chapitre vingt-cinq
Améthyste est plongée dans une étroite torpeur, agrémentée de cette peur dans son cœur rongé de douleur. Elle ne fait que fixer le mur où l'heure est projettée dans une couleur rougeoyante dans cette pièce plongée dans l'obscurité.
Et Améthyste craint le lendemain qui s'annonce terrible, elle reste les yeux perdus dans le vide à fixer l'heure avançant. Elle compte même les secondes et le temps qui la sépare du départ de Charles.
Il y a cette valise traînant au milieu de la chambre, qui est à moitié remplie des affaires fu monégasque pour le week-end s'annoncant et Améthyste aimerait qu'elle disparaisse de sa vue. Il devrait bientôt revenir de sa session d'entraînement. Il a dit quatorze heures, il n'est même pas midi et qu'est-ce que le temps s'étire lentement dans cette attente interminable.
Seule la sonnerie lui permet de sortir de sa torpeur, celle qui la cloue au lit depuis des heures sous l'effet de l'anxiété. Cet abcès increvable qu'elle tente en vain d'exploser depuis toutes ces années, sans succès.
Elle attrape les premiers vêtements qui lui passe sous la main dans l'armoire du monégasque, s'habillent simplement d'un t-shirt beaucoup trop large pour son corps frêle. Son reflet dans le miroir est effrayant. Ses cernes sont terrifiantes et elle attache d'un geste las ses cheveux sur le sommet de son crâne.
Ame traverse l'appartement du monégasque en traînant ses pieds sur le carrelage frais. Dans ses bras se tient un lapin violet que ses doigts caressent doucement, ça l'apaise légèrement tandis qu'elle ouvre la porte, pensant tomber sur la mère de Charles ou l'un de ses frères.
- Tu mets bien du temps à ouvrir la porte, mec.
Améthyste observe le jeune homme se tenant devant la porte de l'appartement. Il relève les yeux de son téléphone et ses sourcils se froncent aussitôt en constatant que ce n'est pas le pilote de la Scuderia Ferrari se tenant devant lui.
- Améthyste, c'est ça ?
Elle acquiesce doucement, baissant les yeux immédiatement face à ce regard bleu intrusif, presque paralysant. Elle ne se sent pas très à l'aise et elle est à deux doigts de détaler. Améthyste se sent toutefois obligée de rester pour le monégasque.
- Je suis Pierre, bredouille-t-il. Je sais pas si tu te souviens, on s'était croisé... euh... en karting tout ça...
- Charles n'est pas là, lâche simplement la métisse.
Elle ouvre la porte en grand et fait demi-tour pour revenir au salon, elle jette simplement un coup d'œil derrière son épaule pour s'assurer que Pierre la suive bien. Ame se souvient de lui, elle entend souvent son prénom s'échappant des lèvres de Charles lors de discussions.
- Il rentre vers deux heures.
- Je suis venu un peu plus tôt, on part ensemble pour la Belgique, déclare-t-il.
Améthyste acquiesce et son anxiété ne fait que s'accroître face au rappel de son départ. Elle sort un paquet se cigarette de sa poche sous les yeux inquisiteurs du pilote et elle a l'impression que s'effondrent tous ces remparts.
Elle hésite quelques secondes avant de se raviser. Elle ne peut pas fumer à l'intérieur pourtant elle n'ose pas traverser le salon pour sortir sur le balcon. Pierre le remarque aussitôt et rassure :
- Tu peux fumer, ça me dérange pas
Elle se pince fortement les lèvres, resserrant son emprise sur son lapin violet. Elle serre fortement son oreille déchirée entre ses doigts et jette un coup d'œil aux aiguilles de l'horloge. Il reste bien trop de temps à attendre avant que Charles revienne et Améthyste ne se sent définitivement pas à l'aise.
- Je vais prendre une douche.
Sans un mot, Ame abandonne son lapin violet sur le canapé et elle se dirige vers la salle de bain, se glissant dans la douche comme pour apaiser son anxiété croissante. Elle reste sous l'eau brûlante pendant tout le temps jusqu'à entendre la voix du monégasque émanant du salon.
Elle relève à peine la tête à l'entrée de Charles dans la salle de bain. Elle reste les bras croisés sur ses genoux, ces derniers rabattus sur sa poitrine. L'eau de la pomme de douche ne parvient plus à réchauffer sa peau métissée et à calmer son anxiété, assise sur ce carrelage glacé.
Charles retire ses chaussettes avant d'entrer dans la douche à l'italienne. Il coupe simplement l'eau et se penche légèrement pour être à la hauteur d'Améthyste pour déposer une large serviette sur son corps tremblotant. Il l'aide à se relever en douceur et la serre aussitôt dans ses bras. Le monégasque se moque bien de finir tremper en entourant le corps d'Améthyste dans une étreinte puissante.
Améthyste dépose simplement sa tête contre son torse, n'ayant pas la moindre idée de ce qui pourrait l'aider à aller mieux. Elle aimerait juste que son anxiété s'évapore à coup de baguette magique, mais tout cela semble bien trop mystique pour être réaliste.
- C'est la fin des vacances, sanglote-t-elle.
- Je sais.
- J'ai pas envie que tu partes.
- Je te promets que je ferai attention, ok ?
Améthyste acquiesce et elle dépose ses lèvres humides sur les siennes avec en train. Le monégasque est obligé de l'arrêter, un petit sourire étire son visage quand il sort de la douche aux côtés de la métisse, sa main liée à la sienne. Elle l'arrête en effectuant une pression sur sa paume et murmure tout bas, par peur d'être entendue :
- Il doit me trouver bizarre.
- Non, assure Charles. Pierre a pas changé d'opinions depuis qu'on était ado, il t'aime bien.
Améthyste fronce les sourcils sous ces derniers mots et le monégasque le remarque aussitôt, il se reprend :
- Il t'apprécie si tu préfères, il te trouve cool.
Ame paraît troublée pendant de longues secondes tandis qu'elle enfile de nouveaux des vêtements après s'être séchée énergétiquement avec une serviette.
Elle s'approche de Charles, une fois vêtue, posant une main dans sa nuque. Améthyste reserre simplement son bandana de couleur blanche et dépose un baiser affectueux sa joue avant de s'éclipser. Il reste planté au milieu de la pièce en entendant Améthyste répéter d'une petite voix en quittant la pièce :
- Je suis cool.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top