Chapitre 2 : Symptômes.

Naëlys :

Naëlys et sa mère étaient toutes deux assises face à face à la table de la cuisine. Aucune ne pipait mot, Naëlys avait à peine touché à son plat alors de Salyana n'avait laissé dans le fond de son assiette que d'éparses traces de sauce épargnées par ses coups de fourchette brusqués par son angoisse grandissante.

— Tu ne manges pas ton ponyo Lyly ? Il a été péché tout fraichement hier, exporté de Zores ce matin sur le marché pourtant ! demanda alors sa mère à la jeune fille.

La concerné repoussa son assiette, le bois du récipient se frotta à celui de la table dans un petit crissement. Elle regarda sa mère en secouant la tête.

— Désolé Ma', mais je ne me sens pas très bien depuis quelques heures, je crois que je vais aller me coucher de bonne heure ce soir, articula la jeune fille.

Il était vrai, à bien la regarder, Naëlys avait le teint bien pâle pour une jeune fille du rocher argenté où le soleil avait l'habitude de déverser généreusement ses rayons. Ses yeux verts étaient voilés et la sueur perlait sur son front.

— Vient par ici toi, lui ordonna sa mère.

Elle se leva, ses articulations craquèrent alors qu'elle rejoint sa mère au comptoir de leur modeste cuisine. Salyana passa le dos de sa main sur le front puis les joues de sa fille avant de froncer les sourcils en pestant.

— Depuis quelques heures dis-tu, et c'est seulement maintenant que tu te manifestes ? Tu m'as aidée tout l'après-midi espèce de Sponge ! La réprimanda-t-elle.

Naëlys soupira et s'accouda au plan de travail carle seul fait de se tenir debout l'épuisait déjà. Ses joues rougies par sa température grandissante et son souffle court témoignaient de sa fatigue de plus en plus présente.

— File en lit jeune fille, je t'amène un remède dans cinq minutes le temps de broyer des Ophrys, pesta Salyana dont le stress avait encore monté d'un cran face à l'état de sa fille unique.

Cette dernière ne se fit pas prier. Elle se traina hors de la cuisine et emprunta un petit couloir pour rejoindre sa chambre. Son pas se faisait de plus en plus trainant. Elle passa devant le miroir accroché à son armoire pour constater les plaques rouges qui apparaissaient et disparaissaient hasardeusement sur ses bras et dans son cou et surement sur le reste de son corps dissimulé par sa longue tunique en laine de Sponge. Elle se laissa tomber sur son matelas, incapable d'amortir sa chute. Sa tête semblait vriller, vibrer, sur le point d'exploser. Sa poitrine la comprimait, comme si l'air s'infiltrait dans son corps jusqu'à l'explosion.

Elle n'entendit pas sa mère entrer dans sa chambre de par les bourdonnements sifflants qui emplissaient ses oreilles et elle n'entendit pas non plus cette dernière lui demander de se redresser pour boire la mixture qu'elle lui présentait. Elle sentit seulement une main se glisser derrière sa nuque pour l'aider à avaler le contenu du verre qui vint toucher ses lèvres. Elle déglutit avec peine avant de s'allonger à nouveau dans son lit, sa mère glissa la couverture sur son corps tremblotant et embrassa son front, elle chuchota à son oreille.

— Repose toi bien, demain est un grand jour qui n'arrive qu'une fois dans un vie ma fille, et pas dans la vie de tous ! lui chuchota sa mère sans être sûre qu'elle l'entendait.

Lézio :

Lézio souffla péniblement en refermant la porte de sa maison, il enleva vite ses chaussures trempées par les chemins de mousses flottant sur les eaux de Zores et se dirigea vers le bureau de sa mère : vide, sans surprise.

Le jeune homme venait de quitter la bibliothèque où il avait passé sa journée, seul au beau milieu des livres. Au fil des heures sa respiration s'était faite sifflante, il ne s'en était pas plus inquiété car il était souvent sujet au crises respiratoires depuis l'enfance. Mais aux files des heures sa gène s'était transformé en incapacité à capter l'air ambiant. Lézio s'était péniblement trainé hors de la bibliothèque pour emprunter une bulle qui l'a porté à la surface mut par le flux.

Sur le chemin qui séparait la gare où sa bulle l'avait déposé à sa maison lui avait semblait interminable en plus de désert. Tout le monde se préparait chez lui à la fête de l'alignement qui avait lieu le lendemain.

Lézio se décida alors à atteindre la cuisine puis macher des algues qui devaient l'aider à dilater ses bronches endolories comme il le faisait à chacune de ses crises. Un goût amer envahit sa bouche alors qu'il attendait la libération de ses poumons. Mais celle-ci ne vînt pas.

Le jeune homme se laissa glisser au sol adossé au mur, sa poitrine se soulevait difficilement. Il avait cette mauvaise sensation, cette impression d'avoir la tête sous l'eau. Sa vision se floutait au gré de vagues invisibles et ses oreilles étaient assourdies par une eau imaginaire.

La panique le gagna alors qu'il s'imaginait mourir là, seul sur le sol de sa cuisine. Ses parents n'allaient pas rentrer avant plusieurs heures, voire peut-être pas du tout avec la fête qui se tenait le lendemain. Il se mit à suer alors que les algues qu'il avait ingurgité une minute plus tôt ressortir de là où elles étaient venues, se rependant au sol. Il peina à reprendre son souffle alors qu'il crachait encore.

Il ferme doucement les yeux, posant une sur son ventre. Un goût de bile avait envahi sa bouche. Des flashs s'emparèrent de son esprit embrumé, noyant ses pensées d'images sordides, de cris, de guerre, de mort, de sang.

Il rouvrit alors vivement ses yeux, posant son regard là où il le pouvait, luttant difficilement contre l'envie de se laisser aller dans les ténèbres confortables qui l'appelaient. Il ne voulait surtout pas perdre conscience, mais ses poumons le brulaient, cette impression de noyade s'intensifiait de plus en plus et alors que respirer lui devenait impossible, alors que sa vision périphérique devenait de plus en plus noire, alors que sa tête était ballotée dans des courants invisibles, il se laissa aller dans les ténèbres de l'inconscience.

Maïvell :

Le soleil se couchait déjà alors que Maïvell continuait à planter sa fourche sans relâche dans le foin, le jetant à ses madeyes, qui, du haut de leurs six pattes, y donnaient de vigoureux coups de dents. Leurs cornes s'entrechoquaient parfois avec celles de leur compagnon.

Le jeune homme se redressa, épongeant la sueur qui perlait sur son front. Une énorme fatigue due à sa journée de dur labeur pesait sur ses épaules. Le goût de la terre avait mystérieusement empli sa bouche, il avait mis ça sur le compte des longues heures passées dans le champ à récolter le blé. Il était recouvert de terre, de sueur et de paille.

Sa nuque était raide et son dos courbaturé, ses doigts endoloris à force de rester crispés sur ses outils. Il finit de réunir un dernier tas de paille dans le dernier enclos et entreprit de distribuer leurs grains aux piggles. Il posa alors sa fourche dans un coin de la grange et se pencha pour ramasser le seau de grain. Prit d'un vertige il se rattrapa au mur de pierre sur lequel il s'égratigna. Sa vision se fit floue alors qu'il était pris de bouffées de chaleur.

Sentant qu'il y avait un problème les animaux se mirent à paniquer dans leurs enclos. Un brouhaha assourdissant s'éleva de la grange, alertant son frère qui accouru.

— Maïvell ? T'es où ? Cria Matia en entrant dans le bâtiment grand ouvert.

— Ici, dit ce dernier la voix pâteuse en levant le bras depuis l'autre côté de la grange.

Son petit frère accouru et s'accroupit face à lui, le mettant assis. Il regarda la manche de son haut qui s'était déchirée contre le mur et examina son bras éraflé.

— T'es bouillant mon gars, lui souffla Matia, tu ne devrais pas pousser autant. Tu arrives à te lever ? Hé tu m'écoutes ?

Il secoua doucement Maïvell pour le réveiller, ce dernier ouvrit les yeux mais les referma aussitôt.

— Je ne vois rien Mat', plus rien, grogna-t-il la gorge sèche.

Le jeune homme tremblait, il avait l'impression que des fourmis parcouraient son corps, remontaient ses veines et couraient dans son crâne. Il sentit Matia passer un de ses bras sur ses épaules pour le soulever. Maïvell tenta de pousser sur ses jambes mais celles-ci cédèrent sous la douleur tiraillant dans ses muscles. Il réprima un cri et son frère le reposa au sol avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve.

— Bouge pas je vais chercher papa, dit ce dernier d'une voix où perçait la panique.

Comme s'il pouvait bouger. A chaque infime mouvement son corps hurlait de douleur. Et le temps que Matia ne revienne avec leur père que Maïvell avait déjà perdu connaissance. Ce n'était peut-être pas plus mal car le déplacement de la grange à son lit lui aurait sûrement causé plus de douleurs encore.

Neela :

Neela ferma la dernière porte du dernier dortoir après avoir couché les derniers enfants. Depuis ses seize ans qu'elle avait eue voilà six mois maintenant elle aidait les volontaires de l'orphelinat à s'occuper des enfants. Elle remonta le couloir vers la salle de repos où se trouvait Stura la femme en charge de l'orphelinat cette semaine,

— C'est bon Stu' ils sont tous au lit, lui dit Neela en soufflant.

— Merci Neela t'es un amour, lui répondit la concernée, va te reposer maintenant, tu as vraiment mauvaise mise.

Neela tira légèrement sur le col de son t-shirt, il était vrai qu'elle avait anormalement chaud ce soir, elle était prise de bouffées de chaleur et mettait ça sur le compte du stress face à la longue semaine qui se profilait.

— T'inquiète j'ai un peu mal à la tête ce soir et je commence à avoir chaud, surement la fatigue.

— Vient t'asseoir cinq minutes le temps de boire un verre d'eau et tu iras te coucher, lui dit la vieille femme.

Neela hocha la tête et alla prendre une chaise d'un pas trainant tandis que son aînée alla remplir un vers d'eau bien fraiche. Elle revint vers la jeune fille devenue bien rouge en quelques secondes. Stura porta une main à son front mais la retira bien vite en la secouant.

— Par le flux mais tu es brulante ma pauvre fille ! s'exclama la vieille femme en lui montrant sa main qui avait rougit là où elle l'avait touchée.

Et par brulante elle parlait au sens propre. Pourtant Neela ne s'en rendait pas compte. Tout ce qu'elle sentait c'était son crane sous pression et ses muscles devenant presque liquides. Elle tentant de prendre le verre que lui tendait Stura mais l'eau venant toucher ses lèvres s'évapora aussitôt.

— Stu' je ne me sens pas très bien tout à coup, geignit la jeune fille dont la sueur perlant sur le front se transformait directement en vapeur.

— Ça je m'en doute bien ma petite ! Marmonna la femme qui attrapait un torchon et le trempa dans l'eau fraiche. On va t'amener à ta chambre et te coucher d'accord ?

Neela acquiesça faiblement. Stura réfléchit un instant à la manière de déplacer la jeune fille sans se bruler les mains, elle sortit de la salle de repos et alla vers l'infirmerie chercher leur chaise roulante puis revint s'occuper de sa petite patiente. Elle la saisit au niveau de son haut et l'aida à se déplacer.

Après avoir posé le torchon imbibé d'eau sur son front elle fit rouler la chaise de Neela jusqu'à sa chambre qu'elle partageait avec une autre fille du nom de Lexia. Cette camarade de chambrée qui lisait un livre, adossée au mur assise sur son lit, releva la tête à l'entrée du surprenant duo. Elle se redressa aussitôt qu'elle comprit qu'il y avait un problème avec son amie.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-elle en voyant l'état de Neela.

— Aucune idée mais je veux bien que tu m'aides à la coucher, mais fais bien attention à ne pas toucher sa peau, lui répondit Stura qui attrapait déjà un coin du t-shirt de Neela et un pan de son short.

Lexia fit de même et à deux elles déplacèrent Neela dans son lit.

— Elle est brulante ! Enfin je veux dire, vraiment brulante ! S'exclama la colocataire de la jeune fille.

Cette dernière tremblait malgré sa température en constante augmentation, son visage étai parcouru de spasmes. Stura voulu lui remettre le bout de tissus mouillé sur le front mais constata qu'il était déjà presque sec. Elle grimaça alors et regarda sa protégée avec inquiétude. Ce n'était pas comme ça qu'elle imaginait sa soirée pré-alignement.


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