chapitre huit

- Allez, on va faire du shopping !

Charles entre dans l'appartement de la métisse avec entrain, alors qu'elle vient à peine de se réveiller sous les coups donnés à la porte par ce dernier. Améthyste l'observe en se demandant la force qui l'anime chaque matin pour se lever et se dire qu'il passera une bonne journée.

Améthyste se frotte les yeux avec difficulté, elle passe à la douche avant de rejoindre le brun dans la cuisine. Elle ouvre un placard, en cherchant par hasard, de quoi déjeuner avant de partir. Les lèvres pincées sous une profonde réflexion, elle n'arrive pas à choisir et préfère partir le ventre vide.

- On mangera là-bas, souffle simplement Charles.

En arrivant à pied devant la boutique de chaussures, Améthyste se sent un peu intimidée en poussant la porte comme à chaque fois qu'elle rentre dans un magasin, encore plus quand les vendeuses s'approchent immédiatement. Elle se sent acculée telle une proie confrontée à ses propres choix.

Ame n'en a jamais fait.

Comment pourraient-elle les expliquer ?

Elle se contente de regarder Charles d'un air déboussolé, évitant de croiser les yeux bleutés de la vendeuse. Ce dernier s'occupe de la situation, expliquant qu'il vont simplement poursuivre leur observation dans les rayons.

Son bras se resserre autour des épaules d'Améthyste, il se veut rassurant tout en avançant vers le fond de l'établissement où les chaussures sont présentées par vingtaines.

Leurs yeux sont attirés immédiatement par des trois paires de chaussures dont les couleurs varient. Il y a un peu de mauve, de lilas et de pourpre se confondant sur chacune d'entre elles. Améthyste les observe avec attention, durant de longues de minutes, plongée dans une profonde réflexion.

- Tu préfères lesquelles ? demande Charles.

Le monégasque n'est pas surpris quand elle pointe la paire de chaussures aux couleurs basiques. Ame ne sait pas se décider et elle a pris les moins chères comme pour se conforter dans sa décision, un sourire étire ses lèvres quand il commente :

- C'est pas parce qu'elles sont en solde que tu dois prendre celles-ci, c'est un cadeau et ça n'a pas de prix.

- Tu préfères lesquelles, toi ? demande-t-elle d'une petite voix.

Charles comprend qu'elle ne pourra pas se décider, c'est typique. Elle ne sait pas faire de choix depuis son enfance, elle n'a jamais été confrontée à eux, n'ayant jamais où choisir entre deux jeux ou deux activités, n'ayant jamais pu choisir ce qu'elle aimerait manger.

- Celles-ci avec les fleurs, désigne Charles.

- C'est de la lavande.

- Ça tombe bien, ça sent bon. Tu veux les essayer ?

Améthyste acquiesce en fixant les chaussures, ne savant pas trop comment s'y prendre.

- Je reviens, je vais demander la paire, rajoute Charles. Quarante et un ?

Et Améthyste acquiesce une nouvelle fois en observant le pilote s'éloigner avec la paire des chaussures. Elle n'est pas surprise qu'il connaisse sa pointure, Charles sait beaucoup de choses, il la connaît plus qu'elle ne se connaît réellement.

Comme un livre ouvert.

Comme une plaie béante.

Celle de son âme, celle de son cœur, celle d'Améthyste.

Charles revient rapidement avec la paire de chaussures qu'elle essaye la gorge nouée. Elle se sent toute bizarre en fixant d'un œil hagard les nouvelles chaussures ornant ses pieds.

Un sentiment saisissant parcourt son corps, Ame aime ses nouvelles chaussures et leur teinture particulière. Les lacets sont mauves, elle les trouve grandioses et son air morose s'évapore aussitôt derrière un sourire.

- J'peux les garder ?

Charles acquiesce et sourit à son tour comme toujours. Il ramasse les anciennes chaussures qu'il met dans la boîte et ils se dirigent vers la caisse sans un mot. Améthyste continue de fixer ses pieds et tente de mémoriser la forme différente de ces derniers.

- Merci Charles, murmure-t-elle en sortant.

La main du brun se resserre dans la sienne face à ce remerciement. Ça n'arrive pas souvent et qu'est-ce qu'il aime ce sentiment ébranlant sa poitrine. Améthyste ne se rend pas compte de l'effet qu'elle produit en lui, rien que par un sourire.

Charles achète deux tartelettes aux fraises à la pâtisserie, qu'ils s'empressent d'engloutir sur les abords du port monégasque, les pieds suspendus au dessus de l'eau clair. Améthyste se contente de balancer ses jambes au bout desquelles s'élancent ses chaussures mauves.

- Tu repars quand ? demande-t-elle.

- En début de semaine prochaine, je dois passer à l'usine de Maranello avant la Grande Bretagne et l'Autriche.

- Tu reviendras ?

Et c'est comme ça. Charles a du mal à s'y faire, face à ce doute constant planant au dessus de la tête d'Améthyste. Il se demande comment elle arrive à vivre avec cette peur insatiable de ne jamais le voir revenir.

- Oui, déglutit-il difficilement.

Améthyste le croit, cette simple affirmation sonne comme une promesse à ses yeux, celle de ne pas être abandonnée une nouvelle fois, celle qu'elle pourra essayer de vivre par elle-même durant tout ce temps, sans crainte, sans peur, sans manque.

- Tu gagneras ?

- J'essaierai seulement si tu essayes aussi.

Améthyste essaye mais parfois, elle n'a pas envie de se battre contre ce vide saisissant sa poitrine. Cette envie morbide qui traîne au fond d'elle comme un mégot au fond d'une ruelle.

- Comment tu vas savoir si j'ai essayé ?

- Je te fais confiance, c'est tout.

Ces mots apaisent ses propres maux et Améthyste quitte des yeux ses pieds pour pouvoir l'observer. Une autre responsabilité qu'elle doit accepter, qu'elle ne doit pas délaisser et Améthyste sait qu'elle y arrivera tant que Charles sera à ses côtés pour l'aider.

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