Chapitre 3 : Signes avant-coureurs.
Naëlys :
Quand Naëlys ouvrit les yeux le premier soleil de Némélya était déjà bien haut dans le ciel, il devait être au moins dix heures. Sa fièvre n'était pas encore tombée mais ses oreilles avaient arrêté de bourdonner et sa respiration s'était calmée.
Elle tourna la tête vers l'entrée de sa chambre et y vit, accrochée au porte manteau sur la porte, la robe que sa mère avait passé des semaines à coudre et tisser ornée de soie et de dentelle dans les tons bleues violets typiques d'Iliria.
Elle esquissa un faible sourire en se redressant sur les coudes dans une grimace de douleur. Ses muscles lui faisaient affreusement mal mais elle ignorât leurs cris et se mit assise. Ses pieds frôlèrent le sol de pierre froid de sa chambre, lui donnant des frissons.
Naëlys eut la vague impression de flotter au-dessus du sol, alors qu'elle se levait pour aller chercher sa robe. Quand elle passa les doigts sur le vêtement ils glissèrent sur le tissu. Au prix d'un certain effort elle réussit à l'enfiler et se présenta devant le miroir de son armoire.
Ses bras étaient recouverts par des motifs floraux en dentelle d'un mélange de bleu cyan et de violet. Ce même motif ornait sa poitrine et son ventre alors que la jupe, en soie douce et légère, lui tombait jusqu'aux genoux.
Naëlys faisait pâle figure dans cette somptueuse robe. Ses cheveux roux étaient emmêlés et ses yeux verts ornés de cernes noirs sûrement dus à la fatigue. Un coup de brosse, quelques fleurs et un petit masque et elle sera prête à rejoindre sa mère pour la fête.
Elle prit une grande inspiration, retira la robe pour la remettre sur son cintre, s'arma de courage et sortit de sa chambre. La maison était vide et seul le sifflement du vent dans les fenêtres comblait le silence. Naëlys descendit dans l'atelier de sa mère et prit quelques Ofranes, la jolie fleur ornée de cinq longs pétales blancs avait la réputation de virer au rouge en cas de danger.
Les légendes racontent que ce n'était arrivé qu'une fois il y a plus de trois milles ans, sur la planète mère qui avait précédé le système planétaire actuel. On disait dans les histoires qu'une ofrane avait viré au rouge quelques jours avant quand que Telyon, le mage profanateur, ne ravage Tacromia, la planète d'origine.
Naëlys chipa une longue et fine fleur d'akroyélie qu'elle prévoyait de tresser dans ses cheveux et un petit pot d'un mélange d'argile et de plante préparé par sa mère puis remonta dans sa chambre. Elle attrapa le cintre qui portait sa robe et fila dans la salle de bain.
Elle entreprit de faire couler de l'eau chaude dans la baignoire en pierre. Elle ouvrit le robinet en priant pour que sa mère n'ai pas épuisé l'eau chaude que le flux avait réchauffé. Par chance son bain était chaud. Elle se tartina le visage avec la mixture de sa mère et se glissa nue dans son bain. L'eau chaude sur son corps lui fit un bien fou et un soupire de satisfaction traversa la barrière de ses lèvres.
Au même moment les ofranes qui reposaient sur le lavabo volèrent à l'autre bout de la pièce dans un éclat de blanc immaculé. Naëlys mis ça sur le compte d'un courant d'air et s'immergea sous l'eau pour s'occuper de sa chevelure emmêlée.
Lézio :
Quand Lézio ouvrit les yeux, l'aube pointait déjà le bout de son nez. Son matelas lui semblait bien dur et il comprit vite qu'il avait en fait dormit à même le sol de sa cuisine, avec pour dossier le meuble en bois du plan de travail. Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : ses parents avaient découché.
Lézio s'étira lentement, ses articulations craquèrent et ses muscles se réveillèrent. Il inspira avec prudence, se rappela l'effort surhumain qu'il lui fallait la veille au soir pour emmagasiner quelques précieuses goulées d'air. Il fut étonné de respirer librement et se leva lentement en s'accrochant au meuble qui lui avait servi de lit.
Son dos protesta de douleur alors que le jeune homme se redressait. Cependant Lézio devait être de bonne heure auprès de ses parents dans l'Agora qui allait accueillir tous les habitants du domaine de la Source d'aurore dont sa mère était à la tête. Rien que d'imaginer devoir se fondre dans une masse de plus de soixante mille personnes lui donna des frissons.
Il se dirigea vers sa chambre pour récupérer ses habits traditionnels composés d'un fin pantalon fluide bleu marine et d'une simple écharpe blanche et fila à la salle de bain, soulagé de se sentir bien mieux que la vieille. Sa température n'était qu'un mauvais souvenir et il entendait à nouveau le doux sont de la source couler au loin par la fenêtre entrouverte.
Il déposa ses vêtements sur la vieille étagère en bois dans le coin de la pièce et s'observa dans le miroir qui surplombait la vasque en pierre du lavabo. Il détacha ses cheveux et mit l'eau de la douche à chauffer pendant qu'il retirait ses vêtements de la veille.
Il se glissa mécaniquement sous la douche tout en pensant à la semaine de fête qui se déroulerait ces prochains jours. L'idée d'être en présence d'autant de personnes ne l'enchantait guerre mais d'un autre côté ce trente-deux gamma était une opportunité qui n'arrivait qu'une fois dans une vie ! Il était sur le point d'assister à l'évènement le plus fou d'une vie : l'alignement parfait de cinq planètes, et pour le jeune passionné qu'il était le rêve devenait réalité.
Les seuls récits qu'il avait pu lire sur cette fête ne se tenaient que dans les livres et à chaque fois l'auteur avait l'air émerveillé, de ce qu'on disait le flux ne brillait jamais autant qu'à cette période, tellement qu'il en était presque palpable et les sensations ressenties étaient indescriptibles.
Lézio fut sorti de ses pensées par un frisson et soudain l'eau se déversa sur lui, il sursauta face à la soudaineté de ce contact, il jeta un coup d'œil à l'arrivée d'eau de la douche d'un air interloqué avait de se perdre à nouveau dans son esprit, ses longs cheveux blancs lui collant au visage.
Quand il sortit de la douche il s'empressa de fermer la fenêtre, la chair de poule recouvrait déjà ses bras. Il accrocha une serviette à ses hanches tout en frottant une seconde sur ses cheveux. Il chercha sur l'étagère le pot d'encre d'argile noire et entreprit de dessiner les symboles traditionnels de Zores, les lignes descendaient avec délicatesse le long de ses bras, évoquant les courbes d'un cours d'eau et parfois s'enroulaient et bifurquaient créant des arabesques le long de son torse et des avant-bras.
Lézio n'avait pas l'habitude de devoir tracer ses symboles par lui-même, habituellement les traditions voulaient que les pères les traces aux fils jusqu'à leur majorité. Mais aujourd'hui son père n'était pas là et il allait devoir se débrouiller par lui-même.
Quand il eut enfin fini il se contempla dans le miroir, attendant que ça sèche. Malgré les quelques tremblements dont il avait été victime les lignes étaient plutôt réussies et il esquissa un sourire fier.
Pour terminer son travail il enfila son pantalon et entreprit de nouer l'écharpe sur son torse, il la plaqua sur au creux de ses reins et la fit se croiser sur son torse avant de rabattre les longs pans sur ses épaules en les laissant pendre le long de son dos.
Il était prêt, l'alignement n'attendait plus que lui.
Maïvell :
La lumière filtrait à travers les rideaux de la chambre de Maïvell. Ce dernier dormait toujours, mais son état semblait s'être amélioré durant la nuit.
Son frère entra dans sa chambre avec précaution un plateau à la main sur lequel était posé un bol de céréales et un verre de jus d'Emilia.
— Hé Maïvell, réveil toi, L'interpella Matia en déposant l plateau sur la table de chevet de son frère.
Le concerné peina à ouvrir ses yeux, et grogna en s'étirant. Ses muscles étaient encore endoloris des souffrances qu'il avait ressenti hier. Il se sentait mieux aujourd'hui, et heureusement car il allait devoir tenir le stand de sa famille avec son père, il lui faudrait donc de l'énergie pour passer la journée entière auprès de son paternel.
Il vérifia ses manches, bien tirées sur ses avants bras, et se redressa en grimaçant. Il y voyait clair à nouveau et pu attraper le verre de jus que Matia lui avait amené pour le vider d'une traite. Et par le flux qu'est ce que ça faisait du bien !
— Merci, le remercia Maïvell.
— Tu m'as fait une belle frayeur quand même toi, lui avoua son frère avec un demi sourire.
Maïvell haussa les épaules en soupirant et se leva lentement. Très lentement. Pour vérifier la stabilité de ses jambes. Après ce test concluant il donna une tape sur l'épaule de son frère et ouvra son armoire.
— Toujours aussi bien rangée, souffla Matia qui s'enfuit à toutes jambes quand Maïvell lui lança un T-shirt roulé en boule qui trainait par sur l'étagère.
Sur Vulleter le mois gamma était synonyme de pluie. A ce titre la tenue de cérémonie de Maïvell était composée d'un long pantalon ocre en cuir de madeye et d'une chemise en fibre d'aagomnilles finement tressée bleue comme la plante dont elle tient son origine.
Il fouilla son armoire à la recherche de ses vêtements pendant cinq bonnes minutes avant de se rendre compte qu'ils avaient été déposés sur le rebord de sa fenêtre soigneusement pliés.
Il remercia mentalement sa mère et s'approcha de la vitre en s'appuyant sur l'encadrement, soupirant longuement les yeux fermés.
Il les rouvrit et s'empara de ses habits, avant de se détourner il remarqua que son dron dont les torsades s'étaient ratatinées était à nouveau en pleine forme, exhibant ses fleurs bleues et cubiques à qui veut les voir. Cette découverte lui donna bonne humeur et c'est avec le sourire qu'il rejoint la salle de bain pour se nettoyer de la sueur et de la terre de la veille.
Une fois sortit de la douche il passait la serviette sur son corps, dans le miroir on remarquait les ecchymoses qui le marquaient, elles étaient pour la plupart déjà bien jaunies par le temps. Elle ne le faisait plus souffrir, cependant Maïvell mettait un point d'honneur à les dissimuler sous ses habits.
Il enfila ses vêtements de fête et se peigna rapidement avant de quitter la maison pour vivre ce qui était censé être, d'après le système Néméléen tout entier, un des jours les plus marquants de sa vie.
Neela :
Neela était debout de bonne heure ce matin de gamma, malgré les courbatures qui lui vrillait le dos et la fièvre pas totalement retombée. Mais sa tête allait déjà bien mieux grâce à Stura et elle tenait débout, ce qui était suffisant pour aider la vieille bénévole à s'occuper des enfants intenables en ce premier jour de fête.
On venait de finir le service du petit déj', les enfants avaient fini de débarrasser et nettoyer la salle du réfectoire et rejoignaient déjà leurs chambres pour se vêtir de leurs plus beaux habits.
Neela était de corvée vaisselle ce jour-là. Et comme à son habitude la tuyauterie était capricieuse, le jardin de cristal était certes un domaine magnifique pleins de jardin emplis des plus beaux cristaux, mais étant à la surface et les sources d'eau de la planète bien plus profondes, il était bien difficile d'approvisionner le bâtiment comme il se doit.
Après maints et maints coups dans les canalisations rouillées qui n'avaient pour unique effet que de défouler Neela, l'eau vint enfin couler dans l'évier déjà bien remplit. Elle en avait pour au moins une bonne heure de nettoyage.
Elle augmenta la température de l'eau, la vapeur se dégageait à grands nuages de vapeur, tout en frottant Neela continua à augmenter la température. Une assiette, une tasse, une cuillère, et rebelote.
— Neela ! c'est bouillant enfin tu vas te bruler ! cria Stura en s'empressant de baisser la température de l'eau.
Neela sursauta fasse à ma soudaineté de l'intervention de Stura et se rendit compte que ses mains étaient devenues bien rouges, elle se dépêcha de les passer sous l'eau froide.
— Laisse donc, je vais terminer tout ça, va plutôt te faire reposer et te préparer, la journée va être longue, dit la vieille dame avec un doux sourire, et passe donc de la pommade d'Ophrys sur tes mains pour calmer les brûlures.
— Merci Stu' t'es ma préférée ! Lui dit Neela en riant tout en filant dans le couloir.
— Tu nous dis ça à toutes petite fayotte ! Cria Stura depuis le réfectoire, tirant un rire à la jeune fille.
Elle slalomait entre les enfants qui courraient dans tous les sens, allant de chambre en chambre tantôt pour se montrer leurs tenues respectives, tantôt pour se coiffer mutuellement.
Elle fit un crochet à l'infirmerie et attrapa en haut d'une étagère un petit récipient de bois sur lequel était dessinée une fleur d'un marron foncé tirant vers la rouge recouverte d'épine, il était écrit dessus « pommade à l'Ophrys des poussières, fièvre et brûlures ». Neela rejoignit sa chambre munie de son remède et ferma la porte derrière elle, étouffant enfin l'agitation de l'orphelinat.
— T'as l'air d'aller déjà mieux ce matin toi, dit Léxia qui tentait de se faire une tresse en épis collée dos au miroir de leur chambre.
Sa camarade de chambre était vêtue d'une jolie robe fluide orange qui dégageait ses épaules révélant un peu plus sa peau mate.
— Bien mieux qu'hier soir en tous cas, souffla Neela et souriant, attends je vais t'aider.
Léxia souffla de soulagement et laissa très volontiers sa camarade de chambrée s'atteler à la finalisation de sa coiffure.
Neela entreprit donc de lui tresser les cheveux avec une grande précaution et eu rapidement finit. Elle admira son travail avec fierté.
— Et voilà ! S'exclama-t-elle.
— Merci Neel'.
— Tu es sublime, lui glissa Neela avec un clin d'œil, bon à mon tour maintenant.
La jeune fille à la chevelure de feu se détourna vers son armoire sans voir sa camarade rougir légèrement en souriant. Elle attrapa une longe robe dont le bustier rouge en dentelle était orné de petit cristaux daluminéens, la jupe fluide de plusieurs cours de tissus fin dans les tons rouge et orangés donnait cette impression inquiétante d'un feu ardent dont les flammes dansaient.
— Neela cette robe c'est, commença Léxia.
— Une robe traditionnelle de mariage Daluminéen oui, c'était celle de ma mère, la coupa la jeune fille avec un sourire nostalgique flottant sur ses lèvres.
Et pour Neela, cette journée avait un goût tout particulier, car elle savait que ses parents avaient toujours rêvé d'y assister. Alors aujourd'hui elle n'y allait pas seulement pour elle, non, elle était habitée aussi par le souvenir de ses parents. Aujourd'hui elle allait assister à cet évènement, si rare était-il, avec sa famille.
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