6. Aya

L'an 4031, Époque Harmonieuse, Obligation paternelle .

- Échec et mat, lance soudainement Siskann face à moi.

Au fin fond de notre subconscient, un tournois d'échec se déroule, opposant moi et ce terrible adversaire que je m'entête à battre désespérément.

Assis tous les deux, en tailleur, face à face, je suis du regard sa main qui déplace son fou de manière à ce qu'il s'aligne à la diagonale de mon roi.

Encore un jeu que je n'avais pas venu venir de sa part. Sa stratégie est pourtant simple ; espacer ses pièces pour me laisser le centre et détourner mon attention du véritable danger.

En me faisant croire que je prends l'avantage, je me focalise sur son roi et laisse mes arrières à découvert. Toutes les connaissances que je pensais solides s'écroule au fur-et-à-mesure que les parties s'enchaînent, Siskann n'est apparement pas seulement doué qu'au combat mais aussi en stratégie.

Encore un domaine dans lequel je ne rivaliserai jamais face à lui, je commence à manquer d'idée.

Après l'accident à l'école, j'ai été renvoyé — et le contraire m'aurait étonné.

Depuis la création de cet enseigne, aucun élève n'a été rendu coupable de meurtre, j'en suis la première, et la seule. Je suis toujours seule toute manière. J'aurais aimé avoué que j'étais sous l'emprise d'un démon sans pitié mais j'aurais d'avantage creusé ma tombe. Alors j'ai gardé le plus triste des silences.

J'ai tué deux personnes dont un ami à qui je tenais.

Le directeur a contacté le KMaster et leur a annoncé deux choses : ma résurrection et mon crime, ce qui m'a coûté un aller simple chez père pour rencontrer un analyste du Conseil Dynastique de la Magie.

J'ai eu trois heures pour préparer mes affaires avant qu'un véhicule volant privé se pose devant chez moi. Des soldats royaux sont apparus et m'ont ordonné de les suivre avec un seul bagage — j'en avais préparé quatre au vue des centaines de livres que je possède.

Actuellement je suis encore en route, le trajet jusqu'à père se fera en deux heures seulement, de quoi me laisser somnoler un moment. Alors, coincée entre deux soldats, j'ai mis en veille mon corps pour plonger dans mon subconscient et rejoindre Siskann. J'ai deux heures à perdre, autant qu'elles soient utiles.

Nous sommes tous les deux dans l'immense océan noir autour d'une mini table où est posé notre jeu d'échec. Maintenant qu'il m'a montré sa silhouette, il n'a plus aucune raison de se cacher. Il lève son regard vers moi et étire un sourire moqueur en voyant mes yeux plissés face à ma défaite. J'essaye de comprendre où se trouve mon erreur, je défile notre jeu dans ma mémoire mais impossible de trouver. Il m'a eu si rapidement que je ne pourrai même pas dire où il a commencé à prendre l'avantage.

- A force de perdre tu finiras bien par comprendre, se moque-t-il. Enfin, j'espère.

Je le fusille du regard et replace les pièces à leur emplacement en un mouvement de doigt, comme un télékinésiste.

- On recommence, ordonne-je encore loin d'avoir dit mon dernier mot.

J'ai compris plusieurs choses en venant ici, c'est un refuge pour moi mais aussi une réserve. Je peux rejoindre Siskann et rejoindre la fine ligne entre nos deux âmes-sœurs. Notre subconscient me permet d'échanger nos rôles ou s'emprunter nos pouvoirs, ce qui confirme l'une de mes premières hypothèses que j'avais sur cette fusion astrale ; Je suis belle et bien capable d'utiliser l'alters de Siskann sans son autorisation, comme lui peut utiliser le mien.

Malgré mes difficultés à le manier, j'ai pu apprendre un semblant de télékinésie en une dizaines de minutes passées avec lui. Enfin, je dirais plutôt que remplacer les pièces du jeu d'échec à la main m'agaçait, surtout au vu de l'enchaînement de défaites qu'il m'inflige. Dorénavant, je peux déplacer de petits objets et les faire voltiger dans les airs,

Nous relançons la partie, et cette fois il aborde une autre stratégie ; la mienne. Il prend le centre avec son pion, je le contre avec mon cavalier mais ça ne le coupe pas dans son élan. Il veut prendre le centre, il y met un deuxième pion et fait sortir ses cavaliers pour user de ses fous. Il connaît le déroulé de cette partie par coeur, j'ai comme l'impression que peu importe mon jeu, il sait où ça se terminera.

- Si tu vois l'avenir, c'est de la triche, déclare-je.

Il rit et met en pause notre partie pour me répondre.

- Tu sais qu'elle est la différence entre toi et moi ?

Je suis d'abord surprise, la question est vague et semble bête. Évidement que je sais : Tout.

Tout est différent entre nous deux. En terme de force, de pouvoir, de physique, de vie, d'ambition, rien n'est comparable. Il est un guerrier redoutable et je suis une déscolarisée timide. Malgré mon étonnement et mon levé de sourcil pour tenter de trouver la faille à sa question, il ne cille pas et attend que je réponde.

- Je pense que tout nous différencie, tu ne crois pas ?

- Pas tellement. Après tout, nos âmes s'équivalent, non ?

Il n'a pas tord, mais je ne confirme pas pour autant. Nos âmes sont peut-être compatibles mais ça ne veut pas dire qu'elles sont identiques. Je ne suis pas le monstre sanguinaire qu'il est, je suis pas lui, mes faibles capacités à vivre dans ce monde de brute le prouvent bien.

Face à mon silence hésitant, il poursuit :

- La différence entre nous deux, c'est que tu ne sais pas mettre en valeur tes atouts. Contrairement à moi, tu n'uses d'aucune de tes capacités, pourquoi ?

Je baisse les yeux à la recherche d'un contre mais je n'en trouve pas. Chacun de ses mots pèsent sur moi comme un reproche alors qu'ils ne devraient pas. Siskann aime dire tout haut ce qu'il pense tout bas, mais cette fois c'est surtout ce que les autres pensent tout bas.

Depuis enfant je dois nier mon pouvoir, le cacher aux autres élèves, à mes amis. Ils ont peur de moi, ils sont terrifiés à l'idée de me côtoyer. Je ne saurais compter le nombre d'inconnus qui me connaissaient rien qu'avec le don vicieux que je possédais, ils s'avertissaient les uns les autres pour éviter la « menace » que je représentais. Il n'y a rien de plus difficile que d'être rejeté lorsqu'on essaye de se trouver soi-même.

La jeunesse est un point clé du développement personnel et on me l'a brisé. En grandissant, j'ai cumulé les peurs et été diagnostiqué de plusieurs troubles qui me suivent encore aujourd'hui.

Alors quand Siskann me demande pourquoi je n'ai pas le réflexe d'user de mon alters, je sens mon être se dissoudre face à tout ces mauvais souvenirs qui ont consolider ma carapace. Mon pouvoir est dangereux, c'est ce qu'on m'a toujours appris, et tout ce qui met en danger autrui est interdit.

Je suis interdite.

Siskann incline la tête sur le coté comme pour lire en moi, ce qu'il sait très bien faire.

- Si les alters existent, c'est pour améliorer le monde, m'avoue-t-il. Il n'y a pas de raison que le tient ne suive pas le même chemin.

J'apprécie son réconfort même si ça ne lui ressemble pas. Mon passé mon hurle de ne pas le croire malgré tout, les preuves sont là, je suis dangereuse. Il l'est aussi.

- Il y a des alters qui aident les autres et d'autres qui les détruisent, c'est un fait, c'est tout, tranche-je sous l'effet de tout mes souvenirs douloureux.

- Et pourquoi ?

J'hausse les épaules et ça le contrarie.

- Si tu ne sais pas alors pourquoi le crois-tu ? Il y a des raisons à tout, Aya, tu l'as dit toi-même.

Il fait disparaître la table d'échec en fumée comme si elle n'était jamais apparue, et se penche vers moi pour que ses paroles est plus d'impact. Changer ses mots en flèches qui me feront changer d'avis, ça c'est du Siskann tout craché.

Après les nombreux débats que j'ai pu avoir avec lui, je sais pertinemment qu'il ne lâchera pas l'affaire tant que je ne me rangerai pas de son coté.

Mais exceptionnellement, je n'ai pas la force de le contredire, ce sujet me serre le coeur, il me dépasse. Le passé est trop lourd pour que je le porte sur mes épaules encore une fois. Je veux vivre comme bon me semble, sans avoir ce lourd boulet accroché à mes chevilles avec tout les souvenirs qui me tourmentent depuis tant d'années. Je veux couper cette chaîne.

De fines larmes se logent au bord de mes yeux que je détourne par honte qu'il s'en aperçoit. Évidement, rien ne lui échappe.

- Si des mots ne suffisent pas, alors laisse moi te montrer, dit-il en se rapprochant.

Il glisse jusqu'à moi et dépose ses mains sur les cotés de ma tête, son regard croise le mien puis fixe les larmes qui font briller mes pupilles. Tout en caressant mes tempes de ses pouces, il me demande de fermer les yeux et de me laisser faire. Je m'exécute et le laisse m'emmener là où bon lui semble.

Les yeux clos, je ne ressens rien, tout parait rester même jusqu'à ce qu'une odeur de brulé me parvienne de la droite. Un bruit de bûcher atteint mon oreille et un vent chaud frappe ma peau.

Un frisson de peur me fait rouvrir les yeux, je ne suis plus dans mon subconscient mais dans un souvenir, celui de Siskann. Tout semble vrai, mon corps est entier, mes vêtements aussi, mes sens sont aiguisés, j'ai la sensation d'exister.

Je me trouve au milieu d'un village, un soir, alors que le repas cuit sur un bûcher électrique géant je me demande à quelle époque je suis. 

Les villageois rient et se promènent autour de feu comme si aucun problème ne les retenait, je les envie tellement. J'aperçois des enfants courir entre les jupons, ils trébuchent et se relèvent sans le moindre temps de pause. Les adultes préparent le repas et les tables dehors pour y convier sûrement tout le village. Cette atmosphère me touche, elle m'apaise, la chaleur est agréable et m'invite à me joindre à eux. Je rêve de vivre cette vie de paix, une vie où la magie n'est pas une rivalité, une vie bienveillante et solidaire. Un monde où le jugement n'est pas encore à la bouche de tous.

Toutefois ce souvenir me prouve encore une fois que la paix n'est que le premier nuage d'une tempête.

Une fraction de seconde à suffi pour que ce village prenne feu. Des explosions à tout-va, les maisons de bois s'écroulent, les habitants courent dans tous les sens à la recherche d'un échappatoire. Tout un monde qui s'abat sous mes yeux, et je ne peux rien faire. Les enfants qui jouaient se cachent dans les arbres alors que les adultes prennent les armes, tous prêts à faire face à l'ennemi. Je n'ai encore vu personne user de son don, ce que je trouve surprenant. Sommes-nous à une époque où la magie n'était pas encore présente ? Non, Siskann ne peut pas être aussi vieux. Alors peut-être un village reculé où les habitants ne côtoient plus les villes.

J'aimerais tant avoir le contexte de ce souvenir, mais la scène d'horreur qui se déroule devant moi m'empêche de chercher des indices.

Soudain une armée entoure le village et s'approche d'un pas régulier vers nous, au-vu de leur armure ils servent la famille royale.

Des villageois les supplie de les épargner mais leur pitié ne font que les mener droit vers leur mort, les soldats usent de leurs magie pour les abattre les uns après les autres.

Une femme du village appelle du renfort et lève les bras vers le ciel pour faire gronder les nuages, la pluie tombe soudainement et forme des grêlons pointus et solides qui frappent les soldats. Je comprends enfin où nous sommes, c'est un village Luna durant leur traque. Ils avaient pour habitude de se cacher dans la nature et de ne pas user de leur alter pour ne pas se faire repérer. Mais la traque les a tout de même retrouvé. Et aujourd'hui, j'y participe.

 Les soldats s'avancent de plus en plus, marchant sur les cadavres, abattants le moindre obstacle, bientôt je serai aussi sur leur chemin. Je recule et tente de fuir le village par peur, même si je ne peux pas mourir cette scène me terrifie. Pourquoi un village aussi paisible est la cible de la famille royale ?

Ma course ne dure que quelques secondes avant de tomber nez à nez avec un jeune homme, un soldat plus précisément, il n'était pas dans les rangs. Il est affalé au pied d'un arbre, le bras dégoulinant de son sang dû sûrement à une blessure, je l'entends même gémir de douleur. En m'approchant, je remarque que ce n'est pas une simple ouverture mais un empoisonnement, son bras devient noir, il moisi. Bientôt, il perdra son membre.

Je m'approche sur la pointe des pieds comme s'il pouvait m'entendre et tente de distinguer ses traits mais son visage se lève brusquement vers moi et me fait sursauter.

- Qui es-tu ? hurle-t-il.

Je bégaye, ma gorge se sert et empêche l'air de circuler, impossible de répondre. Figée face à lui, je suis le mouvement de sa main qui attrape son épée à sa taille. Alors que j'allais m'évanouir d'affolement, je comprends qu'il ne s'adressait pas à moi mais plutôt à un enfant dans l'arbre derrière moi.

Repéré, il saute soudainement de sa branche et atterri face au soldat blessé. C'est certainement l'un des enfants du village, il semble jeune, peut-être six ans tout au plus. Ses cheveux châtains clairs lui tombent sur le visage mais je perçois tout de même ses yeux rouges pétillants, ils me disent quelque chose sans savoir exactement quoi. Je ne m'attarde pas plus longtemps sur cette impression et concentre mon attention sur la scène sous mes yeux.

- Ne t'approche pas si tu ne veux pas mourir ! hurle le soldat.

L'enfant est terrorisé, sa mâchoire se contracte mais ne semble pas vouloir fuir, il reste face au soldats et serre les poings pour cacher sa peur. Avec suffisamment de courage il s'avance, le regard toujours aussi brillant, le visage impassible et le corps affaibli, il marche vers le soldat qui lève son épée vers lui. Ce dernier grogne et se prépare à se défendre, incapable de se redresser à cause de sa blessure il tente de secouer son arme vers l'enfant qui ne s'arrête pas.

- Tu as été mordu, si tu ne te soignes pas tu seras paralysé, informe l'enfant presque empathique.

- Alors quoi ? Tu vas me soigner, rit le soldats.

L'enfant acquiesce.

- Si je te soigne, promets moi de me laisser fuir avec ma sœur.

Un silence pesant s'en suit. Le courage de ce jeune garçon me foudroie, il ne cille pas face au soldat qui l'a menacé plusieurs fois de le tuer, et ce juste pour pouvoir fuir cette guerre avec sa soeur. C'est à contre-cœur que le soldat accepte le marché et laisse l'enfant se rapprocher de lui pour prendre son bras. Il l'attrape de ses mains et fait jaillir de ses doigts une flamme assez puissante pour brûler la partie empoissonnée. Une fois les cellules brûlées, il déchire un bout de son vêtement et y enroule le bras par précaution, une infection pourrait toujours apparaître.

- Puis-je avoir le prénom de mon sauveur ? demande l'homme d'un ton encore méfiant.

- Tyko.

Le soldat le salue poliment et le laisse s'enfuir comme convenu.

***

- Oh !

Soudain, je me réveille de ce rêve. J'ouvre les yeux et aperçois l'un des soldats du véhicule qui me secoue. J'étais emprisonnée dans un souvenir de Siskann, une sorte d'épisode de sa vie. Et j'ai pu voir le fameux Tyko, son ami.

Je m'étire vaguement et sors rapidement pour respirer de nouveau l'air frais, le soleil est encore bien haut, le ciel découvert d'un quelconque nuage et le vent doux me caresse les bras. Père habite à la frontière de la capitale du Royaume de Sola, son statut lui a permis d'obtenir un bien immobilier bien placé mais surtout sécurisé. Plus on se rapproche du Palais Royal plus nous sommes à l'abris, à contrario pour ceux qui y sont éloignés.

Je me demande ce que va me sermonner père à mon arrivé, lui qui a toujours détesté mon pouvoir, comme il a détesté celui de mère avant moi. Lui qui aime la loi, les valeurs, l'honneur, la richesse, la gloire, le respect et toutes sortes de principes qu'on apprend aux habitants de haut-rangs. Sans intégrer directement l'école du KMaster, il a pu travailler pour eux en tant que chauffeur privé. Il conduisait les Protecteurs à leur lieu de mission et les récupérait à la fin, mais il transportait aussi les Nobles à leurs différents rendez-vous que je ne serais même pas capable d'imaginer. Il a connu tant d'hommes et femmes admirables que devoir subir une fille ratée comme moi ne l'a jamais enchanté. Il préférait mes deux frères, eux qui rêvent d'intégrer les Protecteurs, ils ne peuvent que bien s'entendre.

Nous sommes à l'entrée d'une immense ville où prônent d'innombrables tours en verres. La ville de père est une ville d'affaire, une ville active et bureautique, c'est ici que se développe toute l'administration du palais royal.

Des milliers d'informations dévalent mon esprit, je n'arrives plus à les distinguer, je peux presque sentir la fumée sortir de mes oreilles.

Quelle horreur...

Il n'est jamais content, celui-là. C'est vrai que ce n'est pas ma ville de rêve, mais il y a pire comme prison.

Nous marchons sur le trottoir tout en attirant les regards. La foule s'écarte notre passage et s'éloigne le plus possible des soldats. Ces derniers qui prennent bien soin de me serrer à eux au cas où j'aurais l'envie de m'échapper même si je ne prendrai jamais une décision aussi suicidaire. Ils sont armés jusqu'aux dents et nous sommes à seulement quelques kilomètres de la maison des Protecteurs, même Siskann ne tenterait pas une chose pareille.

Tu me connais mal.

Ne réponds pas, Aya. Surtout, ne réponds pas. 

La résidence de père est gigantesque. Le bâtiment de vie se trouve au centre d'un splendide jardin soigneusement taillé et entouré d'une muraille en pierre blanche. C'est l'une des premières maisons d'un quartier résidentiel à l'écart de la zone d'affaire de la ville. Des poutres de pierres sillonnent le chemin qui nous mène jusqu'à sa porte d'entrée. L'architecture est d'ailleurs très étrange, rien n'est droit.

Cette maison ne tient qu'à un file, c'est dingue.

Je ne peux m'empêcher de suivre les courbes du bâtiment et essayer de comprendre comment il ne sait toujours pas écrouler. Les trois étages ne sont pas empilés dans le même alignement et ne tiennent qu'avec une seule poutre, ou alors les autres sont cachées. Est-ce père qui a construit ça ? Ou qui en a eu l'idée avec un architecte ? Parce que ce n'est pas très uniforme, c'est bancale même. Pas que je n'aime pas, loin de là, je trouve ça surprenant. Il faut en avoir de l'imagination pour bâtir un truc pareille, surtout aussi bien fait.

Tu réfléchis trop et pour rien.

Je l'ignore, trop concentrée à compter le nombre de murs porteurs de la maison.

Au lieu de regarder le mur, mieux vaudrait trouver une solution pour fuir cet endroit.

J'aimerais lui répondre, lui dire que j'en ai que faire de ses paroles car je suis une élève modèle — du moins je l'étais — et que je dois surtout trouver une solution pour m'éviter la prison.

Ce n'est pas cet endroit que je dois fuir, mais la prison !

Si j'écoutais Siskann, je serai sur la liste noire de tout le Royaume, ce qui est de très loin la pire idée qu'y soit.

Tu dois fuir ce continent, t'es trop proche de la famille royale.

Mal au crâne, c'est la seule chose que je ressens à chacune de ses interventions.

Fais comme tu veux. Quand ta vie sera en danger, tu reviendras me supplier de t'aider, toute manière.

Il souffle et disparaît, me laissant cette dernière remarque comme une menace.

Évidement que j'aurais besoin de lui si je venais à être en plein combat, je suis incapable de manier un couteau à beurre alors je ne m'imagine encore moins vaincre un adversaire.

Savoir qu'il a raison m'agace, ça me fruste, je suis dépendante de lui, de ses capacités, et plus l'histoire avance plus je ne peux me passer de lui. L'idée de devoir lui laisser mon corps me donne la nausée. Lui autoriser l'entière contrôle de la jeune fille que je suis, je n'arrive pas à croire qu'il en abusera pas. Depuis le temps qu'il attend de pouvoir mettre en pratique ses pouvoirs, il n'hésitera sûrement pas à faire couler du sang, même si le conflit reste pacifique.

Je secoue ma tête pour changer de disque et me focaliser sur la porte d'entrée de père à seulement quelques mètres de nous.

La porte s'ouvre sur la silhouette de père.

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