Chapitre 7 : Vers un autre monde.
Naëlys :
Voilà une hebdo que Naëlys est victime de visions. Dix jours entiers qu'elle voit continuellement sa vue se brouiller, envahie par des flashs laissant entrevoir, l'espace d'une demi seconde, ce qui semble être un passage.
Elle est persuadée que c'est le portail dont la voix parle. Cette voix qui elle aussi s'incruste dans son esprit intempestivement. Pourtant elle avait déjà emprunté des portails. Que ce soit la porte domainiale du Rocher Argenté, menant directement au carrefour Ilirien, ou un portail interplanétaire avec sa mère pour passer une journée dans les sources chaudes Zoresiennes.
Mais des passages comme celui-là, aussi irréel, vibrant au rythme du flux, tellement chimérique qu'il semblait intangible, jamais elle n'en avait vu de pareil.
Aussi quand, après ces dix jours consécutifs à être harcelée par cette voix et ces visions, elle décida de se laisser porter par son instinct, elle ferma la porte de la maison, sac sur le dos, en saluant sa mère.
Mais Naëlys n'avait pas dit à Salyana où elle allait. Elle avait préféré lui mentir, lui disant qu'elle rejoignait une amie de l'école qu'elle avait perdu de vue mais qu'elle avait croisée à la fête de l'alignement. Elle s'en voulait de lui cacher la vérité, mais comment dire à sa mère que sa fille avait des visions de portail inconnu et qu'elle entendait des voix sans être prise pour une folle. Finalement la curiosité avait pris le dessus et la jeune fille s'était laissée embarquée.
— Le portail Naëlys, rejoins le portail, murmura à nouveau cette voix dans sa tête.
— J'y vais j'y vais ça va, marmonna la jeune fille à voix haute alors qu'elle s'engageait vers le courant d'air qui devait la conduire à la porte domainiale.
Quand elle tourna la tête elle vit que sa vieille voisine l'observait bizarrement alors qu'elle arrosait ses plantes devant sa petite maison.
— Bonjour Lydzi comment tu vas ? dit-elle d'un ton gêné à la vieille femme qui la salua d'un sourire.
Naëlys ne demanda pas son reste et s'engagea prestement dans le courant d'air avec une seule destination en tête : la porte domainiale du Rocher Argenté, et il valait mieux qu'elle ne pense à rien d'autre au risque d'atterrir à l'autre bout du domaine, surtout si le flux est d'humeur taquine en ce premier jour de Delta.
A l'approche de sa destination la jeune fille se prépara à quitter le chemin des vents pour prendre celui de la terre. Elle sortit du flux tourbillonnant et atterrit à pieds joints sur le sol. Elle époussetât son pantalon et vérifia que ses cheveux étaient bien attachés. Quand on habite une planète réputée pour ses vents violents on a tendance à vivre avec des cheveux bien accrochés.
La porte domainiale du Rocher argenté se trouvait un peu plus en altitude du domaine, elle avait son propre bloc de pierre en lévitation dans le vide d'Iliria. Certains pensaient que c'était pour être au plus proche du flux et ainsi avoir un meilleur voyage.
Naëlys s'avança sur l'allée qui menait vers la petite grotte qui devait déjà être là à la naissance de la planète. A l'entrée de celle-ci se trouvait deux hommes chargés de surveiller le passage, tout de blanc vêtu, dans l'uniforme de travail des gardes Iliriens. Tout en marchant la jeune fille fouilla dans son petit sac en toi son attestation de majorité qu'elle avait reçu le jour de ses dix-sept ans.
— Bonjour jeune fille, attestation s'il vous plait, demanda le plus grand des deux hommes.
— Bonjour, dit Naëlys dans l'espoir de paraitre sûre d'elle tout en tendant son petit bout de parchemin.
— Et vous allez où ? demanda le second d'une voix nasillarde.
— Je dois rendre visite à mes cousins sur Dalunima, les naissances vous savez, répondit la jeune fille en tentant un petit rire.
— Oh ne m'en parlez pas, à croire que l'alignement à augmenté la fertilité des femmes, lança-t-il en faisant rire son collègue.
Naëlys se joignît à eux un peu gênée avant qu'il ne la laisse enfin passer. Elle s'engouffra dans la grotte faiblement éclairée par des torches aux flammes vacillantes. Le plafond était si haut qu'il se perdait dans l'obscurité, chacun de ses pas se répercutait sur les parois de la caverne. Un bourdonnement emplissait l'air, elle passa un couloir étroit qui débouchait dans une plus petite cavité, devant elle se tenait la porte domainiale creusée à même la paroi rocheuse.
Elle formait une arche de pierre dont le centre vibrait et tournoyait d'une couleur pareille à celle du flux. On pourrait dire que la porte est faite d'un fluide violet qui ondulait au gré des battements fluxiels.
Naëlys s'engouffra dans la porte après une grande inspiration. Le voyage fluxiel elle n'avait jamais aimé ça, trop rapide, trop mouvementé, trop dérangeant. Elle se sentit ballotée de toutes part alors que son corps était envoyé au carrefour Ilirien. Elle fut recrachée de l'autre côté du portail et perdit l'équilibre.
Naëlys s'effondra au sol, préparée à l'impact, mais fût surprise par le moelleux de la roche. Quand elle se releva elle baissa les yeux et remarqua le tapis rembourré qui avait était installé au centre de la pièce, au croisement des portes domainiales.
— Et bien ils ont enfin investi dans un tapis pour la réception, marmonna la jeune fille en époussetant son pantalon.
— A force de voir les gens se ratatiner au sol on s'est dit que ça valait mieux, résonna la voix d'un homme adossé à un mur de la grande pièce circulaire.
— Ah, bonjour, dit Naëlys d'une petite voix.
— Bonjour, où vous rendez vous ? demanda-t-il d'un air fatigué.
La concernée semblait un peu perdue, elle regardait autour d'elle à la recherche de la fameuse porte qu'il l'appelait voilà plusieurs jours. Le garde se racla la gorge et Naëlys se tourna vers lui.
— Dalunima, je dois rendre visite à de la famille, dit-elle rapidement.
— Le carrefour Ilirien est dans la caverne à côté, prenez le couloir par-là, indiqua-t-il d'un vague mouvement de la main.
Naëlys n'attendit pas plus longtemps et passa le couloir qui ressemblait presque parfaitement à celui du Rocher Argenté.
— Rejoins le portail Naëlys, le portail, le portail, chuchotait la voix de plus en plus fort.
Par chance le carrefour Ilirien était complètement vide, seuls les cinq portails ronronnaient à distance égale les uns des autres, un pentagone parfait dont les coins bourdonnaient dans la grotte de pierre dont le centre était habillé du même tapis que la précédente.
— Le portail, portail, portail, répétait la voix en boucle.
Naëlys avait beau regarder autour d'elle, les seuls portails qu'elle voyait était ceux des cinq planètes de la galaxie, dont un condamné dont la lumière n'a jamais brillé selon ses livres d'histoire. Elle ne s'attarda pas sur ce dernier et tournait sur elle-même sans rien y comprendre. Soudain elle baissa les yeux sur le tapis, une idée en tête. Elle en souleva le coin, puis finit par le replier en entier.
Elle se redressa et observa le portail devant elle, il était là comme dans ses visions, vibrant, irréel. Un cercle parfait à même le sol qui semblait vouloir l'avaler tout entière.
— Naëlys... murmura l'ouverture frémissante.
Et, avant que le doute ne commence à l'envahir, Naëlys avança un pied au-dessus du portail, puis se laissant glisser dedans. Ce dernier disparu, ne laissant dans la grotte que le tapis replier maladroitement comme seule preuve du passage de la jeune fille.
Lézio :
Lézio ferma un énième livre après n'avoir toujours trouvé aucune réponse. Rien n'évoquait un quelconque portail secret menant vers on ne sait quel endroit secret avec des pouvoirs tout aussi secrets.
Non seulement il ne trouvait rien sur le phénomène qui l'avait frappé le jour de l'alignement, mais maintenant il ne trouvait rien non plus sur ce foutu portail qui occupait ses pensées toute la journée et ses rêves toute la nuit.
— Lézio ? une voix féminine s'éleva depuis l'entrée de la bibliothèque.
— Ici Yaïna, appela le jeune homme depuis le quatrième étage.
Des pas se firent entendre, de plus en plus proches, puis une tête au cheveux bleus apparu à travers l'étagère de la bibliothèque.
— Te voilà enfin ! Ça fait dix jours que je t'ai pas vu, et que les anciens m'emportent si tu me dis que tu avais mieux à faire que de prévenir ta meilleure et unique amie que tu comptais disparaître une hebdo entière ! pesta la jeune fille en contournant l'étagère remplie de livres.
— Ma meilleure amie ne m'aurait pas pris pour un malade, marmonna Lézio.
Yaïna se pencha en avant pour ramasser un livre plein de poussière, elle souffla sur la couverture et lu le titre inscrit en lettres dorées.
— Histoire et secrets des portails Néméléens, on a un travail à rendre sur les portails de Némélya ? Attends une seconde comment tu pourrais savoir ce qu'on a à rendre comme travail vu que tu n'es pas venu une fois en cours cette hebdo.
Lézio lui arracha le livre des mains et le remis à sa place avec un regard noir.
— J'avais mieux à faire et si tu m'avais écouté tu l'aurais su, siffla le jeune homme.
— Bon d'accord maintenant que je suis là explique moi promis je ne rigolerai pas cette fois, dit la jeune fille en s'asseyant en tailleur à côté de lui.
Il dévisagea Yaïna un instant puis finit par s'installer dans son gros pouf en fibres végétales d'aagomnilles. Il raconta à son amie les visions qui avaient d'abord commencé à peupler ses rêves les il y avait de ça dix jours pour rapidement envahir son esprit la journée au point qu'il en avait eu des absences comme hier alors qu'il prenait une bulle pour rentrer chez lui, il en avait raté son arrêt et avait dû faire demi-tour.
Puis Lézio se mit à lui décrire ce fameux portail, alors que les portes domainiales se présentaient sous forme d'arche de sable et de pierre dans se grandes grottes sous-marines à travers les domaines, celui-ci n'était qu'une brèche d'air vacillante et brillante qui ondulait à quelques centimètres du sol, parfois emplit de reflets bleutés.
— Donc si je récapitule, le jour de l'alignement tu as ressenti un truc bizarre que tu ne saurais expliquer entre le flux et toi, et depuis tu rêves d'un portail magique de jour comme de nuit, et en plus ce fameux portail te chuchote dans ta petite tête de le rejoindre, résuma Yaïna alors que Lézio acquiesça.
La jeune fille soupira longuement en fermant les yeux, serrant ses paupières comme si la pression exercée allait soudainement en faire sortir une réponse.
— Et bien ça me paraît clair, reprit Yaïna, on va devoir rejoindre le carrefour Zoresien et chercher ce fichu portail.
— On ? l'interrogea Lézio en fronçant les sourcils.
— Oui « on » espèce de Sponge, je vais pas te laisser suivre tout seul un portail louche que toi seul entends dans ta tête.
Lézio haussa les épaules en se disant qu'elle n'avait sûrement pas tort après tout. Si ça se trouve il devenait simplement fou, comme son papy Elizio dont il tenait son nom, ce dernier prétendait que l'apocalypse allait bientôt arriver et qu'il fallait se protéger. Un vieux très gentil est sain d'esprit quand il ne parlait pas de fin du monde.
— Ok mais qui te dit que ce portail est au carrefour planétaire ? Demanda Lézio en se levant de son pouf, entreprenant de ramasser tous ses livres.
— Il faut bien commencer quelque part, répondit son amie en haussant les épaule, lui prêtant main forte au rassemblement des ouvrages.
Lézio empila plusieurs livres puis se concentra un instant sur l'air qui l'entourait, les yeux à demi fermés il fit appel au flux qui souleva les bouquins avec volupté avant de les embarquer un par un vers leur place respective. Yaïna, qui replaçait chaque livre à la main, soupira d'indignation.
— La facilité avec laquelle tu manipule le flux me déconcertera toujours.
— Le jour où tu comprendras que c'est de la collaboration et non de la manipulation tu auras fait un grand pas, la corrigea-t-il.
— Quand ils arrêteront d'appeler ça « cours de manipulation fluxielle » peut-être que je serai d'accord avec toi.
— Il faut parfois apprendre à penser par soi-même Na', rétorqua le jeune homme en envoyant une dernière pile de livres.
Yaïna marmonna des mots incompréhensibles avant de redescendre les étages de la bibliothèque sous les rires de Lézio qui la suivait de près.
Ils attendirent qu'une bulle se forme sur la plateforme devant l'entrée du bâtiment sous-marin pour montèrent dedans. Leur embarcation traversa le champ de force qui empêchait la bibliothèque d'être submergée par les eaux et s'engagea dans les courants Zorésiens direction la porte domainiale de la source d'Aurore.
La bulle fendait l'eau puis entra dans une petite grotte sous-marine avant d'éclater, libérant ses deux passagers.
— Bonjour les jeunes, vos papiers s'il vous plait, demanda directement un homme en tenue intégralement bleue des gardes de Zores.
Les deux jeunes gens sortirent leurs attestations de majorité pour lui présenter puis s'engagèrent dans le couloir que gardait l'homme.
Il débouchait sur une petite caverne qu'on pensait plus grande de l'extérieur. En son centre se tenait la porte domainiale de la Source d'Aurore, une arche de sable et de grès renfermant le pouvoir du flux vibrant de violet et de bleu. Yaïna et Lézio la traversèrent un par un sans se poser de questions.
Lézio avait toujours trouvé que le voyage par le flux était une expérience dérangeante. Il avait l'impression que chacune des cellules de son corps se séparaient pour se reformer à l'autre bout de la planète.
Ils arrivèrent sans encombre de l'autre côté, évitant la chute de justesse, arrivant au centre de toutes les portes domainiales de Zores.
— C'est pour aller où ? sonna une voix grinçante de femme juste derrière eux.
Lézio fit volte-face en sursautant, prit par surprise par la petite dame au visage abimé par le temps qui les dévisageait de son regard blasé.
— Iliria, intervînt rapidement Yaïna face à l'absence de réaction de son ami.
— Mmmh, fît la bonne femme en tendant vaguement la main vers un couloir adjacent à la pièce, sans aucune motivation apparente.
Les deux jeunes gens traversèrent le corridor sans plus tarder, ne souhaitant pas importuner plus que nécessaire la gardienne. Les portails interplanétaires se dressèrent devant eux, vibrants du flux qui les habitaient, tous sauf un : celui de Tacromia.
Lézio avait lu beaucoup de choses au sujet des portails, notamment sur les gravures qui les caractérisent la flamme des portails Daluniméens, les vagues de ce de Zores, la feuille de la porte Vulleterienne et le tourbillon de celle d'Iliria. Mais le portail Tacromien était vierge de tout symbole et vide de toute activité fluxielle en son cœur. Jamais les portails de cette planète morte et désertique n'avaient été actifs, mais personne n'avait jamais compris pourquoi ils avaient été créés avec les autres à la naissance de la galaxie Néméléenne.
— Rejoins le portails Lézio... souffla la voix dans sa tête, le sortant de sa contemplation du portail noir formé de piliers secs et craquelés de Tacromia.
Soudain, au centre de la petite caverne, un scintillement vînt troubler l'air, attirant l'œil de Lézio.
— Tu as vu ça ? demanda-t-il à Yaïna qui suivit son regard.
— Quoi donc ? fît la jeune fille, Il n'y a rien par ici.
Lézio s'approcha de miroitement avec prudence, tendant les doigts face à lui.
— Mais qu'est-ce que tu fais encore ? chuchota Yaïna en secouant la tête, faisant voleter ses mèches bleues autour de son visage.
Mais le jeune homme ne l'entendait plus. Il était ailleurs, ses oreilles étaient emplies du bourdonnement de cette faille bleutée qui fendait l'air, s'ouvrant un peu plus à chaque instant sous ses yeux.
— Lézio... souffla l'ouverture qu'il était seul à voir et à entendre.
Et soudain, ses doigts entrèrent en contact avec le nouveau portail, il n'avait jamais vu pareille chose, ni sentit pareil effet, comme si son corps ne pesait plus rien. Le dernier son qu'il entendit avant d'être aspiré par le miroitement fût la voix de Yaïna lui demandant ce qui lui arrivait.
Puis le noir complet.
Maïvell :
Il faisait nuit noire quand Maïvell quitta sa maison, il avait dû attendre que tout le monde soit couché pour enfin quitter sa chambre dans la plus grande des discrétions, abandonnant une note sur son bureau.
« Sorti pour une course, serai là ce soir — M. »
Il se doutait que la découverte de sa chambre vide au petit matin lui vaudrait un sale quart d'heure à son retour mais le jeune homme n'y tenait plus, cela faisait une hebdo entière qu'il jonglait entre vision et hallucinations auditives et il avait besoin d'en avoir le cœur net.
Maïvell n'avait parlé à personne de son expérience lors de la fête de l'alignement, il ne voulait pas être prit pour un fou et attirer les regards, que ce soit sur lui ou sur son frère. Ils n'avaient pas besoin de plus de pitié.
Le jeune homme fût sorti de sa rêverie par le virage que prit sa nacelle avant d'engager sa descente vers le sol. Il quitta le véhicule une fois celui-ci à terre et emprunta le petit chemin qui menait droit vers une enceinte clôturée d'arbres entremêlées dont l'entrée était surveillée par
— Bah alors Maïvell que fais-tu ici à cette heure ? lui demanda le petit homme à la voix forte malgré les apparences.
— Salut Kerich, une course urgente tu connais mon père, répondit vaguement le garçon avec un demi sourire à la lumière de la faible lampe accrochée au-dessus d'eux.
— Ouais, aller file j'te connais pas besoin de recontrôler tes papiers, lui dit l'homme de bonne humeur.
— Ta bonté égale celle des mages originels Kerich, lui assura Maïvell avec une pointe d'humour dans la voix.
— C'est ça n'en abuse pas morveux, le taquina l'homme alors que le garçon disparaissait parmi les arbres.
La porte domainiale de la plaine aérienne est au centre d'une petite clairière bordée d'arbres si serrés les uns aux autres qu'on ne peut voir au travers. Le portail lui est une grande porte arrondie en son sommet, fait de branches et de feuilles dont le centre, emplit du flux, brille dans la pénombre.
Maïvell le traverse sans se poser de question, sentant son corps devenir plus léger qu'il rebondit dans un profond tapis de mousse verte et douce. L'espace d'un instant il hésite à s'enfoncer dedans et ne plus jamais en sortir.
— Rejoins le portail Maïvell... intervient la voix dans sa tête, le faisant changer d'avis.
Il se dégage du coussin confortable dans lequel il aurait pu finir sa nuit et époussète ses vêtements parsemés de bouloches vertes. Le jeune homme se trouve dans une sorte de grotte qui, de ce qu'il savait, était identiques à celle de tous les carrefours planétaires de Némélya, emplie de toutes la portes domainiales de Vulleter.
Nul ne savait où se trouvaient ces carrefours sur leur planète, on ne pouvait si rendre que par une porte domainiale.
Des pas résonnèrent, se dirigeants dans sa direction. Il se tourna vers le couloir menant à la salle du carrefour vulleterien, une femme dans la soixantaine apparut dans la grande pièce circulaire.
— Eh bien jeune homme qu'est-ce qui vous fait voyager à une heure si tardive ? demanda la dame aux longs cheveux blanc tressés en épi.
— Mon père m'envoie pour une course urgente je dois me rendre sur Zores, répondit vaguement le jeune homme.
— Je vois, suivez-moi, lui indiqua la femme et s'engageant dans le couloir de pierres éclairée par des lampes alimentée par le flux.
Sans grande conviction Maïvell suivit son hôte, il aurait aimé qu'elle reste là car il ne savait pas ce qu'il était venu chercher par ici et il ne voulait pas paraître suspect à fouiller le carrefour vulleterien. Il n'attendait plus qu'une chose : un miracle.
En débouchant dans la salle face aux quatre portails planétaires la femme lui indiqua le la porte de Zores, arche arrondie, formée de sable et de grès, et surmontée de trois vaguelettes.
— Voilà mon cher, dit la gardienne des portails.
Le jeune homme la remercia en s'avançant lentement vers le portail, sentant encore la présence de la femme derrière lui, priant les mages originels de lui venir en aide.
Un grondement retentit soudain, venant droit de la salle des portes domainiales, Maïvell était persuadé que cette aide inattendue ne pouvait pas être un hasard.
— Oh mais c'est pas vrai je suis maudite par le flux aujourd'hui, bon mon petit t'es assez grand pour prendre un portail seul je suppose, je vais vérifier ce qu'il se passe, bonne soirée, s'empressa-t-elle de dire avant de s'enfuir au pas de course.
Maïvell poussa un long soupir et tourna un coup sur lui-même, il savait qu'il n'avait plus beaucoup de temps avant que la gardienne ne revienne.
— Le portail, le portail, le portail... la voix se faisait de plus en plus forte.
Il fit le tour de la fosse emplie de mousse prévue pur réceptionner les voyageurs sans savoir pourquoi, seulement il sentait qu'il était proche. Il soupira en se frottant les yeux. Dégageant ses mèches rebelles de son visage. Il fixait le centre de la fosse, distinguant les ondulations de l'air qu'il n'avait pas perçu auparavant.
Avec un élan d'audace Maïvell s'assit au bord de la petite cavité et se glissa dedans. Il ne s'attendait pas à une telle profondeur, il avait à peine la tête qui dépassait les pieds à plats.
Il plongea la tête parmi la mousse, poussant çà et là les petits morceaux de végétaux lui brouillant la vue, le laissant apercevoir un miroitement. Plus il se rapprochait du fond, plus la lumière s'intensifiait, irradiant de ses faisceaux violets le visage du jeune homme.
Sous ses yeux, dans le sol de pierre de la fosse, un arc de cercle mal délimité luisait et ondulait traversé par le flux : le portail.
Il n'avait rien de comparable avec celui de ses visions, mais le désir de le traverser, lui, était le même.
Alors sans attendre une seconde de plus, sans laisser le temps au doute de s'installer, Maïvell se jeta dedans la tête la première.
Neela :
— Comment comptes-tu passer les gardiens sans attestation de majorité dis-moi ? S'enquit Léxia, poursuivant silencieusement Neela dans les couloirs du centre d'accueil.
— Tu verras j'ai de la ressource, lui dit répondit la jeune fille en lui glissant un clin d'œil tout en longeant les murs menants à la porte principale.
Les deux acolytes ne se déplaçaient qu'à la lueur de la lune, fort heureusement elles connaissaient l'endroit comme leur poche pour y avoir vécu depuis pas mal de temps.
Neela avait subtilisé la clé de l'orphelinat plus tôt dans la soirée, quand Stura et Léxia faisaient le tour des chambres des plus jeunes pour vérifier qu'ils étaient tous bien couchés. Ainsi elle pu déverrouiller la porte d'entrée et se glisser à l'extérieur, suivie de près par Léxia.
— Vraiment t'es pas obligée de venir, couvre-moi plutôt ici Lex', je ne voudrais pas que tu te fourres dans les ennuis avec moi si je me fais attraper, la stoppa Neela.
La nuit était claire et il faisait bon de sortir, ni trop frais ni trop chaud, pas un nuage pour venir faire de l'ombre à la lune. Il faisait toujours bon vivre la nuit sur Dalunima et la planète était réputée pour son tourisme nocturne et ses paysages crépusculaires.
— Mais je suis curieuse moi, je veux le fin mot de l'histoire ! Se plaignit son amie dans une moue enfantine qui lui correspondait bien.
— Je te raconterai tout à mon retour t'inquiète, lui chuchota Neela en s'éloignant rapidement de peur que Léxia ne finisse par la suivre.
Mais cette dernière n'en fit rien, elle tourna les talons et se glissa dans l'embrasure de la porte, puis avec la clé que Neela avait laissé dans la serrure et verrouilla l'entrée derrière elle.
Neela filait à toute allure sur les chemins arides du jardin de cristal. Elle dévala les marches menant à la galerie pour emprunter un wagon en direction du portail du domaine. Son chariot passa rapidement devant la caverne cristalline qui avait accueilli la fête de l'alignement du domaine. Un frisson parcourut le dos de la jeune fille, ce pressentiment que c'était ici que tout avait basculé pour elle, et cette sensation que ce n'était que le début de quelque chose qui la dépassait.
Elle fit ralentir son véhicule à la vue du passage menant à la caverne qui renferme la porte domainiale du jardin de cristal. Quand elle quitta son wagon, ce dernier s'éloigna dans un crissement d'acier sur les rails, seul au gré du flux, tandis que Neela entre dans la caverne par un petit couloir éclairé par des lampes fluxielles.
Le corridor virait sur la droite, et, juste avant de tourner, la jeune fille s'arrêta et jeta un rapide coup d'œil. Là, à l'entrée de la grotte, se trouvait un garde daluniméen, droit comme un piquet dans son uniforme, les yeux dans le vague.
Neela avait mentit à Léxia : elle n'avait absolument aucune idée de comment passer le garde sans attestation de majorité, elle avait compté sur la chance et prié naïvement les mages originels pour que personne ne soit posté ici cette nuit.
Elle ferma les yeux, serrant fort les paupières pour tenter de trouver une solution. L'espoir commençait à la quitter, elle passa une main sur son visage et inspira profondément. Elle devait prendre son courage à deux mains et tenter sa chance.
Sans réfléchir une seconde de plus et pris le virage et s'engagea dans la fin du passage, droit sur le garde qui sursauta, surprit de voir une jeune fille à la chevelure de feu foncer sur lui si tard dans la nuit.
Neela sentit son cœur s'emballer et sa poitrine s'emplir d'une énergie nouvelle, un sentiment de déjà vu s'empara d'elle et instinctivement la jeune fille tourna ses paumes vers le ciel et releva les yeux vers le garde qui semblait plus que troublé.
— Mademoiselle ? l'interpella ce dernier alors qu'il s'agitait dans ses habits de travail.
La lumière s'intensifia dans le couloir, le flux qui les alimentait parût se déverser dans le boyau souterrain. Et avant même que l'homme ne rouvre la bouche, il s'effondra au sol dans un bruit sourd et tout revînt à la normal.
Alors que l'intensité lumineuse diminuait, Neela se précipita vers l'homme allongé par terre. Il était couvert de sueur et alors la jeune fille la sentit enfin, la chaleur qui régnait dans la pièce et saisit finalement ce qui avait fait perdre connaissance à ce pauvre garde : c'était elle.
Gagnée par la honte et se redressa et pénétra dans la caverne sans demander son reste. Elle n'était venue qu'une ou deux fois dans cet endroit. La porte domainiale se trouvait au centre de la cavité, pour y accéder il faut par une sorte de pont de pierre. En effet le passage demeure au milieu d'un lac souterrain bleu azur reflétant les milliers de cristaux incrustés dans les parois de la grotte.
Ni une ni deux Neela s'engagea sur le mince pont de pierre droit vers les deux piliers de pierre volcanique rouge gravés en leur intersection d'une flamme et les traversa.
Elle fut recrachée au milieu des portes domainiales daluniméennes, dans son élan elle trébucha et roula au sol, s'égratignant les avant-bras contre la pierre du sol.
La jeune fille se releva prestement, des bruits de pas pressés résonnèrent de plus en plus fort. Elle se dissimula derrière le pilier d'une porte alors qu'une femme fit irruption dans la petite grotte circulaire. Alors Neela malgré ses réticences, se concentra à nouveau et laissa le flux traverser son corps et se déverser dans la pièce jusqu'à entendre ce bruit caractéristique d'une masse s'effondrant contre la pierre. Mais cette fois elle ne s'arrêta pas devant le corps inerte, elle prit directement la direction du carrefour daluniméen et déboucha au milieu des portails trans-planétaires.
— Rejoins le portail Neela... susurra soudainement la voix dans sa tête.
Maintenant qu'elle était là elle ne savait plus quoi faire, ni que chercher. Puis elle l'entendit, le bourdonnement qui emplissait peu à peu dans la pièce. Elle se tourna vers le portail de Dalunima par lequel arrivaient les gens, mais l'origine du bruit venait de plus loin. De derrière ce dernier.
Alors elle contourna les piliers rouges, et là, à même le mur, un trou béant emplit d'un vortex fluxiel tourbillonnant scintillait d'un violet étincelant.
Un sourire mystérieux s'installa sur les lèvres de Neela, et avec un calme surprenant, elle se laissa aspirer par les langues violettes qui émanaient du mur, tombant alors dans l'inconnu.
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