette situation étrange dans laquelle tu es. Le seul petit problème c'est que cela ne perturbe pas que toi petite Esmee.

L'équilibre des Enfers n'était pas au meilleur.
Chaque âme avait sa place et jamais, ô grand jamais il n'était arrivé qu'une âme ne s'égarre plus d'une journée entière dans les limbes, ces âmes-là avaient toujours été récupérées au bon moment.
Sauf que la gérance des Enfers était au plus mal. Oh ça oui. Il y avait eu d'autres soucis à régler que ta petite personne. Mais certaines personnes sentaient que l'équilibre était perturbé.
Encore plus celle qui régnait sur les enfers.
Et cette situation devait être reglée au plus vite.

Hadès.

Hadès était mécontent. Furieux même qu'une stupide âme humaine se permette de déregler l'équilibre qu'il maintenait en place depuis si longtemps. Il détestait les humains. Des êtres capricieux, obnubilés par leurs propres désirs, bien que les siens ne soient jamais resté insatisfaits. Il lui fallait se déplacer de lui même, puisque aucun de ses serviteurs ne se retrouveraient dans les limbes. Pas même ses bras droits. Pas même les autres dieux.
Les limbes étaient nées de lui, il était le créateur des enfers après tout. Et tout se qui s'apparentait ici-bas au chaos était pour lui une organisation précise et efficace.

Pas si efficace que ça puisqu'une âme humaine s'y était perdue, hein ?

Alors même qu'il allait s'en aller ramasser le déchet qui perturbait sa journée, il fut coupé dans son élan par la présence d'un autre Dieu.
Hermés. Le dieu messager.

- Hermés. Salua froidement Hadès.

- Hadès, répondit l'autre dieu. Je te dérange ?

Hermés avait le physique d'un jeune homme tout à fait charmant, beau, beau comme un dieu après tout. Il avait son aura bien à lui, et de ses yeux se dégageaient une aura malicieuse qui n'appartenait qu'à lui.

- Oui. Mais je me doute bien que tu ne serais pas descendu de ton Olympe adorée pour les Enfers sans avoir un message à me transmettre.

- Tu doutes bien. Zeus et les autres dieux se sont mis d'accord sur une petite chose, une demande commune.

- Ne me fais pas perdre mon temps Hermés, railla le Roi des Enfers, un petit rictus sur le visage.

- Il se pourrait que cette chose t'agace Hadès.

Le dénommé fût soudain plus curieux. Qu'avaient bien pû dire les autres dieux pour redouter sa colère ? Hermés reprit, mettant cependant un peu de distance entre lui et le souverain. Un excès de colère était toujours à prévoir de sa part, ses réactions étaient si imprévisibles. La solitude devait le rendre fou, du moins c'est ce que pensait Hermés et les autres Dieux. Pas tous, mais la majorité d'entre eux.

Tandis que la vérité était toute simple. Hadès était colérique. Jaloux. Possessif. Ne laissait personne lui dicter sa conduite, ne se pliant que très rarement aux ordres qu'on lui donnait, à moins que la demande ne vienne de Zeus, pour qui il avait encore un brin de respect. On ne pouvait pas prêter que des défauts au Roi des Enfers, mais il fallait admettre que ces caractéristiques étaient toujours les premières à ressortir.

Peu importe.
Hermès continua sa demande.

- Vois-tu, les autres dieux s'ennuient énormement. Et cette âme.. qui traîne dans les limbes.. Nous le sentons tous, elle perturbe les choses. Ils la veulent.

La mâchoire du souverain s'était contractée. Ils voulaient jouer ? Avec une âme qui s'était perdue ? Cette âme revenait aux Enfers et devait être jugée pour savoir quelle était sa place. Il allait contre ses propres règles s'il l'a faisait sortir d'ici.

Il en était hors de question.

- Non. Les âmes des morts ne ressortent pas d'ici.

- Allons, Hadès ! Tu dois le sentir toi aussi ! Et c'est la première fois qu'ils te font une telle demande. Une âme sur des milliards, ne peux-tu pas y réfléchir ?

Pragmatique, le souverain fit mine de réfléchir un instant. À vrai dire.. lui aussi s'ennuyait. Mais l'idée de sortir une âme humaine le répugnait, il l'avait déjà fait auparavant pourtant, mais ces moments de faiblesse étaient révolus.
Il soupira.
Cela lui donnerait l'occasion d'aller sur l'Olympe et de voir certains de ses congenères.
Cependant, le Dieu ne pouvait pas se montrer aussi clément, aussi imposait-il ses propres conditions.

- Bien. J'irais la chercher et je la ramménerais là-haut. Cela dit, Hermés..

- Oui ? Demanda ce dernier, un sourire satisfait aux lèvres.

- Elle me reviendra dans une semaine. Son âme n'appartient qu'à moi. À moi seul. Et sa place est ici.  Fais passer le message aux autres, une semaine est bien suffisant pour vos petits jeux malsains.

- Bien, et il disparut aussi vite qu'il était apparu.

Maintenant.. il ne lui restait plus qu'à mettre la main sur cette humaine.

Esmee ? Tu entends ? On parle de toi.
N'es-tu pas fatiguée de marcher contre ton destin ?
Tu as encore une chance Esmee.
Encore dix petites secondes pour accepter la mort.

Dix secondes et ta vie basculera de nouveau.

Pourquoi ne réalises-tu donc pas que cette vie sera plus douloureuse que la précedente ?

Il est trop tard à présent.
Esmee. À trop t'accrocher à la vie tu viens de t'en brûler les ailes.

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